Retraites : les militants de la CFDT bousculent Laurent Berger, leur numéro un
Les militants de la CFDT viennent d’adresser une énergique mise en garde à leur numéro un, Laurent Berger, et à la garde rapprochée de celui-ci, sur la question des retraites. Réunis en congrès à Lyon depuis lundi 13 juin, les syndicats de la centrale cédétiste ont obtenu, jeudi, contre l’avis de leurs instances confédérales, que la feuille de route de leur organisation soit réécrite, car ils la jugeaient ambiguë : à leurs yeux, ce texte – appelé « résolution générale » en interne – pouvait laisser penser qu’ils étaient prêts à accepter un allongement de la durée de cotisation pour toucher une pension à taux plein. Ils ont voulu fermer la porte à cette hypothèse en défendant un amendement qui a été adopté par un peu plus de 67 % des voix. Une majorité très nette, qui montre que de nombreux adhérents attendent un positionnement très ferme de leurs leaders face au projet d’Emmanuel Macron de faire « travailler plus longtemps » la population.
Le débat s’est focalisé sur quelques mots de la résolution générale qui réaffirment que la CFDT admet un accroissement de la durée de cotisation pour répondre à l’augmentation de l’espérance de vie. De la part des cédétistes, il s’agit d’une position constante depuis au moins une dizaine d’années. Elle avait d’ailleurs amené la confédération à donner son imprimatur à la « loi Touraine » de janvier 2014, qui fait graduellement passer à 172 trimestres la durée d’affiliation requise pour percevoir une pension à taux plein.
Mais la formulation retenue dans la résolution a été jugée équivoque, notamment par le syndicat Interco-CFDT de la Somme. Elle « pourrait alimenter une réforme injuste, surtout en ce moment », comme l’a précisé, jeudi après-midi, son secrétaire général, Arnaud Espel, dont l’intervention a été très applaudie par l’assistance. « Est-ce bien à nous et, surtout, est-ce bien le moment de revenir sur les paramètres ? », s’est-il interrogé. D’autres composantes de la centrale avaient exprimé les mêmes appréhensions, à la veille de l’ouverture du congrès.
« En phase avec l’opinion »
Frédéric Sève, secrétaire national chargé du dossier, a essayé de dissiper ces craintes, en rappelant que la phrase incriminée ne faisait que « reprendre » une doctrine forgée il y a longtemps. « Elle est toujours d’actualité, elle nous identifie, elle est cohérente avec nos valeurs, elle est en phase aussi avec l’opinion, a-t-il plaidé. Nous n’avons pas besoin d’en changer pour contrer des projets du gouvernement, bien au contraire. »
La veille, M. Berger avait mis les points sur les « i » encore plus clairement. « Nous n’avons pas (…) l’intention de valider un allongement de la durée de cotisation au-delà de ce qui est prévu par la loi Touraine, qui prendra son plein effet en 2034 », avait martelé le secrétaire général de la confédération. Et de lancer à la salle : « Mes amis, pas d’alerte inutile, pas de mauvais débats entre nous, pas de peur sans fondement. »
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