Archive dans 2021

Des créations d’emploi décevantes aux Etats-Unis

A Hallandale, en Floride (Etats-Unis), le 7 octobre 2021.

C’est la douche froide, et elle n’était vraiment pas attendue : l’économie américaine n’a créé en septembre que 194 000 emplois, soit très loin des 500 000 espérés. Il s’agit de la deuxième déconvenue, après le chiffre d’août et ses 366 000 nouveaux emplois. On est loin du rythme de juillet, quand l’économie reprenait à pleine vapeur, espérant que le Covid ne serait bientôt qu’un mauvais souvenir avec plus d’un million de nouveaux emplois.

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Las, le variant Delta est passé par là. Il a brisé la reprise estivale, notamment dans les services, les loisirs ou la restauration. Mais chacun escomptait un fort rebond en septembre, pour trois raisons principales : le reflux du variant Delta, la réouverture des écoles à travers les Etats-Unis, dont la fermeture empêchait la reprise du travail de certains parents, notamment les femmes afro-américaines élevant seules leurs enfants ; et la fin des indemnisations fédérales de 300 dollars par semaine, arrivées à expiration début septembre. Mais ce rebond n’a pas eu lieu. 1 % des Américains ont été absents du travail pour raison de santé, contre 0,6 point habituellement, ce qui s’explique manifestement par la persistance du Covid.

Pénuries de main-d’œuvre

« Les chiffres de l’emploi sont pires que ce que nous voudrions, mais meilleurs qu’il n’y paraît », explique Jason Furman, économiste à Harvard et ancien conseiller de Barack Obama. Il note que le chômage est « en forte baisse », celui des Noirs « encore plus » et que les salaires (hors inflation) sont « en forte hausse ».

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Le taux de chômage a effectivement baissé fortement, passant de 5,2 % à 4,8 %. Le nombre de chômeurs a, pour sa part, décru de 700 000 personnes. Aujourd’hui, les statistiques américaines comptent quelque 7,7 millions de chômeurs. Le pays reste toutefois en deçà des niveaux atteints avant la pandémie (3,5 % de chômage pour 5,7 millions de chômeurs en février 2020). Dans le même temps, le taux de participation à l’emploi des Américains est passé de 63,3 % à 61,6 % et le pays compte toujours 5 millions d’emplois de moins qu’avant la pandémie.

L’affaire perturbe les plans des dirigeants économiques américains, à commencer par ceux de la Réserve fédérale

Ce retrait des Américains du marché du travail accentue les pénuries de main-d’œuvre. Quelque 11 millions de postes étaient non pourvus fin juillet, un record historique. Les employeurs s’efforcent d’attirer la force de travail en augmentant les salaires. Sur un an, la rémunération moyenne a progressé sur un an de 4,6 %, un bond important qui reste toutefois inférieur au niveau d’inflation.

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Minima salariaux : le Conseil d’Etat donne raison aux partenaires sociaux

Le Conseil d’Etat vient d’infliger une nouvelle déconvenue au gouvernement. Dans une décision rendue jeudi 7 octobre, il a donné gain de cause aux partenaires sociaux de la grande distribution à l’occasion d’un litige qui les opposait à l’administration sur les minima salariaux au sein de ce secteur. Ainsi, la haute juridiction « fixe les règles » et précise « les pouvoirs des branches professionnelles », comme elle le souligne, avec fermeté, dans un communiqué.

L’affaire est emblématique pour au moins deux raisons. D’abord parce qu’elle a trait au pouvoir d’achat des salariés employés dans le « commerce à prédominance alimentaire » – une activité où il y a beaucoup de travailleurs « de la deuxième ligne » (caissières, manutentionnaires, préparateurs de commandes…). En outre, le différend renvoie à la mise en œuvre d’une des plus importantes réformes adoptées au début du quinquennat : les « ordonnances Macron » de septembre 2017, qui ont modifié la hiérarchie des normes applicables au monde du travail.

