Archive dans avril 2020

Coronavirus : aux Etats-Unis, les inscriptions au chômage dépassent 26 millions

Formulaire d’inscription aux allocations chômage, à Arlington (Virginie, Etats-Unis), le 16 avril 2020.
Formulaire d’inscription aux allocations chômage, à Arlington (Virginie, Etats-Unis), le 16 avril 2020. OLIVIER DOULIERY / AFP

4,4 millions d’Américains se sont inscrits au chômage lors de la semaine achevée le 18 avril., selon les chiffres du département du travail publiés jeudi 23 avril. En cinq semaines de confinement, les inscriptions dépassent 26,4 millions, un chiffre qui n’a aucun équivalent historique.

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Le recul est de 800 000 par rapport à la semaine précédente. Les chiffres restent très élevés, avec la poursuite des licenciements, la réduction des problèmes informatiques qui avaient empêché des inscriptions au cours des premières semaines de crise et la montée en puissance des travailleurs indépendants, éligibles pour la première fois à des indemnités dans le cadre du plan fédéral de soutien à l’économie.

Le niveau de demandes a reflué à New York et en Californie, particulièrement touchés ces dernières semaines, mais s’est envolé en Floride, qui semblait épargnée partiellement par la crise, passant de 180 000 à plus de 500 000. Le taux de chômeurs bénéficiant d’une indemnité est désormais de 11 % de la population active. Le chômage total pour le mois d’avril sera connu début mai et devrait atteindre les 20 %.

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Avec la fabrication de respirateurs, PSA expérimente la production intensive au temps du coronavirus

Poissy, France, le 22 Avril 2020 : A l intérieur de l usine PSA de Poissy, dans la partie reserve au partenariat avec Air Liquide, les employes volontaires assemblent la partie mecanique des respirateurs. PSA et Air Liquide unissent leur force pour produire un maximum de respirateur afin de fournir les hopitaux français. 95 volontaires : des ouvriers, des techniciens, des cadres, des informaticiens, des chefs d equipes de PSA se sont rassembles pour venir aider. L'objectif c est de produire 400 respirateurs par jour. C est l ambition de produire en 50 jours ce que Air Liquide produit habituellement en 3 ans.

BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

Par

Publié hier à 10h08, mis à jour à 09h11

Difficile de ne pas les voir. Des flèches au sol à la peinture blanche flambant neuve, des bureaux marqués d’une croix pour dire « ne vous asseyez pas là », et, partout, comme un fleurissement d’affichettes colorées qui martèlent les consignes tous les deux mètres : « masques et lunettes obligatoires », « deux personnes maxi dans les toilettes », « jetez vos masques dans les poubelles spéciales », « une seule personne dans l’escalier à la fois »…

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Nous voici à l’atelier Osiris, îlot d’activité dans l’immense usine PSA de Poissy, dans les Yvelines, à l’arrêt depuis le 17 mars, avec ses parkings vides et ses bâtiments étrangement silencieux. Un ovni, cet atelier Osiris. Le constructeur automobile l’a monté en quelques jours pour fabriquer de manière industrielle les respirateurs médicaux du modèle Osiris, conçus par Air Liquide, mais qui n’étaient fabriqués qu’au rythme d’une centaine par an, alors que les hôpitaux débordés par l’épidémie due au coronavirus en manquaient cruellement.

Dans l’espace restauration du site, il est interdit de s’assoir à certaines places signalées par une croix, afin de faire respecter une distance minimale.
Dans l’espace restauration du site, il est interdit de s’assoir à certaines places signalées par une croix, afin de faire respecter une distance minimale. BENJAMIN GIRETTE POUR « LE MONDE »

Un ovni et un laboratoire. Car en plus de s’improviser fabricant industriel de matériel médical, PSA y expérimente la production intensive au temps du Covid-19. Un double défi : adapter les méthodes tayloristes de l’usine automobile à la fabrication d’un objet de santé et faire travailler une centaine d’ouvriers et d’encadrants dans un espace somme toute réduit, de vingt mètres sur cinquante, sans compter les bureaux de la direction. Une vraie petite ruche, où les opérateurs se côtoient à moins d’un mètre, et où pièces, cartons, boîtes passent de main en main en permanence.

