Archive dans 2020

« Une crise comme aucune autre », les prévisions alarmistes du FMI

De gauche à droite et de haut en bas : la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du Parlement européen, David Sassoli, le commissaire européen à l’économie, Paolo Gentiloni, la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, et le premier ministre italien, Giuseppe Conte, discutent de la situation économique en Europe, par visioconférence, le 13 juin.

Le retour de la foule dans les bars et les restaurants, les frontières qui réouvrent progressivement, la saison touristique qui approche… Il ne faut pas se fier à ces quelques signes extérieurs d’un faux retour à la normale, selon le Fonds monétaire international (FMI), qui publie ses prévisions alarmistes, mercredi 24 juin. Le recul du produit intérieur brut (PIB) pour le monde atteindrait 4,9 % en 2020, selon son rapport. Du jamais-vu. « C’est une crise comme aucune autre », note le FMI.

Cette prévision est bien pire que celle réalisée en avril par l’institution de Washington, qui prévoyait alors un plongeon de 3 % du PIB, ce qui constituait déjà une chute sans précédent. Pour rappel, la récession mondiale de 2009, qui était alors la pire depuis soixante-dix ans, avait été de – 0,1 %.

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« La pandémie du Covid-19 a eu un impact plus négatif que prévu sur l’activité économique au premier semestre, et le retour de la croissance sera plus graduel qu’anticipé », résume l’institution. L’Europe est de loin la région la plus touchée, puisque c’est là que le confinement a été le plus sévère. En zone euro, la chute du PIB devrait être de 10,2 % en 2020. L’Italie et l’Espagne (– 12,8 %) mais aussi la France (– 12,5 %) sont les pays les plus touchés, avec le Royaume-Uni (– 10,2 %). En Allemagne, le PIB devrait reculer de 7,8 %. Tous ces chiffres sont, là encore, sans précédent.

La Chine échapperait à la récession

Côté américain, les Etats-Unis, où le confinement a été un peu moins sévère et uniforme, devraient connaître une baisse du PIB de 8 %. En Amérique latine, où le virus continue à se répandre et où la pandémie n’est pas maîtrisée, les prévisions sont catastrophiques pour le Mexique (– 10,5 %) et le Brésil (– 9,1 %). L’un des seuls pays qui devrait éviter la récession est celui d’où est partie la pandémie. Le FMI table en effet sur une croissance minimale, de 1 %, pour la Chine.

Pourquoi cette aggravation des prévisions du Fonds monétaire international, seulement deux mois après un rapport déjà alarmiste ? L’argumentation tient en trois étapes.

D’abord, l’impact de la fermeture presque intégrale de certaines économies a été pire qu’anticipée. Ensuite, le retour à la normale va être plus long que prévu. Difficile d’imaginer des salles de cinémas pleines, des restaurants combles, des avions bondés. « La distanciation sociale va persister au second semestre », note le FMI. Par ailleurs, dans les pays où la pandémie n’est pas maîtrisée, de nouvelles mesures de confinement seront sans doute inévitables. Bref, la demande n’est pas prête de revenir à son niveau d’avant la pandémie.

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L’Etat veut marier l’acier nordiste d’Ascoval et les rails mosellans de Hayange

Devant l’usine Ascoval de Saint-Saulve (Nord), le 22 mai 2019.

Dans un paysage de la sidérurgie européenne bouleversé par la pression des pays émergents et la crise sanitaire, le gouvernement cherche à marier deux sites importants pour assurer leur avenir dans des régions durement touchées par la désindustrialisation : l’usine Ascoval, qui produit de l’acier à Saint-Saulve (Nord), et le laminoir de Hayange (Moselle), qui fabrique des rails pour plusieurs gestionnaires de réseaux ferroviaires, dont celui de la SNCF. Le ministère de l’économie et des finances se donne quelques semaines pour choisir le candidat à la reprise. Et clore ainsi un dossier vieux de plusieurs années.