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Désormais, s’agissant de la quasi-totalité des primes attribuées aux salariés, ce sont les accords d’entreprise qui déterminent les obligations des patrons. En revanche, les conventions de branche continuent de prévaloir en matière de salaires minimaux hiérarchiques : autrement dit, les employeurs du secteur concerné ne peuvent pas y déroger, sauf s’ils ont conclu un accord d’entreprise qui accorde des « garanties au moins équivalentes ».

Fin mai 2018, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) et quatre syndicats de salariés ont signé un avenant sur les planchers de rémunérations qui doivent être respectés dans les magasins à prédominance alimentaire. Le texte a intégré dans le salaire minimal hiérarchique une prime annuelle et des temps de pause payés – deux gratifications que les travailleurs de la profession perçoivent depuis de nombreuses années.

Pour que l’avenant s’applique à toutes les sociétés de la branche, les partenaires sociaux ont demandé à la direction générale du travail (DGT) de prendre un arrêté d’extension. Ce qui a été fait en juin 2019, mais l’arrêté en question a écarté les stipulations incluant la prime annuelle et les pauses payées : celles-ci ne pouvaient pas être imposées à l’ensemble de la grande distribution, d’après la DGT, car sur ce thème, les accords d’entreprises « font la loi » depuis la réforme de 2017. Aux yeux de l’administration, le salaire minimal hiérarchique correspond à un salaire de base qui doit être entendu de façon stricte, c’est-à-dire sans compléments de rémunération.

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La République tchèque en quête désespérée de main-d’œuvre

L’usine d’Alcaplast, qui fabrique des sanitaires et des salles de bains en kit, à Breclav, le 27 septembre 2021.

Quand on visite les lignes de production d’Alcaplast, leader tchèque des sanitaires et de la salle de bains en kit, implanté à Breclav, dans le sud-est du pays, on est frappé par la rareté des ouvriers qui s’activent. « On a plus de machines que d’employés. Elles travaillent sans arrêt et sans besoin de repos », se félicite Frantisek Fabicovic, le PDG de cette entreprise familiale employant 850 personnes, qu’il codirige avec sa femme depuis sa fondation, en 1998. En ce lundi 27 septembre, ils ne sont que quelques-uns à empaqueter les tuyaux en PVC, tandis que des techniciens veillent au ballet des impressionnantes machines qui modèlent en cadence des chasses d’eau et des montants de douche.

« Il est très difficile de trouver un opérateur qualifié à Breclav », explique le patron, d’autant que le siège de son entreprise est accroché à la frontière autrichienne, où les salaires restent toujours bien meilleurs qu’en République tchèque. Sa société, en pleine expansion, propose pléthore d’offres d’emploi sur son site Internet. « Comme il faut jusqu’à six mois avant de trouver de bons opérateurs et qu’on prévoit d’ouvrir une nouvelle chaîne de production, on recrute déjà », souligne M. Fabicovic. Il croise les doigts : « Jusqu’ici, on a pu maintenir la production, même pendant la pandémie. »

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Si toute l’Europe post-Covid est en surchauffe, l’économie tchèque est, elle, en plein essor. Le pays d’Europe centrale a affiché en juillet un taux de chômage de 2,7 %, le plus bas de toute l’Union européenne (UE). Selon le Pôle emploi local, plus de 360 000 postes sont vacants, soit davantage encore qu’en France, pourtant six fois plus peuplée que cette nation d’à peine 10,7 millions d’habitants. « C’est simple : le manque de main-d’œuvre est le problème numéro un de l’économie tchèque. On doit refuser des contrats, car on ne peut pas produire ou respecter les délais », résume Radek Spicar, vice-président de la Confédération des industriels tchèques.

Alors si M. Fabicovic vante la mécanisation de ses usines, il fait dorénavant comme nombre de ses homologues : chercher des immigrés. « Chez nous, ils représentent environ 10 % de la main-d’œuvre non qualifiée. On a beaucoup de Slovaques, mais aussi des Hongrois et des Ukrainiens. La pandémie a encore accéléré cette tendance, quand beaucoup de nos employés se sont mis en arrêt. » Devant l’usine, deux grands dortoirs ont été construits pour accueillir ces bras venus de toujours plus loin à l’Est. Choyés pour leur simplicité d’embauche, les citoyens européens, en effet, ne suffisent plus depuis longtemps à combler les besoins d’Alcaplast, comme ceux de toute l’économie tchèque.

