Archive dans 2022

Apprendre le code pour changer de vie : le pari d’une école d’informatique dédiée aux femmes

La plupart des diplômées de la première promotion sont aujourd’hui en CDI.

Il y a quelques années, elles étaient sans emploi ou travaillaient comme coach sportive, sage-femme ou encore dans le monde de l’art. Aujourd’hui, leurs journées sont scandées par les lignes de code. Comme elles, 150 candidates ambitionnent cette année de suivre la formation des DesCodeuses. Cette association, créée en janvier 2018, initie les femmes des quartiers prioritaires à la programmation informatique et au code depuis 2020. Avec succès.

La fondatrice des DesCodeuses, Souad Boutegrabet, a grandi à Orly (Val-de-Marne) et a passé dix ans dans la banque avant de se reconvertir dans le numérique : « Je nourrissais cette idée de faire quelque chose dans le code, sans savoir quoi. » Puis, lors d’un voyage aux Etats-Unis, elle rencontre l’association Black Girls Code, qui forme les filles afro-américaines au code informatique. A son retour en France, elle décide de créer une structure qui s’adresse aux femmes des quartiers prioritaires de la politique de la ville, pour faciliter leur insertion dans les métiers du numérique. Car, selon la Fondation Femmes@numérique, seuls 33 % des emplois du secteur sont occupés par des femmes (tous métiers confondus), dont à peine la moitié relèvent de fonctions techniques. Mais surtout, seules 8 % des femmes de quartiers prioritaires qui choisissent de se reconvertir osent se tourner vers ces métiers.

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Elles sont désormais seize à rejoindre chaque année la formation des DesCodeuses, après un parcours de sélection qui comprend des entretiens, des tests techniques et l’élaboration d’un projet professionnel. « Elles commencent par six mois intensifs, à plein temps, en présentiel, avec une batterie de formateurs », explique Thiziri Belaribi, directrice des opérations. A la suite de cette formation théorique, chaque apprenante effectue un stage de six mois pour se confronter à la réalité du terrain.

Précarité et discriminations

Les femmes des quartiers prioritaires ont des parcours variés, mais avec un point commun : « La question transversale, pour elles, c’est le frein à l’emploi valorisé. Elles ont toutes des expériences professionnelles, mais ont souvent connu la précarité », explique Chiraze Rakrouki, responsable administrative et financière des DesCodeuses. Mères célibataires, femmes éloignées de la formation ou dont les diplômes ne sont pas reconnus en France, touchées par la crise sanitaire ou vivant des discriminations du fait de leur couleur de peau ou de leur religion… Il y a autant de raisons de se tourner vers l’association que d’histoires personnelles. « Coder, ce n’est pas juste apprendre un métier, c’est surtout une envie de participer à tout ce qui se produit sans nous », martèle Souad Boutegrabet.

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Présidentielle 2022 : la crédibilité du projet de Marine Le Pen sur les retraites discutée par les experts

Distribution de tracts pour l’élection de Marine Le Pen, dans les Alpes-Maritimes, le 11 avril 2022.

Le programme de Marine Le Pen en matière de retraites a beau avoir été retouché, il n’est pas jugé plus crédible qu’avant. Le 17 février, la candidate du Rassemblement national (RN) avait tiré une croix sur son idée d’ouvrir les droits à une pension pour tous dès 60 ans. Un changement de cap retentissant, justifié par le réalisme et par la volonté de porter des mesures qui soient soutenables sur le plan budgétaire. Le schéma que la responsable populiste défend aujourd’hui est un peu moins avantageux pour les assurés que le précédent, mais sa viabilité continue d’être mise en doute par des experts, et il déplaît toujours au patronat.

Le nouveau dispositif conçu par Mme Le Pen et son équipe entend instaurer un âge légal de départ à la retraite qui varie entre 60 et 62 ans, en fonction du moment où les personnes ont fait leur « entrée dans la vie active ». Ainsi, celles qui ont commencé à travailler entre 17 et 20 ans pourront partir à 60 ans. Pour les femmes et les hommes ayant débuté leur carrière après 20 ans, l’âge minimal pour pouvoir demander le versement de la pension oscillera entre 60 ans et 9 mois et 62 ans.

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S’agissant du droit à une retraite à taux plein, il sera, lui aussi, modulé en fonction de l’âge d’entrée dans la vie active : 160 trimestres pour ceux qui ont démarré leur vie professionnelle entre 17 et 20 ans, 164 trimestres pour ceux qui ont débuté à 22 ans, 168 trimestres pour ceux qui ont commencé à 24 ans et au-delà, etc.

