Archive dans 2020

« La vraie question que pose le télétravail, c’est celle de l’utilité du travail »

Un employée échange avec ses collègues depuis son appartement de Nice (Alpes-Maritimes), le 15 mai.

La rentrée s’annonce comme une « télé-rentrée ». Le télétravail imposé brutalement par le confinement s’installe comme un mouvement de fond dans les entreprises. Avec trois bonnes raisons : lutter contre une reprise de la pandémie, répondre à l’attente de nombreux travailleurs, et gagner en efficacité. Si les deux premiers mobiles sont facilement audibles, le troisième est la zone de tous les dangers. Car derrière la recherche d’efficacité, se profile la question de l’utilité, utilité des heures travaillées, utilité de certaines fonctions, utilité de certaines tâches.

C’est la question que j’ai entendue au cours d’une réunion (distancielle) avec des chargés de communication en ressources humaines : « Mais si tout cela c’était du vent ? » Tout cela ? Tout simplement les missions, qu’ils assumaient depuis des années dans leur entreprise, des tâches occupant leurs semaines de travail et assurant leur salaire de fin de mois.

Le bilan est là : le job est fait !

Avec le télétravail, beaucoup de tout ce qui nous occupait disparaît : les trajets travail-domicile bien sûr, mais aussi tous les déplacements intraprofessionnels. Les moments de socialisation se réduisent à peau de chagrin : les pauses, les déjeuners, les « afterworks » [moments conviviaux entre collègues]. Les conférences, les cours, les réunions peuvent parfaitement se tenir en distanciel.

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En effet, le bilan est là : le job est fait ! Est-ce que pour autant, tout ce qu’il y avait autour, était superfétatoire ? Inutile le pot à la fin d’une soutenance de thèse ? Inutiles les discussions de fin de cours autour du prof ? Inutiles les échanges de regards, les discussions en off lors d’une réunion ? Inutiles les petits bavardages dans le couloir ? Bien sûr que non !

En parallèle, une prise de conscience se fait : ce qui était accepté en présentiel devient insupportable en distanciel. Ces réunions qui durent des heures avec de longs monologues qui n’intéressent que celui qui « cause », ces enseignants qui se contentent de lire leurs slides, ces conférences mal préparées qui brassent des idées vagues. Le distanciel grossit le trait, zoome sur toutes ces dérives et amène la question : entre temps au travail et temps de travail, quel est l’écart acceptable ?

Les « temps inutiles » du management

De nombreuses entreprises ont pu vérifier le temps de connexion de leurs salariés en télétravail pendant le confinement et en tirent d’ores et déjà des conclusions sur la réelle « utilité » du temps alloué. Un directeur des ressources humaines évoquait récemment lors d’une émission de grande écoute les « temps inutiles » du management. Personne n’a relevé. La tentation est grande de vouloir « rationaliser », en supprimant tous les temps « improductifs », puis, pourquoi pas, ensuite, tous les « improductifs » ?

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En Allemagne, les patrons affichent un optimisme prudent

En Allemagne, les patrons commencent à voir la lumière au bout du tunnel. Les analyses prudemment optimistes se sont multipliées ces dernières semaines, laissant espérer une reprise en forme de « courbe en V » : un rebond fort et rapide après le plongeon du printemps, où l’économie allemande a chuté de 10,1 %.

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Dans son édition du 27 juillet, l’indice Ifo de l’Institut de recherche économique de Munich, qui sonde chaque mois le moral des patrons, a affiché une troisième embellie depuis le mois de mai. La situation actuelle est jugée meilleure qu’il y a quelques mois, et les chefs d’entreprise tablent sur une amélioration de leurs affaires dans les mois à venir. C’est l’industrie manufacturière qui affiche la plus grosse progression, avec une augmentation de l’indice de 10 points. Cette industrie, qui désigne la production de biens hors énergie et construction, est d’une importance cruciale pour l’économie allemande, tournée vers l’export. Elle a aussi une fonction d’alerte : les commandes de l’étranger renseignent sur la reprise ailleurs dans le monde.

