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Covid-19 : protocole renforcé dans les écoles, fermeture des discothèques, vaccination des 5-11 ans… Ce qu’il faut retenir des annonces de Jean Castex

Jean Castex et Olivier Véran, à l’Hôtel Matignon, le 6 décembre 2021.

Protocole renforcé dans les écoles, télétravail recommandé, fermeture des discothèques et vaccination des 5-11 ans préconisée… Jean Castex a annoncé, lundi 6 décembre, lors d’une conférence de presse en présence du ministre de la santé Olivier Véran, une batterie de mesures contre la cinquième vague de Covid-19 sans vouloir recourir à des dispositions « disproportionnées », comme les confinements ou les jauges. L’objectif est d’enrayer la progression de l’épidémie qui a dépassé les 50 000 cas quotidiens.

« En baissant de seulement 10 % le taux de contamination », l’hôpital pourrait éviter une nouvelle embolie, a estimé le premier ministre, assurant que la mise en place de « jauges », de « couvre-feux » ou de « confinements » « serait disproportionnée » en l’état actuel de l’épidémie.

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« Sans la vaccination, a-t-il insisté, des mesures de confinement auraient certainement déjà été prises, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, et l’objectif, c’est que ce ne soit pas le cas non plus demain. » Il a également rappelé l’importance du rappel vaccinal qui « booste considérablement » la protection, ajoutant qu’au 30 décembre plus de 15 millions de personnes auront reçu une dose de rappel en France.

  • Fermeture des discothèques pour quatre semaines

Le premier ministre a décidé à nouveau d’une fermeture des discothèques pour quatre semaines à partir de vendredi jusqu’à « début janvier ».

« Nous le faisons parce que le virus circule beaucoup chez les jeunes, même vaccinés, parce que le port du masque est extrêmement difficile dans ces établissements », a-t-il ajouté. « Nous le faisons aussi par cohérence avec le message général de prudence », a-t-il souligné.

Thierry Fontaine, président de la branche « nuit » de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), s’est dit « scandalisé » par cette fermeture à l’approche des fêtes, « la plus grosse période de l’année ».

Selon Bercy, le ministre délégué chargé des PME, Alain Griset, doit recevoir mardi les représentants des discothèques et de l’événementiel, également touchés par les appels de l’exécutif à restreindre les festivités. « On discutera avec eux du meilleur moyen pour accompagner soit la fermeture dans le cas des discothèques, soit la baisse de chiffre d’affaires dans celui des métiers de l’événementiel », a indiqué à l’Agence France-Presse le cabinet du ministre de l’économie, Bruno Le Maire.

Les entreprises concernées par ces mesures – discothèques et traiteurs organisateurs de réceptions, notamment – seront « accompagnées économiquement » par l’Etat.

  • Renforcement du protocole sanitaire à l’école primaire

Jean Castex a également annoncé un renforcement du protocole sanitaire à l’école primaire. Ce dernier sera rehaussé au niveau 3 pour les écoles maternelles et élémentaires. Cela implique le port du masque obligatoire en intérieur et en extérieur à partir du CP, la limitation des sports pratiqués en intérieur et une nouvelle organisation pour le temps de la cantine « en lien avec les élus locaux », a détaillé M. Castex.

« Nous maintiendrons notre politique de dépistage systématique de tous les élèves s’il y a un cas positif dans la classe et de fermeture de la classe au bout de trois cas positifs », a-t-il ajouté. Aucune mesure supplémentaire n’a été annoncée pour les collèges et les lycées, ni pour l’enseignement supérieur.

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  • Ouverture de la vaccination à tous les enfants de 5 à 11 ans « si possible d’ici à la fin de l’année »

Le gouvernement envisage par ailleurs d’ouvrir la vaccination contre le Covid-19 « à tous les enfants » de 5 à 11 ans, « sur la base du volontariat, si possible d’ici à la fin de l’année ». Olivier Véran a précisé que le gouvernement organisait « toute la logistique pour commencer sans délai à vacciner les enfants » à partir du 20 décembre, « sous réserve de la validation finale par les autorités sanitaires ». La Haute Autorité de santé et le Comité consultatif national d’éthique doivent encore rendre leur avis sur cette question.

