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Chômage partiel : moins de personnes vulnérables pourront en bénéficier

Une grande partie de personnes dites vulnérables, à risque de formes graves de Covid-19, ne peuvent plus bénéficier des dispositions de chômage partiel à compter du 1er septembre. Un décret paru dimanche 30 août au Journal officiel durcit ces règles, en réduisant sensiblement la liste des personnes pouvant en bénéficier, dont les « salariés partageant le domicile d’une personne vulnérable ».

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Depuis le début de la crise sanitaire, les personnes malades à risques pouvaient bénéficier d’un arrêt de travail ou d’activité partielle, sur la base d’un certificat d’isolement délivré par leur médecin, afin de les exposer le moins possible au virus et de ne pas subir de trop lourdes pertes financières.

Des inquiétudes

Ce n’est donc plus le cas, sauf « pour les personnes atteintes de certaines pathologies qui présentent un risque particulièrement élevé de formes graves de Covid ». Selon le décret, ce sont les personnes souffrant d’un cancer évolutif sous traitement (hors hormonothérapie), des sujets atteints d’une immunodépression congénitale ou acquise (infection à VIH, consécutive à une greffe d’organe, liée à une hémopathie maligne…), les personnes en dialyse ou présentant une insuffisance rénale chronique sévère, et celles âgées de 65 ans ou plus souffrant d’un diabète associé à une obésité ou des complications micro ou macrovasculaires.

Si l’association de malades rénaux Renaloo se dit satisfaite de la prise en compte des patients qu’elle représente, elle est, selon elle, insuffisante. En effet, « des personnes pour lesquelles un risque important est pourtant avéré ne sont pas dans la liste et devront donc retourner sur leur lieu de travail », souligne-t-elle.

Nombre de malades ont manifesté leurs inquiétudes. « Nous sommes satisfaits que les personnes à haut risque vital aient été prises en compte, mais il y aura des trous dans la raquette », regrette Féreuze Aziza, conseillère assurance maladie pour France Assos Santé, qui regroupe 85 associations de patients et d’usagers de la santé.

Pour prendre cette décision, les ministères de la santé et celui du travail se réfèrent à l’avis du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) du 30 juin. Se fondant sur les données scientifiques, le HCSP indique que le télétravail est privilégié, mais qu’à défaut le travail présentiel doit être proposé à toutes les personnes fragiles, assorti de renforcement de mesures de protection. Matignon met aussi en avant le risque de « désinsertion professionnelle ». Pour le HCSP, le risque de contamination n’est pas plus élevé dans un lieu de travail que dans la rue ou un autre endroit.

Une indemnisation moindre

« Le timing et le contenu de ce décret sont surprenants à deux jours de son application. Il n’y a aucune base scientifique pour hiérarchiser ces maladies. Le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires chroniques… sont exclus. Or, ce sont des facteurs de risques majeurs et aggravants pour les personnes infectées par le coronavirus SARS-CoV2 », souligne Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie à l’université de Versailles-Saint- Quentin-en-Yvelines. Pourquoi ne pas avoir attendu de voir l’évolution de l’épidémie fin septembre-courant octobre, questionne-t-il.

Lorsque le télétravail ne sera pas possible et que les conditions de sécurité pour le retour au travail ne seront pas réunies, le seul recours sera l’arrêt maladie, avec une indemnisation moindre rapidement dégressive.

Les cadres disent « oui » au télétravail, mais à petites doses

« Si les Français semblent réticents à rester chez eux tous les jours, ils restent malgré tout favorables à un télétravail occasionnel, rappelle l’étude de Robert Walters »

Alors que les vacances estivales ont succédé à plusieurs semaines de confinement, le retour au bureau paraît s’éloigner de plus en plus. Suite à la dégradation de la situation sanitaire due au coronavirus, le gouvernement encourage fortement le maintien du travail à distance. Dans le contexte actuel, cette exigence coïncide-t-elle avec les vœux des salariés ? Il semble que oui : les sondages portant sur les attentes des collaborateurs en matière de télétravail, tels ceux de Kantar ou de Corona-work, font état d’un vrai plébiscite.

