Archive dans 2019

Les parts répandus dans le monde accèdent un montant record

Le montant est historique. Les 1 200 plus grandes entreprises estimées mondiales ont éprouvé, durant avril-juin, quelque 513,8 milliards de dollars (463 milliards d’euros) de portions à leurs actionnaires, soit une amélioration de 1,1 %, selon l’étude publiée, lundi 19 août, par l’observatoire de la société de gestion Janus Henderson.

Sur l’assortiment de 2019, ces groupes nécessiteraient dispenser à leurs actionnaires un montant record, estimé à 1 430 milliards de dollars. Reste que le deuxième trimestre est surtout significatif, car sept sociétés sur dix répandent leurs dividendes à cette période de l’année.

« Ce niveau reflète d’excellents résultats financiers en 2018, déclare Ben Lofthouse, responsable des gestions actions chez Janus Henderson. Cependant, on observe un ralentissement de la croissance des dividendes, qui peut se développer par une plus grande prudence des entreprises avec la décélération de l’économie mondiale. »

« L’heure de la stabilisation »

L’an dernier, les dividendes possédaient fait un bond de 14,3 % sur ce même deuxième trimestre. « Après la crise, les entreprises ont d’abord amélioré leurs résultats financiers. Puis, dans un second temps, cela s’est traduit par le versement des dividendes, ce qui explique les fortes croissances, rappelle M. Lofthouse. Actuellement, c’est l’heure de l’amélioration, même si c’est bien plus fort que l’inflation. »

Les sociétés sont notamment prudentes sur le Vieux Continent. Les dividendes y ont même tombé de 5,3 % sur ce trimestre. « La croissance de l’Europe a été à la traîne par rapport au reste du monde au cours des dernières années (…), du fait, notamment, de la faiblesse de l’euro », assaisonne l’observatoire. Tous les pays européens ne sont cependant pas logés à la même enseigne.

La France a connu une croissance de 3,1 %. « De loin, le plus grand payeur de dividendes en Europe, elle a vu leurs montants atteindre 51 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre, un nouveau niveau historique », déclare l’étude. Les trois quarts des sociétés françaises prises en compte par l’étude ont agrandi leurs versements par rapport à l’an dernier. Seul EDF les a baissés.

« Au détriment des salaires »

Pour Pascal Quiry, la bible de la finance d’entreprise, ce n’est pas un étonnement : « La capitalisation des grandes entreprises françaises est bien supérieure à celles des allemandes, en Europe. De ce fait, il n’est pas étonnant qu’elles dégagent, en volume, le plus de dividendes. »

Entre les groupes les plus généreux participent Total, Sanofi, BNP Paribas, LVMH, Hermès, Kering ou L’Oréal. Selon La Lettre Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont payé, en 2018, 46 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires, sans pour autant renoncer à leurs investissements.

Par contre, en Allemagne, les dividendes ont tombé de 10,7 %. Les groupes automobiles ou chimiques ont vu leurs activités condamnées par les guerres commerciales ou les scandales sanitaires.

Ces données font effondrer les organisations altermondialistes qui participent, cette semaine, au « contre-sommet » du G7. Elles illustrent « les politiques qu’il faut transformer aujourd’hui pour financer l’intérêt général plutôt que rémunérer les actionnaires », a déclaré à l’AFP Maxime Combes, membre d’Attac. « Les pays du G7 mettent en place des politiques qui favorisent le versement de dividendes, notamment au détriment des salaires », regrette, pour sa part, Quentin Parrinello, de l’association Oxfam France.

 

Bercy : les syndicats appellent à la mobilisation contre le réaménagement des services des impôts

Manifestation des agents des impôts le 14 mars à Tourcoing.
Manifestation des agents des impôts le 14 mars à Tourcoing. FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Ils appellent à la grève le 16 septembre pour réclamer les ruptures de postes et le manque de moyens devant la mise en place du prélèvement à la source.

Selon l’intersyndicale des agents des impôts, la situation est « inquiétante » : les services sont « au bord de la rupture faute de moyens ». Dans une note diffusée lundi 19 août, les syndicats de la direction générale des finances publiques (DGFIP) nomment les personnels à « une mobilisation nationale massive le 16 septembre ».