Pour la vaccination des 360 000 enfants « à risque » susceptibles de développer des formes graves de la maladie, le gouvernement a déjà reçu le feu vert de la Haute Autorité de santé (HAS) et « commencera dès le 15 décembre », a indiqué le premier ministre.

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  • Les personnes de 65 ans et plus pourront faire le rappel sans rendez-vous « quel que soit le centre »

Les Français âgés de 65 ans et plus pourront obtenir une dose de rappel de vaccin contre le Covid-19 sans rendez-vous, « quel que soit le centre » dans lequel ils se rendent, a annoncé Jean Castex. Afin de tenter de freiner la circulation du virus, nous devons « conserver notre bouclier vaccinal et même l’amplifier et le renforcer », a préconisé le premier ministre.

Le ministre de la santé a annoncé que la même mesure s’appliquerait aux personnes non vaccinées qui décideraient de recevoir leur première dose.

  • Appel à « lever le pied » quant aux interactions sociales

Le chef du gouvernement a aussi appelé les Français « à lever le pied » concernant les interactions sociales. « Mon message est très simple : jusqu’aux fêtes de fin d’année, on lève le pied, on arrête, on se protège et on protège ainsi notre capacité à profiter de Noël », a déclaré le premier ministre.

Concrètement, il s’agit de reporter les cérémonies de vœux et les pots de départ en entreprise. M. Castex recommande de faire de même dans la sphère privée.

  • Le télétravail recommandé

Au sein des entreprises comme de la fonction publique, le gouvernement préconise deux ou trois jours de télétravail par semaine et veut limiter les réunions en présentiel.

« Si cela ne fonctionnait pas par la voie de la recommandation, (…) nous serions amenés à passer par celle d’une obligation », a prévenu Jean Castex.

Le Monde avec AFP

L’Europe fait un premier pas pour améliorer la condition des « travailleurs pauvres »

Un saisonnier participe à la récolte du muguet à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu, près de Nantes, le 27 avril 2021.

Sur le terrain salarial, c’est un accord important, et presque inespéré, qu’ont conclu, lundi 6 décembre, les ministres européens des affaires sociales. Il devrait, à terme, concerner 25 millions de travailleurs, selon l’Institut syndical européen (ETUI). Il ne s’agira pas, pourtant, d’obliger les Etats qui n’en disposent pas à créer un salaire minimum et, pour les autres, il n’y aura pas, contrairement à ce qu’affirment certains détracteurs, de seuil minimum uniforme pour celui-ci. L’Union européenne (UE) n’a, en effet, pas le pouvoir d’imposer des normes concernant la rémunération des travailleurs.

Les ministres ont toutefois innové en adoptant une position commune concernant des règles nouvelles qui devraient, à terme – d’ici deux ans ? –, améliorer les salaires les plus faibles en Europe et, par conséquent, aider à combattre tant le dumping social que le phénomène des « travailleurs pauvres », qui concernerait actuellement 10 % de ceux qui ont un emploi.

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L’accord conclu permettra l’ouverture d’un trilogue entre les Etats (le Conseil), la Commission européenne (qui a déposé sa proposition directive en octobre 2020) et le Parlement européen (qui a approuvé, à la fin novembre, son mandat de négociation). Seules les grandes lignes du consensus trouvé sont connues, mais, à l’évidence, la position des Etats est en retrait par rapport à celle des deux autres institutions, même si la proclamation est identique : « Il faut éviter que des personnes qui s’investissent pleinement dans leur travail vivent dans la pauvreté », déclarait lundi le ministre du travail slovène, Janez Cigler Kralj, dont le pays assume la présidente tournante de l’Union.

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Ne pas empiéter sur les prérogatives nationales

Selon Nicolas Schmit, commissaire européen à l’emploi, aux affaires sociales et à l’insertion, il s’agit de démontrer que « l’Europe ne peut pas être le continent où des gens ne peuvent vivre de leur salaire ». « Et l’UE ne pouvait être plus longtemps à l’écart d’un débat que même les Etats-Unis ont lancé sous la présidence Biden », insiste Sylvie Brunet, eurodéputée Modem.

