Archive dans 2021

Les restaurateurs inquiets d’un manque de personnel pour la réouverture des salles à partir du 9 juin

A Strasbourg, le 19 mai 2021.

Mercredi 9 juin, la brasserie La Coupole, emblème du quartier Montparnasse, à Paris, lèvera le rideau et ne le baissera qu’à 23 heures, nouvel horaire du couvre-feu. Un moment très attendu pour ses habitués, désireux de retrouver la grande salle Art déco, après sept mois de mise en sommeil. Du jamais-vu. En face, La Rotonde, adresse rendue célèbre par Emmanuel Macron qui y a fêté son succès au premier tour de la présidentielle, accueille déjà ses clients depuis le 19 mai.

A cette date, la première phase de la réouverture des bars et restaurants a été engagée. Mais sous conditions. Les consommateurs ne pouvaient s’asseoir qu’en terrasse, la jauge était limitée à 50 %, et le couvre-feu fixé à 21 heures. Des contraintes strictes qui ont conduit les propriétaires d’établissement à concevoir un programme de remise en route « à la carte ».

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Et surtout à petit feu. « Normalement, c’est notre période de fermeture en mai et juin, mais, par respect pour les aides que l’on reçoit, nous avons ouvert le restaurant à midi, dès le 19 mai. Pas le soir, car, chez nous, il fait frais de suite », racontent Placida et François Will, propriétaires du restaurant La Chaumière, à Font-Romeu, dans les Pyrénées-Orientales, connu pour ses spécialités catalanes.

Les clients se sont bousculés pour fêter cet allègement des contraintes sanitaires. Trop contents de renouer avec le rituel du café, de l’apéritif ou de la pause-repas en terrasse. « On se demandait si les gens qui avaient pu aller en Espagne, toute proche, où les restaurants étaient ouverts, viendraient nombreux. Cela s’est bien passé, ils avaient envie de nous retrouver. Il y a eu un boom, même si l’on constate maintenant un tassement », expliquent-ils.

« Les clients étaient au rendez-vous »

Sans surprise, les bars et les brasseries avec de grandes terrasses bien situées ont été les grands gagnants de cette première étape. Les terrasses parisiennes bondées l’ont prouvé. Même si la météo a parfois joué les trouble-fêtes. « Les clients étaient au rendez-vous, mais les établissements ont parfois dû fermer en fonction des aléas de la météo, c’est dommage. Il a plu très régulièrement », constate Charles Dorémus, patron de la chaîne de restauration Au bureau, présente sur l’ensemble du territoire.

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« Pour nous, les restaurateurs, le véritable démarrage aura lieu le 9 juin, avec l’accueil des clients en salle. Ceux qui avaient une terrasse ont bricolé un peu, en attendant », affirme Hubert Jan, président de la branche restauration de l’Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie (UMIH). Il n’a ouvert, dans un premier temps, que le bar de son établissement Chez Hubert, à Fouesnant, dans le Finistère, pour renouer le lien avec ses clients. Mais il a décidé d’anticiper un peu le grand bain du 9 juin.

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Le nouveau siège d’Orange, toujours plus flexible

Le nouveau siège d’Orange, implanté à l’entrée d’Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) au 111 quai du Président-Roosevelt en bord de Seine, accueillera 2 900 salariés. Ils arrivent progressivement depuis lundi 7 juin, en provenance de l’ex-siège parisien et d’une dizaine d’autres sites, pour s’installer dans un environnement qui dès sa conception a intégré la flexibilité maximale de l’organisation.

« Bridge [c’est le nom du bâtiment] est une autre manière d’aborder l’espace de travail. Cet immeuble est un réceptacle qui permet à Orange d’évoluer en fonction des événements y compris le Covid », résume le promoteur immobilier Alain Taravella, président fondateur d’Altarea. Conçu avant la pandémie et la généralisation du télétravail, le nouveau siège n’a pas eu besoin d’être repensé pour intégrer les changements survenus dans l’organisation du travail.