Coup d’arrêt sur l’immigration

De telles règles s’avèrent plus favorables pour les assurés si elles sont comparées à la législation actuelle. Si l’on élargit la focale aux propositions des autres candidats à la présidentielle, la dirigeante d’extrême droite se situe dans une sorte d’entre-deux : elle est moins généreuse que les tenants de la retraite à 60 ans (Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, etc.), mais nettement plus « sociale » qu’Emmanuel Macron, qui veut repousser à 65 ans l’âge d’ouverture des droits. Son but est de répondre à l’aspiration de catégories populaires, qui ont fait leurs premiers pas dans le monde du travail de façon précoce.

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Auditionnée par plusieurs organisations d’employeurs pendant la campagne, Mme Le Pen a été invitée à s’expliquer sur ses intentions. Le 9 mars, face à l’Union des métiers et des industries de la métallurgie, elle a déclaré qu’il s’agissait d’un « choix de société ». « Plus on entre tôt sur le marché du travail, plus le travail est dur (…) et plus on doit pouvoir partir tôt », a-t-elle dit, en précisant que son projet coûterait 9,5 milliards d’euros par an, « en vitesse de croisière ». C’est « raisonnable » et « juste », à ses yeux. Pour financer ses mesures, elle a indiqué qu’elle réaliserait des économies, grâce à un coup d’arrêt sur l’immigration et à la lutte contre les fraudes. Elle table aussi sur les effets indirects de sa réforme, qui contribuerait à faire reculer le nombre de demandeurs d’emploi parmi les seniors et, par voie de conséquence, les dépenses d’assurance-chômage (à hauteur de 2 milliards d’euros).

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Le SOS des maraîchers nantais face aux surcoûts générés par la guerre en Ukraine

Les maraîchers installent des tunnels en plastique sur les parcelles de mâche, à Saint-Julien-de-Concelles (Loire-Atlantique), le 24 mars 2022.

« On est tous dans le même bateau. On ne fait que subir et, tous les jours, la situation empire. » Le cri d’alarme est signé Jean-François Vinet, codirigeant de la société de maraîchage Les Trois Moulins, à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, à 25 kilomètres au sud de Nantes. La profession, qui sortait à peine la tête de l’eau après la crise sanitaire due au Covid-19, plonge de nouveau dans le rouge depuis le début de la guerre en Ukraine. L’équation est intenable : les charges relatives aux intrants agricoles « explosent ». Les factures énergétiques flambent vertigineusement et, en un an, le prix des engrais a doublé, et celui d’autres matières nécessaires à la production – sable (+ 10 %), film de protection des cultures (+ 55 %), cartons pour emballer les marchandises (+ 35 %) – bondissent aussi dangereusement. Le CO2, utilisé en apport pour les cultures sous serre, voit aussi son prix s’envoler (+ 45 %).

La cote d’alerte est atteinte au pays de la mâche, production-phare qui pèse 30 000 tonnes annuelles, soit 85 % de la production nationale. A tel point que Philippe Retière, président de la Fédération des maraîchers nantais, s’est fendu d’un courrier pour interpeller le préfet et les parlementaires de Loire-Atlantique, mais aussi le ministre de l’agriculture, Julien Denormandie, et le premier ministre, Jean Castex, sur la gravité de la situation. A l’échelle des 200 entreprises de production de la fédération, soit 5 000 emplois équivalents temps plein revendiqués, « le surcoût annuel va atteindre 100 millions d’euros », expose M. Retière, qui dénonce « un impact inconcevable sans une revalorisation des prix payés aux producteurs doublée d’un soutien direct à la production de la part de l’Etat ».

Moins produire

Maraîcher serriste à Bouguenais, à 6 kilomètres de Nantes, Louis Vinet, spécialisé dans la production de concombres, serre les dents. « Les producteurs agricoles sont le premier maillon de la chaîne, souffle-t-il. La guerre en Ukraine nous met à terre, on se prend un peu toutes les hausses dans la gueule. » Le maraîcher, qui table sur une production annuelle de 6 millions de concombres, a d’ores et déjà décidé de réduire la voilure. « Cette année, on fera un million de pièces en moins, affirme-t-il. On va être contraints de moins chauffer les serres, donc de moins produire. On arrêtera les frais à la fin du mois d’août au lieu de poursuivre l’activité jusqu’à octobre, sous peine de produire à perte. »

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La vingtaine de salariés permanents de l’entreprise risque d’être au chômage technique durant un mois à l’automne. Et le renfort de travailleurs, en pleine saison, sera moindre que prévu : une vingtaine de contrats, contre une trentaine en temps normal.