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Les aides à l’apprentissage, fer de lance de la relance

Politique de l’emploi

[La politique de l’emploi s’appuie sur des dispositifs créés au fil des besoins, qui restent parfois méconnus longtemps après leur création. Quelle est leur efficacité contre le chômage ? Elle n’est pas toujours évaluée. Le Monde lance une série d’articles sur les aides à l’emploi, pour tenter d’estimer ce qu’on en sait – leur objectif initial, leurs résultats.]

L’objectif du dispositif

Dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », le gouvernement a décidé d’octroyer aux employeurs une aide financière exceptionnelle pour favoriser le recrutement d’apprentis et de jeunes en contrat de professionnalisation. Cette aide devait initialement prendre fin le 31 décembre. La crise sanitaire faisant encore sentir ses effets, le premier ministre Jean Castex a annoncé en septembre sa prolongation jusqu’en juin 2022, pour soutenir la relance de l’économie.

Rappelons qu’un contrat d’apprentissage permet à un jeune âgé de 16 à 29 ans – dans certains cas, il n’y a pas d’âge limite – de suivre une formation en alternance en entreprise pendant six mois à trois ans (quatre ans lorsque l’apprenti est en situation de handicap). L’apprenti perçoit une rémunération de son employeur, correspondant à un pourcentage allant de 27 % à 100 % du smic, en fonction de son âge.

Le fonctionnement

Afin de compenser le coût de cette rémunération, le gouvernement a donc décidé d’attribuer une aide financière exceptionnelle aux entreprises qui recrutent un jeune en contrat d’apprentissage, préparant à un diplôme jusqu’au niveau master maximum (bac + 5). Cette aide est versée la première année du contrat uniquement. Elle va de 5 000 euros pour un apprenti de moins de 18 ans à 8 000 euros pour un apprenti majeur. Elle permet donc de compenser une large partie de son salaire.

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Si l’aide s’élève à 8 000 euros, alors l’entreprise reçoit chaque mois 666,67 euros pendant un an. Pour un contrat qui dure moins de douze mois, l’employeur perçoit l’aide au prorata de cette durée. Cette aide est ouverte à toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Les associations peuvent également en bénéficier, mais pas les établissements relevant du secteur public, même s’il existe une autre aide financière pour l’embauche d’apprentis dans les collectivités territoriales et les établissements publics en relevant.

Pour déclencher l’aide, l’employeur doit déposer le contrat d’apprentissage signé auprès de l’opérateur de compétences (Opco) dont il dépend.

Cette aide va de 5 000 euros pour un apprenti de moins de 18 ans à 8 000 euros pour un apprenti majeur. Pour un contrat qui dure moins de douze mois, l’employeur perçoit l’aide au prorata de cette durée

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Entre embouteillages et carnets de commandes qui débordent, les mille et un visages de la reprise économique en France

Un employé de supermarché vérifie le passe sanitaire de clients, à Ajaccio (Corse), le 16 août 2021.

Après une année de confinement dans leur petit deux-pièces parisien, ponctuée de dizaines et de dizaines d’heures de réunions en visioconférence, Manon et Edouard, la trentaine tous les deux, sortent essorés de leur été. Depuis juin, pas moins de neuf week-ends ont été consacrés aux mariages de leurs amis ou aux enterrements de vie de jeune fille. Des événements qui avaient été reportés une à deux fois pendant la pandémie et qui ont enfin pu se tenir. « On n’en peut plus, soupire Manon, et en plus ça nous a coûté un bras, entre les billets de train, les nuits d’hôtel, les cadeaux, nos diverses tenues… Cette année, on n’offrira rien à Noël ! » Mais ce qui semble pesant pour le jeune couple apparaît comme une vraie résurrection pour un secteur – l’événementiel – sinistré par le Covid-19, reparti avec une vigueur inespérée.

