Archive dans février 2025

« Le Travail et la Société française » : trente ans de recherches passées au crible

En 2022, l’institut CNRS Sciences humaines & sociales lance un groupe de réflexion pluridisciplinaire sur le travail. Sa première mission : « Etablir une cartographie des “forces” de recherche française » sur le sujet, afin de mieux comprendre leur structuration et, au-delà, mettre en lumière « les enjeux associés au travail » et « sa position comme objet de recherche ». Le Travail et la Société française (CNRS Editions) est le fruit de ce projet d’ampleur. L’ouvrage collectif a été rédigé sous la direction du politiste Thierry Berthet et de la sociologue Delphine Mercier, tous deux directeurs de recherche au CNRS, qui ont également assuré la coordination du groupe de réflexion pluridisciplinaire.

Balayant les différentes sciences humaines et sociales, les auteurs permettent en premier lieu de saisir les fortunes diverses qu’a connues la question du travail au cours des trente dernières années. Elle a su s’ancrer au cœur de certaines disciplines tels la sociologie, le droit ou l’ergonomie. Le travail apparaît, en revanche, comme « un champ encore trop négligé » en anthropologie, et même « un impensé » faisant l’objet d’un « déni disciplinaire » en sciences de gestion.

Une question se pose alors : comment les chercheurs ont-ils appréhendé l’étude d’un travail touché par des mutations profondes, faisant face à de multiples défis (technologique, écologique, démographique, géopolitique…) ? Au fil des pages, l’ouvrage souligne les inflexions des laboratoires, l’évolution des terrains d’étude tout comme celle des approches privilégiées. Autant de reflets des mutations à l’œuvre dans le monde du travail, mais aussi, plus largement, dans la société – le travail étant « un sujet de société majeur », rappelle l’ouvrage.

Une « crise d’échelle »

En droit, par exemple, des chercheurs se sont penchés sur le « travail du “care” », sur le statut juridique des aidants. La philosophie sociale s’est, quant à elle, « enrichie d’une prise en compte des théories de la reproduction sociale et des approches écologiques et écoféministes du travail », note Emmanuel Renault, professeur de philosophie à l’université Paris-Nanterre.

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Après deux mois de fermeture forcée, les clubs de jeux parisiens s’apprêtent à rouvrir

Au club de jeux « Paris Elysées Club », à Paris, le 9 mai 2018.

Une réouverture, mais toujours pas de pérennisation : c’est le verdict qui ressort de la loi de finances, adoptée le 14 février, pour les sept clubs de jeux parisiens. Alors que le conseil d’Etat a examiné mardi 25 février le décret permettant leur réouverture, ces établissements de jeux, fermés depuis le 1er janvier, attendent encore sa publication au Journal officiel, mais se préparent à accueillir à nouveau leurs clients vendredi 28 février ou samedi 1er mars.

La quasi-totalité des 1 200 salariés à temps plein du secteur étaient au chômage partiel depuis la fermeture du début d’année, qui a également impacté les prestataires (voituriers, sécurité, ménage) travaillant pour les clubs. « C’est un soulagement, les actions du ministère du travail et du ministère de l’intérieur ont permis de limiter la casse et de rapidement savoir que les clubs ne resteraient fermés que deux mois », salue Dominique Dorgueil, secrétaire fédéral de la section casinos et clubs de jeux de la Fédération des employés et cadres Force Ouvrière (FEC-FO).

Les circonstances de la fermeture de janvier avaient consterné salariés et dirigeants : en décembre, la censure du gouvernement de Michel Barnier et l’abandon du premier projet de loi de finances pour 2025 avait empêché la prolongation de l’expérimentation.

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Cancers : chez les hôtesses de l’air, la difficile reconnaissance des risques professionnels

Des hôtesses de l’air en route vers l’aéroport d’Amsterdam Schiphol, le 24 mai 2022.

