Des créations d’emploi décevantes aux Etats-Unis

C’est la douche froide, et elle n’était vraiment pas attendue : l’économie américaine n’a créé en septembre que 194 000 emplois, soit très loin des 500 000 espérés. Il s’agit de la deuxième déconvenue, après le chiffre d’août et ses 366 000 nouveaux emplois. On est loin du rythme de juillet, quand l’économie reprenait à pleine vapeur, espérant que le Covid ne serait bientôt qu’un mauvais souvenir avec plus d’un million de nouveaux emplois.
Las, le variant Delta est passé par là. Il a brisé la reprise estivale, notamment dans les services, les loisirs ou la restauration. Mais chacun escomptait un fort rebond en septembre, pour trois raisons principales : le reflux du variant Delta, la réouverture des écoles à travers les Etats-Unis, dont la fermeture empêchait la reprise du travail de certains parents, notamment les femmes afro-américaines élevant seules leurs enfants ; et la fin des indemnisations fédérales de 300 dollars par semaine, arrivées à expiration début septembre. Mais ce rebond n’a pas eu lieu. 1 % des Américains ont été absents du travail pour raison de santé, contre 0,6 point habituellement, ce qui s’explique manifestement par la persistance du Covid.
Pénuries de main-d’œuvre
« Les chiffres de l’emploi sont pires que ce que nous voudrions, mais meilleurs qu’il n’y paraît », explique Jason Furman, économiste à Harvard et ancien conseiller de Barack Obama. Il note que le chômage est « en forte baisse », celui des Noirs « encore plus » et que les salaires (hors inflation) sont « en forte hausse ».
Le taux de chômage a effectivement baissé fortement, passant de 5,2 % à 4,8 %. Le nombre de chômeurs a, pour sa part, décru de 700 000 personnes. Aujourd’hui, les statistiques américaines comptent quelque 7,7 millions de chômeurs. Le pays reste toutefois en deçà des niveaux atteints avant la pandémie (3,5 % de chômage pour 5,7 millions de chômeurs en février 2020). Dans le même temps, le taux de participation à l’emploi des Américains est passé de 63,3 % à 61,6 % et le pays compte toujours 5 millions d’emplois de moins qu’avant la pandémie.
L’affaire perturbe les plans des dirigeants économiques américains, à commencer par ceux de la Réserve fédérale
Ce retrait des Américains du marché du travail accentue les pénuries de main-d’œuvre. Quelque 11 millions de postes étaient non pourvus fin juillet, un record historique. Les employeurs s’efforcent d’attirer la force de travail en augmentant les salaires. Sur un an, la rémunération moyenne a progressé sur un an de 4,6 %, un bond important qui reste toutefois inférieur au niveau d’inflation.
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