Archive dans 2021

L’Assemblée nationale vote la poursuite du plan de relance

Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a défendu le plan de relance à l’Assemblée nationale, à Paris, le 2 novembre 2021.

L’Assemblée nationale a voté, mardi 2 novembre, la poursuite des milliards du plan de relance en 2022, malgré les critiques des oppositions sur du « saupoudrage » et un manque de lisibilité, dans l’attente du plan d’investissement France 2030.

Les crédits pour l’année prochaine s’inscrivent dans le plan de relance de 100 milliards d’euros annoncés pour 2020 à 2022, autour de trois « piliers » : « Ecologie », « Compétitivité » et « Cohésion des territoires ».

Quelque 55 milliards ont déjà été engagés, s’est félicité le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, saluant la « rapidité » de ce plan et sa « souplesse ». « Des fonds ont bien marché », comme MaPrimRenov’, une aide à la rénovation énergétique pour les particuliers, et « il a fallu remettre des crédits », a souligné le rapporteur général, Laurent Saint-Martin (La République en marche, LRM), qui les qualifie de « boosters de croissance ».

« L’effet de levier sur l’économie ne me paraît pas à la hauteur de l’effort de l’Etat », a nuancé le président de la commission des finances, Eric Woerth (Les Républicains, LR).

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« Manque de lisibilité »

Dans le détail, 12,9 milliards d’euros sont inscrits en crédits de paiement en 2022 dans la mission « plan de relance » votée. Le gouvernement comptabilise également au titre de son plan d’autres lignes budgétaires, comme celle de la baisse des impôts de production des entreprises.

A l’unisson, droite et gauche ont critiqué « un manque de lisibilité flagrant », du « saupoudrage » et un « enchevêtrement des plans », avec le démarrage dès 2022 de France 2030, le plan d’investissement annoncé par Emmanuel Macron. « Il sonne comme une avancée positive mais aussi un désaveu de votre premier plan de relance », a cinglé la chef de file des députés socialistes, Valérie Rabault. Communistes et « insoumis » ont demandé la fin des « chèques en blanc » sans contrepartie aux entreprises.

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Charles de Courson (Libertés et territoires) a repris les réserves du comité d’évaluation du plan de relance, présidé par Benoît Cœuré, qui a souligné récemment son efficacité mais parfois au détriment de la qualité de certains projets. « La politique du chiffre vous a guidés, il faut rectifier en 2022 », a plaidé le député.

Récusant tout « saupoudrage » et louant la « simplicité » du plan, le ministre a aussi cherché à rassurer sur le déficit engendré. Avec la croissance prévue à 6,25 % « au moins » en 2021, « l’Etat pourrait engranger des recettes fiscales supplémentaires » ; mais si c’était le cas, « elles iraient à la réduction du déficit et de la dette », a-t-il martelé.

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Le Monde avec AFP

Contrat d’engagement : l’aide pour les jeunes sans activité pourrait aller « jusqu’à 500 euros par mois »

Emmanuel Macron passe par les réseaux sociaux pour s’adresser aux jeunes. Mardi 2 novembre, peu avant 8 heures, le président de la République a posté un message écrit sur Facebook pour dévoiler les contours d’une mesure destinée à favoriser l’insertion professionnelle des personnes de moins 26 ans en situation de très grande précarité. Le dispositif en question a finalement été baptisé « contrat engagement jeune », une appellation qui remplace celles envisagées depuis la mise en chantier de ce projet au commencement de l’année.

La communication de l’exécutif sur cette réforme a été complétée par un déplacement du premier ministre, Jean Castex, et de plusieurs membres du gouvernement dans une mission locale de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), mardi matin. Au cours de leur déplacement, ces personnalités devaient livrer des détails sur ce mécanisme.

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« Je ne me résous pas à ce que plusieurs centaines de milliers d’entre vous soient depuis trop longtemps sans emploi, souvent sans ressources. Sans perspectives », a écrit le chef de l’Etat. « Pour mettre fin à ce gâchis », le pouvoir en place crée donc une aide qui entrera en vigueur « dès le 1er mars » 2022. « Tous les jeunes […] qui, sans formation ni emploi depuis plusieurs mois, s’inscriront [dans ce dispositif], pourront bénéficier de 15 à 20 heures d’accompagnement par semaine pour découvrir un métier, se former, trouver un apprentissage ou un emploi », indique M. Macron.