Solidaires, la CGT, FO et la CFDT accentuent deux problèmes principaux. Le premier est la « forte affluence en août » aux guichets. La mise en place de la saisie à la source génère beaucoup de questions chez les contribuables. « Le crédit d’impôt de modernisation du recouvrement, les réductions et crédits d’impôts sont autant de dispositifs nouveaux qu’il faut expliquer », déclare l’intersyndicale.

L’entourage du ministre de l’action et des comptes publics, garantit qu’« il est normal à cette période de l’année qu’il y ait un peu plus de monde que le reste du temps ». Mais, à Limoges, par exemple, « le rythme est de 1 200 appels par jour, explique Arnaud-Guilhem Fabry, élu CGT, et il y a que deux personnes pour répondre. Elles ne peuvent prendre qu’une centaine de communications par jour, soit 200 sur 1 200. Les collègues croulent sous les mails. Il nous est arrivé d’avoir une queue de 100 mètres sur le trottoir… »

Dans le même temps, le gouvernement déclare de nouvelles annulations de postes de fonctionnaires à Bercy. Après avoir déjà rendu plusieurs dizaines de milliers de postes ces dernières années, la DGFIP devrait à nouveau en perdre environ 2000 en 2020. Les syndicats dénoncent une « une énième saignée de 10 000 emplois sur l’ensemble du quinquennat ».

« Déstructuration des services »

Or, deuxième problème, la diminution arrive dans un contexte de réaménagement général de l’administration des finances publiques. Les syndicats parlent de « déstructuration des services ». Au contraire, répond-on chez M. Darmanin, il s’agit d’accroître de 30 % d’ici la fin du quinquennat le nombre de « points de contacts » entre les citoyens et l’administration.

Le ministre avait exposé les grandes lignes de ce vaste chantier lors d’une mission dans le Limousin, en mars. Entre 2007 et 2017, 1 200 centres des impôts ont été supprimés en France, rappelle-t-il alors aux élus locaux. Le système, dit-il, étant actuellement « à bout de souffle », il déclare vouloir « arrêter le jeu de massacre » et « faire autrement ».

Pôle emploi collabore avec les deux plates- formes Deliveroo et Uber Eats

Des annonces cherchant des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été publiées sur les pages Facebook de Pôle emploi.

Des annonces cherchant des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été publiées sur les pages Facebook de Pôle emploi. CHARLES PLATIAU / REUTERSDes annonces d’embauche de « coursiers partenaires » pour les deux plates-formes Deliveroo et Uber Eats ont été diffusées par l’opérateur public. Elles n’ont rien d’illégal, déclare Pôle emploi.

Aux yeux de Pôle emploi, Uber Eats et consorts sont des embaucheurs comme les autres. Au début de l’été, des annonces pour embaucher des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été diffusées sur les pages Facebook de plusieurs agences régionales de l’opérateur public. Des offres d’emploi qui n’ont pas manqué de susciter certains remous sur les réseaux sociaux.

« Vous recherchez un complément de revenus ou une activité à temps plein, avec la liberté d’exercer quand et où vous le voulez ? Participer à la prochaine réunion d’information collective le 24 juin à 14 heures dans les locaux du Pôle emploi de Vierzon », déclare ainsi la page Facebook de l’agence en question. De même, il est facile de trouver en quelques clics des offres sur le site de Pôle emploi pour devenir coursier chez Uber Eats.

En plein rivalité Deliveroo, alors que les coursiers du service de livraison exprimaient contre leurs conditions de travail, ces annonces ne sont pas passées inaperçues. Sur Facebook et Twitter, des annotateurs se sont émus de voir Pôle emploi relayer des annonces d’une plate-forme connue pour embaucher sous le régime d’autoentrepreneur. Une forme d’emploi qui ne garantit aux coursiers ni rétribution minimum mensuelle, ni complémentaire santé, ni chômage.