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« Nous sommes heureux d’avoir maintenu le projet en tirant les leçons des quelques mois que nous venons de passer. Ventilation, circulation, distanciation, services sans contact, l’immeuble intègre la sécurité sanitaire. Quant au télétravail, je ne crois pas au full télétravail, mais il y aura un modèle hybride, explique Stéphane Richard. Orange avait déjà la pratique du télétravail. On est passé à une autre échelle en intégrant le nomadisme avec des flux : il y aura davantage de personnes qui viendront que de postes affectés, avec de grands espaces de coworking ouverts à ceux qui passeront dans l’immeuble. L’immeuble équipé en 5G sera entièrement fibré jusqu’au poste de travail. On pourra y circuler et tout traiter de façon digitalisée via le badge », décrivait le PDG d’Orange le 18 mars, à l’occasion de la remise des clés du bâtiment.

Un espace de travail évolutif

Pour l’architecte Jean-Paul Viguier : « L’espace est à inventer par ceux qui vont y travailler. » Un exemple ? « Le toit est dessiné pour être accessible à tous, avec des bureaux, des boîtes de verre où on peut travailler. »

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Concrètement, qu’ils sortent du RER ou qu’ils viennent des pistes cyclables du bord de Seine, sitôt la porte franchie, les salariés entrent dans un vaste atrium inondé de lumière et planté d’arbres, encerclé de gradins équipés de prises pour pouvoir y brancher son équipement de travail.

Tout le monde doit pouvoir s’installer pour travailler dans ces espaces communs. Ils sont bordés d’escaliers qui mènent aux huit étages où des open spaces sont plus classiquement organisés par département ou service (la DRH au 1er, le codir au 7e), équipés de blocs de casiers, mais sans bureau nominatif, mis à part celui de Stéphane Richard.

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Chef de rang, cuisiner ou barman… ils ont choisi de quitter le secteur de l’hôtellerie-restauration

Tandis que leurs anciens collègues s’apprêtent à reprendre le travaiI, Christophe Couvreur, Laure Haussard, Laura Termens et Damien Bascoul ont en tête leur futur métier : pour eux, l’arrêt de travail provoqué par la pandémie a été un révélateur des désillusions vécues dans le secteur.

  • « Je suis arrivé à saturation »

Christophe Couvreur, 48 ans, Versailles (Yvelines). Dernier poste occupé : chef dans la restauration collective, à l’université.

Christophe Couvreur, à Versailles (Yvelines), le 7 juin 2021.

« J’ai commencé dans le métier à 17 ans, avec un CAP Cuisine. A 48 ans, mon CV faisait plusieurs pages. Certains employeurs ne comprennent pas cette rotation. Le facteur principal, c’est l’absence de valorisation du travail et de gratification. Il n’y a plus le petit billet qui va bien quand l’affaire tourne, pas de remerciements. Pas davantage de climatisation dans beaucoup de cuisines, où il fait 45 degrés l’été et où l’on travaille parfois, à Paris surtout, dans un mouchoir de poche.

Ce qui tue le métier, ce sont les horaires de coupure. Vous faites venir le salarié du matin jusqu’au soir, avec quelques heures de pause l’après-midi mais, à Paris, la plupart habitent trop loin pour rentrer chez eux. Alors ils traînent avec un peu d’argent en poche et vont le dépenser au bar − beaucoup tiennent avec des stupéfiants, cannabis, alcool chez les cuisiniers ou cocaïne pour le service en salle.

Les seuls qui acceptent aujourd’hui ces conditions sont les Pakistanais ou Sri Lankais, ou des stagiaires et apprentis. Depuis une vingtaine d’années, la majorité des cuisiniers expérimentés partent à l’étranger ou vont dans la restauration collective, où l’on trouve les 35 heures et une mutuelle. Ça a été mon option. Mon contrat s’est terminé au 31 décembre 2020. Je suis arrivé à saturation. La restauration en collectivité, cela consiste essentiellement à ouvrir des boîtes et gérer une équipe. C’est le boulot alimentaire par excellence. Ma reconversion n’est pas actée mais, en septembre, je ne serai pas dans une cuisine. »

  • « Une misogynie latente »

Laure Haussard, 30 ans, Caen. Dernier poste occupé : chef de rang dans un restaurant gastronomique.