« Logique des devoirs et des droits »

Ceux qui jouiront de cette solution auront droit à « une allocation pouvant aller jusqu’à 500 euros par mois ». Le versement de cette prestation sera soumis à conditions de ressources, mais il faudra aussi que le jeune fasse preuve d’« assiduité » et accepte « les offres d’activité » qui lui seront faites, ajoute le président de la République, conformément à la « logique de devoirs et de droits » qu’il avait défendue dans son allocution du 12 juillet. C’est à cette occasion que le chef de l’Etat avait exprimé son intention de présenter « un revenu d’engagement », vocable qui est donc finalement abandonné au profit de « contrat d’engagement ».

Un tel changement de sémantique n’est pas anodin : il vise à couper court à l’idée que le gouvernement chercherait à instaurer un RSA pour les moins de 26 ans : cette option, M. Macron l’a lui-même exclue car elle l’exposerait à la critique, énoncée par la droite, que l’exécutif verserait dans l’assistanat.

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« Ce contrat d’engagement vient compléter et simplifier plusieurs dispositifs à destination des jeunes afin de mieux former et accompagner vers le monde du travail », poursuit le président de la République. Dans l’entourage de M. Castex, on précise que l’annonce de mardi ne correspond pas à un nouveau dispositif, en tant que tel, mais à un renforcement des multiples outils qui existent déjà. Une allusion en particulier à la « garantie jeunes », mise en œuvre par les missions locales en direction des 16-25 ans qui ne sont ni scolarisés, ni en formation, ni au travail. Une application sera lancée afin que les intéressés puissent dialoguer avec leur référent, qui les suivra tout au long de leur « parcours », celui-ci étant susceptible de durer jusqu’à un an, voire dix-huit mois dans certains cas.

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Emballement autour du RSA pour les non-vaccinés

C’est l’histoire d’un emballement dans le creux de la morne actualité d’un week-end de Toussaint. Au départ, une information révélée par Sud-Ouest. Le quotidien régional fait état, samedi 30 octobre, d’un courrier adressé la veille au premier ministre par les présidents, tous élus du Parti socialiste, de quinze départements (Loire-Atlantique, Gironde, Gers, Landes, Seine-Saint-Denis, Aude, Tarn, Nièvre, Lozère, Haute-Vienne, Pyrénées-Orientales, Ariège, Lot-et-Garonne, Côtes-d’Armor, Haute-Garonne). « Les départements refusent d’assumer seuls le versement du RSA aux antivax », résume le quotidien.

Dans ce courrier, que Le Monde s’est procuré, les présidents de conseils départementaux évoquent « la décision ministérielle relative au traitement des situations de suspension de contrat de travail en l’absence de passe sanitaire ». Selon eux, « la solution retenue serait de neutraliser les ressources des salariés en situation de suspension, à titre dérogatoire, afin de les rendre d’emblée éligibles au RSA [revenu de solidarité active] ».

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Les élus socialistes expriment leur « désaccord sur cette décision ». Ils estiment qu’« elle introduit une inégalité de traitement vis-à-vis des autres publics ». Qu’« elle prétend transformer le RSA, dispositif de solidarité destiné aux personnes dans l’impossibilité d’avoir des revenus d’activité, en allocation-chômage ou en exutoire de la politique sanitaire nationale ». « Il n’est pas acceptable qu’une décision relative à la gestion du RSA soit prise sans consultation avec les départements. C’est pourquoi nous souhaitons que le gouvernement rapporte sa décision et la soumette à concertation avec nos collectivités », conclut le courrier.

« Rien de concret »

Dans la foulée, l’information est reprise sur le site du Parisien sous le titre : « Quinze départements proposent de ne plus verser le RSA aux salariés suspendus pour non-vaccination ». Le titre sera modifié par la suite, mais le coup est parti. D’autres publications suivent dans les médias écrits et audiovisuels, reprenant la même thématique de refus des départements de verser le RSA aux salariés non vaccinés, entraînant de virulentes réactions par les antivax sur les réseaux sociaux. Les départements réfractaires sont accusés de « vouloir la mort des soignants licenciés ».