« Après la Ligue 1 de foot, Uber Eats se paye Pôle emploi. Tellement gerbant !!! », a regretté sur Twitter Jérôme Pimot, figure de proue de la fronde des coursiers Deliveroo. « Ce n’est pas le travail de Pôle emploi de proposer de créer son entreprise. Son boulot, c’est de proposer des emplois salariés », déclare, de son côté, la CGT-Chômeurs du Morbihan.

Consulté, le service communication de la direction générale de Pôle emploi certifie que l’agence travaille non uniquement avec Uber Eats, mais aussi Deliveroo. Maintenant, une cinquantaine d’offres du service de livraison de repas à domicile pour embaucher des « coursiers partenaires » sont diffusées sur le site de Pôle emploi.

A Amiens, instruction de licenciement pour 138 salariés de WN

La maison WN, qui avait racheté l’usine Whirlpool d’Amiens, a été mise en redressement judiciaire le 3 juin faute de débouchés. Elle a été reprise par Ageco Agenco, qui a promis à récupérer 44 salariés sur 182.

Les 138 salariés de WN, repreneur l’année dernière de l’usine Whirlpool d’Amiens, qui n’ont pas été repris par Ageco Agencement, ont reçu lundi 19 août en mains propres une convocation à un entretien antérieur à un licenciement pour motif économique. WN a été installé le 3 juin en redressement judiciaire faute de débouchés commerciaux concrets.

Appelés au sein de l’usine face à l’administrateur judiciaire (ou ses représentants) et la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ils ont reçu en mains propres un courrier leur annonçant leur licenciement économique à venir.

Le 30 juillet, le tribunal de commerce a approuvé l’offre d’Ageco Agencement, qui s’est engagé à reprendre 44 salariés de WN, laissant alors 138 employés sur le carreau. Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018) est déjà enracinée sur le site depuis la fermeture de l’usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018.

Le plan de cession « ne prévoit pas le maintien de votre poste et de votre emploi qui se trouvent en conséquence supprimés. La sentence en date du 30 juillet 2019 a autorisé votre licenciement pour motif économique. Je suis donc contraint d’envisager votre licenciement pour motif économique », a écrit l’administrateur judiciaire, selon le courrier reçu par un salarié que l’AFP a pu interroger.

Procédure contre WN

En septembre 2017, alors que Whirlpool avait déjà immobilisé la fermeture prochaine de l’usine au 1er juin 2018, WN était paru comme le rédempteur, choisi par le géant américain de l’électroménager, possesseur du site. Soulagés, les représentants syndicaux de Whirlpool avaient approuvé cette solution à l’unanimité. En octobre 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, était venu porter son soutien sans faille au projet. WN devait produire des casiers réfrigérés connectés et des chargeurs de batteries pour vélos et voitures.

L’Etat avait alors expérimenté 2,5 millions d’euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions d’euros. Mais l’entreprise se trouve actuellement dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets. « Peut-être que le plan était trop ambitieux mais un projet entrepreneurial qui rate, ce sont des choses qui arrivent tous les jours et ce n’est pas un problème en soi, a déclaré mardi sur LCI la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher. Là où on a pu avoir une critique à exprimer, c’est que le dirigeant qui a repris l’entreprise n’avait pas ajusté son train de vie à la situation de l’entreprise et notamment (…) qu’il n’arrivait pas à obtenir les commandes qu’il nous avait promises. »

Suivant les résultats d’un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5 % des dépenses réalisées par WN étaient « directement liées à l’activité de l’entreprise », mais certain 179 000 euros suscitent « des interrogations », en lien avec « des avantages en nature pour les dirigeants ». Pas de quoi convaincre l’avocat des salariés, qui conteste aux prud’hommes le motif économique des licenciements prononcés par Whirlpool il y a un an et a préposé une procédure en référé au tribunal de grande instance d’Amiens contre WN.

Les organisations étudiantes s’alarment de l’augmentation du coût de la vie universitaire

La FAGE et l’UNEF sollicitent une sérieuse refonte des aides sociales pour faire face à la précarisation des étudiants.