En l’espace de quarante-huit heures, plus d’une centaine de femmes lui ont répondu. En postant son message sur un réseau social, fin janvier, Sophie Lainault ne s’attendait pourtant pas à ce que celui-ci suscite autant de réactions : « Je suis hôtesse de l’air, je me bats pour une reconnaissance professionnelle de mon cancer du sein, si vous êtes intéressée nous pouvons en parler. » Mais les marques de solidarité ont afflué. « On est trop nombreuses à être touchées, mais peu osent réellement témoigner », constate-t-elle.

Fait souvent méconnu, le personnel navigant est en moyenne plus exposé à cette maladie en raison des rayonnements ionisants émis par l’avion. Plus ce dernier s’éloigne de l’équateur en se rapprochant des pôles, notamment lors des longs-courriers vers l’Asie, Los Angeles ou San Francisco, et plus l’intensité des rayons augmente. « Les navigants constituent en France le groupe professionnel le plus exposé à des travaux sous rayonnements ionisants », souligne Jean-Claude Zerbib, ancien ingénieur en radioprotection au Commissariat à l’énergie atomique. A cela s’ajoutent le travail de nuit, le décalage horaire à répétition et d’autres phénomènes, comme la pressurisation, qui tendent à dérégler le rythme circadien.

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Bisbilles syndicales au Commissariat à l’énergie atomique de Paris-Saclay

Production de cryomodules, au CEA de Saclay, en France, le 25 avril 2024.

Carnet de bureau. « Très honoré d’avoir fondé le Syndicat de l’univers de la recherche [SUR] avec mes compagnons de route (..) ! Sans compter tous les collègues qui nous suivent déjà », écrit le directeur de recherche Yannick Saintigny sur son compte LinkedIn. L’ambiance n’est pas toujours aussi policée dans l’univers syndical du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Paris-Saclay.

Ce sont en effet de violentes altercations qui sont à l’origine de l’acte de naissance, fin septembre 2024, du jeune syndicat SUR, dont les fondateurs ont été écartés de l’Union nationale des syndicats autonomes (UNSA-SPAEN), le syndicat professionnel des acteurs de l’énergie, après des mois de tension.

Petite chronologie de l’escalade d’hostilités entre les membres des sections syndicales depuis 2023 : « Tout n’est pas à jeter dans le travail de Juliette [le prénom a été changé] », s’est entendu dire une représentante du personnel qui, en un an, se verra retirer tous ses mandats syndicaux. « Quand on vous ditCasse-toi, dégage !”, c’est très agressif », témoigne Gauthier Lasou, alors secrétaire général de l’UNSA-SPAEN en conflit avec le secrétaire général adjoint.

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Dans le Languedoc, une ligne téléphonique et des initiatives locales pour sortir les agricultrices de l’isolement

Brigitte Faure, éleveuse de brebis laitière (à droite), et Carole Iskhakov (de dos, à gauche), éleveuse de chevaux, échangent avec Estelle Rouvière (de face, à gauche), chargée de développement social à la MSA Languedoc, et Karine Archambaud (de face, à droite), assistante sociale au sein de la même MSA, sur le terrain de Carole, à Popian (Hérault), le 20 février 2025.

Pour amener de l’eau à ses chevaux, Carole Iskhakov a mis en place un système D. Chaque jour, elle doit prendre sa voiture, à laquelle elle a attaché une remorque avec une grande cuve retenue par des sangles. Pour aller chercher la précieuse ressource, elle emprunte les chemins de terre boueux à travers les parcelles de vignes – où le véhicule manque de s’enliser – et les petites routes de campagne. Agée de 53 ans, cette agricultrice installée à Saint-Bauzille-de-la-Sylve (Hérault), au milieu des vignes, démontre un moral d’enfer et un enthousiasme à toute épreuve. « Heureusement ! Sinon je n’aurais pas tenu longtemps dans ce milieu », affirme-t-elle.