Prenant conscience de l’interprétation qui a été faite de leur prise de position, les quinze départements tentent de rectifier le tir par un communiqué titré « RSA dérogatoire : l’Etat doit compenser ses décisions ». « L’Etat doit assumer ses choix sans en faire supporter le financement par les départements », conclut celui-ci.

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Santé au travail : « La prévention primaire ne parvient pas à s’imposer dans les entreprises »

Tribune. Moins d’un tiers des 108 000 cas d’affections psychiques attribuables au travail ont été reconnus en maladies professionnelles en 2019. Ce constat, qui montre l’ampleur du phénomène de la souffrance au travail, révèle aussi qu’une part non négligeable des dépenses de santé liées à des risques professionnels ont été prises en charge par le régime général de l’Assurance-maladie, et non par la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP).

Cette estimation provient de la très sérieuse commission présidée par un magistrat de la Cour des comptes, chargée d’évaluer tous les trois ans le coût pour le régime général de la sous-déclaration des maladies professionnelles.

Le rapport de cette commission date de juin 2021, mais… il n’a pas été rendu public. Selon ses chiffres, seules 30 100 affections psychiques ont été prises en charge par la branche AT-MP sur les 108 000 : 28 500 au titre des accidents du travail et 1 600 en tant que maladies professionnelles. Cela signifie donc que 77 900 cas ont échappé au système de réparation des atteintes à la santé liées au travail, financé par les employeurs.

Craintes et pressions

Ce phénomène n’est pas nouveau. Il y a toujours eu, de fait, un décalage important entre la réalité des risques liés au travail et leur reconnaissance officielle ou leur indemnisation par le régime d’assurance AT-MP. Mais, loin de se réduire, cette différence n’a eu de cesse d’augmenter au cours des dernières décennies. Ainsi, dans son premier rapport, en 1997, la commission chargée d’estimer le manque à gagner pour l’Assurance-maladie avait chiffré celui-ci à 888 millions de francs, soit 135 millions d’euros. Aujourd’hui, elle estime ce coût entre 1,2 et 2,1 milliards d’euros.

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Certes, depuis 1997, les connaissances scientifiques ont évolué, permettant notamment d’établir davantage de relations causales entre expositions professionnelles et maladies. Mais d’un rapport à l’autre, on retrouve les mêmes constats sur les causes de la sous-déclaration.

Les deux tiers des affections psychiques dues au travail ne sont pas reconnues comme maladies professionnelles

Il en est ainsi du manque de formation et de sensibilisation du corps médical sur les pathologies professionnelles. Ou encore des réticences de nombreux médecins du travail à établir le certificat médical initial nécessaire à toute victime souhaitant effectuer une déclaration de maladie professionnelle, par crainte de voir se dégrader leurs relations avec les entreprises concernées. Et ce, malgré leurs obligations déontologiques et réglementaires en la matière.

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Les leurres du reporting

Entreprises. Après la retraite américaine d’Afghanistan durant l’été 2021, l’absence de résistance de l’armée afghane n’avait pas été anticipée par les rapports officiels. Peu de temps avant la défaite, ces derniers présentaient encore l’image d’une armée afghane bien formée et bien entraînée. En outre, sur la foi de ces constats, un armement abondant et moderne lui avait été fourni par l’armée américaine.

« Entre contrôleur et contrôlé, entre exécutant et dirigeant, aucun reporting ne peut se substituer au dialogue et à l’analyse critique des situations locales » (Le secrétaire à la défense, Lloyd Austin, le chef d’état-major Mark Milley et le général Kenneth McKenzie, le 28 septembre).

Ces faits n’ont pas échappé à la commission d’enquête du Sénat des Etats-Unis, qui a longuement interrogé les plus hauts responsables militaires sur les raisons d’une telle erreur de jugement (United States Senate, « Hearing to receive testimony on the conclusion of military operations in Afghanistan and plans for future counterterrorism operations », September 2021). Or, dans les explications rapportées lors de ces auditions, on retrouve tous les effets de leurre – bien décrits en sciences de gestion – qu’induisent un reporting et des indicateurs, lorsque ceux-ci ne s’appuient pas sur une réelle intelligence des réalités qu’ils sont censés décrire.