« Ils sont fiers »

A Poissy, PSA ne fabrique pas le respirateur proprement dit, mais son cœur mécanique (la pièce majeure de l’appareil). « Il a fallu pour cela former les personnels, en particulier à la manipulation de toutes petites pièces », explique Marc Futeul, ingénieur en organisation, qui a dirigé la conception productive de l’atelier. « Ce n’est vraiment pas le même travail, confirme Marie-Ange, attelée au vissage d’un écrou minuscule. D’habitude, je fabrique des côtés de caisse qu’on ne peut manipuler qu’avec un robot. »

« Tous les gens ici sont volontaires, précise Franck Guérin, le responsable de l’atelier et délégué syndical FO sur le site de Poissy. Et je peux vous dire qu’ils sont fiers de participer, certains d’autant plus que leur conjoint travaille à l’hôpital. » C’est aussi lui qui fait appliquer le nouveau protocole qui vient d’être audité et validé : prise de température pour toute personne accédant à l’usine, parcours fléché empêchant ceux qui entrent de croiser ceux qui sortent, produits désinfectant sur les tables pour nettoyer quand on s’y installe…

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Coronavirus : « Des primes de risque bien dérisoires »

Tribune. Les différentes primes envisagées pour tous ceux qui continuent à se rendre sur leur lieu de travail pendant la crise du coronavirus sont-elles la bonne réponse devant les risques importants encourus ? Elles semblent bien dérisoires pour récompenser tous ceux qui, médecins, aides-soignantes, magasiniers, livreurs, caissières, méritent mieux que notre compassion, nos applaudissements du soir et nos encouragements sur les réseaux sociaux.

Le problème n’est pas que les vrais héros de cette drôle de guerre ont des fins de mois difficiles, le problème est qu’ils risquent leur vie pour nous et que cela exige un message très fort de tout le pays. Pas une maigre obole.

Véritable double peine

Le sentiment d’injustice n’a peut-être pas frappé immédiatement les « confinés », tous ceux d’entre nous qui continuent de mener la vie la plus normale possible grâce au sacrifice de ceux qui s’exposent sur le front. Après tout, diront certains, chaque guerre a ses soldats. Il y a pourtant une différence énorme entre la crise du Covid-19 et, par exemple, la première guerre mondiale : les poilus étaient représentatifs de l’ensemble de la population, aucune famille n’a été épargnée.

Le problème n’est pas que les vrais héros de cette drôle de guerre ont des fins de mois difficiles, le problème est qu’ils risquent leur vie pour nous et que cela exige un message très fort de tout le pays

Aujourd’hui, au contraire, il existe des inégalités flagrantes devant l’exposition au virus, et ces inégalités viennent dans bien des cas aggraver des inégalités socioéconomiques existantes. Que l’on songe aux dilemmes d’une mère célibataire qui doit choisir entre la garde de son enfant et un job ingrat mais source principale de revenus.

Cette véritable double peine doit nous conduire à réfléchir à l’instauration d’une prime de risque importante pour toutes les professions sur lesquelles pèse un risque disproportionné par rapport au reste de la population. On nous rétorquera que dans certains métiers, notamment chez les pompiers et les forces de l’ordre, des risques considérables sont pris chaque jour : oui, mais la grande différence est que ces risques sont connus à l’avance et que, sauf exception, les moyens matériels sont adéquats.

Un bon modèle pour la rémunération du risque causé par le coronavirus peut se trouver chez les diplomates : dès qu’un risque géopolitique est jugé matériel, la rémunération globale augmente très sensiblement. Ainsi, le niveau total des primes d’un ambassadeur en poste à Kaboul (Afghanistan) ou à Bagdad (Irak) est plus ou moins triplé par rapport aux primes d’un ambassadeur établi à Bruxelles (jusqu’à 4,5 fois le salaire de base).