Cette mère de quatre enfants, qui travaillait auparavant dans le transport de marchandise en région parisienne, s’est reconvertie à 47 ans pour devenir éleveuse de chevaux espagnols. Un choix qu’elle assume, « une passion », dit-elle, mais qui ne doit pas masquer les obstacles. « Etre une femme en agriculture, c’est dur, et pas que physiquement », poursuit celle qui, plus d’une fois, a bien senti qu’on ne l’« entend[ait] pas ». « Nous ne sommes jamais prises au sérieux. Personne ne nous soutient, les banquiers, les centres de formation… Même les collègues, ils me prennent de haut. Certains sont encore étonnés d’apprendre que je paie des cotisations ! Quand je me suis installée, j’ai eu beaucoup d’obstacles, sans me sentir soutenue : j’étais une femme, j’étais trop vieille, pas assez résistante… », déplore-t-elle.

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Les retraites anticipées pour invalidité augmentent dans le secteur public

Davantage de fonctionnaires territoriaux et hospitaliers mettent prématurément fin à leur carrière pour cause d’invalidité. Selon une étude de la Caisse des dépôts publiée le 13 février, quelque 7 000 partants en retraite par an invoquent ce motif, contre environ 5 500 personnes au début des années 2010. Soit une hausse de 25 % en un peu plus de dix ans, qui affecte davantage les agents de catégorie C (les moins bien payés) en fonctions non administratives (services à la personne, entretien de la voirie…).

« Ces évolutions doivent beaucoup au vieillissement moyen de ces fonctionnaires en activité, puisque la probabilité de partir en invalidité augmente sensiblement avec l’âge », commentent Pierrick Joubert et Gabin Langevin, les auteurs de l’étude. En relevant l’âge d’ouverture des droits et en durcissant les conditions d’accès à une retraite à taux plein, les réformes successives des retraites ont en effet accru les départs prématurés en invalidité des agents dont l’état de santé ne permettait pas le maintien en activité.

La mise en invalidité est devenue « une modalité de gestion des effectifs (…). La culture de la prévention qui vise à préserver la santé des agents et à réduire les coûts indirects est très en retard en France, notamment dans la fonction publique », regrette Ingrid Clément, secrétaire générale de la fédération Interco de la CFDT qui rassemble les fonctionnaires. Ces déficiences de la gestion prévisionnelle des emplois tiendraient aussi à des raisons économiques, selon Natacha Pommet, secrétaire générale de la fédération des services publics CGT : se séparer des agents invalides coûterait moins cher aux employeurs du public que de les former et de les reclasser.

« De meilleures habitudes de vie »

De leur côté, également sur le plan financier, les fonctionnaires concernés seraient pénalisés par ces départs anticipés : « La pension d’invalidité ne prend pas en compte l’intégralité de la rémunération ni sa progression liée à l’ancienneté, avec la perspective à terme d’une retraite rognée une fois l’allocataire parvenu à l’âge légal », observe Philippe Sebag de la CFE-CGC.

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Intelligence artificielle : l’urgence de repenser le rôle de l’entreprise

Selon Médiamétrie (« L’année Internet 2024 »), 20 % des Français et 54 % des 15-24 ans ont utilisé l’intelligence artificielle générative (IAG) fin 2024. Un triplement en un an qui ne traduit pas une révolution technologique, mais la démocratisation exponentielle d’une technologie existante. A ce rythme, dans les trois prochaines années, l’immense majorité des collaborateurs mais aussi des clients des entreprises auront baigné dans une culture de l’IAG pour des usages facilitant leur vie quotidienne, soit comme prothèses soit comme stimulateurs de raisonnement.

Ce phénomène poursuit l’essor des consommateurs-producteurs que l’essayiste Jeremy Rifkin avait décrit dans La Nouvelle société du coût marginal zéro (Les Liens qui libèrent, 2014). Comme lors de la diffusion de l’ordinateur personnel dans les années 1990 puis du téléphone mobile et de l’Internet dans les années 2000, l’usage des IAG se répand plus vite dans la sphère privée que dans la sphère professionnelle. Il en résulte un décalage qui banalise l’entreprise comme un lieu de production parmi d’autres, et plutôt en retard sur la société. Ainsi voit-on d’ores et déjà des collaborateurs contourner leur hiérarchie en utilisant leurs assistants IA personnels pour résoudre les problèmes auxquels ils sont confrontés. L’homogénéisation des savoir-faire utilisés dans l’entreprise et dans l’espace public s’accentue.