« Sur la bonne voie »

Autre signe encourageant : le taux d’utilisation des capacités de production a progressé – de 70,4 % à 74,9 % –, même s’il reste nettement en deçà de sa moyenne de long terme de 83,5 %. Dans les services, le commerce de détail et la construction, tous les indicateurs sont en progression. « Ce sont les anticipations sur les prochains mois qui sont en hausse, nous partions d’un niveau très faible, précise Clemens Fuest, directeur de l’Ifo. La situation actuelle des entreprises est encore très mauvaise, elles continuent à licencier, nous ne sommes pas sortis de la crise, mais nous sommes sur la bonne voie. Il est essentiel que nous évitions tout nouveau confinement généralisé, cela couperait net la reprise. »

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L’Institut de recherche économique de Berlin (DIW) voit aussi une amélioration prochaine. Son baromètre de conjoncture est remonté à 90 points au mois de juillet, après s’être effondré à 26 points au second trimestre. « Les signes de reprise sont évidents », souligne Claus Michelsen, chef du département conjoncture à l’institut, qui tempère cependant : « Malgré les fortes progressions, nous aurons besoin de deux ans pour compenser totalement la chute historique que nous avons connue au printemps. »

La publication des résultats trimestriels des grands groupes permet aussi d’entretenir l’optimisme : les patrons osent, pour la première fois depuis longtemps, formuler des perspectives prudemment positives. « Le coronavirus nous a gravement touchés surtout en avril et en mai, mais en juin nous avons déjà des données très différentes », a déclaré le patron du groupe chimique et pharmaceutique Merck, Stefan Oschmann, qui table même sur une légère augmentation du résultat opérationnel de son entreprise en 2020.

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La reprise de l’épidémie inquiète les chefs d’entreprise

Partis en congés après un premier semestre calamiteux marqué par deux mois de confinement et une chute historique de l’activité du pays, les chefs d’entreprise espéraient retrouver un horizon plus dégagé à la rentrée. Mais la reprise de la circulation du Covid-19, qui se traduira, dès le 1er septembre, par l’obligation de porter le masque en entreprise, a douché les élans d’optimisme, même parmi ceux dont l’activité a été relativement préservée. La perspective d’une forte montée du chômage, qui risque de freiner un peu plus l’activité, fragilise encore les perspectives.

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« Contrairement à ce que nous espérions il y a encore quelques semaines, la rentrée va s’opérer dans un environnement marqué par beaucoup d’incertitudes », résume ainsi Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration d’Engie. « Nous avons retrouvé 90 % à 95 % de notre niveau d’activité normal. C’est bien sûr important pour toute l’économie de récupérer le plus rapidement possible ces 5 % à 10 % qui manquent. Il ne faut pas que les incertitudes sanitaires ou les plans d’ajustement dans les secteurs en crise pèsent sur le moral des agents économiques », ajoute-t-il.

« Des réalités très différentes »

De fait, au premier semestre, à la faveur de l’épidémie due au coronavirus, 600 000 emplois ont été détruits dans le secteur privé. Le second semestre sera sans aucun doute pire encore. Le ministère du travail s’attend à voir arriver « plusieurs centaines de milliers de chômeurs de plus à la fin de l’année ». Le total des licenciements envisagés dans le cadre de plans de sauvegarde de l’emploi depuis le début de la crise avoisine les 49 000, soit trois fois plus que sur la même période de 2019, auxquels il convient d’ajouter les « petits » plans de licenciement qui totalisaient 2 700 emplois au jeudi 20 août.

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Le constat dressé par M. Clamadieu est largement partagé par les chefs d’entreprise, qui craignent d’autant plus ces incertitudes qu’ils ont pu garder la tête hors de l’eau jusqu’à présent. « Contrairement à ce qui s’était passé pendant la crise de 2008-2009, on assiste à des réalités très différentes : il y a des secteurs d’activité où la situation est dramatique, et d’autres qui se portent bien, avec également de fortes disparités régionales », explique Christophe Catoir, président France et Europe du Nord d’Adecco.