Si la discussion était, jusqu’ici, centrée sur le principe du « cadre relatif à des normes minimales », évoqué dans la proposition de la Commission, il faudra désormais avancer sur la définition des « niveaux adéquats » des salaires minimaux. Sans empiéter sur les prérogatives nationales. Peu de temps après l’accord de lundi, l’association patronale BusinessEurope s’empressait d’ailleurs de publier un communiqué insistant sur l’absence d’obligations faite aux Etats et la nécessaire « flexibilité » dont ceux-ci devraient disposer pour définir ce qu’est un salaire adéquat. Pas question non plus, dans la proposition du Conseil – qui ne suit pas la Commission – de créer des droits individuels pour les travailleurs, se réjouit le patronat.

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Transports : l’Ile-de-France introduit davantage de social dans la concurrence

Un chauffeur de bus de la Régie autonome des transports parisiens (RATP), à Paris, le 9 avril 2020.

Changement de cap sur la route qui mène à la mise en place de la concurrence des réseaux de bus de la région parisienne d’ici à la fin de 2024. Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, a décidé de modifier les règles d’attribution des marchés des bus en vue de renforcer les critères sociaux dans le choix final d’un opérateur. Ile-de-France Mobilités va, en particulier, augmenter le poids relatif de la note sociale. Celle-ci est appelée à passer de 10 % à 15 % de la notation globale des futurs appels d’offres au détriment du critère prix, qui baissera de 45 % à 40 %, le poids de la note technique demeurant inchangé, à 45 %.

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Tout est parti d’une grève de deux mois déclenchée en septembre du côté de Melun (Seine-et-Marne), quelque temps après le démarrage effectif des premiers réseaux de bus issus de l’ouverture à la concurrence. Le mouvement a surpris la direction d’Ile-de-France Mobilités, présidée par Valérie Pécresse, la patronne LR de l’Ile-de-France et candidate du parti de droite à l’élection présidentielle de 2022. La situation a été jugée suffisamment sérieuse pour qu’une mission de médiation soit confiée par IDFM à Jean-Paul Bailly, ancien patron de la RATP et de La Poste, afin de mettre un terme au conflit.

« On ne s’attendait pas à un mouvement aussi long avec autant de souffrance et de motifs de mécontentement, explique Laurent Probst, le directeur général d’Ile-de-France Mobilités. Avec Jean-Paul Bailly, nous avons essayé d’en savoir plus, en rencontrant les syndicats des personnels en grève et nous avons réalisé qu’un opérateur avait beaucoup joué avec le critère social pour emporter ses appels d’offres. »

« Cela commençait à prendre une mauvaise tournure »

L’opérateur en question se nomme Transdev. La grève, qui s’est achevée fin octobre, s’est déclenchée dans quatre de ses dépôts. Les salariés dénonçaient des conditions de travail dégradées, des baisses de rémunération et des disparitions d’avantages. En résumé, du « dumping social » par rapport à la période précédant l’ouverture du marché. Certaines décisions de l’opérateur ont même surpris M. Bailly, comme l’obstination à supprimer les chèques-cadeaux lors de la négociation sur la reprise du travail.

« Cela commençait à prendre une mauvaise tournure, raconte M. Probst. Les autres candidats se sont dit : “Nous aussi, on va pousser le bouchon social un peu loin, sinon on va perdre.” Il y a eu un début d’emballement. » Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, est l’un des acteurs de poids du transport public à prendre part à cette bataille de la concurrence en Ile-de-France, avec Keolis, filiale de la SNCF, et RATP Dev, filiale de la RATP.

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« Eviter la casse sociale » : le fabricant de meubles « made in France » Demeyere en redressement judiciaire

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Publié aujourd’hui à 10h11

C’est un véritable ballet de chariots élévateurs, qui tournoient au milieu des 45 000 mètres carrésde l’usine de fabrication de meubles en kit Demeyere, à Pérenchies, dans le Nord. Au lendemain de l’annonce, jeudi 2 décembre, par le tribunal de commerce de Lille, du placement en redressement judiciaire de cette entreprise familiale et centenaire, les salariés étaient inquiets, mais continuent de produire tables, meubles, armoires ou chambres à coucher pour leurs clients, essentiellement Conforama, But et Leroy Merlin. « C’est dur, mais on a un vrai attachement pour cette entreprise, confie Arnaud Bossard, contremaître et salarié de l’usine depuis trente-trois ans. Il y a un esprit familial ancré dans ces murs. »

A l’usine de fabrication de meubles en kit Demeyere, à Pérenchies (Nord), le 3 décembre 2021.