Du côté du consommateur, les outils de l’IA permettent de structurer le conseil, la recherche d’opportunités ou le choix de décisions d’achats, ce qui bouleverse l’économie de la connaissance : là où les entreprises réalisent de coûteux investissements dans le big data pour créer de la valeur en accumulant de l’information personnalisée sur leurs clients, ces derniers prennent en main leur propre segmentation, filtrant l’information grâce à l’IA pour adapter les offres du marché à leurs besoins.

Reconnaissance des « essentiels »

Les organes de gouvernance des entreprises sous-estiment souvent la rapidité de la mutation de leur écosystème en réduisant l’IAG à son impact « toutes choses étant égales par ailleurs » sur les processus de production actuels. Ils s’inquiètent généralement du coût de l’automatisation des traitements de l’information (tableurs, notes de synthèse, rapports…) et des impacts sociaux sur l’encadrement intermédiaire, dont les fonctions naguère prestigieuses sont dévaluées par des IA plus rapides et plus fiables.

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Invalidité : quelle indemnisation un travailleur manuel inapte à reprendre son métier après un accident peut-il espérer ?

Lorsqu’un travailleur manuel (livreur, manutentionnaire, charpentier) est victime d’un accident qui le rend inapte à reprendre son métier, et qu’il ne trouve pas d’emploi sédentaire auquel un expert médical le juge apte, quelle doit être l’indemnisation de sa perte de gains professionnels futurs (PGPF) ? Telle est la question que pose l’affaire suivante.

Le 27 août 2014, M. X, 24 ans, électricien industriel, est percuté à moto par une voiture assurée auprès d’Axa France IARD. Il subit d’innombrables blessures. En 2019, un expert médical, estimant à 30 % son déficit fonctionnel permanent, le déclare « inapte à reprendre son métier », mais « apte à effectuer des tâches administratives dans son domaine, comme tireur de plans et de devis ».

En 2020, M. X assigne Axa pour obtenir sa condamnation à indemniser ses préjudices corporels. La cour d’appel d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), qui statue le 26 janvier 2023, alors que M. X n’a pas retrouvé de travail, indemnise la PGPF à hauteur de 144 384,53 euros (soit 272,65 euros par mois jusqu’à l’âge de 76 ans). Refusant de lui accorder l’intégralité de son salaire antérieur (1 625,72 euros), elle ne lui alloue que la différence entre ce salaire et le smic net (1 353,07 euros).

Elle juge en effet qu’il peut occuper un emploi rémunéré au smic, puisqu’il a suivi une formation d’exploitant en transport routier de marchandises, et qu’un détective d’Axa l’a vu travailler (bénévolement) dans le restaurant de son frère. M. X saisit donc la Cour de cassation, mais son pourvoi est rejeté, le 10 octobre 2024 (23-13.932).

Employée séquestrée

Ce que déplore son avocat, Me Alban Borgel : « Le principe de la réparation intégrale sans perte ni profit pour la victime commande certes de ne pas indemniser intégralement les PGPF d’une personne susceptible, en théorie, de reprendre une activité », admet-il. « Mais les magistrats doivent vérifier si, en pratique, cette personne handicapée peut être recrutée », compte tenu, notamment, de la « conjoncture économique et des réticences des employeurs ». Or, ce n’est pas le cas, affirme-t-il, de son client, qui, bien qu’inscrit à France Travail, ne retrouve pas d’emploi.

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Métiers en tension : le gouvernement en présente la nouvelle liste aux syndicats et organisations patronales

Agriculture, aide à domicile, restauration… Le gouvernement a adressé aux partenaires sociaux la liste de plusieurs dizaines de professions en tension dans l’Hexagone, vendredi 21 février, base de référence aux autorités pour accorder ou non des titres de séjour, et dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu une copie. La dernière version avait été établie en 2021 sur la base des données de 2008. Plusieurs dizaines de professions différentes sont comptabilisées en 2025.

Cette liste des métiers en tension, issue « des concertations avec les différentes fédérations professionnelles par région », montre que les métiers concernés « peuvent aussi être différents en fonction des régions et des départements », selon la ministre du travail, Astrid Panosyan-Bouvet, sur franceinfo.