D’emblée, le secrétaire à la défense Lloyd Austin n’a pas caché que l’effondrement de l’armée afghane avait bien constitué une totale surprise et que cet événement révélait des « vérités inconfortables », qui n’avaient pas été prises en compte et demandaient à être mieux comprises. Partageant cette prise de position, le général Mark Milley, chef d’état-major, ne peut s’expliquer les faits que par le retrait des conseillers américains de l’armée afghane. Il a ajouté que l’on peut « compter les avions, les camions, etc. » mais qu’il n’est pas possible de « lire dans le cœur des soldats sans être là ».

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Et lorsqu’un enquêteur remarque que de nombreuses alertes sur le terrain contrastaient avec l’optimisme continuel des rapports officiels, ce fut au tour du général Kenneth McKenzie, commandant en chef, d’admettre qu’il « acceptait cette critique » et que le « décalage entre le terrain et la hiérarchie » méritait une enquête de fond pour y remédier.

Dérives et effets pervers

Les spécialistes de cette guerre contesteront peut-être ces explications. Mais elles correspondent étroitement aux dérives et aux effets pervers auxquels conduit un usage fétichiste et bureaucratique des reportings. Des phénomènes déjà bien observés dans tous les types d’organisation.

Car entre contrôleur et contrôlé, entre exécutant et dirigeant, aucun reporting ne peut se substituer au dialogue et à l’analyse critique des situations locales. En leur absence, le reporting change de fonction. Il n’agit plus comme un outil de partage des connaissances. Il tend à produire une image artificielle destinée à protéger la base et à rassurer des chefs peu enclins à comprendre le réel.

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Quand « usine » n’est plus un « gros mot » : en France, la lente résurrection de l’industrie

Dans l’atelier de fabrication de films réflecteurs de l’usine Actis, à La Bastide-de-Bousignac (Ariège), le 28 octobre 2021.

Ce matin d’octobre, Gérald Sgobbo, élu de Villeneuve-d’Olmes, dans l’Ariège, est un maire heureux. L’usine textile désaffectée depuis plus de dix ans, qui a « structuré la vie du village », va revivre. Pas autour du textile, cette fois, mais qu’importe. Le groupe Actis, basé dans l’Aude, va y investir 31 millions d’euros pour y produire des panneaux isolants destinés au bâtiment, un produit d’avenir, transition environnementale oblige.

« Dans le village, on a compté jusqu’à 700 emplois industriels pour 1 600 habitants, raconte l’élu. La mémoire locale est marquée par l’industrie : pour les habitants, l’activité économique, c’est forcément de l’industrie. » Soucieuse de préserver cette culture, la communauté de communes s’est portée acquéreuse des bâtiments lors de la fermeture de l’usine et les a conservés en l’état en espérant pouvoir retrouver, un jour, une activité productive. C’est désormais chose faite.

Renouer avec l’industrie, relocaliser, réindustrialiser. Ce qui était presque inaudible dans les années 2000, à la suite du rêve d’une France « fabless » – avec ces entreprises sans usine, chères à Serge Tchuruk, l’ancien patron d’Alcatel –, est devenu le nouveau mantra hexagonal, scandé par les politiques, les élus locaux et les décideurs économiques avec une belle unanimité. Depuis le sommet de l’Etat jusqu’à Gérald Sgobbo, maire d’une petite commune de moins de 1 000 habitants blottie au pied des Pyrénées. « L’industrie est devenue le nouveau cheval de bataille d’à peu près tout le monde », se réjouit Alexandre Saubot, président de France Industrie.