Une étude du cabinet de recrutement Robert Walters, qui s’est penché sur le retour au bureau post-confinement, met toutefois l’accent sur une spécificité culturelle bien française. Selon les réponses recueillies auprès de plus de cinq mille salariés dans trente et un pays, les cadres français se montreraient plus réticents au télétravail fréquent, par rapport aux autres nationalités. Malgré la peur du Covid-19, seulement 16 % d’entre eux aimeraient continuer à travailler tous les jours à distance et ne revenir dans les locaux de leur entreprise que ponctuellement.

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Parmi les pays sollicités, la France est le dernier à vouloir garder ce rythme : chez nos voisins européens, ce taux s’élève à 22 % en Belgique et à 23 % en Allemagne. En Espagne, la part des adeptes du télétravail quotidien grimpe même à 36 %.

Lien social

Cette moindre appétence pour le télétravail quotidien est-elle due au manque de pratique – après tout, ce mode de fonctionnement était quasi inexistant en France il y a encore quelques années – ou bien à une culture qui place davantage le travail au centre de la vie sociale ? « Cette étude a été réalisée en juillet, alors que le confinement était encore frais dans les esprits », relativise Coralie Rachet, directrice générale de Robert Walters France.

Malgré la peur du Covid-19, seulement 16 % des cadres français aimeraient continuer à travailler tous les jours à distance, contre 22 % en Belgique, 23 % en Allemagne et 36 % en Espagne

Ce probable sentiment de ras-le-bol se couple à un autre élément d’explication : « Les Français sont davantage attachés au village social” qu’incarne la vie de bureau et aux relations avec leurs collègues », avance Coralie Rachet.

A demeurant, les résultats de cette enquête coïncident avec ceux d’une des rares études officielles menées sur ce sujet. Une vaste recherche de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) sur le ressenti des cadres français en télétravail, datant de novembre 2019, mettait en exergue la difficulté des télétravailleurs à ne pas laisser déborder leur vie professionnelle sur leur vie privée.

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Le Covid-19 complique la rentrée des associations

Atelier d’écriture à l’Association rurale d’éducation populaire (AREP) de Festes-et-Saint-André (Aude), en octobre 2018.

Plus de duos, plus de portés ni de danses à deux : c’est un des sacrifices qu’a dû faire Véronique Ruffin pour maintenir l’activité de son club de danse, à Genas (Rhône). Après un arrêt complet des cours en mars en raison du confinement, il a fallu préparer la rentrée de septembre dans un contexte inédit. Les consignes sanitaires, floues, inquiètent la vice-présidente de cette association qui accueille environ 280 élèves chaque année.

Ce club de danse est loin d’être un cas isolé. Le secteur associatif français profitait pourtant d’une bonne dynamique, avant que la pandémie menace l’activité de nombreux acteurs du secteur, en attente de solutions adaptées pour accueillir le public.

Une dynamique cassée par la pandémie

En 2018, la France comptait entre 1,35 million et 1,45 million d’associations en activité, qui mobilisaient près de 12,5 millions de bénévoles. Entre septembre 2018 et août 2019, 72 000 associations avaient été créées, d’après les chiffres du réseau associatif Recherches et Solidarités.

« Pour le secteur associatif, cette pandémie est tombée d’autant plus mal que le dernier trimestre 2019 s’annonçait encourageant en termes d’emplois. Cette dynamique a été cassée par le Covid-19 », constate Jacques Malet, le président de Recherches et Solidarités. En collaboration avec le mouvement associatif, le réseau a produit deux rapports (pendant et après le confinement) pour mesurer l’impact du Covid-19 sur ces structures.

La deuxième enquête, réalisée du 18 mai au 15 juin, a permis d’analyser les réponses de près de 13 000 responsables du secteur associatif et d’en tirer des conclusions pour l’ensemble des acteurs : « Nous avons estimé à 30 000 le nombre d’associations susceptibles de déposer le bilan », indique M. Malet.

Composer avec l’incertitude

Louis Pastorelli est responsable d’une association niçoise proposant des ateliers de musique, incluant du chant en niçois. Comme beaucoup d’autres, il subit la situation, qui l’empêche de se projeter. « Nous ne pourrons pas reprendre les cours de chant puisque la mairie nous impose le port du masque en salle de cours, malgré la distanciation sociale. Nous ne savons pas ce que nous allons faire, c’est peut-être la fin de nos activités. Cela remet en cause tout ce que nous avons construit depuis huit ans », regrette-t-il.

À Genas, la mairie a demandé à Véronique Ruffin et à ses collègues de rédiger elles-mêmes un protocole sanitaire

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Entreprises : le protocole sanitaire consacre le port du masque grand public

Dans les bureaux d’une startup, le 19 août à Paris.

