Archive dans 2024

« Il existe un classement officieux des cabinets de conseil qui épouse la hiérarchie des grandes écoles : les ’Big 3’ sont réservés strictement à HEC, l’Essec, et l’ESCP»

Le logo du cabinet de conseil McKinsey.

Diplômé d’HEC, Sébastien Stenger est l’auteur du livre Au cœur des cabinets d’audit et de conseil. De la distinction à la soumission (PUF, 2017), qui analyse le fonctionnement élitiste à l’œuvre au sein des Big Four (Deloitte, EY, PwC et KPMG), les quatre plus grands groupes mondiaux d’audit et de conseil. S’il reconnaît une concurrence croissante entre les cabinets et des secteurs comme la tech ou la finance pour capter les diplômés des grandes écoles, il rappelle que le conseil reste une voie prisée, synonyme de début de carrière prometteur.

Les cabinets d’audit et de conseil multiplient les initiatives pour attirer et retenir les jeunes diplômés, et le font savoir. Sont-ils réellement en perte de vitesse ?

Je pense qu’il faut relativiser ce « désamour ». Certaines prises de position très médiatisées d’étudiants « bifurqueurs » ou déserteurs d’AgroParisTech, HEC Paris ou Centrale Nantes ont pu laisser penser à une évolution au sein des jeunes générations. Mais lorsque l’on regarde les chiffres, on constate une inertie dans les choix d’orientation faits par les étudiants issus des grandes écoles de commerce et d’ingénieurs. Selon l’enquête menée chaque année par la Conférence des grandes écoles, une tendance se dégage : entre un quart et un tiers de ces diplômés choisissent le conseil, une proportion stable.

L’affirmation de convictions (écologiques, sociales, etc.) par les jeunes ne se traduit donc pas par des changements dans le choix du premier emploi. Ceux qui se tournent vers le secteur associatif, l’économie sociale et solidaire, la fonction publique restent peu nombreux. Autre illustration : les gros cabinets de conseil figurent régulièrement en haut du classement annuel Universum des entreprises préférées des étudiants. Sur le fond, il y a bien une quête de sens mais, en pratique, cela ne pousse pas les jeunes diplômés à se détourner du conseil. A la sortie de l’école, ils donnent la priorité aux perspectives de carrière et à la rémunération.

Pourquoi font-ils ce choix ?

Parce que les cabinets de conseil continuent de jouer un rôle central dans la formation des élites économiques. Pour les diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs, passer quelques années dans un cabinet de conseil, c’est comme effectuer un troisième cycle, un peu à la manière de l’internat pour les étudiants en médecine. C’est une étape dans leur apprentissage qui permet d’améliorer significativement leur valeur sur le marché du travail et d’accélérer leur carrière, en acquérant les codes du monde des affaires et en se constituant un réseau pour la suite. Ils n’entrent pas dans un cabinet en ayant en tête de devenir associé, mais pour acquérir du capital symbolique, culturel, des connaissances, qui leur procurent une crédibilité, une surface reconnue par leurs pairs et leur permettent d’accéder à des positions sociales supérieures dans les directions des grandes entreprises.

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« Il faut instituer un nombre minimal de soignants par patient hospitalisé et s’en donner les moyens financiers »

Le droit à la santé est un droit fondamental inscrit dans la Constitution. L’accès en temps utile à des soins de santé d’une qualité suffisante et d’un coût abordable doit être garanti pour la population. Or, la dégradation actuelle du système hospitalier est telle qu’elle atteint cette promesse républicaine d’égalité et de fraternité.

Entre le 15 janvier 2023 et le 15 janvier 2024, le Collectif inter-hôpitaux a recensé plus de deux mille articles de la presse quotidienne régionale sur les difficultés hospitalières, trois cent cinquante-cinq articles signalaient des fermetures de services hospitaliers, notamment d’urgence, ces fermetures étant toujours liées à des pénuries de personnel.