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Que s’est-il passé ? La crise due au Covid-19 aura peut-être eu au moins une vertu : celle de faire prendre conscience aux Français, grisés par le virage du numérique ou la prééminence des services, qu’ils n’étaient plus capables de fabriquer des produits aussi essentiels que des masques, du paracétamol ou des respirateurs. « La crise sanitaire a agi comme un révélateur, explique François Blouvac, responsable du programme Territoires d’industrie à la Banque des territoires, filiale de la Caisse des dépôts. Lors des élections régionales, pas un programme qui n’en parlait pas : dans toutes les régions, il y a une envie d’industrie, pour des questions de souveraineté notamment. On constate une vraie appétence des acteurs locaux. »

Changement d’état d’esprit

Magali Joëssel, directrice générale du fonds SPI (Société de projets industriels) chez Bpifrance – fonds qui a investi dans quelque 17 usines en six ans –, a observé avec un brin d’amusement ce changement d’état d’esprit. « Quand nous avons lancé, en 2014, ce fonds pour recréer de l’industrie, nous nous sommes heurtés à de la surprise et de l’incrédulité. A l’époque, l’industrie était très dénigrée et, nous, nous arrivions en disant des gros mots comme “usine”. Le monde de la finance nous regardait comme des animaux étranges. Depuis, il y a eu une évolution du côté des investisseurs, l’industrie a été en partie réhabilitée. »

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La réparation de vélos en plein essor

Dans l’atelier associatif de réparation de bicyclettes La petite Rennes, à Rennes, le 20 octobre 2021.

« Il était temps qu’on ouvre, car la demande explose. » A Rennes, David Piederriere, coprésident de l’atelier associatif de réparation de bicyclettes La Petite Rennes, se félicite d’avoir troqué, début septembre, un local exigu du centre-ville pour un espace de 160 mètres carrés dans l’écoquartier de la Courrouze, à l’emplacement d’une ancienne caserne.

Chaque jour, entre 30 et 40 personnes poussent la porte de l’atelier, « pour réparer leur vélo, acheter une pièce d’usure, prendre une information », poursuit le responsable. En échange d’une adhésion de 20 euros par an, les membres peuvent manier les outils mis à leur disposition et bénéficier des conseils des salariés. Si l’association insiste sur sa mission « solidaire » et sur son engagement à réemployer des objets plutôt que de les jeter, une bonne partie de ses membres ne sont pas des militants. En effet, à Rennes, la dizaine de boutiques de vélocistes ne suffit pas à absorber la demande, et les délais d’obtention d’un rendez-vous se comptent en semaines.

Le marché de la réparation de vélos a beaucoup changé en quelques années. Jusqu’au milieu des années 2010, pour remettre en état sa bicyclette, l’usager pouvait solliciter, outre les 300 ateliers associatifs existants, un vélociste de son quartier ou, à défaut, « un gentil voisin qui fait tout ».

Mise en relation de réparateurs et de citadins pressés

Puis, à Paris, Strasbourg, Bordeaux ou Lyon, des plates-formes ont lancé un service à domicile. La société Cyclofix, créée fin 2015, met en relation des réparateurs indépendants, autoentrepreneurs pour la plupart, et les citadins pressés. Aujourd’hui, la plate-forme centralise les emplois du temps de 200 mécaniciens, dans 14 agglomérations. Entre-temps, les enseignes de distribution se sont équipées d’ateliers de réparation, le plus souvent en fond de boutique ou au sous-sol.

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La pandémie et la forte progression de l’usage du vélo ont chamboulé le marché. La pénurie à laquelle est confronté le secteur depuis plus d’un an a redoré le blason des vieux biclous retapés. Reprenant une idée de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), l’Etat a financé, entre mai 2020 et mars 2021, une dotation de 50 euros pour chaque vélo remis en état. L’opération, qui consistait à « sortir des caves » les bicyclettes qui firent un jour office de cadeau de Noël et rouillaient depuis, a fait chauffer les outils dans les ateliers. Enfin, parmi les nouveaux cyclistes, nombreux sont ceux qui avouent sans honte ne pas savoir changer une chambre à air ni remplacer un patin de frein.

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Retraites, immobilier, chômage et gaz : ce qui change et ne change finalement pas, le 1er novembre

Les pensions complémentaires Agirc-Arrco augmentent de 1 % pour les pensions dues au titre de novembre, versées en tout début du mois.

Prix du gaz, montants des retraites complémentaires du privé et des pensions agricoles, trêve hivernale, diagnostic de performance énergétique des logements, etc. : le point sur les principaux changements du mois de novembre en matière de finances personnelles.