Se retrouver « en présentiel », se réunir, se parler : dans tous les secteurs, la reprise semble rimer avant tout avec retrouvailles. L’édition 2021 du Sirha, le grand salon de l’agroalimentaire à Lyon, a fait le plein : 2 000 exposants, pas loin de 150 000 visiteurs se sont pressés dans les allées d’Eurexpo. A Chantilly (Oise), ce week-end, l’ambiance sera plus chic pour les Journées des plantes, annulées en 2020, « mais on s’attend à faire le plein », assure Nathalie Cassagnes, directrice de l’agence Vie publique, qui travaille sur l’événement. « Les gens ont envie de se voir, de se rencontrer. » De quoi alimenter la machine économique : la production en France devrait globalement retrouver à la fin de l’année son niveau d’avant-crise, selon les prévisions de l’Insee,

« Tout le monde veut se retrouver ! » : c’est aussi la conviction de Victor Carreau, le PDG et cofondateur de Comet, un espace de coworking situé dans le 16e arrondissement parisien, près des quartiers d’affaires, et spécialisé dans les réunions d’entreprise. Sur le seul mois de septembre, pas moins de 1 400 séminaires, brainstormings et autres comités de direction se sont tenus dans ses locaux, dix fois plus qu’en juin, et le double d’avant le Covid-19. « Beaucoup d’entreprises ont constaté le désengagement des équipes, une hausse du turnover et expriment le besoin de recréer une dynamique de groupe », décrit-il. Et les « afterwork » explosent : « Nous en avons eu une centaine en septembre contre une dizaine en moyenne mensuelle en 2019. »

Le retour des bouchons

L’envie de retourner voir ses amis, collègues, clients ou fournisseurs a remis les Français dans leur voiture, avec effet immédiat sur les embouteillages. Depuis la mi-septembre, TomTom constate un quart de trafic en plus à Paris par rapport aux mêmes semaines de 2019, avec des pics le week-end. Mais le retour des bouchons serait plutôt bon signe, argue Olivier Chopin, hôtelier à Bordeaux, bizarrement ravi d’être à touche-touche sur la rocade le matin : « C’est l’élément le plus frappant : on a passé dix-huit mois à aller bosser sans qu’il y ait personne sur la route. Et depuis septembre, les embouteillages sont repartis de plus en plus fort – tout comme mon taux d’occupation. » Car plus ça bouchonne sur la route, plus ça bouchonne à l’accueil de ses huit hôtels dans la région bordelaise, a-t-il constaté.

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Près d’une agence d’intérim sur deux testée par SOS-Racisme accepte les consignes de discrimination de ses clients

« Mon patron m’a donné des consignes précises. Il préférerait que vous nous donniez des profils en évitant certaines communautés, plutôt des profils européens.

Ah, oui… d’accord.

Je ne sais pas si c’est quelque chose que vous pouvez faire ?

Ben oui, mais c’est un critère discriminatoire. C’est sûr que par écrit, faut pas le mettre. Vous me le dites à l’oral, je me le note.

Donc pas par écrit, mais on peut s’arranger entre nous. Juste je le mets pas dans le mail.

C’est ça. Exactement. »

Cette conversation n’est pas une fiction. Elle a bien eu lieu le 27 mai entre un militant de SOS-Racisme et un employé d’une agence d’intérim, lors d’une opération de « testing inversé » pour prendre le pouls du recrutement discriminatoire dans cette branche. L’enquête menée par SOS-Racisme auprès des dix plus grands professionnels du secteur établit que 45 % des agences acceptent ainsi les consignes de discrimination de leurs donneurs d’ordre.