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« La Raison économique et ses monstres », d’Eloi Laurent : renverser le mythe de la croissance

« Le sommeil de la raison engendre des monstres. » Dans l’épigraphe de son ouvrage La Raison économique et ses monstres (Les liens qui libèrent), l’économiste Eloi Laurent convoque l’artiste espagnol Francisco de Goya (1746-1828), citant le nom de l’une de ses gravures. Une manière de nous inviter à nous interroger sur la notion de léthargie, celle dans laquelle serait plongé le débat économique contemporain. Celle, aussi, dont pourrait être victime le lecteur lui-même, face à une « pensée dominante » centrée sur la croissance.

« La Raison économique et ses monstres », d’Eloi Laurent. Editions Les liens qui Libèrent, 112 pages, 12 euros.

A-t-on encore prise sur les choix économiques ? L’auteur, qui enseigne notamment à Sciences Po et à l’université de Stanford (Californie), répond par l’affirmative dans un essai bref et au rythme enlevé, qui représente le troisième volume de ses « Mythologies économiques ». Ces choix ne sont pas, selon lui, « des vérités scientifiques qui s’imposeraient à nous comme les lois de la physique ou de la biologie ». A la résignation qui a pu gagner certains cercles, il oppose la capacité d’action et la possibilité de changer de cap. Il l’assure : « L’économie, c’est nous. »

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Ce changement est une urgence, à ses yeux, tant « nos systèmes économiques aggravent les chocs écologiques d’une main et affaiblissent les institutions qui pourraient nous en protéger de l’autre ». Pour l’engager, une étape préalable s’impose : déconstruire le récit actuel, fait de « mythologies » et d’« apparences » dont il convient de se « désintoxiquer ».

L’économie prend au fil des pages la forme d’un « monstre mythologique », d’une « chimère à trois têtes ». « La première, la tête de chèvre, ânonne sans fin le présent : nous devons réformer pour performer », explique Eloi Laurent. C’est la vision du néolibéralisme. Une vision mise à mal selon lui par l’épidémie de Covid-19, qui a consacré « le triomphe de l’Etat-providence ».

L’apparence d’un serpent

L’auteur souligne que, conséquence de la crise sanitaire, « ce sont des indicateurs de santé-environnement qui doivent désormais gouverner l’économie ».

La deuxième tête du « monstre » prend l’apparence d’un serpent. Elle « ressasse le passé et crache son venin nostalgique : nous devons nous venger de notre déclin ». Derrière elle se cache la social-xénophobie, une idéologie qui estime que « la submersion prochaine du modèle social [justifierait] de le défendre contre les profiteurs étrangers ». L’auteur démonte cette théorie, soulignant notamment l’attachement des Français à la solidarité sociale.

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La troisième tête qui émerge de l’essai d’Eloi Laurent est celle d’un lion. Il « brûle l’avenir de son souffle ardent : nous devons consommer, en nous consumant ». Telle est la description de l’écolo-scepticisme. La transition écologique s’annonce « horriblement coûteuse » ? L’auteur assure que « c’est la non-transition écologique qui est hors de prix ».

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Michelin, EDF… Le management en coconstruction, une notion à la mode dopée par le télétravail

« Après deux ans d’adaptations incessantes des pratiques de travail aux aléas de la crise sanitaire, les entreprises ont perçu l’intérêt de partir des besoins des salariés pour définir de nouveaux cadres qui puissent s’appliquer quelle que soit la situation. »

La coconstruction entre manageurs et salariés est devenue un mot à la mode dans les entreprises. Il se décline progressivement sur toutes les thématiques : le dialogue social chez Michelin, le modèle managérial pour EDF, ou le télétravail pour tant d’autres.

Après deux ans d’adaptations incessantes des pratiques de travail aux aléas de la crise sanitaire, les entreprises ont perçu l’intérêt de partir des besoins des salariés pour définir de nouveaux cadres qui puissent s’appliquer quelle que soit la situation. « Il est nécessaire d’intégrer la voix du collaborateur pour coconstruire et réinventer des rites en fonction des situations, codesigner les usages avec une réversibilité possible », estime David Gautron, associé du cabinet de conseil Julhiet Sterwen, spécialisé en transformation des organisations.

