Archive dans juin 2021

L’Asie de plus en plus chère aux expatriés

« Le Turkménistan a créé la surprise en cette année de Covid : sa capitale, Achkhabad, devient en 2021 la destination la plus chère de l’expatriation devant Hongkong » (Photo : Achkhabad, Turkménistan, mosquée de Turkmenbashi).

Les villes les plus chères pour s’expatrier sont à 60 % en Asie. C’est ce que révèle l’enquête internationale Mercer sur le coût de la vie et du logement pour les expatriés publiée mardi 22 juin. Achkhabad, Hongkong, Tokyo, Shanghaï, Singapour et Pékin sont, dans cet ordre, dans le Top 10 des destinations les plus coûteuses pour la mobilité internationale.

Destinée à aider les grandes entreprises et les gouvernements à adapter la rémunération de leurs expatriés au pouvoir d’achat local, l’enquête réalisée en mars 2021 établit le classement de plus de 200 villes dans le monde, en tenant compte du coût du logement, du transport, de l’habillement, de la nourriture et des loisirs.

Le Turkménistan a créé la surprise en cette année de Covid : sa capitale, Achkhabad, devient en 2021 la destination la plus chère de l’expatriation, devant Hongkong. « La crise économique et sociale combinée au Covid a généré une hyperinflation dans ce pays », explique Jean-Philippe Sarra, responsable conseil mobilité internationale chez Mercer France.

« Le coût de la vie a toujours été un facteur de planification de la mobilité internationale, mais la pandémie a ajouté une toute nouvelle couche de complexité, ainsi que des implications durables liées à la santé et à la sécurité des salariés, au télétravail et aux politiques de flexibilité, entre autres considérations », commente Ilya Bonic, président de l’activité de gestion des talents et responsable de la stratégie chez Mercer.

En Europe, Zurich

La mobilité évolue, précise le cabinet de conseil en ressources humaines, passant des expatriations traditionnelles de long terme à d’autres types de mobilité, tels que les missions de court terme, les recrutements internationaux, les transferts permanents, le télétravail international et le « commuting », à savoir le travail à l’étranger en semaine et le retour dans son pays d’origine le week-end.

Ce mode particulier d’expatriation utilisé en Europe, par exemple en Angleterre, en Suisse ou en Belgique, a été renforcé par la crise sanitaire, « car les expatriés ont souvent préféré partir sans leur famille », explique Jean-Philippe Sarra. En Europe, Zurich reste la destination la plus chère. Les seules villes françaises du classement sont Paris, Lyon et Pointe-à-Pitre.

Hormis la cherté de l’Asie, l’enquête révèle aussi une baisse du coût pour les expatriés aux Etats-Unis, principalement due aux fluctuations monétaires. C’est le cas de New York, Los Angeles, San Francisco, Chicago, Miami, Boston et Washington, entre autres.

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Conditions de travail clémentes, coups de main électoraux… A Marseille, le système de ramassage des ordures craque

Par et

Publié aujourd’hui à 05h00

18 h 45, la chaleur retombe à peine sur Marseille et le bruit des boules claque. L’été revient enfin sur la ville et, avec lui, le plaisir de la pétanque. Devant le dépôt métropolitain de la Cabucelle (15e arrondissement), à une heure des premiers départs, on prend le temps de quelques parties. Ici, c’est le « garage », l’antre des « chauffeurs », une des castes du grand monde de la « collecte ». La plus noble parmi celles qui vont « au mastic », comprendre sur le terrain, pour ramasser les 1 000 tonnes d’ordures produites quotidiennement par les Marseillais. Une centaine de gars qui sillonnent la ville tous les soirs au volant de leurs bennes.

Le ciel tourne à l’orange coucher de soleil et les grands rideaux automatiques qui ferment l’accès au dépôt se lèvent lentement. Ce soir, 27 bennes sortent, en deux fournées : 19 h 30 pour ceux dont les tournées sont les plus éloignées, 20 heures pour les autres. Direction le centre-ville, les secteurs de la Timone, de la Plaine, mais aussi quelques quartiers du 6e arrondissement. Tous seront rentrés chez eux, au plus tard, à minuit. « Vous n’écrivez pas pour les boules, hein ? », s’inquiète un des cadres du site.