Demeyere Group, c’est 750 collaborateurs qualifiés sur cinq sites de production : quatre dans le Nord (640 salariés) et une usine de production à Nersac, en Charente (110 salariés). Avant la crise due au coronavirus, près de 3,6 millions de meubles étaient vendus chaque année à travers 34 pays. Bel exemple du « made in France », l’entreprise a été créée par Lucien Demeyere, menuisier ébéniste, en 1909, dans la métropole lilloise. En 1960, son fils Pierre permet à la société de devenir le précurseur de la fabrication du meuble en kit. « Les premières difficultés sont arrivées en 2017 avec Conforama, client majeur du groupe », raconte le nouveau directeur général, Jean-Marc Bailleux, arrivé le 5 juillet.

A l’arrêt brutal de l’activité, dû à la crise sanitaire, s’est ajoutée la flambée des prix des matières premières et des coûts de transport

En 2019, Conforama, dans la tourmente, supprime 1 900 emplois. Mais, pour les syndicats de Demeyere, la situation financière délicate actuelle du groupe a démarré dès 2012. « Depuis dix ans, on ne fait plus de bénéfice, expliquent Bernard Vereecke, délégué CFE-CGC et Mickaël Dhooge, délégué FO. En 2012, les deux frères Demeyere se sont écharpés autour de la stratégie. »

Chiffre d’affaires en chute

Bernard Demeyere, emblématique patron du groupe depuis trente et un ans, avait cédé, à 65 ans, sa place à son jeune frère Frédéric. Après un premier plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), celui-ci lançait la nouvelle stratégie du « fast furniture », en mettant l’accent sur la réactivité, la qualité, le design, l’innovation et le service client. « Et puis, on a changé à nouveau de stratégie en 2019, après un nouveau plan social, et un manageur de transition a été nommé, juste avant la crise sanitaire », déclarent, en soupirant, les délégués syndicaux. « C’est lui qui a mis le second pied de l’entreprise dans le précipice, dénonce Thierry Delporte, délégué CFDT. On n’a jamais eu autant de burn-out qu’à ce moment-là. »

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« Jusqu’à maintenant on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont » : les ostréiculteurs du bassin d’Arcachon manquent de bras

Sur le marché du port de Larros, à Gujan-Mestras (Gironde), en juillet 2009.

Cette année, Laurent Bidart a innové. Pour tenter de trouver des travailleurs saisonniers à l’approche d’une période dense pour la filière, cet ostréiculteur installé depuis trois générations sur le port de Meyran, à Gujan-Mestras, a produit un petit spot publicitaire vantant les mérites de son entreprise. Une vidéo diffusée sur les différents réseaux sociaux de la société. Las. Malgré « quelques touches » à la suite du partage de sa vidéo, aucune candidature solide ne lui permet pour l’instant de former une équipe. Sur une dizaine de jours – du 17 au 23 décembre, puis du 26 au 28 décembre – l’ostréiculteur aura besoin, comme chaque année, de « vingt, vingt-cinq voire trente » travailleurs pour renforcer son équipe.

Pourtant, les commandes destinées à la grande distribution sont bouclées. Entre 100 à 150 tonnes d’huîtres devront être bientôt prêtes. Alors, pour assurer ses arrières, Laurent Bidart a mis à l’arrêt l’exploitation ostréicole qu’il possède aussi dans la baie de Paimpol, en Bretagne, et a demandé à « cinq ou six employés de là-bas de venir nous donner un coup de main pendant la grosse semaine des fêtes ». Devant son entrepôt du bassin d’Arcachon où s’activent ses employés, il s’interroge sur cette pénurie de main-d’œuvre. « Jusqu’à maintenant, ça ne posait pas de problème, on avait des jeunes, mais là, je ne sais pas où ils sont », déplore-t-il.

« Plus d’offres », plus de choix

Pour mettre toutes les chances de son côté, Laurent Bidart a fait appel au Groupement d’employeurs des métiers de la mer (GE2M) à Gujan-Mestras. Mais sa directrice, Hélène Bieniaszewski, ne cache pas les difficultés qu’elle rencontre. « J’ai l’impression qu’il y a plus d’offres, donc les candidats ont finalement le choix. Je reçois des profils très motivés, mais si lors de l’entretien je n’ai pas le contrat à leur faire signer, deux ou trois jours après, le temps que je trouve la bonne cabane où les placer, ils ne sont plus dispos. »

Aucune qualification particulière n’est pas pourtant nécessaire pour ces emplois saisonniers explique Mme Bieniaszewski, sinon une bonne forme physique pour des tâches de « manutention, tri, emballage, calibrage ».