Trois repreneurs sérieux sont sur les rangs : ArcelorMittal France, dont l’histoire est ancrée dans l’Hexagone ; Liberty Steel, propriété de l’homme d’affaires anglo-indien Sanjeev Gupta, qui exploite notamment une importante usine d’aluminium (ex-Pechiney) à Dunkerque (Nord) ; et le groupe chinois Jingye, repreneur, en mars, des actifs de British Steel en faillite. Mais celui-ci n’avait pas obtenu son usine de Hayange, présentée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, comme un « actif stratégique » en raison de sa place de principal fournisseur de SNCF Réseau.

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Hayange, qui dispose d’un solide carnet de commandes, est donc à vendre. Tout comme l’usine d’Ascoval, passée entre diverses mains depuis sa cession par Vallourec, en 2016, et désormais détenue par le fonds britannique Greybull Capital, qui veut le sortir de son portefeuille. En novembre 2019, M. Le Maire avait préfiguré ce rapprochement en annonçant que Saint-Saulve fournirait durant quatre ans, à partir de septembre, 140 000 tonnes par an de blooms rectangulaires (barres d’acier) pour la production de rails à Hayange. Un contrat global bienvenu de 47 millions d’euros.

Faire aboutir le dossier avant la fin des vacances

Le gouvernement souhaite faire aboutir le dossier avant la fin des vacances pour que la nouvelle entité puisse fonctionner dès la rentrée. Reste, évidemment, à trouver le meilleur repreneur. Recalé une première fois, le groupe chinois ne semble pas le mieux placé. Une source proche du dossier souligne l’opacité des financements de Jingye, le profil de son patron, ex-cadre du Parti communiste, et l’incertitude sur les motivations d’une entreprise qui a néanmoins pignon sur rue : est-ce pour contourner les quotas d’importation d’acier dans l’Union européenne qu’il a cette fringale d’acquisitions sur le Vieux Continent, alors que les aciéristes chinois inondent le monde d’une production très compétitive ?

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Des congés d’été a minima

« Les scénarios sont très différents d’une entreprise à l’autre, mais concrètement l’heure est à la réduction des congés d’été, pris de préférence par roulement. »

Carnet de bureau. Les congés d’été, passés de deux à cinq semaines en 1936, pourraient-ils revenir à deux semaines en 2020 ? Les retours des salariés sur site s’accélèrent, mais les entreprises manquent de personnel : garde d’enfants encore instable, arrêts maladies, etc. Selon le ministère du travail, 7,1 millions de salariés étaient encore en activité partielle en avril, dont 17,9 % dans le commerce, 15,8 % dans les services administratifs et scientifiques, 13,7 % dans l’hôtellerie-restauration et 13,9 % dans la construction, pour les activités les plus concernées.

Pour relancer l’économie, il faut « travailler et produire davantage », a déclaré Emmanuel Macron, le 14 juin. Les entreprises veulent certes rattraper le temps perdu et être le plus réactives possible pour répondre à la demande au fur et à mesure que les carnets de commandes se reconstituent, mais elles doivent aussi tenir compte de l’épuisement des équipes dans la réorganisation du travail.

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Le lendemain de l’allocution présidentielle, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, écartait l’hypothèse de demander aux Français de renoncer à des jours de congés. Pourtant, pour résoudre l’équation compliquée de la période estivale, les entreprises se réfèrent à l’ordonnance du 25 mars, qui les a autorisées à se pencher plus arbitrairement qu’à l’accoutumée sur la répartition des congés annuels, dans la limite de six jours, et aux accords de performance collective, qui permettent de modifier la durée du travail et son organisation, et donc les RTT. Des accords d’entreprise sont ainsi négociés voire signés pour tenter d’organiser la présence des salariés cet été, en limitant la casse sociale.