Le rapport de l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) publié le 6 décembre 2021, qui analyse une quarantaine d’accords d’entreprise signés depuis le Covid-19, donne autant d’illustrations de cette approche collective, adoptées pour intégrer durablement le télétravail : outils, rituels, management, tout est revisité. Le Club Med, BNP Paribas, Crédit agricole ou Axa ont ainsi ouvert des chantiers de smart working pour définir en « coconstruction » une façon différente de travailler. Le terme de « smart working » exprime une double exigence : les salariés sont responsables de produire des résultats, et de maintenir un bon équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle.

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Larges consultations des collaborateurs, expérimentations encadrées dans le temps (sur six, douze voire dix-huit mois) et réversibilité des organisations – la possibilité de revenir en arrière – sont les trois temps de la coconstruction. Elle « se fait sous forme d’atelier, où les salariés sont réunis avec leur manageur, partagent leurs attentes et leurs contraintes. Ils partent de l’existant pour établir une “carte d’expériences”, soit la description d’une journée ou une semaine type découpée par nature d’activité ou de mission, en précisant s’il s’agit d’une activité individuelle ou collective », explique David Gautron.

Un « collectif pivot »

L’impulsion vient évidemment de la direction dans la majorité des réorganisations, « mais les questionnaires mis en place peuvent réorienter les idées de la direction, afin que l’expérience [du] salarié soit optimale. Le danger serait de faire de la coconstruction en chambre », met en garde Julien Lever, PDG adjoint de Julhiet Sterwen.

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« Concernant les classements des établissements de l’enseignement supérieur, les mécanismes d’autorégulation semblent insuffisants »

Certains médias ou organismes se montrent peu regardants sur la qualité des données transmises par les établissements qu’ils classent, et se muent parfois en consultants pour les aider à être mieux placés, analysent, dans une tribune au « Monde », les chercheurs Vincent Iehlé et Julien Jacqmin, qui appellent à la création d’une institution de contrôle impartiale.

Pour être efficace, une méthode de gestion doit avoir un sens pour les équipes

Gouvernance. Dans un ouvrage qui fit date, l’économiste américain Harvey Leibenstein (1922-1994) montrait que si l’efficacité dépend du montant de capital et de travail investi, elle ne résulte pas de la simple addition de ces facteurs : plus que l’accumulation massive de moyens de production, la capacité des travailleurs à se mobiliser dans un projet qui a du sens détermine les résultats. C’est ce qu’il appelle l’« X-efficience » (General X-Efficiency Theory and Economic Development, 1976).

Il empruntait cette idée au grand romancier russe Léon Tolstoï (1828-1910) qui, dans son chef-d’œuvre La Guerre et la paix (1867), développe des réflexions pénétrantes sur les mécanismes de l’histoire et sur ce qui motive les mouvements de fond dans les sociétés humaines. Analysant l’échec de l’invasion de la Russie par les Français en 1812, il se demande pourquoi une telle concentration de moyens matériels et humains n’avait pu empêcher de conduire au désastre la grande armée napoléonienne.

Il repère deux erreurs décisives dont la portée dépasse cette tragédie : la première est de croire que la volonté du chef militaire et ses ordres suffisent à mouvoir les masses qu’il commande ; en réalité, ce sont les volontés de milliers d’humains impliqués dans l’organisation des opérations qui prennent des milliers de décisions à différents niveaux et, en s’alignant plus ou moins consciemment sur l’idée d’un projet commun, qui assurent sa réussite.

La deuxième erreur est de négliger le rôle que joue le sens moral de ces humains, c’est-à-dire le sentiment qu’ils agissent collectivement pour une cause qui vaut la peine de s’engager, de prendre des initiatives et de soutenir un effort dans la durée.

Dirigeant aveuglé par son inspiration

Faute de cette lucidité, Napoléon a cru que donner des ordres suffisait pour être obéi, sans considérer que, dans la pratique, leur traduction aux différents échelons n’était pas cohérente ; et que ce manque de cohérence tenait à l’incompréhension par les gradés comme par la troupe, de la raison de l’aventure guerrière dans laquelle ils étaient embarqués, face à des ennemis qui, eux, savaient qu’ils luttaient pour leur survie.