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Le profil des candidats a également changé, analyse la directrice du GE2M. « Par le passé, il y avait un vivier de travailleurs dans l’ostréiculture, j’ai l’impression qu’il est désormais très réduit. Les personnes que je reçois aujourd’hui n’ont jamais touché une huître ou connaissent très peu ce milieu. » En cause, notamment, les salaires et le coût du logement. « Sur la rémunération, je n’ai pas beaucoup de marge de manœuvre. On était légèrement au-dessus du smic, jusqu’à la revalorisation de celui-ci en octobre dernier. Il est prévu qu’au premier trimestre 2022 les salaires soient revalorisés par accord de branche, j’espère qu’on va revenir à la situation historique », ambitionne Hélène Bieniaszewski. Quant au logement, Thierry Lafon, président du comité régional de la conchyliculture Arcachon Aquitaine, souligne une « inadéquation entre le besoin et l’offre. C’est un facteur aggravant ». Année après année, raconte-t-il, il est de plus en plus difficile de recruter des travailleurs saisonniers sur le bassin d’Arcachon mais, là, « on a encore gravi une marche ».

L’argot de bureau : le « design thinking » ou les fruits de l’empathie

Dans la grande famille des réunions, il en est une qui fait plus de bruit que les autres. Ici, chacun est appelé à donner son avis sur les projets de l’entreprise, car aujourd’hui on sort de la tyrannie du « yakafokon ». Au centre de la table, un puzzle où chaque salarié joint sa petite pièce, car, après tout, « seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ». Tourné vers les besoins des utilisateurs ou des collaborateurs lambda, armé de chouquettes et de smoothies kiwi-goyave, le « design thinking » (« DT ») est cool, branché, profondément disruptif… A condition que cela en soit encore. « Ce n’est pas du tout une réunion où on disserte avec des [notes autocollantes] », réfute Catherine Lenglet, référente pédagogique à l’école de design Strate, à Sèvres (Hauts-de-Seine).

Car, avant d’être un mode de management des projets qui exhorte à la sortie des sentiers battus, le design thinking est un processus d’innovation collective précis, souvent utilisé en marketing. Attention, il n’est pas question, comme la traduction pourrait le laisser croire, de « penser au style » du logo ou des bureaux de la boîte. Le verbe design en anglais signifiant « concevoir », on parlera de « conception innovante » pour définir cette technique.

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Le design thinking tire ses origines de la psychologie cognitive californienne, et la méthode fut popularisée à l’université Stanford (Californie) dans les années 1980. Elle s’inscrit dans le design « centré sur l’utilisateur » – à opposer au traditionnel design produit – et cherche à utiliser l’empathie pour créer : l’idée est de se mettre à la place du client quand on réfléchit, d’où son usage galvaudé par des manageurs souhaitant tourner la culture de leur entreprise vers plus d’« humain ».

Son cousin foufou

Le modèle de la d-school de Stanford est le plus célèbre. Il s’exerce en cinq étapes : comprendre les clients et découvrir leurs besoins cachés (« empathize »), formuler la problématique (« define »), produire des idées (« ideate »), développer des solutions tangibles (« prototype ») et les expérimenter (« test »). Catherine Lenglet insiste : le processus ne s’arrête pas tant qu’il n’y a pas de résultat satisfaisant.

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L’objet est au cœur de la démarche, puisqu’il s’agit d’obtenir un résultat tangible, contrairement à son cousin foufou, le brainstorming, tempête de cerveaux ou remue-méninges choral. Ici, on réunit les collaborateurs, experts en leurs domaines, pour trouver une solution pluridisciplinaire à un problème – un bon moyen de souder les équipes au passage. « Le design est un métier de synthèse entre l’ingénieur, le commercial et le designer qui facilite les échanges », explique Catherine Lenglet.

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E-commerce : le spécialiste de la logistique GXO s’est doté d’une machine capable de conditionner jusqu’à 700 colis sur mesure par heure

A l’entrepot logistique de GXO, à Saint-Vulbas (Ain), le 2 décembre 2021.