Laure Haussard, à Caen (Calvados), le 5 juin 2021.

« Après une spécialité en sommellerie, j’ai été chef de rang dans plusieurs grands restaurants, à Reims et en Normandie. Le service en gastronomique a beaucoup de points communs avec l’armée. On ne conteste rien, toute discussion est impossible. Si vous vous exprimez, vous devenez paria. On parle beaucoup d’esprit d’équipe dans la restauration, mais cela n’existe pas. La politique de relations humaines des employeurs est archaïque. Ils ne se sont pas mis à jour. C’est lorsque j’ai travaillé comme formatrice dans la restauration que j’ai découvert qu’il pouvait y avoir une autre ambiance de travail.

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Moins d’employés, plus polyvalents : la tentation de l’hôtellerie après la crise liée au Covid-19

Le spa de l’hôtel Crillon, à Paris, en août 2020.

« Ne jamais gaspiller une grave crise. C’est l’occasion de faire des choses que l’on croyait impossibles. » Le conseil, formulé durant la crise de 2008 par Rahm Emanuel, alors directeur de cabinet de Barack Obama, n’a pas échappé aux grandes chaînes de l’hôtellerie mondiale. Le secteur, dont la croissance régulière a été brisée net, réfléchit de longue date aux manières de réduire ses coûts de personnel. La pandémie de Covid-19 lui a peut-être fait gagner dix ans, à la fois parce qu’elle a poussé ses salariés au chômage ou dans les bras d’autres employeurs, et parce qu’elle a expérimenté d’autres formes d’organisation.

Les hôteliers avancent à pas comptés sur ce sujet sensible, mais le patron d’Hilton, Chris Nassetta, a dit les choses sans fard, lors d’une conférence réservée aux analystes financiers, en février : « Dans chacune de nos marques, on travaille actuellement à augmenter les marges et à gagner en productivité, particulièrement dans les domaines du ménage, de la restauration et d’autres services. Quand nous sortirons de la crise, ces domaines généreront plus de marges et nécessiteront moins d’emplois qu’avant le Covid-19. »

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Dans l’esprit des dirigeants d’Hilton, ces économies pourraient être reversées à la fois aux actionnaires et aux salariés, sous forme de rémunérations plus attrayantes à l’embauche. La hausse du salaire minimum dans l’hôtellerie américaine était déjà en débat avant la pandémie et les difficultés actuelles de recrutement obligent les hôtels à proposer des salaires supérieurs à ce qu’ils étaient avant la crise.

Polyvalents et mieux rémunérés ?

Sous une autre forme, Sébastien Bazin, PDG d’Accor, disait, en mai, sur BFM Business, qu’il faudrait « mieux valoriser le travail [des employés d’hôtels], c’est-à-dire peut-être les rémunérer plus, peut-être faire en sorte qu’ils soient beaucoup plus polyvalents ».

La polyvalence s’est installée dans tous les hôtels durant la crise. Quels que soient le niveau d’établissement ou le lieu, patrons et employés ont expérimenté des tâches auxquelles ils n’étaient pas affectés auparavant, les gérants ayant réduit les coûts au minimum. Ils ont pu en jauger les avantages et les inconvénients.

Selon le baromètre HotStats, le coût du travail par chambre disponible a chuté de 50 % entre 2019 et 2020 des deux côtés de l’Atlantique. En Europe, cela représente un gain quotidien de 26 euros par chambre. De quoi faire saliver les revenue managers, chargés de l’optimisation de la rentabilité d’un établissement, qui estiment que de nombreuses tâches ont vocation à être automatisées.

