Archive dans mai 2021

L’argot de bureau : l’« onboarding » ou l’accueil des petits nouveaux

« Si l’accueil des nouveaux a toujours existé, l’onboarding est devenu une étape formalisée dans les grandes entreprises, née du constat qu’un mauvais accueil pouvait être fatal au recrutement. »

« Profitez de cette journée d’“onboarding” ! Pour commencer, je vous propose d’“unboxer” [ouvrir] votre welcome pack… » C’est en ces termes que Cédric, le manageur, s’adresse à ses nouvelles recrues. Tous ont entre les mains le kit de bienvenue, qui scelle leur entrée dans l’entreprise : le sacro-saint badge d’accès, le livret d’accueil avec le plan des services, deux masques et une fiole de gel hydroalcoolique, une gourde éco-friendly et un porte-clés décapsuleur de bière, car nous sommes dans une boîte sympa.

« Bienvenue à bord ! », poursuit-il. De nombreuses entreprises recourent à la métaphore maritime, ou spatiale pour les plus audacieux, pour accueillir les nouveaux : elles parlent d’« onboarding », littéralement d’« embarquement ». Si l’accueil des nouveaux a toujours existé, l’onboarding est devenu une étape formalisée dans les grandes entreprises, née du constat qu’un mauvais accueil pouvait être fatal au recrutement. Selon une étude du cabinet Deloitte de 2014, 4 % des nouveaux salariés quittent leur poste après une première journée désastreuse.

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Chez BlaBlaCar, leader du covoiturage, on ne lésine pas sur le programme d’accueil entièrement conjugué en « BlaBla ». Il y a BlaBlaLearn, la bible de l’entreprise, BlaBlaLunch, le déjeuner organisé avec des personnes que l’on ne connaît pas, ou BlaBlaTalk, la mini-conférence d’un chef de service chaque mercredi. Mais avant cela, trois premiers jours d’intégration, qui mêlent successivement visites, cours d’histoire et rencontre des collègues : les « onboarding days ».

Codes et repères

La période d’embarquement vise d’abord à comprendre le fonctionnement de la maison, ses codes, ses repères. Si Claudio sait où se trouve le service informatique, il pourra se débrouiller seul et se sentir intégré. C’est ainsi que l’onboarding, théorisé par les chercheurs américains dans les années 1970, est qualifié de « socialisation organisationnelle ».

C’est aussi l’heure des premiers contacts : « Bonjour, je te présente Farid, il s’occupe du développement Web, Farid voici Carla, elle nous rejoint en CDD aux relations clients ». « Enchantée ! » « A très vite alors ! » Pour éviter que les présentations soient trop superficielles, certaines entreprises nomment des parrains. L’exploration des coursives passe évidemment par le service RH, pour signer quelques papiers.

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Après avoir repéré les services, les bureaux et quelques personnes-clés, il s’agit de se familiariser à la culture et aux valeurs de l’entreprise. C’est un enjeu majeur de l’onboarding : l’acculturation. Dans l’entreprise de vente de chaussures Zappos, au cours du premier mois, le nouvel employé doit choisir dix valeurs qui le représentent, afin de s’assurer que cela correspond à la vision de Zappos. Si cela ne « matche » pas, il peut s’en aller avec 2 000 dollars (environ 1 640 euros).

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Droit du travail : le Conseil d’Etat inflige un revers au gouvernement

C’est une « victoire » et une « grande satisfaction » pour les organisations syndicales qui contestaient une disposition prise par l’exécutif au début de la crise sanitaire. Mercredi 19 mai, saisi par Force ouvrière (FO), Solidaires et le Syndicat des avocats de France (SAF), le Conseil d’Etat a annulé l’article 9 de l’ordonnance du 22 avril 2020 et son décret d’application, en date du 2 mai de la même année. Ils permettaient de réduire temporairement – en l’occurrence pendant quatre mois – le délai de consultation et d’information des élus qui siègent au Comité social et économique (CSE) d’une entreprise.

Les représentants des salariés n’avaient plus que huit jours – contre un mois habituellement – pour se prononcer sur une décision de l’employeur. Ces règles provisoires offraient également moins de temps à un expert pour livrer son avis sur un sujet donné, à la demande du CSE. Etaient exclus les décisions lourdes tel un plan social ou un accord de performance collective. Prévue pour être limitée dans le temps, cette disposition n’est plus en vigueur. Pour le pouvoir en place, il s’agissait de permettre aux entreprises d’affronter plus promptement les conséquences du coronavirus.