On blague autour de la machine à café du dépôt, pendant que les bennes font à tour de rôle le plein d’essence. Mais l’ambiance est lourde chez les héritiers de cette aristocratie ouvrière typiquement marseillaise. A partir du 1er janvier 2022, la Métropole Aix-Marseille-Provence – responsable depuis 2000 du nettoiement de 92 communes, dont celui de la deuxième ville de France – sera contrainte par la loi de transformation de la fonction publique d’appliquer un temps de travail de 1 607 heures par an et par agent (soit 35 heures hebdomadaires). Contre moins de 30 heures par semaine actuellement.

Le crépuscule d’un statut plus qu’avantageux

A l’arrière des bennes, on redoute que l’allongement de la durée du travail s’accompagne de suppression de postes. Et, dans les dépôts, on se prépare à perdre une vingtaine de jours de congé. Certains parlent d’une grève, en septembre. Et ce ne sont pas les discours rassurants des délégués Force ouvrière (FO), dépêchés ces derniers jours sur le terrain par Patrick Rué, l’historique secrétaire général du syndicat majoritaire chez les agents territoriaux de Marseille et de la métropole, qui font redescendre la température… Tout le monde sent que le système, qui, des décennies durant, a garanti aux éboueurs un statut plus qu’avantageux, est en train de craquer.

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L’auto-stage, issue de secours pour les étudiants entrepreneurs ?

Etre à la fois encadré et encadrant, stagiaire et tuteur de stage : cela a l’air d’une blague, mais c’est désormais possible, grâce à une circulaire de la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip), publiée le 15 février et adressée aux chefs d’établissement d’enseignement supérieur.

Dans le cadre d’un volet sur l’assouplissement des conditions de stage en période de Covid-19, alors que les offres ont chuté de 22 % dans le secteur privé en 2020, un paragraphe attire l’attention et crée une nouvelle forme de contrat : l’auto-stage, ou l’« accueil par lui-même d’un étudiant entrepreneur ». « La convention de stage comportera alors comme organisme d’accueil l’entreprise de l’étudiant entrepreneur », précise la circulaire.

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Le fait qu’un étudiant se consacre à son autoentreprise n’est pas nouveau : en général, le stage est remplacé par le statut d’étudiant entrepreneur, créé en 2014, mais demeure peu utilisé car souvent limité aux projets accompagnés par les Pôles étudiants pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite). A l’Ensta, école d’ingénieurs, seuls cinq étudiants sur 220 bénéficient chaque année de ce statut : « On ne peut pas aller au-delà, car c’est un suivi personnalisé qui demande beaucoup d’investissement », explique Didier Lebert, responsable des formations.

« Gratifié au plafond légal »

La circulaire permet alors de flexibiliser et d’élargir le cadre légal. Interrogée, l’Union des autoentrepreneurs « encourage cette démarche d’auto-stage et l’état d’esprit de promotion de l’entrepreneuriat qui préside à cette démarche, à condition qu’il soit encadré afin d’éviter de possibles dérives (faux contrats de travail ou détournement de l’esprit du stage) ».

Avec l’auto-stage, la découverte du monde du travail et l’intégration à une équipe semblent difficiles. Antoine Frankart, consultant en e-sport qui a expérimenté une forme d’auto-stage avant l’heure, en 2009, dans l’informatique, défend son sens : « Quand on est entrepreneur, on doit gérer la comptabilité, le marketing… Il faut passer sa vie à s’autoformer. Pour les gens motivés, ce n’est pas un problème de ne pas avoir de formateur. »

Lire le récit : La « génération Covid », stoppée dans son envol, entre angoisse et résilience

Le texte vire pourtant à l’ubuesque sur la question de la rémunération : « Attention, le stage devra être gratifié au plafond légal pour des questions de couverture accident. » Qui doit donc payer ce stagiaire employé par lui-même ? Lui-même, et c’est obligatoire si la convention s’étend sur plus de deux mois.

Pour l’heure, les exemples concrets sont rares. A l’Ecole polytechnique, aucun élève sur les 550 par promotion n’a ce statut, alors que 3 % des diplômés créent leur entreprise. « Nos élèves trouvent facilement des stages en entreprise, l’assouplissement des stages en distanciel a suffi », justifie-t-on. HEC Paris ne propose pas non plus ce type de stage, et n’a enregistré aucune demande, comme l’Ensta, qui préfère son dispositif.

