Archive dans janvier 2021

Salaires : en 2021, certains cadres échapperont à l’austérité

Après des années d’euphorie sur le marché de l’emploi des cadres, 2021 sera-t-elle celle de la gueule de bois ? A en croire l’étude annuelle de rémunération par le cabinet de recrutement Robert Walters, dévoilée le 19 janvier, seulement 26 % des cadres interrogés s’attendent à obtenir une augmentation cette année, contre 73 % un an plus tôt. Un pessimisme légitime, au vu des résultats de cette enquête, à laquelle ont répondu plus de 1 300 cadres et 250 employeurs en France fin 2020 : « On évoque une année blanche pour la majorité, avec des augmentations de l’ordre de 1 % », indique Coralie Rachet, la directrice générale de Robert Walters France. Un taux à peine supérieur à celui de l’inflation.

Dans l’immobilier, le tourisme, bien sûr, ou encore les transports, les cadres vont globalement devoir se serrer la ceinture. Mais tous les profils ne seront pas logés à la même enseigne : « Cette crise n’a pas ralenti autant la demande de talents qu’elle l’a fait dans les crises précédentes », constate Antoine Morgaut, PDG Europe, Moyen-Orient, Afrique & Amériques chez Robert Walters. Structurelle, la « guerre des talents », se poursuit. Coralie Rachet parle de « marché incroyablement résilient », avec des disparités très fortes entre les secteurs, mais aussi selon la stratégie des dirigeants : « Il y a une prise de conscience que pour rester compétitif, il fallait préparer la reprise. »

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La crise permet à certains profils experts de tirer leur épingle du jeu. Y compris dans les secteurs en souffrance, qui doivent faire fructifier « leurs gisements de productivité ». Dans l’industrie, par exemple, les directeurs de la performance industrielle ou hygiène sécurité et environnement s’arrachent. De même que les responsables achats indirects ou exploitation logistique, ces profils pourront négocier des augmentations dépassant 10 %.

Le cas par cas est plus que jamais d’actualité

Alors que la trésorerie des entreprises est au centre de toutes les préoccupations, les directeurs administratifs et financiers sont en position de force pour négocier une hausse de leur salaire, ainsi que les directeurs du contrôle de gestion. Avec la transformation du système d’information des entreprises, les data scientists et les spécialistes de la cybersécurité demeurent très recherchés. De même pour les spécialistes du règlement européen de la protection des données, les directeurs juridiques et les avocats en droit social qui bénéficient du contexte de judiciarisation de l’économie.

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Début d’un nouveau cycle de discussions avec les partenaires sociaux, en pleine crise sanitaire

Les organisations patronales et syndicales ont commencé, jeudi 21 janvier, à être reçues par le premier ministre, Jean Castex, dans le cadre d’un nouveau cycle de concertations visant à préparer la troisième « conférence du dialogue social » prévue en mars.

Des réunions de travail qui ont lieu dans un contexte sanitaire et économique de plus en plus difficile, ce que les responsables syndicaux ne manqueront pas de rappeler à l’exécutif. Tout en répondant à ces préoccupations, Matignon espèrent aussi esquisser l’avenir des grandes réformes (mises en suspens par la situation sanitaire) qu’il entend faire avancer en 2021.

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a été la première reçue, jeudi. Son président, François Asselin, a déclaré que le premier ministre avait l’air « plutôt convaincu » par sa proposition de « prêt de consolidation » visant à regrouper toutes les dettes d’une entreprise pour les étaler sur une durée maximale de dix ans.

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« Qu’est-ce qu’on fait pour arrêter ces vagues de licenciements ? »

Laurent Berger (Confédération française démocratique du travail, CFDT) sera le premier dirigeant syndical reçu vendredi, avant François Hommeril (Confédération française de l’encadrement – Confédération générale des cadres, CFE-CGC). « L’agenda social est très tendu (…). L’idée, c’est peut-être un peu de sélectionner les urgences, ce qui pour nous fait priorité », a-t-il déclaré.

Yves Veyrier (Force ouvrière, FO) entend avant tout répéter « qu’il va falloir être attentif sur le comportement des entreprises » qui ont bénéficié d’aides publiques, et que la réforme de l’assurance-chômage est « par essence erronée ». Il est rejoint par son confrère de la Confédération générale du travail (CGT), Philippe Martinez, pour qui il faut « annuler » cette réforme qui doit en principe entrer en vigueur le 1er avril.

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Sur Sud Radio, M. Martinez a estimé qu’il « était temps » d’organiser une telle rencontre avec le premier ministre « puisqu’on parle beaucoup de concertation », plaidant qu’« il ne faut pas que ce soit que des mots ».

« Je vais lui dire : qu’est-ce qu’on fait pour les “deuxièmes lignes”, qu’est-ce qu’on fait pour arrêter ces vagues de licenciements, qu’est-ce qu’on attend pour conditionner les aides publiques, des choses très concrètes, qu’est-ce qu’on fait pour la jeunesse ? »

Samedi 23 janvier, une manifestation nationale contre les licenciements doit se dérouler à Paris à l’appel du syndicat CGT du voyagiste TUI. Trois jours plus tard, ce sont les enseignants qui sont appelés à cesser le travail. Enfin, le 4 février, une journée de mobilisation interprofessionnelle est organisée par la CGT, l’Union syndicale Solidaires, la Fédération syndicale unitaire (FSU) et des organisations de jeunesse.