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La crise du coronavirus génère un préoccupant déficit de l’assurance-chômage

Muriel Pénicaud, ministre du travail, à l’Elysée, le 1er avril.
Muriel Pénicaud, ministre du travail, à l’Elysée, le 1er avril. POOL / REUTERS

L’assurance-chômage est en train de subir un choc financier d’une violence sans précédent, à cause de la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Surveillés quasi en temps réel, ses comptes se dégradent à une vitesse spectaculaire.

Selon nos informations, la dette du régime atteint désormais 42,5 milliards d’euros, contre un peu plus de 37 milliards en décembre 2019. Et elle risque fort de poursuivre sa dérive, plusieurs administrateurs évoquant un montant compris entre 50 et 60 milliards d’euros, en fin d’année. Une situation préoccupante, qui pourrait se traduire par des difficultés pour faire face aux besoins de trésorerie.

Les évolutions en cours sont déprimantes pour l’Unédic, l’association paritaire copilotée par les partenaires sociaux qui gère le dispositif. Après avoir accumulé les déficits au cours de la décennie écoulée, elle espérait renouer avec les excédents à partir de 2021 et engager, grâce à ce retour à meilleure fortune, son désendettement. C’est le scénario inverse qui se joue aujourd’hui, pour plusieurs raisons.

D’abord, les dépenses s’emballent, sous l’effet de la généralisation de « l’activité partielle » – terme officiel pour désigner le chômage partiel. Ce dispositif, qui concerne 10,2 millions de travailleurs, selon les chiffres communiqués, mercredi 22 avril, par le gouvernement, couvre la majeure partie (voire, dans certains cas, la totalité) de la rémunération des bénéficiaires. L’Unédic assure un tiers du financement, soit un coût d’environ 1 milliard d’euros par semaine, qui est susceptible de progresser, car ce filet de protection va couvrir ceux qui, jusqu’à maintenant, étaient en arrêt-maladie pour garder leurs enfants ou s’occuper d’une personne vulnérable.

Tarissement des recettes

S’y ajoute l’allongement de l’indemnisation pour les demandeurs d’emploi arrivés en fin de droit à compter du 1er mars – une mesure récemment prise par l’exécutif. Enfin, le volume des allocations versées s’accroît aussi avec la hausse du nombre de salariés, qui se retrouvent ou vont très vite se retrouver sans activité (fin du contrat à durée déterminée ou de la mission d’intérim, licenciement, etc.).

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Le chômage pourrait toucher 460 000 individus supplémentaires « pendant la période de confinement », d’après une étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques, diffusée lundi.

Du côté des recettes, la tendance est au tarissement, notamment à cause des cotisations dont le règlement a été repoussé, afin d’aider les entreprises. Il est très possible qu’une partie de ces contributions soient finalement annulées (notamment celles dues par le secteur de la culture et de l’hôtellerie-restauration) et donc perdues à tout jamais.

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Former les salariés pendant le chômage partiel, une occasion pas si simple à saisir

« Avant que les affaires ne reprennent, le groupe Vaillant, fort de son académie interne, a décidé de lancer un vaste plan de formation pendant les jours de travail et de chômage partiel »
« Avant que les affaires ne reprennent, le groupe Vaillant, fort de son académie interne, a décidé de lancer un vaste plan de formation pendant les jours de travail et de chômage partiel » Radius Images / Photononstop

Depuis la mise en place du confinement, mi-mars, Zelda Kermoal passe la moitié de son temps de travail à se former. Une manière de rester active, alors que son secteur connaît un sérieux coup d’arrêt. Consultante en immobilier résidentiel pour Coldwell Banker, elle visionne les vidéos en ligne mises en place par son réseau, un spécialiste de l’immobilier de luxe qui met à disposition un total de quatorze heures de formation.

Deux fois par semaine et pendant deux heures, un formateur est disponible pour répondre à ses questions sur la prospection en période de crise, le suivi des clients à distance ou encore l’emploi de la signature électronique, et quelques autres thématiques sur lesquelles l’entreprise tient à former ses consultants en ce moment. « C’est une très bonne surprise. On est très bien accompagnés, et cela permet de rester dans un esprit de travail », apprécie Zelda Kermoal.