Didier Lebert voit pourtant d’un bon œil le dispositif, qui pourrait, selon lui, en appeler d’autres après la crise : « Souvent, les étudiants entrepreneurs sont un peu freinés car ils doivent partir en stage. Un tel dispositif permettrait donc d’élargir l’entreprenariat à davantage d’étudiants. »

La grève à Europe 1 reconduite jusqu’à mardi

La grève à Europe 1, qui réunit depuis vendredi toutes les catégories de salariés, a été reconduite pour une durée de vingt-quatre heures, a appris lundi 21 juin l’Agence France-Presse (AFP) auprès de sources concordantes.

La poursuite du mouvement a été décidée à la quasi-unanimité, selon des sources syndicales. Les grévistes réclament, notamment, que Constance Benqué, présidente de Lagardère News, « vienne rencontrer la rédaction le plus vite possible », pour débattre avec elle de la clause de conscience permettant aux journalistes de quitter un titre avec des indemnités en cas de changement de ligne éditoriale, a précisé un gréviste.

Lire aussi Europe 1 : les salariés de la radio se mettent en grève jusqu’à lundi

Climat tendu

Ce mouvement de grève, débuté vendredi, « vise à obtenir de la direction d’Europe 1 l’annulation de la procédure disciplinaire engagée » contre un journaliste de la rédaction, « dernière illustration en date d’un management autoritaire et inadapté à l’œuvre à Europe 1 », expliquent les grévistes.

Le journaliste Victor Dhollande a eu une altercation mercredi 16 juin avec un membre des ressources humaines qui enregistrait clandestinement une réunion des salariés censée faire le point sur la situation de la station et l’influence de Vincent Bolloré, devenu le premier actionnaire de Lagardère chez Europe 1. Victor Dhollande, connu pour « ses élans » mais « unanimement apprécié », a été mis à pied dix jours, jusqu’au 30 juin, avec à la clé un possible licenciement. Malgré la mobilisation en interne, la procédure disciplinaire a été maintenue, la direction invoquant ses comportements antérieurs.

Cette crise éclate dans un climat tendu, au sein d’une rédaction déjà « déprimée » par le plan de départs volontaires engagé au printemps pour supprimer une quarantaine de postes et redresser les comptes de la radio, dont les audiences peinent à remonter. Mais aussi par les synergies que la direction, contrôlée par Vincent Bolloré, veut développer avec CNews, chaîne d’informations conservatrice du groupe Canal+, filiale de Vivendi, comme elle l’a annoncé aux salariés en mai.

Lire la tribune : « A Europe 1, nous refusons de devenir un média d’opinion »

Le Monde avec AFP

Les discothèques pourront rouvrir le 9 juillet, les concerts debout autorisés dès le 30 juin

Devant une boîte de nuit fermée à Sète, en novembre 2020.

Fermées depuis mars 2020, les discothèques françaises pourront rouvrir à partir du 9 juillet, a annoncé lundi 21 juin le ministre chargé des petites et moyennes entreprises (PME), Alain Griset. L’entrée dans ces établissements sera conditionnée à la présentation d’un passe sanitaire (preuve d’une vaccination complète ou d’un test négatif récent).

La capacité d’accueil dans les clubs sera réduite à « 75 % des normes habituelles en intérieur » a déclaré M. Griset lundi, à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec la ministre de la culture, Roselyne Bachelot, et les représentants du secteur. Le masque ne sera pas obligatoire dans les discothèques, mais recommandé.

Lire aussi : Les boîtes de nuit se cherchent un avenir, un an après leurs fermetures

Pour les discothèques, la réouverture du 9 juillet « est une vraie satisfaction » et « le compromis semble acceptable », juge le vice-président du Syndicat national des discothèques et lieux de loisirs, Christian Jouny. « Nous sommes très satisfaits. Le président a su entendre la profession. Il permet enfin à la nuit de revoir le jour. On peut enfin refaire ce métier de fête qui est fantastique. Le public est tellement en attente », a déclaré, pour sa part, Jean-Roch Pedri, gérant de la boîte de nuit VIP Room à Saint-Tropez.

Seul secteur resté fermé depuis le début de la pandémie, soit quinze mois, le monde de la nuit sort d’une « période difficile » pour ses responsables et d’une « longue attente pour les clients », a reconnu le ministre chargé des PME. « Entre le mois de juillet et décembre 2020 », les discothèques représentent « le secteur économique qui a été le plus soutenu avec le fonds de solidarité », et le gouvernement devra « continuer à les accompagner sur le plan financier tant qu’il y aura des mesures sanitaires de contraintes » a fait savoir M. Griset.