Autre point de discorde, la réforme des retraites, officiellement suspendue, mais dont le retour provoquerait à coup sûr une mobilisation. « La réforme des retraites, laissez tomber ! Ce serait une grave erreur », a lancé M. Veyrier, pour qui les emplois des travailleurs dits de « deuxième ligne » doivent être « au cœur du plan de relance ».

Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, plaide régulièrement les bienfaits de cette réforme. Il a répété, la semaine dernière, qu’elle était nécessaire car, « malheureusement, la France aujourd’hui, collectivement, ne travaille pas suffisamment pour financer son système de protection sociale et surtout financer le niveau de vie de nos enfants et nos petits-enfants ».

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Le Monde

KLM compte supprimer de 800 à 1 000 emplois supplémentaires

Des avions sous pavillon KLM, le 2 avril 2020.

Six mois après avoir annoncé la suppression de 5 000 emplois, la compagnie aérienne néerlandaise KLM veut supprimer de 800 à 1 000 emplois supplémentaires. La branche néerlandaise d’Air France-KLM justifie ces suppressions d’emplois par la crise que traverse le secteur du fait de l’épidémie de Covid-19, a annoncé la compagnie, jeudi 21 janvier, dans un communiqué.

« KLM se voit dans l’obligation d’ajuster d’avantage la taille de l’entreprise », écrit la compagnie néerlandaise. « La réalité est que la relance prend beaucoup plus de temps que prévu, en particulier sur les destinations long-courriers, notamment en raison des restrictions internationales de voyage, récentes ou encore en cours », a-t-elle ajouté. « Cela veut dire que KLM doit encore supprimer 800 à 1 000 emplois supplémentaires. »

Il s’agit, selon la compagnie, de 500 postes de personnel de cabine, 100 postes d’équipage de cockpit et entre 200 et 400 postes de personnel au sol.

3,4 milliards d’euros d’aide du gouvernement néerlandais

Cité dans le communiqué, le PDG de KLM, Pieter Elbers, a déclaré que les récentes restrictions annoncées par le gouvernement néerlandais sur les vols vers les Pays-Bas « s’ajoutent » aux problèmes de la compagnie aérienne, sans pour autant être la cause directe des nouvelles suppressions d’emplois.

Les mesures comprennent une interdiction des vols vers les Pays-Bas depuis la Grande-Bretagne, l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud. Selon les médias néerlandais, KLM a également été contrainte de suspendre certains itinéraires long-courriers car de nouveaux tests Covid-19 obligatoires annoncés par le gouvernement néerlandais rendraient difficiles les déplacements de ses équipages.

En 2020, KLM a enregistré d’énormes pertes, en dépit d’un soutien du gouvernement néerlandais à hauteur de 3,4 milliards d’euros. Afin d’obtenir l’aide du gouvernement, les pilotes de la compagnie avaient été contraints en novembre d’accepter une réduction de leur salaire sur les cinq prochaines années.

Le Monde avec AFP

Risque de pénurie de Carambar en raison d’un conflit social dans le Nord

Et si les Carambar disparaissaient momentanément des rayons des supermarchés ? Ce n’est pas une blague, mais bien la conséquence d’une dizaine de journées de débrayage entamées depuis la mi-novembre 2020 par une grande partie des 114 salariés de l’usine Carambar de Marcq-en-Baroeul, dans le Nord. « La semaine dernière, on devait sortir 120 tonnes de marchandises, on en a fait que 12, explique Fayçal Rahali, délégué SUD. Ralentir la production, c’est le seul levier qui nous reste face à la direction. »

Début novembre, le groupe Carambar & Co (marques Lutti, Poulain, Krema, Michoko, Suchard, Malabar…) a annoncé le déménagement de l’usine vieillissante de Marcq-en-Baroeul à 8 kilomètres de là, dans le site Lutti, à Bondues, où travaillent déjà 300 salariés. Objectif de l’entreprise française, créée lors du rachat de la marque par la société d’investissement Eurazeo en 2017, améliorer la « compétitivité » du premier producteur de confiserie français.

C’est à Bondues que sont notamment produits certains bonbons stars du marché français comme les Arlequin, Bubblizz ou Koala. Le PDG de Carambar & Co, Thierry Gaillard, a assuré aux représentants syndicaux que le déménagement et la fermeture de l’usine de la rue de la Chocolaterie se feraient sans suppressions d’emplois : 105 postes seront proposés à Bondues pour les 114 CDI salariés de Marcq, et 10 postes (pour les non ouvriers) en reclassement sur les cinq autres sites du groupe.