  • Gaz : une pause dans la hausse des prix

Pour la première fois depuis avril, et seulement pour la seconde fois en dix-sept mois, aucune augmentation des tarifs réglementés du gaz n’est prévue en novembre. Cette stabilité a été annoncée par le premier ministre Jean Castex le 30 septembre, jusqu’au printemps 2022.

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Le 1er octobre, l’augmentation mensuelle avait atteint 13,9 % hors taxes, en moyenne. Au total depuis début 2021, ces tarifs ont en moyenne grimpé de 49 % en raison de la « hausse, historique, des prix du gaz sur le marché mondial », a expliqué la Commission de régulation de l’énergie.

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  • Retraite Agirc-Arrco : une revalorisation de 1 %

Ce 1er novembre, les pensions complémentaires des salariés du privé, versées par l’Agirc-Arrco à quelque 13 millions de retraités, augmenteront de 1 %. Ainsi en ont décidé les organisations syndicales et patronales qui pilotent ensemble ce régime. En 2020, un gel avait été acté.

Pourquoi les partenaires sociaux se sont-ils entendus sur une augmentation inférieure à l’inflation – l’Insee prévoyant pour 2021 une hausse de l’indice des prix à la consommation hors tabac de 1,5 % ? En raison de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques, qui ont plombé les comptes du régime.

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Ce dernier a en effet accusé un déficit global de 4,1 milliards d’euros en 2020. L’Agirc-Arrco indique que même si elle ne compense pas totalement l’inflation, la revalorisation coûtera 850 millions d’euros par an (le régime a versé environ 83 milliards d’euros de pensions en 2020).

  • Les petites pensions agricoles à 85 % du smic

Que les exploitants agricoles ayant tous leurs trimestres (tous régimes confondus, donc avec le « taux plein ») ne puissent toucher une retraite inférieure à 85 % du smic, à certaines conditions : c’était l’objectif de la loi de juillet 2020 sur la revalorisation des pensions agricoles. La mesure entre en vigueur le 1er novembre ; le taux était jusqu’ici de 75 %.

En pratique, pour atteindre ces 85 %, la Mutualité sociale agricole (MSA) accorde aux personnes concernées des points de retraite complémentaire gratuits (un « complément différentiel de points ») si la pension totale (de base + complémentaire) versée par le régime d’assurance vieillesse des non-salariés agricoles n’atteint pas, sans coup de pouce, 85 % du smic net agricole. Est pris en compte le smic du 1er janvier de l’année du versement, donc jusqu’à fin 2021 la revalorisation d’octobre ne compte pas.

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Laurent Assouly : « La révolution silencieuse de la sobriété s’immisce dans de nombreux pans de nos vies »

Tribune. La bataille pour un ralentissement de nos modes d’existence et un consumérisme plus tempéré a commencé. Elle n’est plus la chasse gardée de militants écologistes, mais touche désormais toutes les classes sociales. La « sobriété » figure cette nouvelle humeur et se propage au fur et à mesure que des citoyens se lassent d’une société inadaptée aux nouveaux enjeux de la mutation climatique.

La révolution silencieuse de la sobriété s’immisce dans de nombreux pans de nos vies, nous intimant en sourdine de ralentir nos cadences, n’en déplaise à la modernité qui nous pousse à la vitesse.

La sobriété incarne ce coup de frein à nos consommations, ce ralentissement de nos modes d’existence qui libère un nouvel horizon où la performance et la réussite à tout prix ne sont plus les signes inconditionnels de nos imaginaires de vies réussies. Que de chemin parcouru depuis l’ascétisme de quelques aficionados du plateau du Larzac dans les années 1970, sous l’œil goguenard de la société de l’époque…

Une enquête sur trois terrains (télétravail, habitat participatif, cadres « décrocheurs »), menée dans le cadre d’un travail doctoral par entretien et questionnaire entre juin et septembre 2021, met en lumière un décalage entre les incantations des politiques à consommer plus pour soutenir l’économie et une frange de la population, toutes classes sociales confondues, qui opte pour un ralentissement de son mode de vie. La nouvelle donne climatique n’est sans doute pas étrangère à cette nouvelle réflexion sur la vie matérielle.