Barnums possibles pour se faire dépister rapidement

Le gouvernement a également décidé d’autoriser dès le 30 juin la reprise des concerts debout « avec une jauge de 75 % dans les établissements en intérieur, et jauge de 100 % en extérieur », a déclaré Mme Bachelot.

Le passe sanitaire « ne sera exigé pour les concerts debout qu’au-delà de 1 000 spectateurs attendus », comme c’est le cas actuellement pour tous les spectacles en configuration assise, a-t-elle précisé. Et pour ces concerts demandant le passe sanitaire à l’entrée, « le port du masque ne sera plus obligatoire mais recommandé », a-t-elle ajouté, soulignant que cette décision permettait de « finaliser la reprise des activités culturelles ». Pour les concerts de moins de 1 000 personnes, qui ne seront pas soumis à l’exigence du passe sanitaire, le masque restera toutefois obligatoire, y compris en extérieur.

« La reprise des concerts debout est une bonne nouvelle » pour Aurélie Hannedouche, responsable du Syndicat des musiques actuelles, mais, « pour les festivals prévus d’ici mi-juillet (…), ce sera difficile d’abandonner les gradins », tempère-t-elle auprès de l’Agence France-Presse (AFP).

« Un passe sanitaire ce n’est pas un passe vaccinal, ce n’est pas une obligation vaccinale », a rappelé la ministre de la culture lors de la présentation de ce calendrier. Ce passe est accepté par les professionnels « mais c’est un frein, les gens ne le comprennent pas », a jugé après de l’AFP la responsable du Syndicat national du spectacle musical et de variété (Prodiss), Malika Seguineau. Il s’obtient par la présentation d’une preuve de vaccination complète ou par un test, PCR ou antigénique, négatif au Covid-19.

« Le public est tellement en attente »

« L’idée, c’est de permettre aux jeunes et aux moins jeunes de faire la fête en sécurité », a estimé M. Griset. Pour les concerts comme pour les discothèques, les organisateurs pourront installer des barnums à l’entrée pour permettre aux clients qui n’auraient pas de passe sanitaire de réaliser un test de dépistage rapide, ont souligné les deux ministres.

Les discothèques pourront rouvrir le 9 juillet mais l’accès sera réservé aux porteurs d’un passe sanitaire, avec une jauge de 100 % à l’extérieur et de 75 % à l’intérieur, sans port obligatoire du masque. Un choix que certains décrient dans le milieu médical : « Recommander pour cet été uniquement des discothèques en plein air serait une sage décision, sauf à opter pour l’accès sur passeport vaccinal », estimait dimanche l’épidémiologiste Antoine Flahault sur Twitter.

« A 75 % de la jauge, sans masque, c’est la fête qui enfin peut reprendre ses droits », s’est réjoui Jean-Roch, qui estime le recours au passe sanitaire « légitime ».

Lire le récit : « Parce qu’ils exercent la nuit, on les oublie », cabarets et discothèques crient au secours

Le Monde avec AFP

Plus de 8 000 emplois pourraient disparaître à l’aéroport Toulouse-Blagnac

Vue de l’aéroport Toulouse-Blagnac international, à Blagnac (Haute-Garonne), le 12 mars 2021.

« Nous faisons partie des métiers invisibles », déplore Matthieu Jeandel, vice-président stratégie du groupe Newrest, entreprise toulousaine spécialisée dans la restauration aérienne, dont l’activité a accusé une chute de 82 % entre janvier et mars. « Dans les filières de l’aéronautique et du tourisme, il y a des porte-drapeaux, insiste-t-il, citant la locomotive industrielle Airbus. Et, entre les deux, il y a les métiers de l’aéroportuaire. »

Bagagistes, agents de sécurité, agents de piste ou agents de sûreté composent ce secteur pourvoyeur d’emplois. Une centaine d’entreprises sont installées sur la plate-forme aéroportuaire de Toulouse-Blagnac et emploient 4 500 personnes – sans compter le personnel de la société ATB (Aéroport Toulouse-Blagnac), gestionnaire de l’aéroport. La zone aéronautique et aéroportuaire, qui s’étend bien au-delà de cette plate-forme, compte 1 970 entreprises et 90 000 emplois.

