Face à la désertion des salariés des hôtels, restaurants et campings, le douloureux réveil des employeurs
Branle-bas de combat chez Sandaya. En ce mois de février, ce groupe de campings a lancé son plan d’attaque pour recruter 2 400 personnes : animateurs, cuisiniers, réceptionnistes, agents de nettoyage, responsables de sites… L’objectif : éviter de se retrouver, comme la saison 2022, avec plusieurs centaines de postes vacants et des problèmes en cascade. « Dans les restaurants, on avait dû fermer certains jours ou réduire les horaires. Le ménage, c’était très compliqué aussi. On a fait appel à des boîtes d’intérim, mais ça nous a coûté très cher et ce n’était pas le service qu’on attendait », expose François Georges, le patron du groupe.
En 2023, chez Sandaya, tout un catalogue de nouvelles mesures est en train d’être déployé : augmentation des salaires (jusqu’à + 20 % pour certains métiers), création d’une prime à la cooptation (jusqu’à 250 euros) pour tout employé qui recommande un candidat de son entourage, d’une prime de retour (de 200 à 500 euros) pour ceux qui reviennent d’une année sur l’autre, hausse « d’un tiers » du nombre de logements proposés au personnel… « Les premiers signaux semblent dire que ça marche », relève François Georges.
Le secteur du tourisme réussira-t-il à repenser ses emplois afin de les rendre plus attractifs ? Depuis la pandémie de Covid-19, les difficultés de recrutement se sont aggravées, notamment car les longues périodes d’interruption et de ralentissement global de l’activité, en 2020 et en 2021, ont poussé nombre de salariés à bifurquer vers d’autres horizons.
Chez Belambra, parmi les 450 saisonniers réguliers, 175 ont « disparu » depuis. « Des gens qui nous étaient fidèles depuis des années ont posé le crayon et nous ont dit : je peux plus, relate Alexis Gardy, le président de ces clubs de vacances. Ils ont passé du temps en famille, ils ont eu du temps pour réfléchir à leur avenir. Avec le recul, certaines contraintes liées au secteur leur sont devenues insupportables. »
En France, environ 250 000 postes seraient à pourvoir rien que dans l’hôtellerie et la restauration. « On a beau avoir fait une année 2022 extra, on aurait pu faire 5 % à 10 % de plus si on n’avait pas réduit l’offre en raison d’un manque de personnel. Et cela commence à donner lieu à des frictions entre employeurs, qui se piquent leurs meilleurs éléments », commente Christian Mantei, président d’Atout France.
« Absence de considération »
Dès lors, comment attirer davantage de jeunes vers ce secteur ? Il y a du pain sur la planche, car c’est toute la vision de ces métiers qu’il faut repenser, explique Dominique Marcel, président de l’Alliance France Tourisme, un groupe de réflexion qui a produit un rapport sur ce sujet, fin 2022. « On a un problème culturel avec les métiers du tourisme, qui sont assimilés à de la servitude », observe-t-il.
Il vous reste 61.55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.