En Ile-de-France, la difficile bascule de transports vers la concurrence
Cela commence à faire désordre. Ici, un gros malaise social et une grève qui fait tache d’huile, là des incidents d’exploitation parfois très gênants pour les usagers… Quelques mois après le démarrage effectif des premiers réseaux de transport issus de l’ouverture à la concurrence en Ile-de-France, les couacs se multiplient sur ce marché qui s’ouvre. Le processus va durer presque vingt ans. Il a commencé cette année par les réseaux de bus Optile de la grande couronne parisienne, il continuera par les bus de la RATP (2025), les trains de banlieue SNCF (de 2023 à 2033), les tramways (2030), et se clôturera par les métros et les RER en 2040.
Le premier gros écueil est cette grève qui a commencé dans des réseaux de bus de l’opérateur Transdev (filiale de la Caisse des dépôts) en Seine-et-Marne, qui s’est étendue à une dizaine de dépôts et vient d’entrer dans sa sixième semaine. Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, présidée par Valérie Pécresse (Libres !), a jugé la situation suffisamment enkystée pour décider de nommer un médiateur, lundi 11 octobre, lors de son conseil d’administration. L’ex-président de la RATP et de La Poste Jean-Paul Bailly dirigera « une mission pour faire converger les points de vue » entre les grévistes et la direction de Transdev, afin de trouver un accord là où l’entreprise n’y sera pas parvenue.
M. Bailly devra aussi proposer « des recommandations pour la prise en compte des enjeux sociaux dans les prochains appels d’offres », explique IDFM. Car le conflit social est bien directement issu du basculement dans un système concurrentiel. Tout est parti du lot 18, un réseau de bus dans la région de Melun et Fontainebleau. Transdev y était déjà l’opérateur dans le cadre du système Optile d’avant la concurrence (les marchés étaient attribués de gré à gré). A la suite de l’appel d’offres, Transdev s’est succédé à lui-même, mais avec une nouvelle organisation du travail, issue d’un accord-socle négocié avec les syndicats centraux de Transdev mais qui a fait bondir les salariés sur le terrain.
Conditions de travail brutalement dégradées
« On y a goûté tout le mois d’août, raconte Wynnessa Merabet, déléguée syndicale SUD au dépôt de Melun. Pour les conducteurs, l’amplitude horaire est passée de 7 h 30 à 11 heures ou 12 heures, avec des temps payés différemment selon que c’est considéré comme du travail effectif ou pas. Mais, en cas de bouchon ou de retard, vous vous retrouvez à conduire un bus en étant payé à 50 % parce que vous sortez de votre plage de travail effectif. Et c’est sans compter la fin des chèques-vacances et des primes repas. »
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