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Le dernier baromètre de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) de juin 2021 souligne que près de trois employeurs sur dix sont confrontés au déménagementde leurs salariés depuis l’avènement du télétravail, marqueur d’une nouvelle sobriété.

Des espaces de solidarité

Des télétravailleurs, majoritairement trentenaires, quittent Paris pour migrer vers des lieux plus proches de la nature, loin du tumulte de la ville, d’autant plus que ce devenir urbain leur semble peu conciliable avec des projets d’enfants. Souvent originaires de province, ils optent pour un rapprochement familial plutôt que le choix d’une région « carte postale de vacances », même si les deux ne sont pas incompatibles.

Ce renouement avec la terre de son enfance et la famille élargie construit des espaces de solidarité qui, selon leurs dires, « adoucit et ralentit leur mode de vie ». Improviser une garde d’enfants, entreprendre des travaux dans son nouvel habitat devient plus aisé grâce au jeu des solidarités familiales et un voisinage que la grande ville avait en partie évincé, même si le tableau des retrouvailles avec le clan n’est pas exempt de tensions.

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Les radios musicales Virgin et RFM sont visées par un plan de sauvegarde de l’emploi

Devant l’immeuble abritant Europe 1, Virgin Radio et RFM, à Paris, en novembre 2018.

Il n’y a pas que la radio Europe 1, dans le pôle médias du groupe Lagardère, qui attire tous les regards, depuis que Vincent Bolloré en est devenu le premier actionnaire. On y trouve aussi les réseaux musicaux Virgin et RFM, qui, réunis au sein d’une même unité économique et sociale (UES), sont la cible d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Annoncé le 7 octobre, il vise la suppression de trente postes de journalistes et de quatre animateurs disséminés sur l’ensemble du territoire, sur un effectif global d’environ 140 personnes.

Alors que les radios musicales, défiées par les plates-formes de streaming, enregistrent une forte baisse de leur audience, leur modèle économique fondé sur les rentrées publicitaires accuserait-il le coup ? « Nos deux radios ont fait remonter au groupe 3,6 millions d’euros de dividendes en 2020, alors même que l’année a été compliquée par le Covid-19 », défendent Laurent Lemaire et Jean-Charles Fontlupt, respectivement délégués syndicaux CFDT et SNJ-CGT, pour qui « ce PSE ne se justifie pas ». D’après une expertise mandatée par le comité social et économique (CSE), entre 2014 et 2020, RFM et Virgin ont versé 46,8 millions d’euros de dividendes à leur maison mère.

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Les directions des deux stations font cependant une autre lecture des comptes, séparant les résultats engrangés par les entités nationales, positifs, de ceux des antennes locales, déficitaires. Une méthode de calcul injuste aux yeux des représentants des salariés qui rappellent que, le reste du temps, l’économie est « globalisée » au sein de l’UES.

« Stratégies inadaptées, contradictoires »

Des deux stations, c’est Virgin qui souffre le plus. En 2020, la station a vu son résultat opérationnel consolidé s’inscrire dans le rouge, à – 500 000 euros, quand celui de RFM s’est hissé à + 5,2 millions d’euros. Virgin est aussi la station dont l’audience est la moins florissante : avec 2,8 % d’audience cumulée entre avril et juin, elle a perdu 1,4 point par rapport à la même période de 2019 (4,2 %), soit avant la crise sanitaire. Alors que celle de RFM grimpait à 4,1 %, entre avril et juin, en 2019, elle s’affichait à 3,4 % au printemps 2021.

« Depuis plusieurs années, comme Europe 1, nos deux radios ont gravement souffert des incohérences d’une gouvernance choisie par le groupe », condamnent les élus dans un communiqué, pointant les « changements de dirigeants incessants, les stratégies inadaptées, contradictoires et même parfois inexistantes à des moments cruciaux, le gel des investissements humains et matériels ». Pour autant, Virgin s’apprête à payer le plus lourd tribut : alors que les deux réseaux cumulent 71 points d’ancrage dans le pays, vingt-six stations Virgin sont appelées à disparaître, quand RFM prévoit d’en sacrifier quatre.

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