En zone euro, premiers signes de ralentissement de la croissance

L’économie européenne est-elle en surchauffe ou déjà en ralentissement ? La question peut sembler curieuse, tant ces deux diagnostics diamétralement opposés ne pourraient en temps normal pas cohabiter. Mais la pandémie provoque de tels à-coups économiques que les signaux les plus contradictoires coexistent. De quoi rendre le travail de la Banque centrale européenne, dont le conseil des gouverneurs se réunit jeudi 9 septembre, particulièrement acrobatique. L’institut de Francfort, qui achète actuellement sur les marchés financiers environ 80 milliards d’euros de dette par mois pour soutenir l’activité, va-t-il commencer à réduire son intervention, peut-être à 70 milliards d’euros par mois ? Ou est-il trop tôt pour enlever la perfusion ?
Côté pile, le rebond de la croissance est évident. Il suffit de regarder autour de soi : les restaurants à travers la zone euro ont rouvert, les touristes sont souvent restés dans leurs pays respectifs mais ont été au rendez-vous cet été, les salariés reprennent le chemin de leurs bureaux en cette rentrée… Au deuxième trimestre, la croissance de la zone euro était de 2,2 %. Soit une hausse de plus de 14 % par rapport au deuxième trimestre 2020, au pire de la pandémie. Le troisième trimestre devrait poursuivre sur la même tendance. Pour la zone euro, dont la croissance se traîne depuis la grande crise financière de 2008, ce sont des statistiques qui semblent venir d’un autre temps.
Optimisme moins important
Côté face, il ne s’agit que d’un rattrapage. A la fin du deuxième trimestre, le produit intérieur brut de la zone euro demeurait 2,5 points en dessous de son niveau de fin 2019, avant la pandémie. L’emploi n’a pas retrouvé son niveau prépandémique, avec 2 millions de personnes en moins sur le marché du travail (sur un total de 159 millions actuellement). L’économie est en voie de cicatrisation, mais loin d’être entièrement guérie.
De plus, l’été a apporté de premiers signaux inquiétants. « Le rythme de croissance ralentit », note Silvia Ardagna, économiste chez Barclays. « Nous sommes en plein ralentissement », abonde Véronique Riches-Flores, qui a son propre cabinet d’analyses économiques, RF Research.
Mardi 7 septembre, l’indice mensuel ZEW, qui est composé de l’opinion de trois cents experts du secteur financier, a enregistré une soudaine chute, indiquant un optimisme moins important que les mois précédents. Les indices PMI, qui sont composés de l’opinion des directeurs d’achats des entreprises, signalent de même que les carnets de commandes continuent à progresser, mais moins rapidement qu’au printemps.
Il vous reste 45.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.