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Certains éditeurs de formations en ligne voient la fréquentation de leurs services augmenter avec le confinement. « Nous avons enregistré une croissance de 140 % sur nos sessions de formation en avril », explique Yannick Petit, directeur général de Unow, un éditeur de formations en ligne. Formations au management à distance, à la confiance en soi et à la gestion du stress sont particulièrement prisées des collaborateurs ayant accès à son catalogue.

Comptes crédités dès le 24 avril

Se former est un réflexe que le ministère du travail veut encourager pendant cette période où plus de 9 millions de salariés sont en chômage partiel. Depuis le 14 avril, toutes les entreprises peuvent demander le remboursement des coûts pédagogiques des formations suivies par leurs salariés dans cette situation. Le gouvernement a décidé de mettre 500 millions d’euros pour prendre en charge ces formations. Du côté des salariés, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, a rappelé, lors de son audition au Sénat le 7 avril, que leurs comptes personnels de formations seront crédités au titre des droits acquis en 2019, dès le 24 avril. .

Chez SCC, une entreprise de services numériques, des formations sur le management à distance et sur les outils collaboratifs ont été mises en place dès la mi-mars. Habituellement lissées sur l’année, les formations informatiques vont être concentrées sur la période de confinement. « Notre optique est d’être prêts lorsque l’activité va reprendre », prévoit Béatrice Quertain, responsable formation de SCC France. Mais au-delà de l’anticipation de la reprise, le confinement constitue une occasion pour son service. « L’intérêt est de créer une appétence pour la formation », poursuit Béatrice Quertain, qui travaille à répertorier les formations en ligne gratuites qui pourraient être utiles aux salariés.

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Coronavirus : « De l’importance de connaître les “fiches métiers” »

« A la boulangerie, un même employé peut-il servir les gâteaux et tenir la caisse ? » « Le lavage des mains fait-il partie du temps de pause ? »
« A la boulangerie, un même employé peut-il servir les gâteaux et tenir la caisse ? » « Le lavage des mains fait-il partie du temps de pause ? » DPA / Photononstop

Carnet de bureau. Il y a un peu plus d’un mois, le 17 mars, le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) s’arrêtait brutalement, prenant de cours le secteur de l’intérim qui, dans la foulée, perdait les trois quarts de ses emplois. Aux accusations de manque de « civisme » lancées par le gouvernement qui réclamait la reprise de l’activité dans le secteur, les trois fédérations ont répondu par un communiqué commun : « La santé et la sécurité des personnes sont une priorité absolue. () Il est de notre responsabilité collective () de trouver avec le gouvernement des solutions pour protéger la santé des [2 millions de] salariés et assurer la poursuite de l’activité dans de bonnes conditions. »

Il a fallu cet électrochoc pour que soit créé un cadre des bonnes conditions de reprise des salariés du BTP, tenant compte du contexte dû au coronavirus : un guide des préconisations sanitaires élaboré entre l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics et les services de santé au travail. Mais pas seulement.

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Le BTP a joué les pionniers. Quelques jours plus tard, le 26 mars, le ministère du travail annonçait dans un communiqué la création d’« une cellule exclusivement dédiée à formuler des préconisations concrètes, par secteur ou par métier, pour poursuivre l’activité de l’entreprise tout en préservant la santé des salariés ».

Donner une référence commune

Non que ce soit au gouvernement de régir le management de chaque entreprise, mais, face à la désorganisation produite par les contraintes de mobilité, les difficultés d’approvisionnement en masques, en gel hydroalcoolique, et surtout l’insuffisance des connaissances sur le risque contagieux, la traduction de ce que signifient « gestes barrières » et « distanciation sociale » dans l’environnement propre à chaque entreprise était devenue un défi digne de Champollion. Et tous les DRH ne sont pas égyptologues. Pour le relever, un cadre officiel peut être bienvenu.