Depuis un mois, une nouvelle machine est installée dans l’immense entrepôt de GXO, situé dans la plaine de l’Ain, au nord de Lyon. Le spécialiste mondial de la logistique s’est doté d’une chaîne d’emballage automatique, pour répondre à la hausse significative de l’e-commerce dans son activité de conditionnement de colis. Selon ce procédé novateur, chaque emballage en carton est découpé au millimètre près, en une poignée de secondes, pour s’adapter au volume de l’objet empaqueté.

« C’est un saut technologique très important, qui joue sur les trois dimensions d’un colis. Auparavant, sur une chaîne d’emballage, nous pouvions uniquement abaisser la hauteur d’un carton en le pliant, sans modifier la surface de sa base. Avec ce procédé, nous modulons largeur, hauteur, profondeur », résume Stéphane Combrisson, 49 ans, directeur des opérations chez GXO.

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Le procédé est impressionnant. A l’entrée de la chaîne, un opérateur prélève les objets commandés dans les cartons automatiquement transférés à sa portée, dont le contenu a été puisé dans les stocks du gigantesque entrepôt. Il peut s’agir d’un seul objet, ou de plusieurs produits. Une fois constituée, la commande est disposée sur le tapis roulant. Puis elle repart en mode automatique, immatriculée, pesée, passe ensuite sous des cellules de détection, qui calculent ses dimensions. Immédiatement, une bande de carton s’active à l’autre bout de la chaîne. La machine découpe la bonne taille, pose le ou les objets sur le carton, glisse le bon à l’intérieur, plie le tout et colle l’étiquette avec l’adresse. En quelques secondes, la commande emballée sur mesure est prête à partir, transférée dans les camionnettes de livraison qui sont à quai.

Outre la rentabilité et l’impact écologique favorable, la machine d’emballage automatique répond à une nouvelle donne de la logistique : la personnalisation des colis

La machine est capable de conditionner jusqu’à 700 colis par heure, de taille variable, à chaque opération. Elle emploie de deux à huit opérateurs, en fonction des besoins. Le procédé permet d’économiser en moyenne 10 % à 15 % de carton. Les chutes sont récupérées, compactées et recyclées. La machine en forme de T, de 25 mètres de longueur, ne représente qu’une part marginale de l’activité générale du site.

1,2 million de colis par an

D’une surface de 52 000 mètres carrés, l’entrepôt de GXO traite 12 millions de pièces, et 1,2 million de colis par an, principalement pour les marques du groupe Amer Sports, dont l’aurhalpin Salomon. La machine d’emballage est uniquement programmée pour répondre aux besoins de l’e-commerce. A peine en service, elle intéresse les 69 autres sites de GXO répartis en France, employant environ 5 000 employés.

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L’emploi saisonnier dans l’e-commerce ne s’est jamais aussi bien porté

Un centre de distribution d’Amazon, à Augny (Moselle), le 23 septembre 2021.

C’est le secteur qui recrute le plus, en cette fin d’année 2021. D’après Pôle emploi, le nombre d’offres collectées dans le secteur du transport et de la logistique atteint presque 220 000 depuis le début de l’année, dont 83 400 au troisième trimestre : c’est 12 % de plus qu’au troisième trimestre 2019, avant la crise liée au Covid-19. Pour les offres relatives au magasinage, à la manutention des charges et au déménagement, la hausse est de 22 %.

Le traditionnel surplus de commandes des fêtes, avec notamment le « Black Friday » et Noël, est encore plus fort cette année. Amazon France dit doubler son activité et ses effectifs dans les sites logistiques durant ce pic d’activité : l’entreprise compte 14 500 salariés en CDI et a lancé, en septembre, le recrutement de 12 000 personnes pour aider à préparer, emballer et expédier les commandes des clients. C’est 20 % de plus qu’en 2020. La Poste a recruté 6 000 facteurs et opérateurs de livraison de colis en renfort, soit 50 % de plus qu’en 2019, et Fnac Darty 1 200.

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Sur les sites d’annonces d’emplois, le métier de manutentionnaire-préparateur de commandes est le plus courant, accompagné par ceux de chauffeur, cariste, technicien logistique ou responsable approvisionnement. La plupart de ces postes ne nécessitent pas de compétences particulières et sont ouverts aux débutants et aux jeunes (souvent étudiants) : 47 % des offres de Pôle emploi requièrent moins d’un an d’expérience.