Parmi les carences les plus profondes, la pédopsychiatrie est sinistrée : quand 1,6 million d’enfants présentent un trouble psychique caractérisé et ont des besoins de soins associés, seuls de 750 000 à 800 000 d’entre eux les obtiennent, dans des conditions souvent dégradées.

Ces chiffres brossent le portrait d’une catastrophe sanitaire à l’œuvre dans notre pays : la psychiatrie est laissée à l’abandon, les services des urgences ferment les uns après les autres, ce sont près de la moitié des équipes qui manquent à Grenoble, à Orléans, à Saint-Etienne, etc.

Soigner à moindre coût

Pourquoi cette catastrophe ? Car, depuis vingt ans, l’organisation du travail à l’hôpital a été pensée pour être plus « efficiente », autrement dit pour soigner à moindre coût. Les deux tiers du budget des hôpitaux étant les salaires du personnel, la stratégie a été d’intensifier le travail pour le personnel soignant, selon les injonctions du Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins hospitaliers (Copermo) pour l’ouverture de tout nouveau bâtiment ou suivant les « boîtes à outils » produits par l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP).

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés « La question de la gouvernance hospitalière doit être repensée »

Concrètement, c’est davantage de malades par médecin, par infirmière, par aide-soignante, une réduction des temps d’échange entre soignants et patients, une vision productiviste du soin avec une chasse aux temps morts.

Ces choix politiques ont eu pour résultat un accroissement du turnover et la fuite du personnel soignant, bien avant l’épidémie due au Covid-19. Aujourd’hui, 30 % des postes de médecin hospitalier ne sont pas pourvus, les infirmières et les aides-soignantes s’en vont écœurées après cinq ans d’exercice à l’hôpital.

Le cercle vicieux est enclenché : en raison de la pénurie de personnel, le travail s’intensifie pour le personnel soignant restant en poste, ce qui génère des départs, et détériore l’attractivité des métiers du soin pour les jeunes diplômés. A la fin, les services ferment.

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Le chômage se stabilise au premier trimestre, un léger répit pour le gouvernement

Accalmie sur le marché de l’emploi. Le taux de chômage, au sens du Bureau international du travail – définition plus stricte que celle des demandeurs d’emploi inscrits à France Travail – est resté stable au premier trimestre de l’année, à 7,5 % de la population active. Selon une note diffusée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), vendredi 17 mai, on recense 6 000 chômeurs de plus en France (hors Mayotte) comparé au trimestre précédent, à 2,3 millions de personnes désormais.

Nul doute que le gouvernement verra d’un bon œil cette stabilisation tant les projections s’annonçaient plus négatives. Depuis que le chômage a atteint son niveau le plus bas depuis 1982 au premier trimestre de 2023 (7,1 %) il n’a fait qu’augmenter (+ 0,4 % sur un an). C’est d’ailleurs pour enrayer cette hausse et ne pas perdre de vue son objectif de plein-emploi – autour de 5 % de chômage – que l’exécutif a annoncé une nouvelle réforme de l’Assurance-chômage avec un durcissement des conditions d’indemnisation des chômeurs.

Le projet devait être présenté à la presse vendredi, mais la situation en Nouvelle-Calédonie et l’attaque d’un fourgon pénitentiaire dans l’Eure, mardi 14 mai, ont changé les plans du premier ministre. La réforme pourrait ainsi être dévoilée en fin de semaine prochaine.

Taux d’emploi en hausse chez les seniors

Dans le détail, la situation est différente selon les catégories d’âge. La seule mauvaise nouvelle concerne les jeunes, puisque le taux de chômage des 15-24 ans augmente de 0,6 point au cours du trimestre, à 18,1 %. Il est en revanche stable pour les seniors (+ 0,1 point, à 5,1 %), similaire à celui du dernier trimestre de 2023 et d’un an auparavant. Pour les 25-49 ans, il a diminué de 0,2 point sur le trimestre, à 6,8 %, et se situe 0,4 point au-dessus de son niveau du premier trimestre 2023.