Le coût de la rentrée universitaire va de nouveau accroître, regrettent les deux principales organisations syndicales étudiantes, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), dans leurs baromètres annuels publiés respectivement dimanche 18 août et vendredi 16 août. La FAGE, premier syndicat étudiant de France, avait pour la première fois conclu à une « diminution significative » de l’enveloppe que doivent consacrer les étudiants à leur rentrée, grâce particulièrement à la suppression de la cotisation à la Sécurité sociale étudiante.

Mais ce plan ne se refasse pas en 2019 : le profil type évalué par la FAGE – un étudiant non boursier de 20 ans en licence à l’université, ne vivant plus au domicile familial – devra payer en moyenne 2 285 euros pour la rentrée : frais d’inscription, fournitures, loyer… Ce montant est en progression de 1,96 % par rapport à l’année dernière, en raison notamment de la hausse des frais de vie courante de 2,73 %.

Son challenger, l’Union nationale des étudiants de France, fait un acte similaire dans son étude annuelle. Basée sur une méthodologie différente, celle-ci évalue le coût de la vie étudiante, apprécié en croissance de 2,83 %. Une évolution « bien supérieure à celle de l’inflation qui est de 1,20 % sur un an », appuie le syndicat proche de la gauche, qui s’alarme de la « forte progression » de la précarité étudiante.

L’élévation des loyers « explose en région »

L’accroissement du loyer moyen, premier poste de dépenses des étudiants, est l’un des principaux facteurs de cette tendance troussée par les organisations syndicales. Dans le parc privé, elle atteint 3,86 %, selon l’UNEF. Elle est plus marquée dans des villes comme Bordeaux, Rennes ou Mulhouse (Haut-Rhin), où les prix de l’immobilier se sont enfuis depuis plusieurs années. Quant aux frais liés aux transports, ils « stagnent », selon la FAGE. L’UNEF relève, quant à elle, une amélioration des tarifs des transports en commun dans plusieurs villes.

L’augmentation des frais courants des étudiants provient en outre d’« une augmentation forte des loisirs et des achèvements comme les vêtements, la nourriture, les produits d’entretiens et d’hygiène », note la FAGE. La fédération critique le « désengagement de l’Etat sur la restauration étudiante ». Le prix d’un repas au restaurant universitaire passera en effet de 3,25 à 3,30 euros à partir de septembre. Un changement qui vient s’additionner à l’accroissement des tarifs des cafétérias du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous), estimée à 8,17 % par l’UNEF.

Les étudiants et leurs familles devront aussi assumer l’élévation des frais spécifiques à la rentrée universitaire (+ 1,4 % cette année), même si ceux-ci améliorent moins vite que les dépenses courantes. Les supplémentaires santé – dont les tarifs grimpent de 2,56 %, selon la FAGE, et la Participation de vie étudiante et de campus (CVEC), en hausse de 1 euro pour l’année 2019-2020, sont surtout concernées. Les frais liés à l’achat de matériel pédagogique augmentent, eux, de 4,8 %.

Une « réforme d’ampleur » des aides

Les nouveaux étudiants étrangers non européens devront faire face à un accroissement des coûts de rentrée encore plus conséquente, puisque leurs frais d’inscription universitaires arrivent de 170 à 2 770 euros en licence et de 243 à 3 770 euros en master. Même si plusieurs établissements ont annoncé leur intention de ne pas apposer la mesure, « des dizaines de milliers » de personnes sont concernées, s’alarme l’UNEF. Une situation « injuste », déclare la FAGE : « Ce n’est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’Etat. »

Les organisations syndicales invitent les suites de l’évolution du coût de la rentrée et de la vie universitaire. « Trop nombreux sont les étudiants dans l’obligation de se salarier pendant leurs études, de renoncer aux soins, à des loisirs ou à une alimentation correcte », inscrit la FAGE. Pour la fédération, « le coût de rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur ».

Elle réclame une « réforme d’ampleur du système d’aides sociales et la création d’une aide globale d’indépendance », calculée selon « la situation de l’étudiant et des revenus déclarés du foyer fiscal auquel il est rattaché ». De son côté, l’UNEF demande notamment « un plan d’urgence de refonte des aides sociales » avec l’accroissement du nombre d’étudiants bénéficiaires de bourses et la « revalorisation de 20 % » de celles-ci.