Contre-exemple allemand

Les scénarios sont très différents d’une entreprise à l’autre, mais, concrètement, l’heure est à la réduction des congés d’été, pris de préférence par roulement. Dans les TPE, l’accord se fait de gré à gré : David Chastagner, gérant de S2ME, spécialisé dans l’agencement de magasin, ne prendra pas de congé et ses douze salariés n’auront que deux semaines. « Cela a été très bien accepté, ils jouent le jeu, ils ont compris l’impact économique », affirmait-il sur BFM-TV, début juin. Chez PSA, quatre syndicats sur cinq ont validé, début avril, l’accord, qui a diminué de trois à deux semaines consécutives les congés d’été. « C’est une remise en cause brutale de nos congés d’été », a estimé Jean-Pierre Mercier, délégué de la CGT, qui a refusé de signer.

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Avec la crise sanitaire, un risque accru de sanctions disciplinaires

Droit social. Les feux de l’actualité sont braqués sur les plans de sauvegarde pour l’emploi, plus connus sous l’appellation « plans sociaux » ou « licenciements collectifs », et sur les « accords de performance collective », qui relèvent de la catégorie des accords « donnant-donnant », sous forme de baisses de salaires et de jours de RTT en contrepartie d’un engagement de maintien de l’emploi, par exemple.

L’on constate, dans le même temps, le développement, moins en vue mais non négligeable, de sanctions disciplinaires, pouvant aller jusqu’au licenciement, liées à certains comportements « post-confinement ».

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Il apparaît d’abord, à la lumière de contrôles déclenchés par les services des ressources humaines, qu’un certain nombre de salariés ont fait de fausses déclarations sur leur état de santé, afin de ne pas retourner au travail. D’autres ont omis de signaler les changements intervenus quant à la scolarisation de leurs enfants, laissant croire à l’employeur que les arrêtés municipaux relatifs à l’école étaient encore en vigueur, afin de pouvoir continuer à travailler « en mode dégradé », donc moins, et à la maison. Ces déloyautés dans l’exécution du contrat de travail exposent leurs auteurs à une sanction.

La sévérité des tribunaux

Par ailleurs, tout salarié doit, en application de l’article L.4122-1 du code du travail, prendre soin non seulement de sa santé et de sa sécurité, mais également de celles de ses collègues et autres personnes se trouvant en sa présence sur son lieu de travail, et ce, en fonction de sa formation et de ses possibilités.

Ce texte introduit une obligation de ne pas nuire à la santé et la sécurité des autres salariés et le devoir de ne pas dégrader le matériel et les équipements de travail. S’y ajoute une obligation de respecter les consignes et instructions données par l’employeur et une obligation d’alerte de toute situation qui présente un danger grave et imminent.

Ces devoirs ne sont pas nouveaux, ils sont habituellement précisés dans le règlement intérieur de l’entreprise ou dans des notes de services. Les tribunaux font généralement preuve de sévérité à l’égard des salariés. Ainsi a été admis le licenciement pour faute lourde du fait du non-respect de l’interdiction professionnelle, rappelée au règlement intérieur, de travailler sous l’emprise de produits stupéfiants (même consommés en dehors du travail stricto sensu), pour un salarié steward membre du personnel navigant commercial d’une compagnie aérienne, dont la mission présente un caractère critique pour la sécurité.

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« Nouvelles Vibrations » : Les leçons de Beyoncé, Deep Purple et Sinatra aux DRH

« Nouvelles vibrations. S’inspirer des stars du rock, de la pop et du hip-hop pour innover », d’Albéric Tellier. EMS Editions, 288 pages, 22 euros.

Le livre. Que viennent faire Beyoncé, AC/DC, Rihanna, Frank Sinatra, Metallica, ou encore Daft Punk dans un ouvrage de recherche en management ? Et si on pouvait revisiter l’histoire des artistes et de leurs créations afin de « tester la robustesse de théories managériales, d’étendre leur champ d’application et de les enrichir » ? Voici le défi relevé par Nouvelles vibrations (EMS Edition), d’Albéric Tellier.

Lorsque le groupe Deep Purple enregistre Machine Head en 1972, l’album est jugé trop court aux yeux du manageur, qui annonce aux cinq musiciens : « J’ai une mauvaise nouvelle. Il manque sept minutes de matériel et il ne nous reste que vingt-quatre heures. » Dans la précipitation est composé Smoke on the Water, qui deviendra un classique du répertoire du groupe avec l’un des plus célèbres riffs de guitare de l’histoire du rock.

