La crise est propice à la relance de la formation
Comment maintenir l’emploi et les compétences des salariés en temps de crise grâce à la formation ? Le gouvernement a décidé d’y consacrer 15,5 milliards d’euros dans le plan de relance annoncé le 3 septembre, avec un volet « compétences » qui vient renforcer le nouveau cadre législatif fixé en 2018 par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel.
La mission est difficile : les entreprises (en particulier de petite taille) forment beaucoup moins en temps de crise, alors même que la formation continue se révèle déterminante pour anticiper la reprise de l’économie, selon une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) de juillet 2020.
Dans leur « Bulletin de recherches emploi formation » (Bref), Agnès Checcaglini et Isabelle Marion-Vernoux observent les trajectoires des pays européens en termes de formation entre 2005 et 2015, et en particulier la France. Si les entreprises hexagonales ont toujours beaucoup formé, par des cours et des stages (50 % des salariés suivent au moins une formation chaque année), l’enquête met en évidence l’effet négatif de la conjoncture économique sur l’investissement financier des employeurs dans la formation.
Pour faire face aux coupes dans les budgets des entreprises en période de crise, les chercheuses utilisent les exemples de pays comme l’Allemagne ou le Danemark pour montrer qu’une diversification des manières de développer les compétences serait bénéfique à la France.
Comment inciter les entreprises à former autrement dans ce contexte particulier ? « Il faut des nouveaux dispositifs, des accords entre Etat et partenaires sociaux, des obligations de formation », répond Isabelle Marion-Vernoux : en s’aidant des dispositifs actuels et en en imaginant d’autres, la situation est l’occasion pour les salariés de maintenir leur employabilité et leurs compétences. « Il faut se former maintenant pour préparer la période de reprise », défend la chercheuse.
Pendant l’activité partielle
Le principal outil conjoncturel déployé par le gouvernement pour maintenir les compétences est le dispositif d’aide à la formation du Fonds national de l’emploi, le FNE-Formation. Créé à l’origine pour accompagner les restructurations, dans le nouveau contexte Covid, il est dévolu à la formation des salariés placés en activité partielle, sous forme de prise en charge par l’Etat d’une partie des coûts de formation. Le FNE-Formation veut favoriser « l’adaptation à de nouveaux emplois en cas de changements professionnels dus à l’évolution technique ou à la modification des conditions de production ». Ainsi, 250 000 personnes auront été formées en 2021 grâce à ce dispositif, pour un budget d’un milliard d’euros, estime le gouvernement.
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