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Assurance-chômage : la réforme va toucher plus durement les départements pauvres et les jeunes, selon une étude du PS

Le Parti socialiste (PS) continue sa bataille contre la politique sociale du gouvernement en rendant publique, mardi 8 juin, lors d’une conférence de presse devant une agence de Pôle emploi à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), une étude cartographiée des conséquences des nouvelles dispositions prises par décret qui vont toucher les demandeurs d’emploi à partir du 1er juillet. Une manière de rendre palpable, département par département, une réforme de l’assurance-chômage dénoncée comme « injuste », à la veille des élections régionales du 20 et 27 juin.

« Avec les syndicats, cela fait deux ans qu’on alerte sur les conséquences humaines de cette réforme faite à la hache. Nous avons voulu rendre tangibles les réalités territoriales qui en découlent », explique Boris Vallaud, député des Landes, qui a réalisé l’étude avec le secrétaire national aux grandes transitions du PS, Maxime des Gayets. En écho au recours des syndicats devant le Conseil d’Etat pour « atteinte au principe d’égalité », les socialistes estiment qu’avec cette réforme « inique » les conditions d’accès aux droits chômage seront dramatiquement durcies. Avec l’allongement de la durée de travail pour ouvrir des droits et la modification du mode de calcul de l’indemnisation du salaire journalier de référence, « il sera dorénavant plus dur de rentrer dans le dispositif et plus difficile de s’y maintenir », juge Boris Vallaud.

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Cartes à l’appui, le PS fait sa démonstration en s’appuyant sur une note d’impact réalisée par l’Unédic en mars, qui montrait que les nouvelles modalités de calcul allaient se traduire par une baisse moyenne de 17 % des sommes versées pour 1,15 million de demandeurs d’emploi. La simulation par département est particulièrement frappante pour les territoires les plus touchés par le chômage : le Pas-de-Calais, les Bouches-du-Rhône, la Seine-Saint-Denis, le Rhône, la Haute-Garonne, la Gironde ou encore Paris sont dans la fourchette la plus haute, avec entre 25 000 et 30 000 personnes pénalisées par le changement de calcul des allocations. Le territoire le plus gravement touché demeure cependant le Nord avec plus de 50 000 victimes de la réforme. « Ce sont dans les territoires où la situation de l’emploi est déjà dégradée qu’on réalise vraiment les dégâts humains qui se profilent », souligne Maxime des Gayets.

« Une mesure anti-jeunes »

Un autre indicateur alarme les socialistes, celui qui concerne les jeunes de moins de 25 ans. L’Unédic a anticipé une dégradation en estimant que les 18-25 ans représenteront 30 % des chômeurs durement touchés par la réforme. « C’est une mesure anti-jeunes qui va être d’une grande violence, d’autant que le gouvernement refuse l’extension du RSA [aux 18-25 ans] », assure Boris Vallaud. Avant d’ajouter : « Pour être à l’écoute de la jeunesse, il ne suffit pas d’aller discuter avec [les youtubeurs] McFly et Carlito [avec qui Emmanuel Macron a tourné une vidéo], il vaut mieux se soucier des répercussions des choix politiques qui sont faits. »

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Retraites : la piste du recul de l’âge légal étudiée par le gouvernement

Réunion des partenaires sociaux sur la réforme des retraites, à Matignon, le  26 octobre 2020.

Simple ballon d’essai ou réelle volonté de réformer ? Lors d’un déplacement dans le Lot, les 2 et 3 juin, Emmanuel Macron a soudainement replacé la question des retraites au cœur du débat. Assurant que la dernière année du quinquennat doit « être utile », le président de la République a prévenu qu’il aurait à prendre des « décisions difficiles ». Une chose semble sûre : l’édification d’un système universel de pensions, suspendue en mars 2020 à cause de la crise sanitaire, ne sera pas relancée, du moins pas « en l’état ». « Elle était très ambitieuse, extrêmement complexe et du coup porteuse d’inquiétudes », a-t-il justifié. S’il a précisé qu’« il est trop tôt » pour se prononcer sur de nouvelles mesures, M. Macron a ajouté que « rien n’est exclu ». Ce qui laisse la place à beaucoup d’hypothèses et donne libre cours à toutes les supputations.