La musique enregistrée est une industrie, et les artistes doivent souvent faire des compromis et intégrer les exigences des responsables chargés de leur carrière. « Les œuvres qui arrivent aux oreilles du grand public sont la résultante de cette confrontation entre des ambitions artistiques et des impératifs de différentes natures qui les contraignent autant qu’ils les stimulent », souligne l’auteur, professeur à Paris-Dauphine en management de l’innovation.

L’ouvrage aborde dans le détail l’histoire de vingt-six disques. Qu’ils aient été enregistrés dans les années 1950 dans les studios de Nashville, ou conçus grâce aux technologies les plus récentes lors de writing camps, « les disques abordés dans cet ouvrage ont pu arriver à nos oreilles parce que leurs créateurs, en plus de leur talent, ont su faire preuve d’une grande capacité à convaincre des responsables de maisons de disques de leur attribuer des moyens pour écrire, composer, enregistrer… »

Un voyage au cœur des studios

Cette « face cachée » de l’industrie musicale n’est quasi jamais abordée dans les biographies et essais sur la carrière des artistes. L’ouvrage comble ce manque grâce à un voyage « au cœur des studios, dans les coulisses des salles de concert, chez les disquaires et dans les bureaux des labels, en compagnie de quelques théoriciens de l’organisation. »

La musique a été l’une des toutes premières industries à connaître de profonds bouleversements avec l’arrivée de la technologie numérique qu’elle a cherché à exploiter dès le début des années 1980 avec le lancement du Compact Disc. Ces technologies entraînent une remise en cause des pratiques et favorisent l’arrivée de nouveaux acteurs.

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L’épargne salariale peut-elle compenser le gel des salaires ?

« Les salariés comme les patrons de PME sont plus friands de mesures individuelles que collectives », explique Stéphanie Pauzat.

Alors qu’un DRH sur deux affirme avoir pris des dispositions pour réduire ou remettre à plus tard les augmentations salariales, selon une étude de Willis Towers Watson publiée le 25 mai, le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, proposait, le 24 mai dans un entretien au Journal du dimanche, de « généraliser » les dispositifs d’épargne salariale : participation, intéressement et actionnariat salarié. Ou comment donner du pouvoir d’achat aux salariés, qui risquent fort de devoir se serrer la ceinture en matière d’augmentations. « Un tiers des entreprises ont déjà gelé les salaires et 16 % l’envisagent », précise l’étude du cabinet de conseil.

Pour Xavier Hollandts, professeur à Kedge Business School, les déclarations du ministre sont « inattendues et hors sujet, à l’heure où la priorité des entreprises est leur survie et le maintien en emploi. Il y a erreur de timing ! De plus, c’est une fausse bonne idée, car, comme son nom l’indique, il s’agit d’un outil d’épargne qui n’a pas vocation à augmenter le pouvoir d’achat dans l’immédiat. Il constitue une rémunération différée. »

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Inès Minin, secrétaire nationale de la CFDT, y voit, elle aussi, un risque de dévoiement de l’outil censé financer des projets à moyen et long terme. « Nous sommes partisans de l’épargne salariale, mais le vrai sujet actuellement est celui de la valorisation des bas salaires, notamment ceux des salariés en première ligne durant la crise sanitaire. »

« Vers un capitalisme plus redistributif »

« Gérald Darmanin a évoqué un vrai sujet, estime pour sa part Benoît Serre, vice-président délégué de l’Association nationale des DRH (ANDRH). Pour sortir de la crise, il est indispensable d’associer l’ensemble des salariés à l’objectif de l’entreprise et de trouver de nouveaux leviers de reconnaissance et d’équité. Une des voies serait d’associer les accords de performance collective [ces accords visent à préserver l’emploi en jouant sur le temps de travail, la rémunération ou la mobilité] et les dispositifs d’épargne salariale, afin de prévoir la répartition de la valeur créée. Les entreprises et les partenaires sociaux pourraient se montrer innovants en négociant de tels accords. »