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Au ministère du travail, « une équipe d’experts » produit donc, depuis fin mars, « des fiches pratiques par métier ou secteur d’activité », une par jour à peu près, pour répondre aux questions basiques du type : « A la boulangerie, un même employé peut-il servir les gâteaux et tenir la caisse ? » « Le lavage des mains fait-il partie du temps de pause ? » Au drive : « Comment donner la marchandise en respectant le mètre de distance entre le salarié et le client ? » Les réponses sont concrètes : en open space, « prévoyez une séparation entre chaque poste de travail (paroi en plastique transparent par exemple) avec nettoyage obligatoire en début et fin de poste », mentionne la fiche.

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« Les producteurs de matériel médical devraient être des entreprises à mission »

« Il faudrait donc développer un écosystème industriel adapté à l’hôpital et à ses crises, en exigeant des fournisseurs stratégiques qu’ils soient des sociétés à mission »
« Il faudrait donc développer un écosystème industriel adapté à l’hôpital et à ses crises, en exigeant des fournisseurs stratégiques qu’ils soient des sociétés à mission » DPA / Photononstop

Entreprises. Parmi les leçons de la pandémie actuelle, il y a indiscutablement la nécessité d’éviter la pénurie de matériel médical. Dans l’urgence, des usines ont dû se reconvertir dans la fabrication de masques et des industriels, dont ce n’était pas le métier, se sont lancés dans la production de respirateurs. Initiatives méritoires et solidaires, mais qui ne doivent pas faire oublier qu’il s’agit de pallier l’incapacité des producteurs habituels à répondre à la demande forte engendrée par l’épidémie mondiale.

Il est courant d’expliquer cette incapacité par le caractère exceptionnel et universel de la crise. Mais c’est oublier que l’industrie est coutumière des variations fortes de la demande. En outre, toutes les études sur la défaillance et la sécurisation des approvisionnements, montrent que pour se préparer à de fortes variations de la demande, il n’est pas besoin de connaître exactement la cause de celles-ci.

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Pour absorber ces chocs, les sciences de la gestion et du génie industriels offrent une large gamme de solutions : stockage des pièces critiques, diversification des fournisseurs, flexibilité des lignes d’assemblage, modularisation du matériel permettant de sous-traiter tout ou partie des productions, etc. Il faut aussi concevoir à l’avance, des matériels moins sophistiqués, faciles à fabriquer et à déplacer, qui assurent a minima les fonctions essentielles.

Développer un écosystème

Le système hospitalier devrait donc, à l’avenir, obtenir de ses fournisseurs de telles garanties industrielles. Mais cela suffira-t-il ?

Une enquête du New York Times (29 mars 2020, « The US Tried to Build a New Fleet of Ventilators. The Mission Failed ») révèle que, en 2008, face à la série des épidémies virales, les autorités de santé des Etats-Unis ont anticipé un besoin massif de respirateurs. Ils ont alors commandé à une entreprise de nouveaux respirateurs : moins chers, plus faciles à produire et à utiliser en urgence. Mais, en 2012, l’entreprise fut rachetée par un grand du secteur, qui arrêta le projet parce que non rentable selon lui, et en concurrence avec ses propres matériels. L’administration relança plus tard un nouveau projet, mais il était trop tard pour le Covid-19 et les Etats-Unis ont dû improviser face à la pénurie, comme la France.

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Il ne suffit donc pas qu’un écosystème industriel se prépare à des variations imprévues de la demande. Il faut aussi que les entreprises de cet écosystème puissent maintenir cette capacité malgré les modifications de leur actionnariat ou leur éventuelle absorption. Or, cette double assurance n’est acquise qu’avec la qualité de société à mission telle que définie par la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises). Celle-ci, permet de pérenniser et de contrôler les engagements de l’entreprise. De plus, le système hospitalier pourrait participer au comité de mission. Sans la société à mission, les investissements en faveur d’une réelle robustesse industrielle seraient aisément remis en cause par une nouvelle gouvernance exclusivement financière.

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« La Raison d’être de l’entreprise » : éviter la dernière ruse du capitalisme

« La Raison d’être de l’entreprise », de Bertrand Valiorgue, Presses universitaires Blaise Pascal, 64 pages, 4,50 euros.
« La Raison d’être de l’entreprise », de Bertrand Valiorgue, Presses universitaires Blaise Pascal, 64 pages, 4,50 euros.

