Travailler 98 heures par semaine chez Goldman Sachs
Les banquiers d’affaires savent manier le PowerPoint. En février, un groupe d’analystes fraîchement embauchés au sein de la banque d’investissement Goldman Sachs a préparé un diaporama de onze pages, sobrement intitulé « Enquête sur les conditions de travail », pour contester, graphiques à l’appui, les heures sans fin passées à travailler et les répercussions sur leur santé.
Le document a d’abord été présenté à la direction de la banque, avant de circuler sur les réseaux sociaux. L’enquête n’a sondé que treize salariés dans leur première année chez Goldman Sachs, mais leurs réponses, stupéfiantes, sont de nature à faire bouger les lignes.
A la question : « Combien d’heures avez-vous travaillé cette semaine [prenant fin le 13 février] ? », la réponse est : cent cinq heures. Et, en moyenne, depuis le mois de janvier ? Quatre-vingt-dix-huit heures par semaine. Ces analystes dorment, en moyenne, cinq heures par nuit et vont se coucher à 3 heures du matin. Ils sont 77 % à estimer avoir été « victimes d’abus professionnel ». Sur une échelle de 1 à 10, les banquiers interrogés évaluent leur santé mentale à 2,8 (contre 8,8, avant de travailler pour la firme de Wall Street) et leur santé physique à 2,3.
« Nous sommes là pour vous soutenir et vous guider »
La présentation reprend également des citations anonymes des treize personnes interrogées, telles que : « Le fait d’être au chômage m’effraie moins que ce que mon corps pourrait subir si je continue à travailler. » Ces témoignages n’ont rien d’anodin dans ce monde de la banque d’investissement, marqué, en 2013, par la mort d’un jeune employé de la Bank of America Merrill Lynch, Moritz Erhardt, âgé de 21 ans. Il arrivait à la fin d’un stage de sept semaines à Londres lorsqu’il s’est effondré chez lui après avoir travaillé soixante-douze heures d’affilée. « Esclavage à la City », avait alors titré le quotidien The Independent.
« Les analystes en banque d’investissement travaillent environ quatre-vingts heures par semaine », peut-on lire sur le site de la communauté financière Wall Street Oasis
Ce rythme de travail aberrant concerne une bonne partie de la profession. « Les analystes en banque d’investissement ont de longues journées de travail. Bien que ces heures varient, elles s’élèvent généralement à environ quatre–vingts heures par semaine », peut-on lire sur le site de la communauté financière Wall Street Oasis.
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