Alors que l’emploi des seniors est un enjeu crucial pour le gouvernement après la réforme des retraites, ce dernier pourra se satisfaire de l’augmentation du taux d’emploi des 50-64 ans. Il augmente de 0,5 point sur le trimestre (+ 1,2 point sur un an) pour atteindre 67,7 %, son plus haut niveau depuis que l’Insee a commencé à le mesurer en 1975.

Pour les personnes âgées de 55 à 64 ans, le taux d’emploi est en hausse également (+ 0,7 point sur le trimestre, + 1,9 point sur un an) et se rapproche de 60 % (59,6 %). Après l’échec de la négociation « pour un nouveau pacte de la vie au travail » entre les partenaires sociaux, l’emploi des seniors doit être au cœur d’une future loi sur le travail, l’exécutif visant un taux d’emploi de 65 % pour les 55-64 ans.

Le taux de chômage en France stable à 7,5 % au premier trimestre 2024

Le taux de chômage en France au sens du Bureau international du Travail (BIT) s’est stabilisé à 7,5 % de la population active au premier trimestre 2024 par rapport au trimestre précédent, a annoncé l’Insee vendredi 17 mai.

Dans le détail, 6 000 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés au cours du dernier trimestre écoulé, portant leur nombre dans la France entière (hors Mayotte) à 2,3 millions selon ce mode de calcul qui permet les comparaisons internationales.

Le taux de chômage, que le gouvernement veut ramener à 5 % en 2027, avait atteint fin 2022 début 2023 son niveau le plus bas depuis 1982, à 7,1 % de la population active. A 7,5 %, il demeure inférieur de 3 points de pourcentage à son pic de mi-2015.

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Au dernier trimestre, le taux de chômage augmente de 0,6 point pour les 15-24 ans, à 18,1 %, en hausse de 1,5 point sur un an. Il se replie de 0,2 point pour les 25-49 ans à 6,8 %, et est quasi stable pour les 50 ans et plus à 5,1 % (+0,1 point).

Le taux de chômage diminue légèrement (-0,1 %) pour les femmes à 7,3 % et augmente légèrement (+01 %) pour les hommes, à 7,7 %.

Le halo autour du chômage, constitué des personnes considérées comme inactives par le BIT parce qu’elles souhaitent un emploi mais n’en recherchent pas ou ne sont pas disponibles, diminue légèrement de 16 000 personnes et concerne désormais 1,9 million de personnes.

Le taux de chômage de longue durée, c’est-à-dire les demandeurs d’emploi en recherche depuis au moins un an, est stable à 1,8 % de la population active. Le nombre de ces chômeurs diminue de 23 000 par rapport au dernier trimestre 2023, à 549 000 personnes.

Le Monde avec AFP

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Chez Rougier & Plé, des grévistes menacés de licenciement

Quatre salariés impliqués dans deux journées de grève, suivies par la majorité du personnel pour la deuxième, ont été convoqués, les 3 et 6 mai, pour des entretiens préalables à leur licenciement : tel est le premier bilan du conflit social qui agite le magasin parisien Rougier & Plé du quartier République, à Paris, une enseigne bien connue des amateurs de loisirs et d’arts créatifs comptant une douzaine de points de vente hors franchisés.

L’employeur dispose d’un délai d’un mois après les entretiens pour notifier ses décisions.

A l’origine de ce mouvement qui fait tanguer le vaisseau amiral réparti sur quatre niveaux, les conditions de travail. Les grévistes font valoir que la direction a refait la façade du plus grand magasin de l’enseigne dans la capitale… en négligeant tout le reste. Photos à l’appui, ils pointent des infiltrations d’eaux usées au sous-sol qu’ils affirment avoir dû nettoyer eux-mêmes en mars, faute d’intervention d’une entreprise dans des délais raisonnables ; des trous dans les plafonds et des fissures dans les murs ; une installation électrique peu sûre. Un ascenseur trop souvent en panne oblige le personnel et les clients à emprunter l’escalier ou le monte-charge.