« Nous allons perdre en moyenne 22 % de notre rémunération »

« Le déménagement ne nous pose pas de problème, mais la perte de salaire, si ! Ils ferment l’usine, ils nous licencient, puis nous reprennent à Bondues en supprimant une partie de nos primes. Nous allons perdre en moyenne 22 % de notre rémunération, détaille David Poure, délégué FO, syndicat majoritaire dans l’usine marcquoise, construite en 1899, rue de la Chocolaterie. On a entrepris une médiation avec la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi, qui a admis que ce n’était pas possible de nous baisser ainsi nos salaires. »

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Le PDG a fait savoir que son groupe était sur un marché compliqué, concurrentiel, en déclin depuis deux ou trois ans. A La Voix du Nord, il a précisé : « Nous faisons des économies d’échelle en regroupant tout sur un même site. Rappelons-nous qu’en d’autres temps, d’autres actionnaires parlaient de délocalisation en Pologne ou en Turquie… » Les salariés mettent eux en avant le bon chiffre d’affaires de leur entreprise : 330 millions d’euros pour une production annuelle de Carambar de 7 500 tonnes, soit plus de 80 000 kilomètres de barres au caramel et cacao, ou aux fruits produits chaque année.

Avec ses collègues réunis autour de pneus enflammés déposés devant l’entrée de l’usine marcquoise, Fayçal Rahali prévient : « On est prêts à faire des concessions, mais on gagne en moyenne 1 550 euros nets par mois, alors notre seule arme pour négocier, c’est de sortir le moins possible de Carambar, Michoko et Gom’s de l’usine. » L’approvisionnement en lait et graisse a été bloqué jusqu’à lundi par les grévistes. « A ce rythme, ajoute-t-il, il sera bientôt plus facile de trouver une PlayStation 5 que des Carambar… »

Inégalités salariales entre les femmes et les hommes : des propositions pour améliorer l’index d’égalité professionnelle

Créé en septembre 2018, l’index d’égalité professionnelle a mis sous tension les entreprises sur la question des écarts salariaux entre les femmes et les hommes. Mais cet instrument peut encore être amélioré si l’on souhaite combattre une injustice qui persiste, envers et contre les lois adoptées en la matière depuis près de cinquante ans. C’est, en substance, le constat dressé dans une note que le cercle de réflexion Terra Nova, de sensibilité sociale-démocrate, a rendu publique, jeudi 21 janvier. Plusieurs préconisations concrètes sont formulées dans le but d’aiguillonner les patrons.

Tous les ans, les sociétés d’au moins 50 personnes sont tenues de calculer et de communiquer leur index de l’égalité femmes-hommes. Celui-ci est déterminé à partir de quatre indicateurs : l’écart des rémunérations, les disparités dans les augmentations individuelles, le nombre de salariées augmentées à leur retour de congé maternité, la parité parmi les dix plus hautes rémunérations. Un cinquième paramètre est ajouté pour les entreprises comptant plus de 250 travailleurs : la répartition des promotions, en fonction du sexe.

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Sur cette base, une note, pouvant aller jusqu’à 100 points, est attribuée aux entreprises. Si elle est inférieure à 75, l’employeur doit arrêter des « mesures correctives » dans un délai de trois ans afin de se hisser au moins à ce seuil. Sinon, il s’expose à des sanctions financières pouvant représenter jusqu’à 1 % de la masse salariale. L’objectif est de respecter un principe posé en 1972 par la loi : « A travail égal, salaire égal. » Dans les faits, on en est encore très loin : les femmes gagnent 9 % de moins que les hommes, en travaillant autant qu’eux, sur des postes équivalents et avec un niveau de compétences identique.

« Défaut de transparence »

L’instauration de l’index « est à saluer », car elle permet de passer à « une obligation de résultats », estime Kenza Tahri, l’auteure de la note. Grâce à ce dispositif, ajoute-t-elle, « une réelle dynamique d’amélioration » s’est produite dans les entreprises. Chez celles qui ont au moins 1 000 salariés, la note moyenne « est passée de 83 à 87,4 points (…) en un an ». La publication du nom de mauvais élèves « a joué un rôle puissant d’incitation et d’entraînement » parmi des dirigeants de sociétés soucieux de soigner leur réputation.

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Mais un score satisfaisant ne constitue pas « un gage d’exemplarité », d’après l’étude de Terra Nova, qui met en exergue plusieurs limites. Ainsi, l’indicateur lié à l’écart de rémunération repose sur des postes « considérés en équivalents temps plein », ce qui signifie que les temps partiels ne sont pas pris en compte, souligne Mme Tahri. Or, les personnes qui font moins de 35 heures par semaine sont, « dans 85 % des cas », des femmes. Tel qu’il est construit, l’index contribue « à effacer des différences structurelles parce que l’on sait que le temps de travail compte pour beaucoup dans la fabrique des inégalités de rémunération entre hommes et femmes ».

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« L’enseignement désincarné est un simulacre »

Alors que débute le second semestre universitaire, élèves et enseignants vivent leur première rentrée en « distanciel ». Mais sans la dimension charnelle de l’expérience pédagogique, l’enseignement est dénaturé, déplore, dans une tribune au « Monde », Céline Letemplé, professeure d’anglais.