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Mais, avec la crise du transport aérien, c’est tout un écosystème qui tremble. Les restrictions de déplacements et les fermetures des frontières pour enrayer la pandémie ont pesé sur le trafic aérien au premier trimestre. Le sixième aéroport de France tournait au ralenti, avec 19 % d’activité, par rapport à la même période, deux ans plus tôt, et accueillait plus de 409 000 passagers. Or, en 2018 comme en 2019, l’aéroport frôlait les 10 millions de voyageurs sur l’ensemble de l’année.

« On sait déjà que des terminaux ne vont pas rouvrir »

Pour la période estivale, les prévisions sont revues à la hausse. ATB prévoit une reprise du transport aérien à hauteur de 42 %. Pas de quoi rassurer les dirigeants de ces entreprises. « On sait déjà que des terminaux ne vont pas rouvrir », déclare Guy Roulleau, directeur général de Samsic, groupe qui emploie une cinquantaine de personnes chargées, par exemple, de l’enregistrement et du tri des bagages à Toulouse-Blagnac. « Notre pôle aéroportuaire a vu son chiffre d’affaires chuter à 100 millions d’euros en 2020, contre 300 millions en 2019. L’entreprise, aux reins solides, peut soutenir cette filiale, mais cela ne peut pas durer cent ans », prévient-il.

« On ne fait pas la manche. On veut juste être accompagné pour le redémarrage de l’activité », Guy Roulleau, patron de Samsic

« Avec le niveau de reprise envisagé, nous n’aurons pas les volumes d’activité nécessaires pour absorber les charges et relancer l’activité dans des conditions opérationnelles de rentabilité acceptable, regrette Matthieu Jeandel. Nous allons nous retrouver avec − 75 % de chiffre d’affaires, tout en creusant les pertes. Et nous risquons de ne plus être éligibles à l’activité partielle sans reste à charge pour l’employeur. » Car, au 1er juillet, l’attribution de ce dispositif de soutien sera soumise à une baisse d’activité de 80 %. Les dirigeants redoutent alors des conséquences sur l’emploi, estimant que plus de 8 000 emplois seraient alors menacés.

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L’argot de bureau : avec les « 5 S », le rangement, c’est maintenant

Tête en l’air, Pierre n’arrive pas à mettre la main sur cette paire de chaussures super sympa achetée en 2014 et enfilée deux fois. Enfant, il ne rangeait pas sa chambre, et encore hier, il n’arrivait pas à trouver son trousseau de clés et sa carte d’électeur : tout cela ne serait jamais arrivé si Pierre avait eu connaissance des « 5S ».

Les 5S ne sont pas un boys band sorti tout droit des années 1990 : c’est au contraire une méthode qui fait table rase du passé. Cinq « S », pour cinq verbes d’action japonais commençant par cette lettre : cette technique de management vise à améliorer l’espace de travail en l’organisant de manière rigoureuse. Avec une meilleure propreté et sécurité de l’environnement de travail, on se sent mieux, et les salariés sont plus productifs.

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Comme souvent au Japon, le concept managérial sort des usines Toyota des années 1960. C’est un dérivé du « lean management » et du « kaizen », cette philosophie managériale qui vise « l’amélioration continue ». Créés dans des ateliers, les 5S peuvent aussi bien s’adapter dans des bureaux.

Grand tri

Dans le détail, la série de changements débute, justement, par le « seiri » (en français, et pour garder le « s », nous dirons « supprimer ») : c’est un grand tri, où l’on détermine ce qu’il faut garder ou jeter. Des dossiers qui encombrent la vue de Patrick et l’empêchent d’en attraper d’autres ? On les archive. Des pense-bêtes multicolores qui traînent un peu partout sur la table de Sylvie ? On les recycle.

Dans la continuité, vient le « seiton » (« situer ») : on place les outils de travail selon leur fréquence d’utilisation, dans une logique d’optimisation de l’espace et du temps. « Chaque chose à sa place, et une place pour chaque chose », comme le disent l’Ecossais Samuel Smiles (1812-1904) et une cadre du ministère des finances dans L’Auberge espagnole de Cédric Klapisch (2002). Vous êtes gaucher ? Votre mug sera à gauche de votre ordinateur, prêt à être saisi. Les stylos se trouveront dans le pot comportant une grosse étiquette « stylos », histoire de rappeler qu’il ne contient pas d’ustensiles de cuisine.