L’employeur invoque des fautes

Par ailleurs, les vingt-trois salariés en équivalent temps plein (ETP) du magasin République se plaignent d’une charge de travail excessive. « La direction ne renouvelle pas les partants. Elle privilégie les CDD, les heures supplémentaires », relate Sam Jumilla, vendeuse dans ce magasin et représentante de la section syndicale SUD. Autant de critiques que réfute la direction par écrit : « Il n’existe aucune réserve sur la salubrité et la sécurité de ce magasin qui n’ait été suivi d’effets de la part de nos services techniques (…). Le personnel de vente n’a pas été sollicité pour nettoyer les dégâts des eaux (…). Le magasin du 13-15, boulevard des Filles-du-Calvaire a aujourd’hui le même nombre de salariés depuis des années. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le manageur et le gréviste

Faut-il voir un lien entre ces deux jours de grève et l’enclenchement de procédures de licenciement ? « Les convocations (…) n’ont, bien évidemment, aucun rapport avec ce mouvement social ni avec une quelconque appartenance syndicale », répond la direction de Rougier & Plé. La loi interdisant de licencier pour ces motifs, l’employeur invoque des fautes ou des insuffisances professionnelles : retards, manque d’amabilité avec la clientèle, harcèlement de collègues ou de supérieurs hiérarchiques, erreurs d’étiquetage, tout y passe…

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L’offre de rachat de Royal Mail par Daniel Kretinsky au Royaume-Uni : le nouveau coup d’« un investisseur opportuniste ou d’un industriel de long terme »

Des boîtes postales de Royal Mail, devant une succursale du bureau de poste de Swindon, dans l’ouest de l’Angleterre, le 22 janvier 2024.

Daniel Kretinsky aime les centrales à charbon et le gaz, qui lui ont permis d’asseoir sa fortune. Il aime aussi le lignite et l’acier (ThyssenKrupp), les médias (Elle, TF1, TNT française…) et l’édition (Editis), sans oublier la grande distribution (Metro, Fnac Darty…).

Le milliardaire tchèque jette souvent son dévolu sur des entreprises malades, sous-valorisées (Casino, Atos…) et, parfois, à contre-cycle. Non sans réussir de jolis coups, comme dans les énergies fossiles, redevenues stratégiques en raison de la guerre en Ukraine et des lenteurs de la transition écologique en Europe.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Comment Daniel Kretinsky s’est implanté en France depuis 2018

C’est bien ce qu’il fait avec la poste britannique, privatisée en 2013 et aujourd’hui très mal en point. Il en possède déjà 27 %, et après un premier échec, sa société EP Group a déposé une offre améliorée de 3,5 milliards de livres (4,1 milliards d’euros) pour en détenir 100 %. Le conseil d’administration d’International Distributions Services, maison mère de Royal Mail, également propriétaire du logisticien GLS, va la « recommander » à ses actionnaires, a-t-il fait savoir, mercredi 15 mai.

Investissements tous azimuts

Une opération politiquement délicate à quelques mois des élections générales prévues d’ici à janvier 2025, et soumise à plusieurs conditions : sauvegarde du service public et du siège au Royaume-Uni, délivrance du courrier six jours sur sept, maintien des droits des 150 000 postiers et des syndicats, hostiles à cette vente à une société étrangère de l’« une des plus prestigieuses institutions britanniques ».

Avant même la guerre russo-ukrainienne, et surtout après, la holding EPH de l’homme d’affaires de 48 ans a dégagé d’énormes profits, qu’il réinvestit tous azimuts. « Roi du charbon », « baron de l’acier », « tycoon des médias » et « géant de la distribution », il se veut tout cela à la fois.