En première ligne des secteurs durement affectés, on trouve l’aéronautique et le transport aérien, l’automobile, l’hôtellerie-restauration – avec un bilan à nuancer selon les régions du fait de la saison touristique. Viennent ensuite les domaines de la santé et de l’industrie pharmaceutique, le bâtiment et la construction – en forte reprise –, l’e-commerce, l’agroalimentaire… C’est pour ces entreprises-là que l’enjeu sanitaire de la rentrée est le plus important, car il peut faire basculer la reprise amorcée en juin-juillet. « On rattrape étape par étape nos deux mois de retard », explique Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI) et président du groupe Poujoulat, leader européen de la fumisterie, dont l’activité a repris « assez nettement » durant l’été. « Mais la situation sanitaire se dégradant, on peut imaginer que cela aura des conséquences sur l’écosystème. Beaucoup de nos clients sont des TPE et PME et ne supporteraient pas un deuxième confinement ».

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Salariés, comment envisagez-vous l’obligation du port du masque dans votre entreprise à la rentrée ? Racontez-nous

Mardi 18 août, à l’issue d’une réunion avec les partenaires sociaux, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a annoncé que le port du masque serait obligatoire à partir de la rentrée « dans tous les espaces de travail qui sont clos et partagés », comme les « salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces ».

Cette nouvelle vous rassure-t-elle ou est-elle plutôt porteuse d’inquiétude ? Avez-vous d’ores et déjà reçu des informations de votre employeur sur la manière dont cette obligation sera appliquée ? Va-t-elle changer la façon dont vous travailliez jusqu’à présent ? L’estimez-vous réaliste au regard de vos conditions de travail ?

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L’Allemagne discute d’une réduction du temps de travail dans l’industrie

Jörg Hofmann, président du syndicat IG Metall, en 2015.

Pour sauver les emplois, faut-il réduire durablement le temps de travail ? C’est ce que défend Jörg Hofmann, le président du syndicat IG Metall (2,3 millions de membres), qui redoute un automne dramatique pour les emplois dans l’industrie. La semaine de quatre jours pour tous pourrait permettre de « conserver les emplois dans l’industrie au lieu de les détruire, » défend-il. Le sujet pourrait être au cœur des prochaines négociations salariales de la branche.

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La semaine de quatre jours revient régulièrement dans le débat allemand. En 2018, un « droit à la semaine de 28 heures » pendant deux ans avait été négocié par IG Metall pour offrir plus de flexibilité aux salariés de l’industrie, notamment aux femmes. La semaine de quatre jours avait surtout été adoptée en 1994 chez Volkswagen, lui permettant de sortir de l’ornière. Pour IG Metall, la mesure pourrait être utilisée dans la crise actuelle, dont les effets sur l’emploi pourraient être bien plus destructeurs que celle de 2009. Elle survient en effet au moment où l’industrie allemande est en pleine transition technologique vers le numérique et le moteur électrique. « La semaine de quatre jours serait la réponse à la transition actuellement en cours dans certaines branches comme l’automobile », soutient M. Hofmann.

A court de liquidités

IG Metall est convaincu que maintenir les employés en poste en réduisant leur temps de travail est une méthode qui a fait ses preuves et qui est avantageuse pour les entreprises. En 2010, les mesures de chômage partiel avaient permis aux entreprises allemandes de se relever très rapidement, sans grosse destruction d’emplois, en profitant au bon moment de la forte demande asiatique de véhicules et biens d’équipement.

Mais cette fois-ci, la crise pourrait durer nettement plus longtemps et les entreprises se retrouver à court de liquidités. Daimler, ZF et Bosch négocient donc actuellement des réductions du temps de travail avec leurs salariés. Jörg Hofmann suggère que toutes les entreprises adoptent les mêmes mesures, mais avec une compensation salariale. « Il faut que les salariés puissent se le permettre », insiste-t-il.

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La proposition est loin de faire l’unanimité au sein du patronat. Les entreprises de taille moyenne ne survivront pas, redoutent certains experts. « L’économie allemande subit actuellement un gigantesque choc de productivité », a déclaré le président de la fédération patronale BDA, Steffen Kampeter. « Une semaine de quatre jours ne ferait que renforcer ce choc », redoute-t-il, assurant que « la crise ne peut être surmontée qu’avec davantage de travail et de sécurité pour les salariés ». Pour Michael Hüther, directeur de l’institut économique de Cologne, proche du patronat, la semaine de quatre jours avec compensation salariale « ne serait rien d’autre que la prolongation de la crise, et donc une capitulation devant elle ».