Preuve de la difficulté à appliquer une règle générale, celle du port du masque, à toutes les entreprises, tous les secteurs et tous les métiers, le nouveau protocole sanitaire, qui doit entrer en vigueur dès mardi 1er septembre à l’ouverture des bureaux, ateliers ou usines, n’a finalement été publié dans sa version définitive que lundi 31 août, peu avant 21 heures.

Sans beaucoup de surprise toutefois, la version définitive de ce document consacre le port du masque grand public, et le « rend systématique dans les espaces partagés et clos à compter de la rentrée ». Désormais, il ne sera plus nécessaire d’avoir le compas dans l’œil pour s’assurer de la distance entre deux personnes. Le masque s’impose en toutes circonstances, en plus des gestes barrières habituels : distance d’un mètre, lavage des mains, désinfection des surfaces, aération des locaux…

Seuls seront exemptés de cet accessoire les heureux salariés disposant d’un bureau personnel, et uniquement lorsqu’ils sont seuls dans ledit bureau. Autres exceptions les salariés travaillant en atelier qui sont souvent « amenés à effectuer des efforts physiques plus intenses que la moyenne » ; ils pourront travailler sans masque « dès lors que les conditions de ventilation/aération fonctionnelle sont conformes à la réglementation, que le nombre de personnes présentes dans la zone de travail est limité, que ces personnes respectent la plus grande distance possible entre elles et portent une visière ».

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En revanche, les salariés qui travaillent en extérieur devront mettre le masque en cas de « regroupement » et lorsque le respect de la distance d’un mètre n’est pas possible. Dans les véhicules aussi, les salariés devront être masqués s’ils voyagent à plusieurs. Quant aux visières, si elles peuvent être utiles, elles ne sauraient constituer une alternative au port du masque grand public, « de préférence réutilisables », précise le protocole, « couvrant à la fois le nez, la bouche et le menton, répondant aux spécifications de la norme Afnor S76-001 ».

« Quelques jours de bienveillance »

Grande nouveauté du protocole, la possibilité de retirer le masque « temporairement » à certains moments dans la journée, dès lors qu’un certain nombre de mesures sont prises, « par exemple l’existence d’une extraction d’air fonctionnelle ou d’une ventilation ou aération adaptée ». De plus, le protocole précise que ces mesures peuvent être réduites dans des zones de circulation faible ou modérée du virus à certaines conditions :

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Tousser en entreprise, faute grave en temps de Covid ?

Le non-respect des gestes barrières dans l’entreprise pendant l’épidémie de Covid-19 constitue-t-il une faute grave pouvant justifier un licenciement ? Le conseil des prud’hommes de Macon (Saône-et-Loire) va devoir se prononcer sur cette question, saisi par Matthieu Favre, 41 ans. Cet ouvrier viticole des grands crus de Bourgogne, qui travaillait depuis 10 ans en contrat à durée indéterminée dans l’entreprise de Florian Ducote, vigneron à Prissé (Saône-et-Loire), a été licencié pour faute grave.

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Dans la lettre de licenciement datée du 17 avril, la direction lui reproche de s’être « mis à tousser sur l’un de (ses) collègues » le 16 mars, alors que M. Ducote expliquait devant les salariés les gestes barrières. L’employeur indique lui avoir fait remarquer que « ce type d’agissements (..) pouvait avoir un impact sur la santé des autres salariés », peut-on lire dans la lettre. Pourtant, « vous avez réitéré ce comportement », écrit l’employeur, ajoutant que des salariés lui « ont fait remonter leur inquiétude sur leur possible contamination ».

Sans aucune indemnité

Quelques jours plus tard, une infirmière du CHU de Mâcon est intervenue « pour expliquer de nouveau les gestes barrières » au personnel. M. Favre se serait alors « retourné » vers un salarié et aurait « toussé dans sa direction manifestement volontairement ». Pour l’employeur, « la parfaite insubordination » de M. Favre nécessite alors un avertissement. Le 23 mars, M. Favre aurait « à nouveau toussé sur » M. Ducote. La direction décide de le mettre à pied à titre conservatoire, sans salaire avant de le licencier « pour faute grave », avec effet immédiat, sans aucune indemnité, donc.