Le montant actuel des bourses sur critères sociaux accroîtra « d’en moyenne 1,10 % » pour l’année 2019-2020. Mais cette augmentation, inférieure à l’inflation, est amplement insuffisante aux yeux du syndicat étudiant.

SNCF, RATP : renvoyés sans raison apparente

Des travailleurs renvoyés sur avis du ministère de l’intérieur pour suspicion de radicalisation en appellent à la justice.

Il a d’abord ressenti un choc. Puis, très vite, une question s’est emparée de son esprit : « Pourquoi ? » Dix-sept mois après, Hocine, qui fait son témoigne sous un prénom d’emprunt, n’a pas encore de réponse. Attablé au Café de la gare d’Herblay (Val-d’Oise), dans la banlieue nord de Paris, ce jeune de 25 ans, à la silhouette élancée, déroule le fil des événements qui l’ont d’un coup privé d’emploi, il y a quasiment un an et demi.

Le 8 mars 2018, une cadre de la RATP le convoquait à l’issue de sa journée de travail pour lui apprendre qu’il était suspendu de ses fonctions – chauffeur de bus en Ile-de-France. Quelques jours plus tard, la sentence tombait, par le biais d’une lettre adressée au domicile de ses parents, chez qui il habite : « Nous sommes contraints de vous notifier votre licenciement [pour cause réelle et sérieuse]. » L’explication avancée était plutôt succincte : « Vous avez fait l’objet d’une enquête par le ministère de l’intérieur [qui] a débouché sur l’émission d’un avis d’incompatibilité vous concernant. »

Avis d’incompatibilité ? Depuis la loi de Mars 2016 les entreprises de transport public peuvent demander à la police des investigations sur des candidats à l’embauche et sur des salariés déjà en poste désireux de changer d’affectation ou dont le comportement inquiète. Ces opérations dites de « criblage » visent à déterminer si l’attitude de la personne « donne des raisons sérieuses de penser qu’elle est susceptible, à l’occasion de ses fonctions, de commettre un acte portant gravement atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ».

Les recherches sont conduites par le Service national des enquêtes administratives de sécurité (Sneas), qui s’appuie – entre autres – sur divers fichiers relatifs « à la prévention du terrorisme ou des atteintes à la sécurité et à l’ordre publics ». Dans ces listings figurent les noms d’individus soupçonnés de radicalisation religieuse ou engagés dans des mouvements situés aux deux extrémités de l’échiquier politique. Votées après les attentats de 2015, de telles dispositions ne peuvent s’appliquer qu’à une gamme restreinte de métiers, jugés sensibles (conducteurs de bus ou de rame de métro, vigiles…).

Neuf mois après la déclaration d’un plan social, l’AFPA en difficulté

La justice a banni fin juin un projet de réaménagement de l’organisme public de formation professionnelle. La direction assure que les premiers « départs volontaires » intercéderont à partir du dernier trimestre 2019.

Fermera ? Fermera pas ? Depuis presque dix mois, Carima Mahaoui et ses collègues sont introduits dans l’expectative. Ils œuvrent à quelques kilomètres d’Agen, dans un centre de l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) enraciné à Foulayronnes (Lot-et-Garonne). Ce site, qui, d’après Mme Mahaoui, emploie une vingtaine de personnes, était voué à disparaître, tout comme 37 autres structures sur les 208 assimilées dans le réseau de l’AFPA, principal opérateur public du monde de la formation.

Les actes de décès avaient été formulés le 18 octobre 2018, lors de la prélude d’un vaste projet « de transformation » prévoyant 1 541 suppressions de postes en CDI (sur près de 6 500, à la fin mai 2018). Un plan social de très grande ampleur prévu à redresser un géant du secteur, plombé par de lourdes pertes (un peu plus de 720 millions d’euros de 2012 à 2016).