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Le refus du port du masque pourrait constituer une « faute » professionnelle

Le ministre délégué aux PME, Alain Griset, a affirmé, mercredi 19 août, sur BFM-TV que le refus du port du masque en entreprise pourrait constituer une « faute » professionnelle, au lendemain des annonces du gouvernement visant à renforcer le port du masque sur les lieux de travail.

« Si jamais le salarié refuse de mettre le masque, d’abord, l’employeur lui fera les remarques, il pourra lui donner un avertissement et ça pourra être considéré comme une faute », a fait savoir le ministre délégué, en déplacement à Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes). Il a, cependant, assuré que, globalement, il « préfère faire confiance à la responsabilité de chacun ».

Le Monde

Une « handimarche » pour garder son emploi

« Nous, on est des smicards, on transpire tous les mois pour 1 200 balles, on demande juste qu’on nous laisse travailler. » Tous les jours depuis lundi 17 août, Emile Prono plaide sa cause et celle de ses collègues du groupe Earta là où ses pas le portent. Lundi à Nantes, mardi à Ancenis (Loire-Atlantique), mercredi à Angers, puis ce sera Le Mans, La Ferté-Bernard (Sarthe), Chartres, et s’il n’a pas été entendu d’ici là, le délégué syndical CFDT Santé-sociaux et trésorier du CSE de la société sarthoise sera à Paris, le 31 août, devant le palais de l’Elysée ou l’Hôtel Matignon – voire les deux.

Avec lui, une vingtaine de collègues participe à cette « handimarche » de combat un brin désarmante : au 1er septembre, une partie des 230 salariés atteints de handicap (sur les 250 que compte l’entreprise dans la Sarthe et en Loire-Atlantique) risque de se retrouver sans activité. Tant que Presstalis existait, en effet, Earta sous-traitait les invendus de la presse récupérés par la SAD (Société Agence diffusion) sur une partie de l’Ouest de la France : d’un côté, des publications partaient au pilon (les quotidiens, les hebdomadaires), de l’autre, des titres (mensuels, trimestriels, hors-séries, etc.) étaient reconditionnés, en route pour une nouvelle vie en kiosque.

Une « situation inextricable »

Depuis que Presstalis, reprise par les quotidiens début juillet, est devenue France Messagerie (au prix d’une restructuration drastique), la SAD, l’une de ses filiales, a été liquidée, faisant passer sa collaboration avec Earta de vie à trépas. « On a investi 800 000 euros ces dernières années pour industrialiser la gestion des invendus, on a embauché 50 personnes, etc., se désole Didier Rio, le patron d’Earta. Presstalis apportait 2 des 7 millions d’euros de notre chiffre d’affaires. Si cela s’arrête, on va perdre 30 % à 35 % de notre activité, et je n’aurai d’autre choix que de licencier une soixantaine de salariés. » Dans l’espoir de retourner la situation, Didier Rio marche, lui aussi.

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« En coordination entre France Messagerie et les MLP [l’autre distributeur de la presse en France], ces mandats ont été réattribués à des opérateurs qualifiés, indépendants, qui ont leurs propres salariés à faire travailler », justifie Cédric Dugardin, le directeur général de France Messagerie, qui parle de « situation inextricable ». Un seul des dépositaires qui récupèrent cette activité de retour des invendus, celui du Mans, a accepté de continuer de travailler avec Earta ; celui de Nantes, lui, n’y tient pas.

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L’usine Cargill, à Haubourdin, s’apprête à licencier une centaine de personnes

Des employés de l’usine Cargill, à Haubourdin (Nord), manifestent pour soutenir les anciens employés de Goodyear d’Amiens, le 28 janvier 2020.

Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) présenté par la direction de Cargill est « susceptible de conduire au licenciement de 186 salariés », selon une décision consultée par l’Agence France-Presse (AFP) mardi. L’usine d’Haubourdin (Nord) emploie environ 300 personnes et transforme du maïs, en provenance essentiellement du sud de la France et du sud de l’Europe.