M. Favre souligne qu’à cette période, l’entreprise ne fournissait « que des gants, pas de masques ni de gel hydroalcoolique » et nie avoir eu le comportement qu’on lui reproche : « Quand on a une crise d’éternuements, ça vient d’un coup, mais je n’éternue pas sur les gens ! » De même, quand il a toussé alors qu’il conduisait la voiture de l’entreprise avec un travailleur saisonnier comme passager, « je n’ai pas toussé sur lui, j’ai toussé en regardant la route », assure-t-il.

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« L’employeur rappelle les gestes barrières aux salariés, relève Stéphane Teyssier, l’avocat de M. Favre, mais lui-même ne respecte pas la législation sur la santé et la sécurité au travail en ne mettant pas de masques à disposition ni un second véhicule », puisqu’il n’y a pas un mètre entre le conducteur et le passager.

Pour l’avocat de l’employé, la direction a inventé une faute pour se débarrasser de son ouvrier « à cause de son état de santé »

Pour justifier la faute grave, l’avocat de l’employeur, Jean-François Merienne, indique disposer d’« attestations de deux salariés saisonniers : l’un déclare que M. Favre n’a pas respecté les gestes barrière à trois reprises, l’autre, qu’il a manifestement toussé volontairement vers lui et n’a pas toussé dans son coude ».

Pour M. Teyssier, la direction a inventé une faute pour se débarrasser de son employé « à cause de son état de santé ». En 2017 et 2018, M. Favre a eu plusieurs arrêts pour maladies professionnelles et pour un accident du travail durant presque une année. « On s’entendait bien jusqu’à ce que je tombe malade », souligne M. Favre.

Le numérique crée « deux mondes du travail opposés : les surmenés et les surnuméraires »

Tribune. Je suis un acteur du numérique, totalement convaincu des progrès que permet la technologie. Mais souvent, j’ai l’impression d’être dans une bulle, où les start-up, les technologies et l’innovation ne rencontrent pas la réalité sociale de notre pays.

Dans le monde numérique, ce qui saute au visage est « l’automatisation généralisée », pour reprendre l’expression du philosophe Bernard Stiegler décédé le 6 août. Chacun pensera au receveur de péage qui a disparu ou à l’hôte de caisse (150 000 emplois en équivalents temps plein) sur la sellette, malgré le Covid-19.

Le besoin de qualification explose

Mais au-delà des robots-machines, l’automatisation, ce sont aussi les robots-logiciels, à travers les algorithmes, les objets communicants, les capteurs, les réseaux sociaux et l’ensemble de l’appareil de calcul intensif sur données massives (« big data »). Ainsi, l’agent de change qui criait ses ordres boursiers jusqu’en 1998 n’a pas été remplacé par des machines physiques mais par des algorithmes et des serveurs.

On pourrait dire que ce mouvement est normal, que des métiers deviennent obsolètes avec le progrès technique depuis toujours. L’industrie financière n’a-t-elle d’ailleurs pas créé 70 000 emplois entre 2009 et 2015, selon les statistiques du ministère du travail ?

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Mais ce qui est propre au moment que nous vivons est que les emplois créés et les emplois détruits n’ont rien à voir en termes de qualification. L’ouvrier agricole qui quittait sa campagne pour rejoindre les usines Renault de Billancourt au début du XXe siècle était formé rapidement à une tâche simple et répétée. Or, dans notre cas, le besoin de qualification explose et fait que ceux dont l’emploi est en trop et ceux dont on aura besoin ne sont pas du tout les mêmes. Ou, pour le dire autrement, transformer une caissière en datascientist ne se fera pas.

Au contraire, ce qui se joue est une réalité plus fracturée, la création de deux mondes du travail très opposés : les surmenés et les surnuméraires.

Fracture grandissante

Les surmenés ont pris le train de l’automatisation, des opportunités qu’elle crée et du mouvement permanent qu’ils apprécient. Mais ils croulent face à l’immensité (passionnante) de la tâche.

Les surnuméraires, eux, ont compris que le processus productif n’a plus besoin d’eux. Pris dans l’accélération, ils vont résister avec l’énergie du désespoir pour conserver ce qui peut l’être. Ils savent que le combat est perdu, mais que faire d’autre que mourir les armes à la main ?