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Le Conseil d’Etat ne s’est pas exprimé sur le bien-fondé ou non de raccourcir ces délais mais sur les conditions dans lesquelles ces mesures ont été prises. Elles l’ont été dans le cadre de la loi du 23 mars 2020 d’urgence pour faire face à l’épidémie de Covid-19, qui autorisait l’exécutif à légiférer par ordonnances dans différents domaines qui relèvent normalement de la loi. Or, relève le Conseil d’Etat, « aucune de ces dispositions n’habilitait le gouvernement à réduire les délais d’information et de consultation des [CSE], ni les délais applicables au déroulement des expertises décidées dans le cadre de ces procédures par les comités ». Les dispositions incriminées « méconnaissent le champ de l’habilitation donnée » à l’exécutif, estime la plus haute juridiction administrative.

« Violation de la séparation des pouvoirs »

Selon le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, « cela démontre que les pouvoirs publics feraient mieux d’écouter ce que disent les syndicats et de ne pas surfer sur un affichage de dialogue social ». « Le dialogue social est bien plus efficace que le passage en force », poursuit-il. « C’était profondément scandaleux que le gouvernement profite de l’état d’urgence et de l’impossibilité pour le mouvement social de réagir pour réduire nos droits », considère également Elie Lambert, secrétaire national de Solidaires.

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Procès Terra Fecundis : c’était « “Germinal” dans les exploitations agricoles »

Leur position n’a pas varié d’un iota, après cinq jours de procès et dix années d’enquête : c’est l’« incompréhension totale » face aux charges qui pèsent sur eux. Ces mots-là, MGuy André les a prononcés en concluant une heure et demie de plaidoirie, vendredi 21 mai, devant la sixième chambre correctionnelle du tribunal de Marseille. Ils résument à merveille l’état d’esprit de ses clients et des autres prévenus, mis en cause dans ce que certaines parties civiles ont présenté comme la plus grande affaire de fraude sociale jugée en France.

MAndré défendait deux des principaux protagonistes cités à comparaître : la société de travail temporaire espagnole Terra Fecundis, en tant que personne morale, et l’un de ses dirigeants, Francisco Lopez Pacheco. Les faits incriminés portent – entre autres – sur du travail dissimulé et sur du marchandage de main-d’œuvre en bande organisée : l’entreprise d’intérim se voit reprocher d’avoir mis à la disposition d’agriculteurs français des milliers d’ouvriers originaires, pour la plupart, d’Amérique latine, sans les avoir déclarés comme il fallait et au mépris de plusieurs obligations relatives à la rémunération minimum, aux temps de repos, aux durées maximales d’emploi, etc.

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Ces infractions ont eu pour conséquence de priver notre système de protection sociale de cotisations, à hauteur d’un peu plus de 80 millions d’euros entre début 2012 et fin 2015 – la période retenue par la procédure pénale. Un manque à gagner qui n’inclut pas les pénalités de retard, chiffrées, elles, à une trentaine de millions d’euros.

Conditions de travail inacceptables

Il s’agit d’un « dossier hors norme » dans lequel on a assisté à une « industrialisation de la fraude », selon la formule de Xavier Leonetti. Jeudi, dans son réquisitoire, le procureur a livré une batterie de statistiques impressionnantes sur les performances de Terra Fecundis : en 2011, le prestataire avait fourni à des exploitants établis dans l’Hexagone près de 2 900 salariés, pour cueillir des fruits et des légumes. Quatre ans après, le chiffre avait plus que doublé, atteignant quasi 6 800. Et la dynamique semble s’être poursuivie après 2015, avec un chiffre d’affaires tutoyant les 60 millions d’euros sur certains exercices, d’après les services déconcentrés du ministère du travail.

Dans son intervention, M. Leonetti s’est attaché à démontrer que cette réussite découlait du dévoiement des règles européennes sur le détachement : celles-ci autorisent une entreprise à envoyer du personnel à l’étranger, tout en cotisant à lorganisme de sécurité sociale de l’Etat où elle se trouve. A une condition, toutefois : la mission des collaborateurs « exportés » doit être limitée dans le temps. Or, Terra Fecundis ne se conformait pas à ce cadre juridique, en particulier parce que ses ouvriers étaient employés continûment en France, sur une période de plusieurs mois. Mais, au lieu de s’immatriculer dans notre pays et de régler les contributions dues aux Urssaf, elle a continué de payer ses charges en Espagne, où elles sont moins élevées. Une distorsion en sa faveur lui ayant permis de pratiquer des tarifs inférieurs à ceux de ses concurrents.

