Le PDG, une espèce de plus en plus contestée au sein des entreprises du CAC 40
Loin de l’image des patrons omnipotents, et avant même le changement annoncé lundi 1er mars chez Danone, une majorité d’entreprises du CAC 40 ont, à leur sommet, des directeurs généraux, sans casquette de président. En 2020, si l’on tient compte des évolutions annoncées à la tête de Saint-Gobain et L’Oréal, on dénombre seize PDG aux manettes parmi les quarante entreprises vedettes de la cote (dont certaines ont une structure avec conseil de surveillance ou gérance). En 2010, ils étaient dix-sept, selon les pointages de l’Hebdo des AG. Sachant qu’entre-temps, la composition de l’indice a fortement évolué.
Cette stabilité apparente cache en fait un mouvement de balancier observé depuis quinze ans chez de nombreux grands groupes, où la séparation des fonctions sert à faciliter une transition managériale. Chez Capgemini, Total ou L’Oréal, la gouvernance s’adapte ainsi à l’âge du capitaine. Et, à cet égard, l’année 2021 marque une fin de cycle historique. Le 21 février, le conseil d’administration du Groupe Bouygues a dissocié les fonctions de président et de directeur général, poste désormais confié à Olivier Roussat. Après trente et un ans comme PDG du groupe fondé par son père, Martin Bouygues est resté président.
Le 1er mai, le PDG Jean-Paul Agon cédera à Nicolas Hieronimus son fauteuil de directeur général, tout en conservant la présidence. Exactement comme Lindsay Owen-Jones l’avait fait en 2006. M. Agon avait, en 2013, réuni de nouveau les deux fonctions. Pierre-André de Chalendar avait été encore plus rapide : nommé directeur général de Saint-Gobain auprès de Jean-Louis Beffa en 2007, il en devient PDG en 2010. Le 1er juillet, M. de Chalendar confiera à son tour les commandes à son dauphin, Benoît Bazin. Et il restera président.
Tradition française
De son côté, Denis Kessler, le patron du réassureur Scor, a prévu de transmettre, en 2022, la moitié du témoin à Benoît Ribadeau-Dumas, l’ancien directeur de cabinet d’Edouard Philippe à Matignon. Cette tradition française – considérée comme hérétique outre-Manche – a l’avantage de favoriser une transition douce. Elle nécessite, toutefois, que le nouveau patron « tue le père ». Pas toujours simple : les membres du conseil d’administration de Renault se souviennent encore de la brutalité avec laquelle Carlos Ghosn, intronisé, en 2005, directeur général et président exécutif du constructeur automobile, pouvait critiquer la gestion précédente, sous l’œil impassible de Louis Schweitzer, son prédécesseur, resté président du « board ». M. Ghosn avait rassemblé toutes ces fonctions en 2009.
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