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2 800 recrutements à Pôle emploi pour accompagner les jeunes et les chômeurs face à la crise sociale

Des forces vives étaient réclamées par les agents face à la déferlante de nouveaux chômeurs qui s’annonce dans les mois à venir, conséquence de la crise sociale provoquée par l’épidémie de Covid-19. Pôle emploi va renforcer ses effectifs avec 2 800 recrutements « pour accompagner les jeunes » et faire face à cette hausse inexorable du chômage, a annoncé dimanche 30 août la ministre du travail, Elisabeth Borne.

« On a prévu 1 300 emplois supplémentaires à Pôle emploi pour accompagner les jeunes, (…) 650 dès le mois de septembre », a-t-elle indiqué sur BFM-TV. En outre, il y aura 1 500 embauches, « dès le mois de septembre également, pour faire face à l’augmentation du nombre des demandeurs d’emploi », a poursuivi la ministre.

Ces 2 800 recrutements (en équivalent temps plein) se feront soit en CDI, soit en CDD, a-t-elle précisé.

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Le Monde avec AFP

« Les accords de performance collective s’inscrivent dans une logique de mieux-disant social »

Tribune. La crise économique actuelle, conséquence de la crise sanitaire du Covid-19, aboutit inévitablement à une situation de stress intense pour de nombreuses entreprises, et donc à de fortes menaces sur l’emploi. Dans ce contexte, les accords de performance collective (APC) signés dans un nombre croissant d’entreprises, qui associent sur des périodes définies des garanties d’emploi à des baisses de rémunération, présentent un réel intérêt.

Certains y voient le risque d’un « moins-disant social », notamment de pertes d’avantages acquis. Cette critique reflète une vision passéiste de l’articulation de l’économique et du social. Une vision où les intérêts du capital et du travail sont inévitablement antagonistes et où tout compromis entre ces deux parties ne peut être qu’un marché de dupes.

Dans une telle vision, les normes édictées par le droit positif, dont le code du travail, seraient les plus à même de définir un cadre protecteur au travailleur. Pourtant, dans de nombreux pays, par exemple les pays nordiques ou scandinaves qui étaient au plein-emploi avant la crise sanitaire, il est le plus souvent considéré que le rôle du droit positif est de constituer un socle sur lequel les normes élaborées par la négociation collective assurent la meilleure conciliation entre protection du travailleur et efficacité économique.

L’APC a été créé par les ordonnances travail de septembre 2017 et confirmé par la loi Pénicaud de mars 2018. Il succède à l’accord de maintien de l’emploi (AME) créé par la loi de juin 2013 qui transposait l’accord national interprofessionnel signé par les partenaires sociaux en janvier de la même année.

Trop verrouillé, malgré quelques réformes, l’AME n’a connu qu’un très faible succès.

L’intérêt du collectif

L’APC, en revanche, permet d’introduire de nombreux changements organisationnels dans l’entreprise, ainsi qu’une éventuelle baisse des salaires. Le refus d’un salarié d’un des éléments de l’APC affectant son contrat peut constituer une cause réelle et sérieuse de son licenciement. L’APC peut donc mordre de façon sécurisée sur des éléments essentiels du contrat de travail. Dans certaines limites, il permet de faire primer l’intérêt de la collectivité de travail sur celui du travailleur individuel.

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Quand des représentants syndicaux (nécessairement majoritaires) signent un accord de performance collective prévoyant une baisse temporaire des rémunérations, c’est qu’ils considèrent que le compromis porté par un tel accord comporte d’autres éléments qui compensent cette perte. Ce compromis est un ensemble de dispositions, dont certaines considérées isolément peuvent sembler défavorables et d’autres au contraire favorables à chacune des deux parties signataires.

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Sept organisations syndicales appellent à une journée de grève le 17 septembre

Lors d’une manifestation de la CGT en juillet à Bouguenais (Loire-Atlantique), où sont situés les bureaux régionaux de la filiale d’Air France HOP!.

Près de deux mois après l’appel de la CGT à une journée de grèves et de manifestations le 17 septembre, la Fédération syndicale unitaire (FSU), Solidaires et des organisations de jeunesse (FIDL, MNL, UNEF, UNL) ont rejoint l’appel dans un communiqué commun, publié jeudi 27 août.