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« Patrick Pouyanné, PDG de Total, doit démissionner de son siège au conseil d’administration de l’Ecole polytechnique »

Un collectif de près de 500 anciens élèves de Polytechnique, dans une tribune au « Monde », réclame l’abandon du projet d’implantation d’un centre de recherche de Total au cœur du campus de l’école. Ces anciens élèves estiment que Patrick Pouyanné, PDG du géant pétrolier et membre du conseil d’administration de l’école, a dérogé à l’exemplarité attendue dans un lieu de formation des serviteurs de l’Etat.

Profession artiste : toujours parmi les 15 métiers les plus recherchés en 2021

Après avoir connu une année noire en 2020, les intermittents du spectacle voient de nouveau le marché du travail leur ouvrir grand les bras. C’est du moins l’impression qui ressort de la lecture de la dernière enquête sur les besoins en main-d’œuvre effectuée chaque année par Pôle emploi. Réalisée entre octobre et décembre 2020, lors du deuxième confinement, sa dernière édition a récolté plus de 450 000 réponses. Il s’agit de la plus grande étude menée chaque année sur le territoire national sur les intentions d’embauche des recruteurs.

Malgré l’arrêt quasi total à l’époque de l’activité des établissements culturels, les employeurs sont restés optimistes sur leurs perspectives de recrutement d’artistes en 2021, qui sont comme chaque année dans le top 15 des métiers les plus recherchés, selon cette enquête. 86 300 professionnels de l’animation socioculturelle et 57 300 artistes et intermittents du spectacle sont attendus par les établissements dans les domaines de la musique, de la danse et des spectacles.

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Le gouvernement a décidé de prolonger l’année blanche et les droits à l’assurance-chômage pour les intermittents du spectacle jusqu’en décembre. Si une partie des intermittents renonçait à chercher de nouveaux contrats cette année, une pénurie d’employés dans ces secteurs est-elle imaginable ?

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Les recrutements massifs sont coutumiers dans le secteur de la culture. Cette tendance s’explique par le caractère temporaire des emplois proposés : chez les artistes, autour de 40 % des recrutements sont saisonniers. L’été est la saison des spectacles et celle du pic d’activité pour une bonne partie des intermittents.

Des intentions d’embauche encourageantes

Encore faudrait-il que la reprise se confirme. Les festivals de l’été sont autorisés, mais le gouvernement a déjà annoncé qu’ils devront limiter leur jauge à 5 000 personnes assises. Echaudés par ces restrictions et les incertitudes sanitaires, plusieurs organisateurs ont annoncé qu’ils préféraient annuler l’édition 2021 : en Loire-Atlantique, le Hellfest, un festival de métal qui a accueilli 180 000 spectateurs en 2019, a jeté l’éponge ; les Eurockéennes de Belfort, qui devaient se tenir début juillet, ont également été annulées. Et la liste des défections est longue.

Ces intentions d’embauche encourageantes cachent en fait des perspectives d’emploi en baisse par rapport à l’avant-crise. Si les artistes sont, sur le papier, au nombre des professions les plus recherchées en 2021, c’est aussi l’un des métiers qui enregistre une des plus fortes baisses en termes d’intentions d’embauche par rapport à 2019 (- 12,2 %). C’est également l’une des professions « où la difficulté de recrutement est la plus faible (7,5 % des projets) », note l’étude de Pôle emploi. Les offres d’emploi sont nombreuses, mais les candidats postulent en masse.

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A Périgueux, mission insertion pour les jeunes d’outre-mer

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Publié le 21 mai 2021 à 13h00, mis à jour à 11h41

Le 6 avril, à la gare de Périgueux, trois Polynésiens d’une vingtaine d’années posent leurs baluchons sur le quai déserté. Le vent siffle sur les rails, tous relèvent leur capuche sur des crânes rasés de près. Lorsque le train repart, les silhouettes ont déjà disparu dans le souterrain qui relie les quais. Assis à l’arrière d’une estafette, les Tahitiens ne semblent pas voir la cathédrale Saint-Front et ses coupoles aux faux airs byzantins. Le ciel gronde, ils sont ailleurs, rêveurs ou fatigués.