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L’intervention du chef de l’Etat fait suite à des confidences distillées par des conseillers de l’Elysée au cours des précédentes semaines, laissant entendre que le projet de transformation, mis sous cloche l’an dernier, pourrait être repris dans une version amendée. « Il y a un récit à construire », indiquait-on alors dans l’entourage de M. Macron. Aujourd’hui, les intentions se précisent. Comme le remarque un dirigeant syndical, dépité, « ce n’est plus une petite musique mais une fanfare ». Bruno Le Maire ne s’est, d’ailleurs, pas fait prier pour jouer de la grosse caisse. « La réforme des retraites doit être une priorité. Il est bon que cette réforme ne tarde pas trop », a réaffirmé, dimanche, sur Europe 1, le ministre de l’économie.

Une conviction qu’il répète inlassablement depuis des mois : dans son esprit, le fait de mener à bien ce chantier contribuera au rebond de la croissance, après l’épisode récessif déclenché par l’épidémie de Covid-19. Le fait que cette rhétorique soit développée par le locataire de Bercy – seul durant l’automne et l’hiver, puis avec le concours de plusieurs sources gouvernementales – plaide pour une lecture financière de la réforme, même si d’autres objectifs sont mis en avant (simplification des règles, réduction des inégalités).

Besoins de financement

Il est vrai que le système de retraites représente une masse financière que les gardiens des deniers publics rêvent de faire maigrir : en 2020, 338 milliards d’euros ont été consacrés au paiement des pensions, soit environ 14,7 % du PIB, selon le dernier rapport annuel du Conseil d’orientation des retraites (COR). Ce qui en fait le premier poste de dépense publique. En outre, les régimes, pris dans leur globalité, étaient déficitaires de 18 milliards d’euros en 2020, et le retour à l’équilibre n’est pas en vue avant le milieu des années 2030, d’après le COR.

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Un an après s’être délesté d’André, Spartoo veut lever 30 millions d’euros en Bourse

Chez Spartoo.com, à Grenoble, en 2012.

Spartoo cherche de l’argent frais en Bourse. Le site de vente en ligne de chaussures a dévoilé, lundi 7 juin, avoir déposé un dossier auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). La cotation de 30 % du capital de la société fondée en 2006 devrait lui permettre de lever « 30 millions d’euros », estime Boris Saragaglia, son PDG et cofondateur.

L’opération – Spartoo pourrait être coté d’ici à la mi-juillet sur Euronext Growth – devrait financer les premiers pas du rival de Zalando et Sarenza sur de « nouveaux marchés », dont la vente de « petite décoration », du type « lampes, coussins et autres poufs », explique M. Saragaglia. Celui qui est encore actionnaire de Spartoo, auprès de ses deux cofondateurs, Paul Lorne et Jérémie Touchard, à hauteur de 25 %, espère aussi acquérir des marques et développer son réseau de boutiques à l’enseigne, à raison de cinq inaugurations par an. Spartoo exploite aujourd’hui neuf points de vente.

Pertes nettes de 20 millions d’euros

Le dirigeant reprendrait ainsi, en 2021, la stratégie d’expansion, qui, à l’en croire, avait motivé la reprise du réseau de boutiques André, auprès de Vivarte, en 2018. Selon un protocole de conciliation enregistré le 29 juin 2018 au tribunal de commerce de Paris, le groupe Vivarte avait alors apporté 17,3 millions d’euros à André. Malgré ces fonds, Spartoo a échoué à intégrer cette figure du commerce de centre-ville.

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En avril 2020, en plein confinement imposé pour lutter contre la propagation du coronavirus, Spartoo a demandé le placement en redressement judiciaire d’André. Le PDG avait été confronté au refus de ses actionnaires de renflouer cette filiale, dont les pertes nettes atteignaient 20 millions d’euros. Promise à la liquidation, l’enseigne de 146 boutiques a finalement été reprise partiellement par l’un de ses anciens PDG, François Feijoo. Seuls 200 des 400 emplois d’André ont été sauvés.