« La question de l’emploi est centrale » pour les sept organisations, qui énumèrent leurs revendications : « lutte contre la précarité et la pauvreté, hausse des salaires, développement des services publics, abandon définitif de la réforme des retraites ». Elles appellent à « une première journée d’action » le 17 septembre, « selon des modalités à définir dans les secteurs professionnels et les territoires (grèves, manifestations, rassemblements, etc.) ». La fédération CGT des cheminots a annoncé vendredi avoir déposé un préavis pour une grève du mercredi 16 septembre, à 20 heures, jusqu’au vendredi 18 septembre à 7 h 55.

Le 9 juillet, juste après avoir été reçu par Jean Castex, alors fraîchement nommé premier ministre, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, avait appelé à une journée de grèves et de manifestations le 17 septembre. « Après la rencontre avec le premier ministre, toujours rien de concret pour l’emploi et les salaires. Il faut passer des paroles aux actes », avait expliqué la CGT.

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Des aides aux « multinationales sans contrepartie et contrôle d’utilisation »

Les sept organisations exigent la gratuité des masques pour les collégiens, les lycéens et les étudiants. « La réduction du temps d’exposition également nécessaire induit de discuter de l’organisation, des conditions de travail et [de] réduction du temps de travail », ajoutent-elles, réclamant une baisse horaire « sans perte de salaire », au lendemain de l’appel de Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, à « rouvrir le débat » sur le temps de travail.

« Il est également temps d’en finir avec les aides publiques de toute nature dont bénéficient de grandes multinationales sans contrepartie et contrôle d’utilisation », ajoutent les syndicats. Force ouvrière, qui a bataillé cet hiver avec la CGT contre la réforme des retraites, ne s’associe pas à cet appel mais rejoint une large partie de leurs positions, dans un communiqué séparé réagissant à la conférence de presse de Jean Castex consacrée à l’épidémie.

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FO « conteste » le fait que la prise en charge des masques ne soit pas systématique pour les élèves. Elle « réitère sa revendication que les aides publiques soient (…) évaluées quant à leur efficacité sur l’emploi, conditionnées systématiquement à l’interdiction des licenciements et du versement de dividendes et contrôlées en conséquence ».

La confédération estime « indispensable » que le plan de relance « conduise au maintien et à la relocalisation d’industries et de services et s’accompagne d’une action résolue contre la spéculation boursière improductive et l’évasion fiscale, ainsi que de la responsabilisation des donneurs d’ordres sur les sous-traitants ».

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Le Monde avec AFP

« Cela fait deux mois que j’attends cette annonce ! » : salariés et patrons face à la généralisation du masque en entreprise

A Paris, le 27 mai 2020.

Il n’y a pas que le petit dernier qui appréhende la rentrée. Alors que, depuis le 16 juillet, selon les données de Santé publique France, les entreprises comptent davantage de foyers épidémiques que les établissements de santé, salariés et patrons regardaient l’horizon de septembre s’approcher avec anxiété.

A l’heure du retour des vacances, l’annonce faite mardi 18 août par la ministre du travail, Elisabeth Borne, concernant l’obligation du port du masque en entreprise dans « tous les espaces clos et partagés », « salles de réunion, couloirs, vestiaires, open spaces » compris, à partir de la « fin août », a donc été accueillie avec un mélange de soulagement, d’espoir mais aussi de résignation par les salariés ayant répondu à l’appel à témoignages publié sur le site du Monde.

Les chefs d’entreprise interrogés, eux, approuvent dans l’ensemble la mesure, mais pour des raisons davantage économiques que sanitaires, tout en attendant des précisions sur ses modalités concrètes d’application – une circulaire doit être publiée d’ici au 1er septembre.

Le masque, « équipement individuel de sécurité »

« Toutes les mesures de protection dans les entreprises sont très positives, car le risque le plus important est de revenir à un reconfinement global, qui serait catastrophique », souligne Olivier Schiller, président de Septodont, leader mondial de l’anesthésie dentaire. Au deuxième trimestre 2020, le produit intérieur brut français a en effet reculé de 13,8 %. Le retour d’un confinement, tel qu’instauré entre le 17 mars et le 11 mai, est désormais devenu le pire cauchemar des chefs d’entreprise.

Reste que cette mesure a un coût : désormais considéré comme un « équipement individuel de sécurité », le masque sera à la charge de l’employeur. Une nouvelle source d’inquiétude, notamment pour les petites structures. « L’Etat doit prendre ses responsabilités et financer l’achat de masques pour les entreprises, qui sont aujourd’hui dans l’incapacité d’ajouter ce coût supplémentaire à leurs dettes », a déclaré auprès du Monde Marc Sanchez, président du Syndicat des indépendants.