Le livre. Souvent appréhendées comme de simples acteurs économiques, enchâssées dans des marchés au sein desquels elles espèrent prospérer, les entreprises, et en particulier les grandes entreprises, sont au centre de nos sociétés contemporaines. Elles ont une multitude d’impacts sur notre quotidien et déterminent notre futur.

Si l’on s’en tient aux indicateurs économiques traditionnels, la situation est appréciable. En 2019, les quarante plus grandes entreprises françaises ont versé la somme record de 49 milliards d’euros à leurs actionnaires. Mais les performances économiques et technologiques des entreprises ne doivent cependant pas masquer « une réalité politique qui devient chaque jour plus évidente : la dynamique de progrès social et environnemental est en panne », alerte Bertrand Valiorgue dans La Raison d’être de l’entreprise.

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Le législateur français a souhaité interroger la place et la contribution de l’entreprise à la vie de la cité à travers la loi Pacte, qui contient « plusieurs dispositions susceptibles d’amener les entreprises à développer une croissance inclusive et de mieux prendre en charge les conséquences de leurs activités au niveau de l’environnement et de leurs parties prenantes », analyse le professeur de stratégie et gouvernance des entreprises à l’université Clermont- Auvergne.

L’empreinte environnementale des entreprises

Quels contours de la nouvelle entreprise se dessinent à l’issue de la loi Pacte ? Quels changements convient-il de mettre en place, afin de redéfinir la contribution de l’entreprise à la vie de la cité, et enclencher une nouvelle dynamique de progrès social et environnemental ?

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Le traité montre l’ampleur des changements qui sous-tendent la réforme de la gouvernance de l’entreprise, et interroge « les origines et les problèmes de fond dans le fonctionnement des grandes entreprises qui ont poussé le législateur français à promouvoir des changements législatifs substantiels, afin de pousser les entreprises à mieux contribuer au progrès social et environnemental ».

Un coup d’œil rapide sur les conditions de production et de distribution de la valeur économique générée par les grandes entreprises permet, souligne le membre du laboratoire de recherche Clermont Recherche Management (CleRMa), de nuancer les niveaux de performance. Si les grandes entreprises dégagent d’importants bénéfices pour rémunérer les épargnants et maintenir des cours d’action élevés, « c’est aussi grâce aux pressions qu’elles exercent sur leurs partenaires économiques de taille plus modeste ».

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La justice liquide le quotidien « Paris-Normandie », l’activité prolongée de trois mois

La « une » de « Paris-Normandie », le 21 avril.
La « une » de « Paris-Normandie », le 21 avril. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

C’était une décision attendue, après la demande en ce sens faite la semaine dernière par la direction du journal normand. Le tribunal de commerce de Rouen a prononcé, mardi 21 avril, la liquidation du quotidien Paris-Normandie avec prolongation d’activité de trois mois, a annoncé son propriétaire, l’homme d’affaires et candidat (La République en marche, LRM) aux élections municipales à Rouen Jean-Louis Louvel – il est arrivé troisième à l’issue du premier tour le 15 mars.

Le quotidien, endetté depuis plusieurs années, emploie 216 salariés, selon leur avocate Jessy Levy. A en croire la direction, la crise sanitaire du coronavirus a interrompu « le lent redressement » du journal. Elle avait annoncé, jeudi, demander une liquidation avec prolongation d’activité de la SNIC, société éditrice du journal, qui affiche 7 millions d’euros de dette (contre 10 millions en 2017). « Cette situation est la conséquence directe de l’impact du Covid-19 sur le chiffre d’affaires de notre entreprise », avait-elle alors justifié. Le journal fondé en 1944 affiche une chute de 90 % des recettes publicitaires.

Plusieurs repreneurs espérés

Les salariés, qui ont connu trois procédures judiciaires depuis 2012, sont bien sûr « inquiets », selon le Syndicat national des journalistes (SNJ). « On suppose qu’il y aura plusieurs repreneurs parce que la fameuse dette sera annulée », si la liquidation est prononcée avec prolongation d’activité, a avancé Anne Bouchet, déléguée SNJ du journal. Reste à savoir si ces offres seront « sérieuses » et si des salariés resteront « sur le carreau ».