Dans un atelier d’usine, on organisera l’espace de façon à ce que le transport d’objets lourds à la main soit le plus court possible. L’esprit du « seiton », c’est que l’on sait où se trouve chaque objet de notre quotidien : d’aucuns en auraient bien besoin pour retrouver leurs lunettes…

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« Les départements peuvent agir pour revaloriser l’aide à domicile »

Tribune. Les départements jouent un rôle majeur en matière d’action sociale et de solidarité de proximité. Parmi ces actions, l’aide à domicile permet de soulager les personnes âgées vulnérables et de répondre à une demande de la société : le maintien à domicile le plus longtemps possible, malgré l’avancée en âge.

Alors que les besoins sont grandissants du fait du vieillissement de la population et du nombre, en augmentation constante, de personnes âgées dépendantes (2, 5 millions de personnes, dont 700 000 en perte d’autonomie sévère), le secteur ne parvient pas à recruter, connaît un fort absentéisme, un taux de sinistralité élevé [accidents du travail, maladies professionnelles…] et pâtit d’une image dévalorisée dans l’opinion.

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Les départements attribuent l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), leurs équipes procèdent à l’évaluation de la situation de dépendance des personnes âgées et sont chargées de l’élaboration des plans d’aide. Mais le but à atteindre, à savoir la préservation de l’autonomie des personnes, est perdu de vue, au profit d’une approche purement technicienne et comptable de l’activité. Les moyens adoptés vont à l’encontre des objectifs affichés.

Pour préserver au maximum, et le plus longtemps possible, l’autonomie des personnes, la relation d’aide à domicile suppose de « faire avec » plutôt que « de faire à la place ». Il faut que s’établisse, entre le bénéficiaire et l’intervenante, une relation de confiance, construite sur les échanges, la proximité, le temps passé ensemble. Or, aujourd’hui, ce temps si précieux consacré à l’écoute, au lien social, à l’échange, est occulté au profit d’un temps fragmenté, morcelé et dissolu, jusqu’à des prestations évaluées par les financeurs par quart d’heure ou demi-heure. Les conséquences sont le plus souvent dramatiques pour les personnels, comme pour les bénéficiaires.

Amplitudes horaires élevées

Pour les intervenants, les temps fragmentés ne permettent pas de gagner dignement leur vie : les aides à domicile se déclarent, pour 72 % d’entre elles, à temps partiel, ce qui explique en grande partie des niveaux de rémunération très inférieurs (en moyenne 893 euros) au smic mensuel et des temps de travail hebdomadaire compris entre dix-huit et vingt-quatre heures.

Pour les usagers, ce temps fragmenté est, dans la plupart des cas, terriblement frustrant : « La personne à domicile est, avec le facteur, la seule personne que je vois encore », entend-on très souvent. La dimension affective et relationnelle est occultée au profit d’une approche taylorienne de l’activité.

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Retraites : les partenaires sociaux se penchent sur les comptes d’Agirc-Arrco

Devant une agence Agirc-Arrco, à Lille, le 29 mai 2015.

L’exécutif n’est pas le seul à envisager des mesures d’économies sur les retraites. Lundi 21 juin, les partenaires sociaux, qui gèrent de façon paritaire Agirc-Arrco, engagent des discussions sur l’équilibre financier du système de pension complémentaire des salariés du privé. Le régime, qui verse 85 milliards d’euros de prestation à quelque 13 millions de personnes, a été mis à mal par la récession liée à l’épidémie de Covid-19. Alors qu’ils étaient revenus dans le vert en 2019, les comptes se sont dégradés l’an passé, avec un « résultat global » qui devrait être de l’ordre de – 4 milliards d’euros.

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Ce déficit avait été anticipé peu après le début de la crise, conduisant le conseil d’administration d’Agirc-Arrco à exercer son « devoir d’alerte » en octobre 2020. Prévue dans des accords nationaux interprofessionnels (ANI) de 2017 et de 2019, cette procédure est enclenchée quand les réserves financières de la caisse risquent de représenter moins de six mois de pensions, sur un horizon de quinze ans.

Si ce « ratio de sécurité » n’est plus respecté, les principales organisations patronales et syndicales sont alors invitées à se mettre autour de la table « en vue d’ajuster les ressources ou les charges » du dispositif. C’est donc dans ce cadre que la première séance de négociations se déroule, lundi, les réserves d’Agirc-Arrco (évaluées à 62,6 milliards d’euros fin 2020) étant susceptibles de passer sous le seuil requis durant la décennie à venir.