Napoléon a cru que donner des ordres suffisait pour être obéi, sans considérer que, dans la pratique, leur traduction aux différents échelons n’était pas cohérente

En s’inspirant de Tolstoï, Leibenstein rappelait que la vie des entreprises peut aussi pâtir de ces deux erreurs. D’une part, lorsque le dirigeant, aveuglé par son inspiration, agit comme si l’organisation n’était qu’une mécanique animée par ses décrets et s’étonne que les choses ne se passent pas comme prévu, en incriminant l’incompétence de ses collaborateurs plutôt que sa naïveté.

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Le nombre de faillites d’entreprises repart à la hausse en France

Après deux ans de calme plat, l’activité revient peu à peu à la normale dans les tribunaux de commerce. Au premier trimestre, selon les chiffres du cabinet Altares publiés lundi 11 avril, 9 972 entreprises ont fait l’objet d’une procédure pour défaillance. Un chiffre en hausse de 35 % par rapport à la même période de 2021, mais encore nettement inférieur à l’étiage constaté en 2018 et 2019, où l’on avait enregistré environ 14 000 défauts sur les trois premiers mois. Au total, ces deux années avaient totalisé 107 000 ouvertures de procédures collectives, contre un peu moins de 61 000 sur les années 2020 et 2021. « On est à moins de la moitié du niveau d’activité d’avant-crise », confirme Frédéric Abitbol, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires (CNAJMJ).

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La vague des faillites, tant redoutée au début de la crise du Covid-19, a été contenue par la politique du « quoi qu’il en coûte », qui a permis de soutenir les entreprises confrontées à une chute, parfois totale, de leur activité. Ce soutien a représenté au total 240 milliards d’euros sous forme de prêts – dont 145 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat, à destination de 700 000 entreprises – et de subventions.

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La fin des aides et le début du remboursement des prêts garantis par l’Etat expliquent que le nombre de défaillances reparte à la hausse. Ces faillites touchent surtout des entreprises jeunes, de moins de cinq ans. Créées peu avant la crise sanitaire, elles « n’ont pas eu le temps de rencontrer leur marché, leur activité n’a pas vraiment décollé », explique Thierry Millon, directeur des études d’Altares. Elles sont particulièrement nombreuses parmi les commerces d’alimentation générale, petites épiceries ou supérettes de proximité qui n’ont pas « tenu » : les défauts dans ce secteur d’activité sont trois fois plus nombreux au premier trimestre 2022 que sur les trimestres précédents.

Restauration et très petites entreprises

Les faillites ont doublé en un an dans le secteur de la restauration traditionnelle, qui n’a peut-être pas vu revenir les clients aussi nombreux que prévu. Elles augmentent aussi significativement dans les services aux particuliers, coiffeurs et instituts de beauté. S’agissant pour l’essentiel de très petites entreprises, l’impact en termes d’emplois reste relativement faible. « Les dossiers que nous avons traités sur le début de l’année représentent au total 27 000 emplois, et globalement les procédures judiciaires permettent d’en sauver les deux tiers », rappelle MAbitbol.

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A Saint-Denis, émotion autour de la « mutation-sanction » de six enseignants

Ils sont plusieurs dizaines à avoir bravé la pluie, vendredi 8 avril, devant les locaux des services départementaux de l’éducation nationale (DSDEN) de Seine-Saint-Denis, à Bobigny. Sous une forêt de parapluies, des professeurs de l’école Pasteur, gros établissement de Saint-Denis classée REP +, sont venus avec les parents d’élèves, quelques enfants et des collègues d’autres écoles « en soutien ». Quelques jours plus tôt, six enseignants (sur dix-neuf) de l’école Pasteur ont reçu une convocation à la DSDEN en vue d’une « mutation dans l’intérêt du service ». Ce déplacement contraint n’est pas une mesure disciplinaire, a insisté l’éducation nationale.

Mais l’équipe vit cette décision comme une injustice. Ce sont eux qui – « collectivement », insistent-ils – ont fait remonter les dysfonctionnements survenus dans leur école depuis la rentrée de septembre, marquée par l’arrivée d’une nouvelle directrice. Les enseignants interrogés précisent au Monde qu’il s’agissait, la plupart du temps, de problèmes logistiques et de sécurité imputables à la gestion de l’école.