Jean-Louis Louvel a assuré devant le tribunal avoir déjà eu des contacts avec des repreneurs, a-t-il déclaré à l’Agence France-Presse. « Je ne doute pas que plusieurs offres seront transmises », a-t-il dit. Lundi, le candidat malheureux à la reprise du journal en 2017, le groupe belge Rossel (La Voix du Nord), n’a pas souhaité dire s’il ferait à nouveau une offre.

Le 15 avril, le tribunal avait prononcé la liquidation avec poursuite d’activité pour la RNP, la régie publicitaire du titre, qui emploie vingt-cinq personnes.

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Implanté uniquement sur le territoire de l’ancienne région de Haute-Normandie, dont il est l’unique quotidien local, Paris-Normandie compte 22 500 abonnés papier et 1 500 abonnés Web, selon la direction. En 2019, le journal diffusait à environ 41 280 exemplaires, soit 6,9 % de moins qu’en 2018, selon l’ACPM, organisme de certification de l’audience de la presse, une baisse supérieure à la moyenne observée pour la presse régionale dans son ensemble.

Le Monde avec AFP

Entreprises et coronavirus : « Comment redémarrer son activité ? »

Tribune. Pour continuer à fonctionner après un problème opérationnel grave, une entreprise prévoit généralement un plan de sécurité que l’on appelle, dans le jargon managérial, « plan de continuité des activités » ou business continuity planning (BCP). Inutile de dire que, dans la situation créée par l’épidémie de Covid-19, ces BCP sont aujourd’hui tous actifs. Mais précisément, ce caractère massif et simultané n’a jamais été anticipé.

Chaque entreprise fonctionne en mode précaire, mais c’est aussi le cas de ses fournisseurs et de ses clients ! Un problème opérationnel à l’origine d’un BCP n’est pas censé être universel, ni durer si longtemps, sans compter qu’il peut encore s’aggraver si tout le personnel tombe malade ou doit rester confiné…

Quatre volets

Un BCP a quatre volets : prévention, évitement (ou « mitigation »), plan d’urgence et redémarrage. Lorsqu’un danger menace une organisation, le BCP lui oppose d’abord des mesures de prévention. Si elles n’ont pas fonctionné, le danger s’est matérialisé. La mitigation, ou évitement, en atténue l’impact. Si cet évitement n’a pas pu limiter cet impact, alors on entre en plan d’urgence : on ramène l’installation dans un état stable, qu’on pérennise avant de redémarrer l’activité de manière sûre et pérenne.

Lors de la grippe H1N1 de 2009, les entreprises avaient commandé (pour rien) des millions de vaccins et de masques, alors que l’épidémie ne sévissait qu’en Extrême-Orient (et y est finalement restée). C’était l’étape prévention. Une telle mesure transposée au coronavirus – qui n’a pas de vaccin – aurait signifié que soient prises, avant même le premier cas en Europe, des mesures de distanciation, de fermeture de magasins, d’interdiction de rassemblement, jusqu’au confinement.

Ce qui était donc une prévention est devenu une mitigation, qui va demeurer tant que l’épidémie dure. En revanche rien n’a été prévu comme plan d’urgence, et on avance à tâtons pour le redémarrage : comment lèvera-t-on le confinement ? Comment redémarrer son activité ?

Pas de retour d’expérience

La mise en œuvre plus ou moins aisée d’un plan de continuité des activités dépend du secteur. Plus celui-ci est numérisé, plus il peut fonctionner en autonomie, grâce aux « data centers » et aux « clouds ».

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A l’opposé, les transports ou la production nucléaire ne peuvent fonctionner sans humains à la barre. Le BCP y est critique et crucial. Le secteur de l’énergie risque le plus un incident opérationnel : les réseaux de distribution, de transport et de production sont extrêmement interdépendants et présentent chacun le risque d’être un maillon faible. Il suffit qu’un des trois acteurs ne puisse plus intervenir en cas de défaut pour observer une rupture d’approvisionnement.

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