L’association de lutte contre le racisme avait déjà mené une telle opération fin 2018 dans le secteur de l’immobilier, qui avait abouti en 2020 au décret 2020-1259 obligeant les professionnels du secteur à se former à la non-discrimination à l’accès au logement. En 2021, « les tests ont été opérés dans le BTP en Ile-de-France, qui est perçu comme un secteur où il serait très difficile de discriminer ou d’accepter de discriminer », explique un porte-parole de l’association.

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Pour chaque entreprise d’intérim, un militant de SOS-Racisme a contacté entre cinq et dix agences, en se faisant passer pour l’employé d’une entreprise fictive, qui rechercherait deux manutentionnaires non qualifiés pour un travail d’une petite semaine. « On a une cliente un peu spéciale qui ne veut pas de personne d’origine étrangère » ; « Mon patron a eu une très mauvaise expérience avec des personnes d’origine étrangère », justifie-t-il pour demander à l’agence s’il « serait possible d’avoir des profils européens ? » « Si on ne fait aucune trace de ce type d’échange, on peut faire le nécessaire », répond une agence.

Adecco exemplaire

Quelque soixante-dix entretiens téléphoniques ont ainsi été enregistrés. Ceux que Le Monde a pu écouter dressent une typologie des pratiques qui ne laisse aucun doute quant à la complicité de discrimination. Après que le militant exprime la demande de discrimination, la gêne est audible au téléphone, le ton devient hésitant, le vocabulaire plus familier : « Ouais », « Bon écoutez, j’entends vot’ demande… », le rappel de l’interdit par le recruteur est quasiment systématique, mais finalement la réponse est favorable : 39 % acceptent les exigences du donneur d’ordre et 6 % suggèrent à l’entreprise cliente de choisir les intérimaires parmi les profils proposés, sur la base d’un critère discriminatoire.

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Le gouvernement annonce une prime de 1 000 euros pour les demandeurs d’emploi longue durée se formant aux métiers qui recrutent

La ministre du travail, Elisabeth Borne, à l’Elysée, le 7 octobre 2021.

La ministre du travail, Elisabeth Borne, a annoncé, jeudi 7 octobre, qu’une prime de 1 000 euros serait versée pour certains demandeurs d’emploi de longue durée se formant en entreprise sur les métiers qui recrutent.

« On veut (…) que les demandeurs d’emploi puissent bénéficier » de la « très bonne dynamique de la reprise », a souligné la ministre sur BFM Business. « C’est pour cela qu’on a mis en place le plan supplémentaire » présenté fin septembre avec 800 millions d’euros pour former les demandeurs d’emploi et notamment ceux de longue durée, a-t-elle ajouté.

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« Les inciter à aller vers ces métiers qui recrutent »

Dans ce cadre, « pour inciter les demandeurs d’emploi de longue durée à aller vers » des formations en entreprise avec une promesse d’embauche, une prime de « 1 000 euros » leur sera octroyée – « la moitié au début, la moitié à la fin de la formation », a-t-elle poursuivi. Il s’agit de « les inciter à aller vers ces métiers qui recrutent et c’est aussi pour lever les freins financiers », comme des frais de déplacement, a-t-elle ajouté.

Mme Borne a par ailleurs salué la dynamique des contrats aidés, qui permettent à une entreprise d’embaucher un jeune éloigné de l’emploi (contrats initiative emploi jeunes/CIE jeunes), l’Etat prenant en charge « à peu près la moitié de la rémunération du jeune » – soit 47 %. Elle a noté que « 40 000 contrats de ce type ont été signés depuis le début de l’année », contre « 1 600 en 2020 ».

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Le Monde avec AFP

Au Royaume-Uni, la fin des aides liées au Covid-19 fait craindre une réduction du pouvoir d’achat

Dans un supermarché de Londres, le 20 septembre 2021.

Le Royaume-Uni est l’un des premiers pays à vraiment oser le faire : commencer à retirer les aides exceptionnelles mises en place pendant la pandémie. Le 1er octobre, le chômage partiel, créé dans l’urgence en mars 2020, a été entièrement supprimé. Mercredi 6 octobre, la principale allocation sociale du pays, le « crédit universel », a été remise à son niveau d’avant le Covid-19 : 5 millions de ménages vont toucher 20 livres sterling (23,50 euros) de moins par semaine, soit 1 000 livres par an. Le tout se produit alors que les prix de l’énergie s’envolent.