Puissant en République tchèque, bien implanté en Allemagne, en Europe centrale et au Royaume-Uni, ce francophile francophone a fini par se faire une place au soleil du capitalisme hexagonal. Sans que l’on sache encore si ce détenteur d’une fortune estimée à 9 milliards d’euros par le magazine Forbes est un investisseur opportuniste ou un industriel de long terme. Ce qu’il fera de Royal Mail et de Casino apportera une partie de la réponse.

Paris 2024 : les agents de la RATP mobilisés pour les Jeux bénéficieront de primes

Notre sélection d’articles sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024

Retrouvez tous nos contenus sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 :

  • La sécurité

Dérogation, QR code : ce que contiendra le site pour pouvoir se déplacer pendant les JO de Paris

Le déploiement de la lutte antidrone pour les Jeux face aux incertitudes sur l’efficacité du système

Les périmètres de sécurité de la cérémonie d’ouverture à la loupe

La médecine d’urgence aussi se prépare pour les Jeux olympiques

Le risque de cyberattaques durant les Jeux « fait vraiment peur » au système de santé francilien

Cyberattaques, arnaques et désinformation, les menaces en ligne qui pèsent sur les Jeux olympiques de Paris

  • Les transports

La région Ile-de-France ne dit « pas non » au financement du transport des accrédités pendant les Jeux

Les aéroports de Roissy et d’Orly face au défi des Jeux olympiques et paralympiques

Faut-il craindre le pire dans les transports en Ile-de-France ?

Les transports pendant les JO 2024 à Paris : de l’euphorie des promesses au choc de la réalité

Paris 2024 : relever le défi des transports, une épreuve avant l’heure

  • Les chantiers

Deux chantiers pour les Jeux olympiques sont encore suivis de « très, très près »

Le village olympique de Paris 2024 prend ses quartiers en Seine-Saint-Denis

Un contre-la-montre logistique au village olympique pour le Comité d’organisation

Bernard Thibault : « Pour les Jeux 2024, notre objectif est de démontrer que les grands événements ne sont pas incompatibles avec des droits sociaux élevés

  • La préparation des athlètes

« En ce moment, Léon Marchand s’entraîne mieux que jamais », selon Bob Bowman, son coach

 Le nageur Léon Marchand, la plus grande chance de médailles de la France

La volleyeuse Lucille Gicquel révise ses gammes en Turquie avant la grande première olympique de l’équipe de France

Aux Jeux paralympiques de Paris, Cyrille Chahboune et les volleyeurs français seront assis pour la première fois

 Janja Garnbret, « meilleure grimpeuse de tous les temps » et icône en Slovénie

Inauguration et bain de foule pour Clarisse Agbégnénou avant la dernière ligne droite de sa préparation olympique

Le parcours du marathon chamboule les habitudes d’entraînement des athlètes

La France a-t-elle vraiment les moyens de briller au classement des médailles ?

Simone Biles en route vers Paris 2024 : « Je me fais vieille et j’ai plus à perdre »

  • La question de la présence des athlètes russes et biélorusses

Les jumelles Maryna et Vladyslava Aleksiiva, prodiges de la natation synchronisée, veulent « montrer le visage combatif de l’Ukraine »

En Russie, le mouvement sportif se déchire sur sa participation aux JO

« Tous les ingrédients sont réunis pour rejouer un épisode de la longue histoire des boycotts olympiques »

Thomas Bach, président du CIO : « L’agressivité du gouvernement russe grandit de jour en jour, contre le Comité, contre les Jeux, contre moi »

  • La billetterie

La billetterie populaire de l’Etat et des collectivités locales au défi de la logistique

Le gouvernement a du mal à distribuer ses billets gratuits auprès des personnes en situation de handicap

Le Comité d’organisation assure avoir bouclé plus de 90 % du budget de ses recettes

Tony Estanguet confirme qu’il y a eu des hausses de rémunérations à la direction du Comité d’organisation des Jeux

En quête d’économies, les organisateurs des Jeux sollicitent l’aide de collectivités partenaires