La direction veut y abandonner l’activité d’extraction d’amidon, qu’elle dit être déficitaire, et se « repositionner » sur la deuxième activité du site, la transformation de l’amidon en ingrédient industriel de spécialité pour la pharmacie et l’alimentation infantile.

Dans sa décision datée du lundi 17 août, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte) estime « suffisantes » les mesures d’aide au reclassement interne et externe et que les « mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des salariés consécutivement au plan de réorganisation » sont prévues.

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« 129 personnes licenciées au maximum », d’après la direction

Selon la Direccte, le projet de licenciement collectif porte sur 170 suppressions de poste et 16 modifications de contrat de travail « susceptibles de conduire au licenciement pour motif économique de 186 salariés ». D’après les chiffres de la direction, il y aura « 129 personnes licenciées au maximum », grâce à la « création de 30 postes et un investissement de 30 millions d’euros dans les deux ans ».

Les chiffres qui apparaissent dans la décision officielle de la Direccte sont dus à « un problème technique, informatique, côté Direccte, des champs » dans un logiciel que la direction de Cargill « n’a pas pu modifier », affirme-t-on à l’AFP du côté de la direction.

Une « imprécision vertigineuse et des lacunes » que l’avocat des salariés, Fiodor Rilov, compte utiliser pour faire annuler l’homologation et suspendre le PSE, en saisissant le tribunal administratif et le tribunal judiciaire de Lille.

« L’objectif, c’est de stopper cette restructuration, de faire barrage à ce projet qui n’a pas de justification valable. C’est un démantèlement d’usine pour accroître la profitabilité d’un groupe déjà extrêmement prospère », a réagi auprès de l’AFP M. Rilov.

Cargill fait partie des quatre géants mondiaux de l’agrobusiness et du commerce des matières premières agricoles.

L’usine d’Haubourdin, qui fournit notamment des produits de dialyse, a continué à tourner pendant le confinement, mais ni la demande des clients ni la production n’ont augmenté, selon la direction.

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Le Monde avec AFP

De nouvelles règles sanitaires en entreprise proposées « d’ici fin août » par le gouvernement

Elisabeth Borne quitte l’Elysee à Paris, le 21 octobre 2019.

Le gouvernement veut modifier « d’ici à la fin août » les règles sanitaires pour endiguer le coronavirus en entreprise, notamment via le « port obligatoire du masque » dans certaines situations, affirme la ministre du travail, Elisabeth Borne, dans un entretien au Journal du Dimanche du 16 août.

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A deux semaines de la rentrée et en pleine reprise épidémique, « nous présenterons mardi aux partenaires sociaux les premières évolutions que nous proposons d’introduire », annonce Mme Borne, ajoutant que ces décisions devront être prises « dans les jours qui viennent, pour que les nouvelles règles puissent s’appliquer d’ici à la fin août ».

Parmi ces mesures, « le port obligatoire du masque » sera préconisé « dans les salles de réunion où il n’y a pas d’aération naturelle [et] les espaces de circulation », mais pas forcément dans les bureaux individuels où « il n’est sans doute pas nécessaire », précise-t-elle.

Elisabeth Borne explique que le télétravail devra être mis en place chaque fois qu’il est possible dans les zones de circulation active du nouveau coronavirus.

Appel à la vigilance des employeurs

La ministre entend saisir le Haut conseil de santé publique sur le cas des « open spaces » et l’efficacité des vitres de plexiglas pour protéger les salariés. Elle ne voit, en revanche, « pas de raison pour remettre en cause la règle actuelle de distanciation » imposant un mètre carré par poste de travail.

Pour leur part, les employeurs doivent se montrer « plus vigilants » quand « des travailleurs sont accueillis dans un hébergement collectif, comme c’est le cas pour les saisonniers », mais aussi « dans les milieux froids et humides » comme les abattoirs, estime Mme Borne.

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Par ailleurs, la ministre du travail reconnaît que la crise économique provoquée par le coronavirus « se traduit par plus de plans sociaux », avec « 275 plans de sauvegarde de l’emploi enclenchés depuis début mars ».

L’agence Santé Publique France a rapporté, samedi, que la France avait enregistré 3 310 nouvelles contaminations au nouveau coronavirus en vingt-quatre heures.

Le Monde avec AFP et Reuters