L’intérim domine

Concernant la nature du contrat, l’intérim domine. Un succès qui s’explique par la flexibilité : les entreprises du secteur, qui pratiquent des coûts très bas envers leurs clients, doivent gérer les embauches de manière optimale. Beaucoup de PME délèguent le recrutement aux agences d’intérim, car elles rassemblent plus facilement des candidats.

Au 2 décembre, sur 76 953 offres disponibles sur le site de Pôle emploi dans la catégorie transport-logistique, 55 % sont en intérim, 37 % en CDI et 8 % en CDD. Chez Amazon, les 12 000 agents saisonniers sont tous intérimaires, tandis que Fnac Darty et La Poste mêlent CDD et intérim. « Le contrat dépend des situations locales, des contacts avec les entreprises de travail temporaire », explique Yves Arnaudo, DRH de la branche services-courrier colis de La Poste. Ces contrats saisonniers ont une durée variable, selon les entreprises et les métiers : « Tous les contrats sont au minimum de deux mois, souvent de mi-octobre à mi-décembre », explique Tiffany Foucault, DRH de Fnac Darty, tandis que la durée moyenne est autour d’un mois à La Poste.

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A l’usine Renault de Flins, la transition des salariés vers la ReFactory : « C’est la fin d’une époque » et une « deuxième jeunesse »

Dans l’atelier ReFactory de Renault, à Flins (Yveslines), le 30 novembre 2021.

Un vaste bâtiment repeint de frais. Sur le mur blanc immaculé, le logo « ReFactory » noir et vert combine, en un frappant symbole, les couleurs du deuil et de l’espoir. Nous sommes à l’usine Renault de Flins (Yvelines), mardi 30 novembre, où le groupe Renault a convoqué une centaine de journalistes pour assister à l’inauguration de la nouvelle activité de reconditionnement des véhicules d’occasion qui préfigure l’avenir du site historique.

L’événement marque le début d’une nouvelle vie pour ce haut lieu de l’histoire industrielle française. Fondée en 1952, l’usine a fait naître par millions les icônes populaires de l’ex-Régie Renault : la Dauphine, la 4L, la R16, la R5… Elle fabrique aujourd’hui la Zoé, le best-seller électrique du Losange ainsi que la Micra pour son allié japonais Nissan. 129 000 véhicules sont sortis de ses hangars l’an dernier.

Immense tableau lumineux

Cette époque est révolue. Les dirigeants de Renault − Jean-Dominique Senard, son président, et Luca de Meo, le directeur général − l’ont décidé en 2020 : Flins n’assemblera plus de voitures à la fin de vie de Zoé et Micra, au plus tard en 2024. Mais Flins ne disparaîtra pas. L’usine sera transformée en ReFactory, « la plus grande usine d’économie circulaire d’Europe dédiée à la mobilité », selon M. Senard. Elle combine réparation et réemploi de batteries, recyclage de pièces détachées, formation et c’est cette activité véhicules d’occasion (VO) qui fait l’objet de l’inauguration du jour.

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A l’intérieur des 11 000 m2 de la « Factory VO », voici donc l’avenir de Flins. Ici, point de chaîne de montage qui avance en continu avec son fourmillement d’opérateurs mais une sorte d’immense garage propre comme un sou neuf où s’alignent les Renault et Dacia de seconde main qu’ont envoyé les concessionnaires du réseau Renault et qui sont remises à neuf.

« Les carrossiers, par exemple, sont fiers d’amener un véhicule du début à la fin du processus et même de signer électroniquement leur travail » Jean-Philippe Billai, directeur de l’usine

« On retrouve quand même des traces de nos métiers industriels », note Eric Ametller en désignant l’immense tableau lumineux qui indique l’avancement du travail de chaque opérateur. Cet ancien ouvrier de l’emboutissage s’est porté, volontaire pour la ReFactory, à 56 ans dont vingt-neuf années à Flins. « Nous appliquons les méthodes des usines de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, confirme M. de Meo. Et la production monte en puissance. Cette fin d’année, 700 collaborateurs de Flins auront rejoint la ReFactory. Nous allons être en mesure, en 2023, de reconditionner 180 véhicules par jour, soit 45 000 par an. »

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