  • Les enquêtes judiciaires en cours

Tony Estanguet, le patron des Jeux, à son tour dans le viseur de la justice

Les « quatre mousquetaires » du comité d’organisation ciblés par le PNF

  • Le relais de la flamme olympique

Certaines communes s’irritent des exigences et des coûts liés à l’accueil du relais de la flamme

  • Les Jeux paralympiques

Le gouvernement appuie sur l’accélérateur pour combler les retards d’accessibilité

  • La Seine-Saint-Denis et les Jeux

Au lycée professionnel Arthur-Rimbaud de La Courneuve, une « option JO » contre le décrochage scolaire

Le centre aquatique olympique, une piscine XXL pour la Seine-Saint-Denis

La Courneuve entre enthousiasme et inquiétude vis-à-vis de la transformation du parc Georges-Valbon

Le Red Star Rugby de Saint-Ouen privé de stade à cause des Jeux

Une île, un maire écolo et « la chance » de bénéficier des Jeux

  • Paris à l’heure des Jeux

Après la réquisition de leurs logements, des étudiants pas encore fixés sur leur sort

A l’approche des Jeux, les associations de lutte contre la pauvreté craignent un « nettoyage social »

Inauguration enthousiaste pour l’Adidas Arena, la nouvelle salle de la porte de la Chapelle

  • Les Jeux, ce n’est pas seulement Paris et la Seine-Saint-Denis

À Marseille, les politiques se disputent la lumière olympique

Les quartiers nord de Marseille, si près, si loin des Jeux

L’arrivée de la flamme olympique pour les JO de Paris 2024 « ne pouvait pas se passer ailleurs qu’à Marseille »

L’arrivée de la flamme olympique « ne pouvait pas se passer ailleurs qu’à Marseille »

A J-55, la Meuse essaye de mobiliser ses habitants avant le passage de la flamme olympique

A la Martinique et à la Guadeloupe, la fièvre olympique monte à distance

En Polynésie, Teahupoo se réjouit d’accueillir les Jeux olympiques 2024 mais redoute le surtourisme

  • Les enjeux environnementaux

Le bassin d’Austerlitz, dispositif-clé pour rendre la Seine baignable, inauguré

« L’objectif de baisser de 75 % la pollution bactériologique dans la Seine sera atteint », assure la ministre des sports

Les risques d’un été caniculaire font craindre des Jeux olympiques suffocants

Diviser par deux l’empreinte carbone des repas servis aux Jeux : l’autre défi de Paris 2024

Comment les organisateurs des JO comptent faire face à une canicule cet été

  • Les enjeux sociétaux que les Jeux mettent en exergue

Des difficultés de recrutement persistantes à moins de trois mois des Jeux olympiques

L’Etat lance un guide d’accessibilité des Jeux pour les personnes en situation de handicap

Les anti-JO peinent à mobiliser

Loin du faste des JO, la réalité des cours d’EPS dans un collège de Montreuil

A l’heure du sport grande cause nationale, la situation préoccupante des piscines en France

Le sport à l’école cherche encore la bonne formule

« Il est inconcevable que le déploiement de l’intelligence artificielle se fasse sans débat public et sans évaluation de son impact sur notre travail »

L’effervescence autour de la nouvelle génération d’intelligence artificielle (IA), l’IA générative, entretenue par les multinationales de la tech, doit offrir l’occasion de questionner les enjeux liés à cette accélération du progrès technique. Ils sont sociaux, économiques, éthiques, démocratiques, et questionnent le modèle même de son développement au regard de son impact environnemental. A-t-on besoin de l’IA partout, et pour faire quoi ? Voulons-nous dépendre de l’IA dans l’exercice de nos missions ? Quelles sont les limites de son développement ?

Loin de se poser ces questions, le gouvernement, avec sa Commission de l’intelligence artificielle, a publié, le 13 mars, un rapport contenant 25 recommandations pour que « la France puisse tirer parti de cette révolution technologique ». Ses recommandations sont assorties de budgets de plusieurs milliards d’euros qui, sans surprise, iront dans les poches d’entreprises privées, sans conditionner les aides publiques versées et sans apporter de garanties aux travailleurs et aux citoyens.