Les dirigeants d’entreprise du réseau CroissancePlus applaudissent des deux mains l’idée d’une généralisation de l’actionnariat salarié, sauf « si elle venait à s’accompagner de mesures trop contraignantes, tient à préciser Thibaut Bechetoille, président de l’association. Le partage des fruits de la croissance est une urgence. Devant la résurgence d’un contexte social menaçant, il faut associer très largement les collaborateurs au capital de leur entreprise. Nous devons aller vers un capitalisme plus redistributif et, dans cette période très particulière que nous vivons, le développement de l’actionnariat salarié enverrait un signal fort et très positif ».

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Air France : le SNPL donne son aval au départ volontaire d’environ 400 pilotes

Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire chez les pilotes d’Air France, va signer un accord de rupture conventionnelle collective prévoyant le départ volontaire, d’ici à la fin de 2020, d’un maximum de 403 pilotes de la compagnie tricolore, soit près de 10 % des effectifs de pilotes.

« Les accords de fin de secteur A380 organisant la mobilité des pilotes ainsi que l’accord sur la rupture conventionnelle collective ont été validés par notre conseil syndical » lundi, et le SNPL va donc les signer dans les jours à venir, a annoncé Guillaume Schmid, vice-président du SNPL d’Air France.

Secteur en crise

Face à un secteur du transport aérien mis à l’arrêt par l’épidémie de Covid-19, l’Etat a accordé à Air France un soutien financier de 7 milliards d’euros, dont 4 milliards de prêts bancaires garantis à 90 % par l’Etat et 3 milliards de prêts directs. Le gouvernement a demandé en contrepartie au groupe d’améliorer sa rentabilité et son impact environnemental, et d’entamer une réflexion sur son réseau en France.

La direction d’Air France dévoilera le 3 juillet les orientations stratégiques de la compagnie et ses conséquences sur l’emploi lors d’un Comité social et économique central extraordinaire. Les syndicats s’attendent à la suppression de plusieurs milliers d’emplois au sein de la compagnie tricolore et de sa filiale régionale Hop!.

Air France a mis sur pied un plan de « reconstruction » qui passera par la suppression de milliers de postes et une réduction de l’offre sur son réseau intérieur d’ici à la fin de 2021. Le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, avait annoncé dès novembre un plan stratégique destiné à améliorer la rentabilité du groupe en cinq ans. Ce plan vise à atteindre une marge d’exploitation de 7 % à 8 %, contre 4,2 % en 2019.

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Lettre des syndicats au gouvernement

En attendant cette rencontre, quatorze syndicats d’Air France ont publié lundi une lettre commune dans laquelle ils demandent à être reçus par le gouvernement pour préserver les emplois « à court et long terme ».

Cette lettre ouverte adressée au ministre de l’économie et au secrétaire d’Etat aux transports est signée par FO, premier syndicat de la compagnie, mais aussi par l’UNSA-Aérien, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, la CGT, SUD-Aérien, par les syndicats d’hôtesses et stewards (SNGAF, UNPNC, SNPNC, UNAC et UNSA-PNC) et par les syndicats de pilotes SPAF et Alter. Le SNPL n’est pas signataire.

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Le Monde avec AFP

« Tous les testings concluent à une discrimination à l’embauche très nette »

De l’école à l’entrée sur le marché du travail, les jeunes descendants d’immigrés ou originaires des départements d’outre-mer subissent les effets d’un « racisme systémique », estime Jean-Luc Primon, sociologue à l’université Côte d’Azur et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques. Ce rôle discriminant de l’origine pourrait peser encore davantage en cette période de crise économique.

Ces derniers temps, une partie de la jeunesse exprime sa colère dans la rue contre les discriminations raciales. Que lisez-vous dans ce mouvement ?

Parti d’un élément déclencheur, l’affaire George Floyd aux Etats-Unis, ce mouvement est le reflet d’un ressentiment qui vient de loin chez une population minoritaire, notamment descendante d’immigrés. Il se cristallise autour des contrôles policiers répétitifs, auxquels les jeunes racisés sont surexposés, et qui se sont renforcés avec le régime d’état d’urgence, puis avec le confinement.