La navette franchit les berges de l’Isle et rejoint leur caserne dans le quartier Daumesnil. Installé sur l’ancien site du 5e régiment de chasseurs à cheval, le centre de formation du service militaire adapté (SMA) sera pour les huit prochains mois la maison des trois garçons. Là, ils vont retrouver des recrues venues de Martinique, de Guyane, de Nouvelle-Calédonie ou de La Réunion. Engagés volontaires, ces jeunes ultramarins sont venus apprendre un métier. Dans l’Hexagone et sous l’autorité militaire.

Le lendemain, à 8 heures sonnantes – 21 heures à Papeete –, les trois Polynésiens aux yeux embrumés sont au garde-à-vous dans la cour d’honneur au moment où sont hissées les couleurs. Certains engagés portent le treillis réglementaire, d’autres un survêtement siglé « Troupes de marine ». Plus ou moins concentrés, plus ou moins droits, tous écoutent le chef de bataillon Laurent Chouilly, commandant du centre de formation : « On m’a rapporté un peu de tension entre certains ces derniers jours. Je vous rappelle nos cinq règles d’or. Etre à l’heure, être en uniforme, respecter la sécurité, respecter son chef, travailler en équipe. J’attends de chacun de vous qu’il suive ce que dit son chef de ­section et son formateur. »

Après l’appel, quelques-uns traînent avant de rejoindre les ateliers : au rez-de-chaussée, les élèves en électricité, à l’étage les futurs frigoristes. L’un après l’autre, les stagiaires tout juste débarqués des départements et régions d’outre-mer (DROM) sont convoqués dans le bureau du chef de section. Les demandes fusent : « Nom, prénom, situation de famille, diplômes, motivation, addiction à l’alcool ou à la drogue… » A la question « Quelles sont tes principales qualités ? », un jeune répond : « Je suis à l’heure, assidu et autonome, mon adjudant… C’est déjà pas mal tout ça, non ? » A sa suite, un Tahitien admet avoir deux problèmes : « La ponctualité et la bière. »

Une école de la deuxième chance

Créé il y a tout juste soixante ans à destination des Antilles et de la Guyane, le SMA, qui forme 6 000 personnes par an, est un point de rencontre entre la société civile et l’institution militaire. « Pour postuler, il faut être âgé de 18 à 25 ans, être considéré comme éloigné de l’emploi et être en capacité de vivre en collectivité », explique le chef de bataillon.

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Réforme de l’assurance-chômage : les réserves de Muriel Pénicaud

L’ancienne ministre du travail, Muriel Pénicaud, à Matignon, en avril 2019.

La réforme de l’assurance-chômage n’en finit pas de causer des contrariétés à Elisabeth Borne. Cette fois-ci, c’est la prédécesseure de la ministre du travail qui en est à l’origine. Lancée dans une campagne de promotion pour son livre, Pousser les murs (L’Observatoire, 352 pages, 21 euros), Muriel Pénicaud vient de laisser entendre que la temporalité choisie pour transformer le régime d’indemnisation des demandeurs d’emploi n’était pas forcément la bonne, les nouvelles dispositions devant entrer en vigueur à partir du 1er juillet, en plusieurs étapes.

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De la part de celle qui avait conçu, en 2019, la réforme incriminée, dans sa première version, ces déclarations constituent une pierre de plus dans le jardin de Mme Borne, qui s’ajoute à celles déposées par les syndicats. Vendredi 21 mai, plusieurs organisations de salariés, parmi lesquelles la CFDT, la CFE-CGC, la CGT, FO, devaient confirmer, séparément mais de façon coordonnée, qu’elles avaient saisi le Conseil d’Etat pour contester les règles introduites par un décret du 30 mars. Des règles qui durcissent les conditions d’accès au dispositif et les modalités de calcul de la prestation.

A deux reprises, Mme Pénicaud est revenue sur le sujet ces derniers jours. Mercredi 19 mai, sur Paris Première, celle qui est aujourd’hui la représentante de la France à l’OCDE a rappelé que, lorsque la réforme avait été présentée, il y a deux ans, les indicateurs étaient « au vert ». Une réflexion déjà présente dans l’ouvrage qu’elle vient de publier. « Quand on est en croissance et que l’on s’approche du plein-emploi, ce n’est pas la même chose que quand on est dans une crise comme aujourd’hui où il y a beaucoup d’incertitudes », a-t-elle développé.