En engageant la nation « encore plus vite et encore plus loin » dans le numérique et « sans régulation », comme l’a annoncé, le 19 septembre 2023, Bruno Le Maire, le gouvernement s’affranchit de tout débat, pourtant nécessaire pour introduire une telle technologie capable de refaçonner nos sociétés. Pour les ingénieurs, cadres, chercheurs et techniciens de la CGT, la conception, les conditions de mise en place et l’utilisation des dispositifs d’IA nécessitent un véritable débat sociétal. Ce serait d’ailleurs l’occasion de revitaliser notre démocratie, en remettant au centre des enjeux les relations sociales et la négociation collective laissées en berne. La démocratie ne se décrète pas à coups de 49.3. Elle a besoin de ses corps intermédiaires et de ses syndicats pour exister.

Le travail, dans toutes ses dimensions, éclaire les sujets à traiter pour répondre aux défis sociaux et environnementaux, et constitue un puissant levier pour orienter et accompagner au mieux les évolutions humaines. C’est en mobilisant ces nouvelles technologies que nous pourrons garantir la transition écologique et assurer le progrès social. Le numérique, avec toutes ses déclinaisons (IA, objets connectés, blockchain, puces RFID [de l’anglais Radio Frequency Identification], etc.) permet d’obtenir la traçabilité de l’activité des entreprises sur les conditions sociales et environnementales de fabrication des services et produits manufacturés.

Objectifs politiques

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« Le Racisme ordinaire au travail » : une psychologue met en lumière le calvaire vécu par ses patients

« J’ai compris qu’elle voulait me détruire. Tous les matins, j’étais pliée en deux rien qu’à l’idée de me rendre au travail. Je vomissais, je pleurais, j’avais des crises d’angoisse, je ne dormais pas la nuit, mais il fallait que j’y aille. Cela a duré environ huit mois. » Face à sa psychologue, Esther revient sur le calvaire qu’elle a vécu dans la société d’événementiel où elle travaillait.

Sa directrice multipliait les humiliations. « Elle s’est mise à me parler petit nègre en permanence. C’était comme si j’étais sotte. Elle répétait comme un leitmotiv : “Moi pas comprendre toi.” » La quinquagénaire, métisse, a été durablement marquée : elle a été licenciée voici plus de trois ans et porte toujours une intense souffrance. « Je ne m’en sors pas », reconnaît-elle. Le cheminement avec sa psychologue lui permettra progressivement de retrouver de la sérénité, en décryptant notamment les rapports de domination qui se jouaient derrière les préjugés raciaux.

Dans son ouvrage, Le Racisme ordinaire au travail (Erès), la psychologue Marie-France Custos-Lucidi revient sur l’histoire vécue par sept de ses patients. Esther, Inaya ou Abdel… Tous ont connu de grandes souffrances dans le cadre professionnel, victimes de racisme et de discriminations. La psychologue met en lumière leurs douleurs, les nœuds psychiques dont ils vont tenter, séance après séance, de se libérer, mais aussi les processus déployés par leurs encadrants pour les soumettre.

On est saisi, au fil des pages, par les similitudes entre les différentes expériences relatées. La volonté d’excellence qui anime certains salariés, le travail intense fourni, et la difficulté à trouver des postes équivalents à leur niveau de diplôme. L’acceptation, aussi, durant de longs mois, des brimades. La collaboration, parfois, à un système dont ils réprouvent pourtant l’éthique.

Une « servitude volontaire »

Pour « sécuriser [un] titre de séjour » ou pour tenter d’intégrer un monde des « puissants » qui se refuse à eux, ils endurent, pris dans une « servitude volontaire ». Leur implication dans le système qui les ronge est une autre source de souffrance. Mais c’est en prenant conscience de cette même implication qu’ils parviendront à desserrer l’étau et à retrouver leur souffle vital.