Au-delà de la question du contrôle d’identité et des violences policières, on y entend la dénonciation d’un racisme latent, le rejet de discriminations auxquelles ces jeunes sont confrontés dans toutes les sphères : à l’école, sur le marché du travail, dans la rue… Ces manifestations expriment un malaise ancré chez cette jeunesse qu’il est urgent d’entendre. Il ne faut, cette fois, pas rater le coche : il s’agit de mettre en place une politique d’égalité coordonnée et volontariste. Cesser le déni et prendre en compte l’aspect systémique du racisme qui impacte le parcours de ces jeunes.

Vous parlez d’un racisme systémique : dans quelle mesure entrave-t-il les débuts professionnels des jeunes ?

Tous les testings concluent à une discrimination à l’embauche très nette des jeunes d’origine nord-africaine ou subsaharienne. Et ce quel que soit le secteur d’activité ou le niveau de qualification. Cela n’a pas bougé en vingt ans. En termes statistiques, on note des écarts, lors de l’entrée dans la vie active, qui ne sont pas imputables au niveau de formation, ni même au niveau social ou au capital culturel des parents. Ils révèlent un racisme insidieux dans les processus de recrutement, et le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme le confirme.

A bien des égards, les jeunes descendants d’immigrés font fonction de variable d’ajustement sur le marché du travail, davantage encore que les autres jeunes. D’autant qu’ils sont surreprésentés parmi ceux qui sortent du système scolaire sans ou avec peu de qualifications. Ce sont les plus vulnérables, notamment en cette période de crise économique.

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« Devenez professeurs » : ce que les campagnes de communication pour recruter disent de la profession

Cet article est paru dans « Le Monde de l’éducation ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre hebdomadaire en suivant ce lien.

Erreur « 404 ». La page Web de l’éphémère campagne de communication lancée début juin par le ministère de l’éducation nationale sur le site Konbini ne répond plus. Quelques heures après la diffusion de ce visuel vantant auprès des étudiants de licence le parcours de préprofessionnalisation pour devenir enseignant, la Rue de Grenelle avait décidé de le retirer face aux critiques.

Le visuel au langage se voulant « jeune » interrogeait : « Avez-vous déjà réfléchi à un emploi étudiant ? », « Oui », « Aimeriez-vous faire quelque chose qui vous soit utile ? », « Et qui paye mieux qu’un job dans un fast-food ? », « On a ce qu’il faut pour vous ». L’affiche est encore visible sur les réseaux sociaux, tout comme les crispations qu’elle a suscité parmi la communauté enseignante.

Qu’importe si cette campagne jugée maladroite avait le mérite de cibler les quelque 50 % d’étudiants devant travailler en parallèle de leurs études ; en plein épisode de « prof bashing », selon l’expression du ministre de l’éducation nationale lui-même, certains y ont vu une comparaison entre le métier d’enseignant et celui de serveur dans un fast-food…

Le « plaisir » d’enseigner

« Ambition enseigner », « Devenez professeurs », « L’éducation nationale recrute », etc. ; le ministère de l’éducation lance régulièrement depuis les années 2000 des campagnes de communication pour trouver de futurs enseignants.

Si elles « sont la plupart du temps digitales et visent à créer du trafic sur le site Devenirenseignant.gouv.fr qui rassemble toute l’information sur le métier de professeur », selon le ministère, elles prennent aussi parfois la forme de dispositifs plus importants destinés à un plus large public. Des affiches ou vidéos qui en disent long sur le métier, ses besoins de recrutements et son manque d’attractivité, mais aussi dans lesquelles transparaissent la politique éducative du moment et une certaine image des enseignants.

C’est en 2001 que Jack Lang, alors ministre de l’éducation nationale, lance le mouvement avec une vaste campagne de communication intitulée « Professeur, et si l’avenir c’était vous ? » Choix est fait de mettre en avant dans des spots TV de jeunes enseignants hors de l’école se remémorant avec bonheur leur journée en classe. La démarche est alors inédite au point de s’inviter au journal télévisé.

