Avec « L’entreprise des possibles », Alain Mérieux prend sa part dans la lutte contre la grande précarité
A l’ouest de Lyon, on dirait un village reconstitué. Sept petits chalets disséminés dans un grand parc boisé avec des animaux en semi-liberté accueillent des femmes et des enfants, victimes de violences, de pauvreté, ou des deux. Le temps de se ressourcer et de prendre un nouveau départ. Ouvert en novembre 2020 près de Tassin-la-Demi-Lune, ce havre de paix fait partie d’une des réalisations de « L’entreprise des possibles », un modèle inédit de mécénat social, lancé par l’industriel Alain Mérieux.
Constituée de quatre salariés, la structure sollicite les entreprises pour venir en aide aux plus pauvres. En deux ans, elle a réuni un budget de 1,1 million d’euros, pour financer une quinzaine de projets concrets. Cette brigade entrepreneuriale d’un genre nouveau a aidé près de 1 550 personnes en situation de grande précarité, par une activité, un soutien ou un logement transitoire.
En 2021, elle prévoit d’appuyer onze projets, afin de tendre la main à plus d’un millier de personnes, en mettant l’accent sur le soutien aux jeunes et aux femmes en difficulté, qui représentent 30 % des personnes sans abri. « Dans la région lyonnaise, plus de deux cents femmes sortent de maternité sans toit. Elles sont plus vulnérables et invisibles », confirme Maud Bigot, directrice du Samusocial de Lyon.
« On ne peut pas réussir de façon égoïste »
L’entreprise des possibles puise ses ressources exclusivement dans le secteur privé. L’idée est de colliger des fonds pour soutenir des projets concrets et efficaces, dont la mise en œuvre et le suivi sont assurés par des organismes ou associations spécialisés dans la lutte contre la grande précarité. Cinquante-cinq sociétés, représentant 32 000 collaborateurs, ont répondu à l’appel de L’entreprise des possibles pour fournir des moyens utiles.
« Nous n’en sommes qu’au début. Il faut aller beaucoup plus loin, beaucoup plus fort. Nous avons rapproché deux mondes que je connais bien : le monde de l’entreprise, que j’ai longtemps servi, et le monde associatif, particulièrement actif dans la région lyonnaise », confie Alain Mérieux. Le patron de l’Institut Mérieux, treizième fortune française selon le magazine Forbes, a lancé ce concept solidaire par conviction personnelle et avec la liberté de parole de ceux qui ont traversé les plus dures épreuves familiales. En 1975, son fils avait été enlevé par un gang, puis libéré contre rançon.
« L’entreprise des possibles » développe une méthode professionnelle de mécénat, en parlant le langage des entreprises
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