L’exécutif a revu sa copie

Selon elle, « les systèmes d’assurance-chômage doivent tenir compte des contextes » et « le gouvernement a d’ailleurs modifié ce qui était prévu ». Une allusion au fait que, après avoir repoussé l’application des mesures les plus contestées en raison de la crise, l’exécutif a revu sa copie sur plusieurs points-clés : ainsi, les baisses du montant mensuel de l’allocation seront, en moyenne, moins importantes, par rapport à celles qui auraient découlé des dispositions prises en 2019, pour les demandeurs d’emploi alternant petits boulots et périodes d’inactivité.

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Jeudi, sur RTL, l’ex-ministre du travail a tenu des propos qui laissaient entrapercevoir des états d’âme sur ce dossier. D’abord, elle a indiqué que « de façon générale [elle] ne commente pas » l’action du gouvernement, sans doute pour signifier que sa fonction à l’OCDE l’oblige à une certaine retenue. Ce qui ne l’a pas empêchée ensuite de souligner qu’il y a « des discussions en cours » entre le pouvoir en place et les partenaires sociaux, et qu’« il faut continuer à discuter puisqu’il faut vraiment qu’une réforme de l’assurance-chômage soit adaptée à un contexte ».

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Dans la Sarthe, l’ancienne papeterie d’Arjowiggins va fabriquer des gants chirurgicaux

Le président de la République, Emmanuel Macron, lors de sa visite à l’usine Kolmi-Hopen de Saint-Barthélemy-d'Anjou (Maine-et-Loire), le 31 mars 2020.

Ce sont deux histoires industrielles qui, au bout du compte, finissent par se rejoindre. D’un côté, celle du fabricant de masques chirurgicaux Kolmi-Hopen, en difficulté au mitan des années 2010, mais qui se trouve aujourd’hui dopé par la crise sanitaire due au Covid-19 ; de l’autre, celle d’Arjowiggins, dont la papeterie de Bessé-sur-Braye (Sarthe) a été liquidée en mars 2019, laissant du même coup 568 salariés sans emploi.

Le premier connaît depuis un an une activité exponentielle. La production de l’usine de Saint-Barthélemy-d’Anjou, dans le Maine-et-Loire, est ainsi passée de 300 000 masques par jour avant l’épidémie à 3 millions aujourd’hui. Elle fonctionne désormais en continu, vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Un deuxième site a même dû être ouvert de l’autre côté d’Angers, à Beaucouzé, en juillet 2020, portant l’effectif total à 260 personnes.

Lire le reportage : Coronavirus : à Saint-Barthélemy-d’Anjou, les rotatives crachent des masques à la chaîne

Ce regain de santé se matérialise à travers un nouveau projet qui vise à fabriquer des gants chirurgicaux. Kolmi-Hopen vient en effet de remporter l’appel d’offres lancé par le Réseau des acheteurs hospitaliers et s’apprête à investir 40 millions d’euros pour produire plus de deux milliards d’unités par an. Et c’est l’ancienne usine sarthoise d’Arjowiggins qui a été choisie pour accueillir cette production, après avoir été mise en balance avec celle du fabricant de pneus Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais), fermée en septembre 2020.

« La marche à franchir est assez réduite »

« Ce qui a fait la différence, ce sont les caractéristiques techniques du site. Le bâtiment était mieux adapté et les délais pour obtenir les autorisations plus courts. On pouvait démarrer de manière sécurisée dès 2022 », se réjouit Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l’industrie. L’Etat va financer le projet à hauteur de dix millions d’euros. Quant à la région Pays de la Loire, elle apportera cinq millions.

Le directeur général de Kolmi-Hopen, Gérald Heuliez, juge qu’il lui faudra de 150 à 200 salariés pour lancer la production de gants, et même 300 à terme

La présidente du conseil régional, Christelle Morançais (Les Républicains), est, elle aussi, soulagée par cette perspective. « 60 % des salariés d’Arjowiggins n’ont toujours pas retrouvé d’emploi », explique l’élue de la Sarthe, candidate à un nouveau mandat aux élections des 20 et 27 juin. Des formations seront proposées à ces demandeurs d’emploi afin de leur permettre d’intégrer le projet. « La marche à franchir est assez réduite. Les anciens d’Arjowiggins sont a priori qualifiés, et ils connaissent le site. Sincèrement, je ne suis pas inquiète sur la capacité de Kolmi-Hopen à mettre en place des passerelles éventuelles », observe Mme Pannier-Runacher.

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