Ainsi, seule la région Normandie est en quête de géomètres, tandis que sept régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie, Grand Est, Corse, Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté) sur treize recherchent des bouchers.

Les « agriculteurs salariés », « aides à domicile et aides ménagères », « aides de cuisine », « cuisiniers », « employés de maison et personnels de ménage », « maraîchers/horticulteurs salariés », ainsi que les employés de l’hôtellerie et du secteur du bâtiment sont quant à eux recherchés sur l’ensemble du territoire. Les trois régions qui présentent le plus de professions en tension sont l’Ile-de-France (41 métiers), Provence-Alpes-Côte d’Azur (39) et Auvergne-Rhône-Alpes (37 métiers).

L’UMIH plaide pour un non-durcissement des conditions de régularisation

« On a travaillé avec le ministère de l’intérieur, avec les régions, les partenaires sociaux pour avoir une liste des métiers en tension par grandes régions », a précisé la ministre du travail. Cette liste a été adressée aux partenaires sociaux, avant « une dernière consultation nationale », a-t-elle poursuivi.

Les organisations syndicales et patronales vont débattre de cette nouvelle liste la semaine prochaine, avant une publication au Journal officiel, selon des sources à l’AFP.

La dernière loi « immigration », promulguée en janvier 2024, prévoyait que les travailleurs sans papiers exerçant dans des métiers en tension pouvaient prétendre à une régularisation auprès du préfet.

En janvier 2025, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a adressé une nouvelle circulaire aux préfets prévoyant notamment que les régularisations exceptionnelles par le travail soient désormais recentrées sur les métiers en tension.

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La principale organisation professionnelle dans l’hôtellerie et la restauration, l’UMIH, avait alors rappelé les difficultés du secteur à recruter. Elle avait ainsi « souhaité que la nouvelle circulaire ne durcisse pas les conditions de régularisation et d’accès à l’emploi pour les ressortissants étrangers déjà présents sur notre sol et désireux de travailler dans [ses] métiers ».

Le Monde avec AFP

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Au Sénat, l’avenir des travailleurs de plateformes en discussion

« Des centaines de milliers de travailleurs des plateformes vivent une illusion d’autonomie, ils sont subordonnés et doivent être reconnus comme tels, tonne Pascal Salvodelli, sénateur (Parti communiste français) du Val-de-Marne, en introduction de sa proposition de résolution. Ce modèle gangrène notre économie, sape la protection sociale et précarise un grand nombre de travailleurs. »

L’ubérisation était au cœur des débats, mercredi 19 janvier au Sénat, en présence de plusieurs spécialistes du sujet et acteurs de terrain (travailleurs, syndicalistes, avocats). Dans le cadre de leur niche parlementaire, les sénateurs du groupe de gauche ont déposé une résolution visant à « transposer de manière ambitieuse », et dans l’urgence, la directive européenne adoptée en 2024 en faveur des conditions de travail des utilisateurs de plateformes. Résolution rejetée, par 226 voix contre 115.

Ce texte européen, qui doit légalement être traduit en droit français d’ici novembre 2026, a pourtant été salué par l’ensemble des partis qui se sont exprimés à la tribune : il prévoit l’instauration dans les Etats membres d’une « présomption de salariat », dont pourraient se servir les travailleurs indépendants dont le statut est dévoyé par les plateformes, ainsi qu’un contrôle accru du management algorithmique. La directive doit permettre d’établir un cadre clair, alors que plusieurs décisions de justice ont déjà requalifié en salariés des chauffeurs et livreurs dans les tribunaux français depuis 2020.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les rémunérations des livreurs et des chauffeurs VTC piétinent

La Commission européenne a estimé que près de 43 millions d’Européens pourraient travailler pour les plateformes numériques en 2025, et 5,5 millions d’entre eux seraient classés à tort comme des indépendants. En France, 600 000 personnes ont utilisé une plateforme au titre de leur emploi principal, selon le ministère du travail. Un travail plus intense que la normale, avec des horaires plus longs et atypiques.

« On nous fait perdre du temps »

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