« Une contraction majeure des revenus, qui sera concentrée sur les foyers à faibles et moyens revenus, se prépare pour cet hiver », avertit la Resolution Foundation, un groupe de réflexion. Malgré le fort rebond économique depuis la suppression de toutes les restrictions sanitaires début juillet, le retrait des mesures de soutien est en effet loin d’être marginal. Au 31 juillet, dernières statistiques disponibles, il restait 1,6 million de salariés au chômage partiel. Certes, leur nombre baissait rapidement (– 340 000 rien qu’en juillet), mais il y en avait encore probablement fin septembre plusieurs centaines de milliers. Beaucoup devront désormais pointer au chômage. Certains secteurs qui ne se sont pas encore remis de la pandémie, comme l’aérien, par exemple, risquent d’être frappés de plein fouet.

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Quant au crédit universel, il représente une aide essentielle pour de nombreux Britanniques. Avec 20 livres sterling en moins par semaine, les 5 millions de foyers concernés perdront, en moyenne, 5 % de leurs revenus, et 1 million en perdent même 10 %. Dans certains cas, certes rares, cela peut atteindre 25 %. Le Guardian cite l’exemple d’une mère célibataire qui s’occupe de ses deux enfants adultes gravement malades. Les trois membres du foyer touchent chacun le crédit universel, si bien que leurs revenus vont soudain baisser de 3 000 livres.

« Un automne mouvementé »

En ajoutant à cela l’envolée des prix de l’énergie, l’impact sur les foyers à faible revenu risque d’être violent. Le 1er octobre, le plafond de la facture énergétique, qui est réglementé, a augmenté de 12 %. « Le Royaume-Uni fait face à un automne mouvementé », prévient Dan Tomlinson, économiste à la Resolution Foundation.

Pour une fois, le choc pourrait être plus violent à Londres qu’ailleurs, ajoute l’Institute for Fiscal Studies, un groupe de réflexion. Le centre-ville de la capitale britannique n’a pas encore retrouvé son rythme d’avant la pandémie, avec de nombreux Britanniques qui travaillent encore chez eux, au moins partiellement. Les bars et restaurants de la City peinent à revenir à leur niveau d’activité d’autrefois. Les Londoniens comptaient pour 19 % des chômeurs partiels fin juillet, alors qu’ils ne représentent que 14 % des salariés du pays.

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Administrateurs et mandataires judiciaires souffrent d’une chute de leur activité

A rebours de l’atmosphère de reprise qui semble gagner tous les secteurs économiques, c’est dans une ambiance morose que s’ouvrait, jeudi 7 octobre, à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes), le congrès annuel des administrateurs et mandataires judiciaires. Ces experts de la prévention et du règlement des difficultés des entreprises estiment avoir payé la politique du « quoi qu’il en coûte », qui a permis d’éviter le « mur des faillites » tant redouté.

Ainsi, le nombre d’ouverture de procédures collectives est passé de 45 819 en 2019 à 28 171 en 2020, contre 50 000 en moyenne les années précédentes. S’ils se félicitent que les entreprises aient été soutenues, les professionnels de la sauvegarde ou de la liquidation ont vu plonger leur chiffre d’affaires de 12,6 % en 2020. En conséquence, 70 % des 450 cabinets que compte l’Hexagone ont été contraints de recourir à un prêt garanti par l’Etat, certains se sont placés en procédure de sauvegarde et « des confrères ont même raccroché la robe », précise Me Christophe Basse, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires (CNAJMJ). De surcroît, précise-t-il, « le nombre de dossiers impécunieux est monté de 50 % à 88 % ».