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Donald Trump gèle les cartes vertes et de nombreux visas de travail pour les Etats-Unis jusqu’en 2021

Donald Trump, ici lors d’une table ronde à Phoenix le 5 mai, a signé un décret gelant plusieurs types de visas de travail, le 22 juin.

Donald Trump vient de prendre une énième décision au nom de la lutte contre le chômage. En campagne pour sa réélection le 3 novembre, le président américain a décidé, lundi 22 juin, de donner un nouveau tour de vis migratoire avec le gel des cartes vertes et de certains visas de travail jusqu’en 2021.

Confronté à la destruction brutale de millions d’emplois en raison des mesures de confinement, le président républicain avait décidé il y a deux mois de suspendre pour soixante jours la délivrance des Green Cards, qui offrent un statut de résident permanent aux Etats-Unis, sans toucher aux visas de travail temporaires.

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Un nouveau décret, qu’il a signé lundi 22 juin après-midi, prolonge cette « pause » jusqu’au 31 décembre et inclura cette fois plusieurs types de visas de travail, dont les H1B, très utilisés dans le secteur des hautes technologies, les visas H2B, réservés aux travailleurs peu qualifiés (avec une exception pour les employés de l’industrie alimentaire), les visas J, utilisés pour les étudiants-chercheurs, ou les visas de transfert inter-compagnies, qui servent pour certains contrats expatriés.

Selon un haut responsable, cette « pause » devrait empêcher au moins 525 000 étrangers d’entrer aux Etats-Unis et réserver leurs emplois à des Américains. « La priorité du président, c’est de remettre les Américains au travail », a-t-il justifié. Aux Etats-Unis, le taux de chômage a bondi en mai et concerne 13,3 % de la population active, alors qu’il n’en concernait que 3,5 % en février, en raison des mesures de confinement prises pour lutter contre la pandémie due au nouveau coronavirus.

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Une décision fustigée par l’ACLU

Cette dégradation du marché de l’emploi, la crise sanitaire, ainsi que des manifestations monstres contre les violences policières compliquent la campagne de Donald Trump, à la peine dans les sondages face à son rival démocrate, Joe Biden.

Après un meeting décevant dans l’Oklahoma ce week-end, il espère rebondir en utilisant les ressorts de sa campagne victorieuse de 2016 : la lutte contre l’immigration illégale. Il se rendra mardi à Yuma, dans l’Arizona, pour marquer l’achèvement de « 200 miles » (320 kilomètres) du mur qu’il avait promis d’ériger à la frontière avec le Mexique.

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En parallèle, il entend réformer le système d’immigration légale, pour attirer les étrangers les plus qualifiés. Au-delà du gel des visas annoncés ce lundi, il a ordonné à son administration de réfléchir à une réforme des visas H1B pour qu’en 2021 ils soient attribués aux étrangers à qui les plus hauts salaires ont été promis, et non plus par loterie.

Ces annonces ont immédiatement suscité des réactions aux antipodes. Le sénateur républicain Ted Cruz, un proche du président, a salué un « acte important ». « Alors que nous travaillons pour vaincre le coronavirus et remettre notre économie sur pied, nous devons nous concentrer sur les vies et les emplois des Américains », a-t-il tweeté.

« Ce n’est ni une réponse à la pandémie, ni une réponse économique », a au contraire jugé Andrea Flores, de la puissante association de défense des droits civiques ACLU, pour qui « il s’agit d’une instrumentalisation de la pandémie (…) pour remodeler nos lois migratoires sans passer par le Congrès ».

Fait inhabituel, le sénateur républicain de Caroline du Sud, Lindsay Graham, d’ordinaire un fervent soutien de Donald Trump, a lui aussi critiqué cette décision en estimant qu’elle constituera « un frein pour notre reprise économique ». « Ceux qui pensent que l’immigration légale, et particulièrement les visas de travail, nuit au travailleur américain ne comprennent pas l’économie américaine. »

Le Monde avec AFP