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Pour l’heure, cette demande, restée lettre morte, préoccupe d’autant plus les chefs d’entreprise qu’« il y a un risque de perte de productivité importante dans des activités comme la production ou la logistique », souligne Frédéric Coirier, coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire et président du groupe Poujoulat, spécialisé dans la fabrication de cheminées.

« Avec les chaleurs actuelles, le port d’un masque est proche du calvaire », note Antoine, manutentionnaire dans un centre de tri postal

Sur les chantiers, dans des usines ou dans des entrepôts, certaines activités, très exigeantes physiquement, ou certaines conditions de travail, notamment dans des lieux surchauffés, se prêtent en effet difficilement au port permanent du masque.

« Je considère le port du masque comme important en toutes circonstances dans la lutte contre le coronavirus et dans ce sens, son obligation au travail est un point positif. Toutefois, comme je fais un métier physique, et avec les chaleurs actuelles, le port d’un masque est proche du calvaire », note Antoine (tous les prénoms des salariés ont été modifiés), manutentionnaire dans un centre de tri postal. Chaque heure, ce sont quelque 1 300 colis, « qui peuvent peser jusqu’à plusieurs centaines de kilos », qui passent entre ses mains et celles de ses collègues.

Ces gestes, harassants et cadencés, « occasionnent un souffle court et rapide », couplé à une importante sudation, explique le jeune homme. Résultat : l’humidité s’accumule dans le masque et rend la respiration de plus en plus difficile. Pour l’heure, Antoine porte son masque lors de ses déplacements dans le centre de tri, mais le retire lorsqu’il s’agit de charger les colis. « En contrepartie, j’évite au maximum le travail en binôme », poursuit-il.

Les souhaits d’aménagement de l’obligation du port du masque ont, eux, été entendus. « Il y aura la place pour des solutions pragmatiques », a déclaré le premier ministre, Jean Castex, mercredi devant les chefs d’entreprise réunis à l’université d’été du Medef, ouvrant la voie à de possibles accords de branche concernant les métiers physiques.

Parades

Dans les open spaces, où l’effort est avant tout cérébral, le soulagement prédomine. « Cela fait deux mois que j’attends cette annonce !, s’exclame Pauline, qui travaille dans la publicité. Depuis notre retour au bureau, je suis la seule masquée parmi une centaine de salariés, dans des open spaces de 30 personnes, toutes les unes sur les autres. »

D’autant qu’il est parfois difficile de rappeler les gestes barrières à ses collègues… voire à ses supérieurs. « Jusqu’ici, nos chefs se sentaient libres de ne pas le porter en salle de réunion [contrairement au protocole sanitaire en vigueur cet été]. Maintenant, tout le monde devra faire de même », souffle Elisabeth, architecte.

Certains soulèvent le caractère désagréable du port du masque, la buée sur les lunettes, les maux de tête après une longue journée… sans en faire un argument contre la généralisation du port du masque en entreprise, mais plutôt pour le retour du travail à domicile, démasqué.

« Pendant le confinement, on a expérimenté le télétravail. Quand est venu le déconfinement, on a cru que les habitudes allaient changer, mais ça n’a pas été le cas, regrette Leïla, consultante en stratégie. Les manageurs ont continué à vouloir voir leurs équipes physiquement au bureau, au quotidien, alors que l’ensemble de nos réunions sont effectuées à distance, car le client, également présent à ces réunions, n’accepte pas les prestataires dans ses bureaux. Pourquoi porter le masque toute la journée dans un open space, alors que nous pouvons télétravailler ? »

Selon la Dares, le service statistique du ministère du travail, le déconfinement a effectivement sonné la fin du télétravail pour de nombreux salariés. En mars, 25 % d’entre eux travaillaient depuis chez eux et 27 % sur site. En juillet, ils n’étaient plus que 10 % à être en télétravail, contre 57 % dans leurs locaux professionnels.

En l’absence d’accords de télétravail, vivement encouragé par Mme Borne lors de son annonce du 18 août, certains ont déjà trouvé des parades, comme Emmanuelle, fonctionnaire : « Pour éviter la cohue dans les transports publics, j’envisage la voiture. » Et au bureau ? « Aller aux toilettes très régulièrement. Toutes les heures. Pour respirer. »

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