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Malgré la fin du « quoi qu’il en coûte », les administrateurs et mandataires judiciaires ne s’attendent pas à voir le vent tourner de sitôt. « Il y aura encore moins de procédures collectives en 2021 qu’en 2020, pronostique Me Basse, car les créanciers publics accordent plus facilement qu’avant des moratoires sur les dettes, et n’assignent plus très souvent les entreprises devant les juridictions commerciales. » D’ordinaire, entre un cinquième et un quart des procédures collectives sont générées par une assignation d’un créancier public.

La profession pâtit de son développement

Comment s’extraire de ce trou d’air ? Pour les représentants de la profession, la solution passe par un élargissement du périmètre d’activité des cabinets, aujourd’hui strictement tenus aux activités de conseil, à l’exclusion de toute activité commerciale. « Notre vocation est d’aider les entreprises à traverser les crises », rappelle Me Frédéric Abitbol, vice-président du CNAJMJ. « Il y aura demain des financements publics mis à disposition auprès d’opérateurs privés pour accompagner la reprise. Ne pourrions-nous pas être des relais utiles ? » ajoute-t-il. D’autres pistes sont évoquées, comme la diversification vers la médiation ou la fiducie (création de structures de gestion d’actifs).

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En France, le retour à un niveau de PIB d’avant-crise s’accompagne d’une nette baisse du chômage

Un ouvrier de l’usine 3D Tex, à Saint-Malo ( Ille-et-Vilaine), le 17 septembre 2021.

La crise ? Quelle crise ? A la fin de 2021, au niveau des compteurs macroéconomiques au moins, l’épisode du Covid-19 aura été pratiquement effacé pour l’économie française. A quelques nuances sectorielles près, l’activité est repartie. Les entreprises, dopées par les plans de soutien, créent massivement des emplois, avec pour effet de faire reculer le chômage et de soutenir le pouvoir d’achat.

L’Insee, dans sa note de conjoncture publiée mercredi 6 octobre, estime à 2,7 % la progression du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, après trois premiers mois étales et une hausse de 1,1 % sur la période d’avril à juin. Avec une prévision de hausse de 0,5 % au quatrième trimestre, le PIB devrait revenir à son niveau d’avant-crise à la fin de l’année. Sur l’ensemble de l’année, la croissance s’établirait à 6,25 %, après une récession de 8 % en 2020.

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Finalement, la reprise est « relativement rapide », car l’origine du choc n’était pas économique, mais sanitaire. Une fois celui-ci dissipé, la machine économique a pu se relancer. Ce redémarrage, selon l’Insee, devrait se traduire par plus de 500 000 créations nettes d’emplois en 2021, soit bien plus que les 300 000 perdus en 2020. Une conséquence inattendue et contre-intuitive de la crise, mais qui s’explique, selon Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l’Insee, par les « conditions financières favorables » dont bénéficient les entreprises, dopées par les mesures de soutien.

Pouvoir d’achat en hausse

Grâce à leurs trésoreries bien dodues, elles recrutent à tour de bras, non sans mal, d’ailleurs, dans un certain nombre de secteurs confrontés aux pénuries de main-d’œuvre qualifiée. De sorte que, dès le deuxième trimestre, l’emploi salarié a dépassé son niveau d’avant-crise.

Ainsi, malgré le retour sur le marché du travail de personnes qui s’en étaient éloignées – par exemple, les parents qui auraient cessé leur activité professionnelle pour pallier la fermeture des écoles –, le taux de chômage devrait tomber à 7,6 % à la fin de l’année, contre 8 % en moyenne au deuxième trimestre. Il s’agit du taux le plus bas constaté depuis 2008, avant l’éclatement de la crise des subprimes aux Etats-Unis. Parallèlement, le recours au chômage partiel se raréfie et devrait même « quasiment disparaître » d’ici à la fin de l’année. L’activité partielle ne représentait plus que 0,8 % des heures travaillées au mois d’août, contre 4,7 % au deuxième trimestre.

Créations d’emplois, baisse du chômage, retour des heures supplémentaires : de quoi alimenter les fiches de paie et le pouvoir d’achat des ménages, qui s’annonce comme l’un des thèmes majeurs de la campagne pour l’élection présidentielle.

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