« Les difficultés ne doivent pas empêcher la vision à long terme »

Un an après, M. Saragaglia appelle « à ne pas faire d’amalgame » et à « regarder devant ». « Les difficultés ne doivent pas empêcher la vision à long terme », formule-t-il. Spartoo a réalisé un chiffre d’affaires de 134 millions d’euros en 2020, en croissance de 10 % par rapport à 2019, et dégagé un résultat brut de l’ordre de 6,5 millions d’euros.

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Malgré la crise qui balaie le secteur de la mode, M. Saragaglia juge que Spartoo sera en mesure de croître « au rythme de 15 % par an » et de dégager 7 % de marge brute, « à partir de 2022 ». Toutefois, le projet de cotation intervient après un changement partiel de l’actionnariat de Spartoo, détenu à hauteur de 75 % par des fonds. Deux d’entre eux ont revu leur position. A Plus Finance a cédé 80 % de sa participation, tandis que CM-CIC Capital s’est désengagé, au profit de deux autres fonds tricolores, dont LBO France.

Chez Stellantis, la direction veut convertir au « travail hybride » des salariés méfiants

En mai 2020, en pleine crise sanitaire liée au Covid-19, plusieurs déclarations de Xavier Chéreau, directeur des ressources humaines du groupe automobile PSA, devenu Stellantis depuis sa fusion avec Fiat Chrysler au début de l’année 2021, avaient fait grand bruit. Dans le groupe, le télétravail allait devenir « la référence » pour une bonne partie des salariés, ces derniers étant amenés, à terme, à n’être présents dans les locaux de l’entreprise qu’« un jour ou un jour et demi par semaine ». Plus d’un an après, la situation est bien moins spectaculaire que ne le laissaient imaginer les prédictions de M. Chéreau. Cependant, la direction de Stellantis continue, en particulier en France, à pousser vers le télétravail des salariés qui, de leur côté, demeurent souvent sceptiques.

En avril, Stellantis France a signé, avec quatre syndicats (FO, CFE-CGC, CFDT, CFTC), un avenant à l’accord « Motivation et bien-être » de début 2020, et à un dispositif de 2016 qui prévoyait déjà le télétravail des salariés. Tout employé de Stellantis France peut désormais, si son poste n’est pas lié à la production, et sur la base du volontariat, télétravailler jusqu’à trois jours par semaine (jours fixes) ou jusqu’à l’équivalent de trois semaines par mois (quinze jours variables à déterminer avec le manageur). Au total, ce sont 18 000 salariés français (sur 42 000 au total) éligibles au télétravail – et qui l’avaient souvent expérimenté – que la direction encourage à poursuivre dans cette voie.

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« Il s’agit d’un projet structurant pour l’ensemble de Stellantis, explique Bruno Bertin, DRH de Stellantis France. La transformation de l’entreprise vers ce que nous appelons le “travail hybride” était déjà engagée, mais la crise sanitaire a accéléré le processus et l’a rendu irréversible. » Certes, le télétravail demeure facultatif, mais l’entreprise fait tout son possible pour organiser le job de ses cols blancs dans la perspective d’un travail à distance généralisé. Les encadrants sont formés à gérer des équipes de loin ; la réorganisation des locaux favorise le travail collectif sur site plutôt que le travail individuel ; l’arrivée du flex office abolit le principe « un salarié = un poste » ; et, au bout du compte, la réduction de la surface de bureaux du groupe génère une baisse substantielle des coûts. Dans cette logique, PSA s’est débarrassé en 2020 de son siège de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

« Le mouvement est irréversible »

Du côté des syndicats, on fait la moue. Même les organisations qui ont signé l’accord d’avril se disent circonspectes et vigilantes sur les éventuelles pressions hiérarchiques visant à ce que les salariés optent pour le travail à distance. « Il ne faudrait pas que le volontariat se transforme en “poussariat”, prévient Christine Virassamy, déléguée syndicale centrale CFDT. Si nous avons signé, c’est parce que l’accord garantit la liberté du salarié et la réversibilité de son choix. Et aussi parce qu’une clause de revoyure, prévue dès octobre [2021], a été intégrée. »

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