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L’ouvrage nous permet de suivre pas à pas les patients, de comprendre les mécanismes subtils qui s’expriment, en eux, dans leur quête d’une « place sociale ». Le parcours professionnel croise l’histoire personnelle, familiale. De multiples facteurs s’entremêlent pour expliquer leurs agissements et, par extension, leur souffrance. Abdel, ingénieur de base de données, se souvient ainsi qu’enfant, sa mère lui répétait : « Ne faites pas de bruit, n’ayez de problèmes avec personne. » Cette assignation permet de mieux comprendre la relative passivité dont il fait preuve face aux humiliations et à un parcours professionnel qui l’affecte.

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Comment le monde agricole s’est peu à peu fragmenté

Frédérique Giovanni, dans sa chèvrerie du Bambois, à Lapoutroie (Haut-Rhin), le 26 avril 2024.

Nous sommes en 1972 : la ferme laitière des Bertrand, en Haute-Savoie, est exploitée par trois frères célibataires, et leur vieux père est cassé en deux par une vie de travail. On fauche inlassablement les prés à la main pour nourrir les 100 têtes de bétail, on casse les cailloux pour faire la dalle de la future stabulation, une nouveauté dans la région. Pas de femmes, pas de vacances, pas de loisirs. La fabrication du reblochon, la spécialité locale, exige un labeur quotidien.

En 1997, faute d’héritiers directs, Patrick, un neveu, et sa femme, Hélène, reprennent l’exploitation. Tracteurs, remorques, machines font leur apparition. Hélène prend parfois une journée de repos pendant laquelle elle s’« ennuie ». Cinquante ans plus tard, en 2022, la famille fait le choix d’investir dans des robots de traite, pour ne pas avoir à « employer des gens », explique Marc, le fils d’Hélène et Patrick, qui refuse de devenir « manageur » comme nombre d’agriculteurs désormais.

Son associé, Alex, ne vient pas du monde agricole ; il était ouvrier dans la métallurgie. A l’inverse, les épouses des deux hommes ne travaillent pas à la ferme, mais en ville. De leurs enfants, Marc et Alex disent « qu’ils feront ce qu’ils voudront »… La transmission de la ferme ne sera pas une mince affaire, d’autant que la pression foncière et immobilière se fait durement ressentir. A une trentaine de kilomètres de Genève, « ça bâtit à tout-va », déplore Marc. Comment préserver les terres agricoles et le métier dans ces conditions ?

Cette histoire familiale qui s’étend sur un demi-siècle, racontée par Gilles Perret dans le documentaire La Ferme des Bertrand, sorti le 31 janvier, retrace une grande part des évolutions du monde rural français sur la période récente. Le projet de loi agricole examiné à l’Assemblée nationale depuis mardi 14 mai, outre qu’il entend répondre en partie à la colère exprimée en début d’année, ambitionne de tirer quelques leçons des transformations à l’œuvre depuis cinquante ans. Un monde qui a connu un bouleversement « assez inédit » à l’échelle historique, selon Thierry Pouch, économiste et chercheur à l’université Reims Champagne-Ardenne, et dont l’effondrement démographique est sans doute la manifestation la plus évidente.

Paradoxe douloureux, malgré son rôle essentiel reconnu et loué par tous, celui de nourrir ses semblables, l’agriculteur est désormais comme invisibilisé. Depuis 1982, en un peu plus de quarante ans, l’emploi agricole a été divisé par trois : il représentait 7,5 % de l’emploi total en 1982, c’était 2,7 % en 2022, selon les données publiées par l’Insee. Les agriculteurs exploitants, eux, sont moins nombreux encore : ils représentaient 1,6 % des personnes en emploi en 2022. C’est non seulement la catégorie socioprofessionnelle qui a le plus fortement diminué sur la période récente, mais désormais aussi la moins représentée, dans une France où les employés et les professions intermédiaires sont majoritaires.

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