Dans la foulée de ces signalements, une enquête administrative est diligentée. « On nous a demandé si on faisait les évaluations, mais rien sur les dysfonctionnements qu’on avait fait remonter », insiste une enseignante concernée par la procédure de mutation, qui, comme ses collègues, ne souhaite pas donner son nom. Il est vrai, reconnaissent les responsables locaux du syndicat SNUipp, que l’équipe de l’école est « engagée ». Elle fait partie de celles qui refusent de faire passer les évaluations de CP, « une démarche soutenue par les syndicats », souligne la secrétaire départementale du SNUipp, Catherine Da Silva.

Réputation de militance

A la mi-janvier, les enseignants de Pasteur ont également découvert, dans le journal d’extrême droite L’Incorrect, une enquête titrée « Gauchisme à l’école : le niveau monte », fondée sur le témoignage d’une directrice qu’ils reconnaissent comme la leur. Elle décrit une école noyautée par « un petit groupe de syndiqués SUD » qui « ne respecte pas la hiérarchie ». Selon nos informations, les adhérents de ce syndicat seraient en fait minoritaires, ce qui n’empêche pas l’école d’avoir acquis une solide réputation de militance – voire, selon une source qui ne souhaite pas être citée, d’être une école « qui a inventé ses propres règles ».

« Nous sommes attachés à la décision collective, indique une enseignante. Mais nous avons toujours respecté notre hiérarchie. Ce que cette directrice voulait, c’était se comporter en cheffe, en ne tenant pas compte de nos décisions. » Dans les textes, un directeur d’école n’est – pour l’instant, car le statut pourrait évoluer – pas un chef d’établissement. Il a pour mission d’animer l’équipe éducative, mais n’a pas d’autorité hiérarchique sur les enseignants.

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Guerre en Ukraine : Société générale cesse ses activités en Russie

Une agence Rosbank, filiale de Société Générale, à Moscou, en mai 2013.

Société générale avait pris le parti de quitter la Russie peu de temps après le début de la guerre en Ukraine. Son patron, Frédéric Oudéa, avait toutefois indiqué en interne que, « pour une banque qui finance l’économie, qui est sous tutelle de la banque centrale, on ne peut pas dire du jour au lendemain : j’arrête. »

C’est donc « au terme de plusieurs semaines de travail intensif » que le groupe bancaire français a annoncé, lundi 11 avril, la signature d’un accord lui permettant de céder la totalité de sa filiale Rosbank et de ses filiales d’assurance en Russie à Interros Capital. Il s’agit de la holding de l’oligarque Vladimir Potanine, un des hommes les plus riches de Russie et proche de Vladimir Poutine, qui contrôle le géant minier Nornickel. Interros Capital connaît bien la banque puisqu’il était le précédent propriétaire de Rosbank, qu’il a vendue par blocs à Société générale à partir de 2006.

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Cette opération, qui devrait être finalisée « dans les prochaines semaines », va permettre à la banque française de se retirer « de manière effective et ordonnée de Russie, en assurant une continuité » à ses 12 000 collaborateurs et à ses clients, précise le groupe. Dans un communiqué séparé, Interros a précisé, lundi, que « les conditions de l’accord [avaient] été approuvées par la commission gouvernementale du contrôle des investissements étrangers dans la Fédération de Russie ».

« Conséquences financières significatives »

Ce départ se fait au prix fort. Société générale part peu ou prou en laissant les clés. Rosbank, l’une des principales banques privées russes, a été chèrement acquise (4 milliards d’euros au total) et la valeur des activités cédées doit être dépréciée dans les comptes de l’institution française. Celle-ci va en revanche recevoir « un versement » de l’acheteur, Interros Capital, qui inclura le remboursement d’une dette accordée par Société générale à sa filiale russe d’un montant de 500 millions d’euros.

Société générale a chiffré le coût de ce retrait à 3,1 milliards d’euros. La banque tricolore, qui a dégagé 5,6 milliards d’euros de profits en 2021, devrait absorber le choc. Dans un message adressé lundi matin aux salariés du groupe, Frédéric Oudéa a souligné que « cette cession aurait des conséquences financières significatives en 2022, mais que nous saurons gérer ». La banque a d’ailleurs tenu à confirmer le versement d’un dividende de 1,65 euro par action (soumis au vote de l’assemblée générale des actionnaires, le 17 mai) et son programme de rachat d’actions annoncé pour un montant d’environ 915 millions d’euros. « Ce n’est pas létal pour le groupe, mais cet épisode accrédite l’opinion qu’il se passe toujours quelque chose à la Société générale, depuis l’affaire Kerviel, en 2008 », note un ancien dirigeant de la banque.

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