Les syndicats se préparent à un mariage d’Auchan, encore à la peine en France
Auchan peine à redresser la barre en France. Dans neuf pays sur dix où il est présent, le groupe de distribution alimentaire a repris le chemin de la croissance, montrent ses résultats, publiés vendredi 25 février. Pas dans l’Hexagone, où le chiffre d’affaires a reculé de 4,6 % en 2021, à 16,2 milliards d’euros, dans une année encore marquée par les restrictions sanitaires imposées aux galeries marchandes qui abritent ses hypermarchés. Des résultats « difficiles », a reconnu Yves Claude, le PDG d’Auchan Retail, dont le chiffre d’affaires total s’est établi en repli de 1 % sur un an, à 30,5 milliards d’euros – et qui serait en hausse de 0,4 % sans la France.
Face à ces difficultés, le projet de rapprochement avec Carrefour plane toujours au-dessus des salariés. « On a beau demander des informations, le sujet reste tabou », constate Gilles Martin, délégué syndical central CFDT d’Auchan France. « Début 2021, il y a eu une discussion, à l’initiative d’Auchan, pour créer un acteur important, a rappelé M. Claude, vendredi. Le projet n’a pas abouti, car les conditions opérationnelles n’étaient pas alignées. »
Avec 53 % de son chiffre d’affaires en France, le groupe nordiste peut-il néanmoins continuer sa route seul ? Alors que, en face, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, laisse entendre que son groupe n’a pas besoin d’alliance, Auchan est à un point de bascule, après avoir renfloué sa trésorerie ces dernières années, notamment en cédant ses magasins en Italie et en se retirant d’Asie. Doit-il désormais réinvestir dans l’outil industriel ou s’allier ?
« Perte de confiance des salariés »
Dans l’Hexagone, « Auchan a traversé une période de flottement due à des errances stratégiques des directions qui se sont succédé et à la responsabilité de l’actionnaire, la famille Mulliez », analyse M. Martin. Or, dans un univers où l’intensité concurrentielle a augmenté, un paquebot comme Auchan en France, a, selon ce syndicaliste, « besoin d’avoir une vision de long terme ». « On a eu cinq patrons pour la France en seulement six ans. Cela crée aussi une perte de confiance des salariés. »
La constitution d’un groupe qui pèserait près de 30 % du marché des biens de consommation aurait de nombreuses conséquences
Le dernier remaniement a été officialisé le 1er décembre 2021, avec le débarquement d’Alexandre Mulliez – le petit-fils de Gérard Mulliez –, vice-président d’Auchan Retail France depuis janvier 2021. Il avait été épaulé jusqu’en septembre par Francis Cordelette, ancien directeur général de Boulanger et d’Auchan. Un nouveau tandem vient donc d’être installé aux commandes du groupe en France : Yves Claude (président exécutif) et Philippe Brochard (directeur général). Mais pour combien de temps ?
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