Le patronat veut limiter les pensions

Les tractations, qui ont été précédées de plusieurs réunions préparatoires, s’annoncent serrées. Car pour reconstituer le « magot » d’Agirc-Arrco, une piste semble être étudiée de près par le patronat : elle consisterait à ralentir la progression des pensions versées, par exemple en les revalorisant en dessous de l’inflation ou en les bloquant temporairement, afin de museler les dépenses. « Les salariés ont plus souffert que les retraités, qui n’ont quasiment pas été impactés par la crise », explique Eric Chevée, vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Sous-entendu : si des efforts doivent être demandés, c’est aux seniors ayant cessé leur carrière d’en faire.

Dans l’entourage de Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, on se montre prudent, en indiquant que la rencontre de lundi est une première étape qui vise à dresser un état des lieux. Agirc-Arrco va, certes, sortir de « la trajectoire imposée [par les ANI] », invoque-t-on, mais « l’écart n’est pas majeur ». Pour autant, « nous ne dérogerons pas aux règles de pilotage stratégique fixées en 2019 ». Autrement dit, pas question de s’éloigner du « ratio de sécurité ». Mais « l’objectif n’est pas de geler les pensions », complète Didier Weckner, le président (Medef) d’Agirc-Arrco.

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Restaurateurs cherchent saisonniers : sur la côte bretonne, « on commence la saison la trouille au ventre »

Une serveuse dans un restaurant parisien, en juin 2021.

Où sont-ils passés ? Alors que les vacances scolaires approchent, marquant le début de « la grosse saison », la question inquiète les restaurateurs et les hôteliers des zones touristiques, nombreux à déplorer une pénurie de travailleurs saisonniers. De La Trinité-sur-Mer à Quiberon en passant par Belle-Ile-en-Mer, des écriteaux fleurissent sur les devantures des établissements : « Recherchons serveur(euse) pour la saison », « Poste à pourvoir immédiatement », « Bonne équipe ».

Cuisiniers, commis, serveurs, plongeurs… Cette année, tous les profils manquent à l’appel. « Dans ce milieu, j’ai connu des hauts et des bas, mais jamais une telle crise », lance mercredi 16 juin Patrice Le Boulch, 58 ans, jetant son regard azur sur sa terrasse fermée. Faute de personnel, le directeur n’a pu ouvrir qu’un seul de ses deux établissements quiberonnais. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie, ce sont entre 100 000 et 140 000 personnes – soit un dixième des employés du secteur – qui ont changé de métier depuis le premier confinement.

Témoignages : Chef de rang, cuisinier ou barman… ils ont choisi de quitter le secteur de l’hôtellerie-restauration

D’après une enquête de Pôle emploi publiée fin mai dans Ouest France, 16 % des offres ayant cours dans le Morbihan concernent le secteur de l’hôtellerie-restauration, ce qui en fait le premier pourvoyeur d’emplois. A la veille de la réouverture des restaurants en salle, Emmanuel Macron avait appelé à la « mobilisation générale » dans le secteur de l’hôtellerie-restauration et lancé un appel à « tous ceux qui sont en recherche d’emploi ».

« Tous en galère »

« Le problème est massif, nous sommes tous en galère », insiste Patrice, qui doit encore embaucher une trentaine de saisonniers s’il veut pouvoir ouvrir ses deux établissements pour la saison. Pour l’heure, il est parvenu à recruter une vingtaine de personnes.

Sur le comptoir de la petite sandwicherie de Thérèse Couvert, le dossier de curriculum vitæ est maigrelet. « D’habitude, j’ai une pile épaisse de CV, ça me laisse l’embarras du choix », témoigne la propriétaire d’une alimentation rapide à Quiberon depuis plus de trente ans. Cette année, elle a reçu seulement cinq candidatures et entame sa saison avec une personne de moins que nécessaire.

Reportage : Soulagés par l’annonce du déconfinement, les professionnels du tourisme breton courent désormais après les saisonniers

Coutumiers du bouche-à-oreille, les professionnels ont dû revoir leur méthode. Annonces Pôle emploi, sites de professionnels, messages Facebook, écriteaux sur les devantures des boutiques constituent autant de moyens pour chercher du personnel.

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