Des centres « repêchés »

Après avoir enfoncé le choc de ces annonces, les personnels de l’Agence Agen-Foulayronnes se sont mobilisés : appel des élus, pétition… Peu à peu, l’espoir est rétribution, sous la forme d’un « projet alternatif » simulé à préserver l’activité de l’unique site de l’AFPA dans le département. Mais en juin, nouveau coup de masse : les Agenais ont appris que leur centre de formation ne figurait pas dans la liste des « repêchés ». Pour autant, la recherche de solutions continue afin de maintenir en vie l’établissement d’Agen-Foulayronnes et d’autres entités de l’Agence. Mme Mahaoui, elle, ne sait plus trop à quel saint se vouer : « On est en suspens », révèle cette représentante CGT.

Saisie en requête, la justice a ordonné la suspension du plan de réorganisation, le 27 juin.

Depuis que l’AFPA a dévoilé son programme de réaménagement, celui-ci tarde à se concrétiser. Au tout début, l’intersyndicale, constituée par la CFDT, la CGT, FO et SUD, ne voulait pas entrer en négociations, puis ce front s’est disloqué, la CFDT et FO acceptant de parlementer afin d’obtenir des concessions. Finalement, la direction a revu sa copie, particulièrement en diminuant le volume de postes annulés (de 1 541 à 1 423) et en accroissant doucement les créations d’emplois (de 603 à 629). Dans le même temps, les sites promis à la fermeture sont passés de 38 à 34.

En Guadeloupe, Romario, 21 ans, est rentré dans le rang

Deuxième chance (5/6). Originaire de Pointe-à-Pitre, le bachelier est entré au régiment service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe pour éviter la « dégringolade ». Il y a dix-huit mois, il a décroché un CDI dans une distillerie.

Par Publié aujourd’hui à 18h00

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Romario, le 4 juillet, à la distillerie Longueteau où il est employé.
Romario, le 4 juillet, à la distillerie Longueteau où il est employé. PHILIPPE VIRAPIN/REA POUR « LE MONDE »

Il fait 34 degrés Celsius et le taux d’humidité de l’air approche les 100 % près d’une plage de Basse-terre (Guadeloupe). Romario saute de son fourgon de livraison et rejoint, guilleret, le bureau de son patron. Dix-huit mois qu’il tient son premier Graal : un contrat à durée indéterminée. Pas question de succomber à la tentation de la sieste.

Sourire accroché aux lèvres, boucles dorées grosses comme des billes aux oreilles, chaîne du même métal au cou et montre scintillante au poignet, un pas faussement nonchalant. Ce midi, le jeune homme est le premier livreur de la distillerie Longueteau à terminer sa tournée. Le petit gars de Pointe-à-Pitre chambre un peu ses collègues moins diligents. Puis, brutalement, se fige, menton levé, regard dardé sur la ligne d’horizon ; sa main gauche frappe sa cuisse. Sans une injonction, Romario est au garde-à-vous. Passait par là le commandant Joffredo, officier supérieur du régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe. Cela fait pourtant un an et demi que Romario a quitté le treillis. Mais l’habitude est ancrée. « Le respect », explique-t-il.

Le régiment, à reculons

Ancien volontaire du RSMA, Romario Tel n’a jamais tenu un fusil d’assaut. C’est en 2017, sous la pression bienveillante de sa mère, femme célibataire et « potomitan » (le pilier de la famille antillaise), qu’il a franchi à reculons les portes du régiment. Un an plus tôt, le lycéen a décroché un bac professionnel « conduite et gestion de l’entreprise agricole ». Il avait ensuite passé de longs mois « à ne pas faire grand-chose ». L’inactivité est une pente sur laquelle glissent 76 % des 15-24 ans de Guadeloupe, et dont le jeune homme a pu observer l’une des issues chez de nombreux jeunes de son « quartier chaud » de Vieux-Bourg, dans la commune des Abymes : « Vendre de la dope ».

Pour éviter la dégringolade, Romario entre dans les rangs. Ceux du RSMA. Entre les Antilles et ce régiment très spécial, l’histoire commence il y a soixante ans : en réponse aux émeutes de Fort-de-France de décembre 1959, et alors que la métropole concentre ses ressources sur le conflit algérien, le général Némo, à la tête des forces militaires Antilles-Guyane, élabore en 1961 un projet de défense nationale visant à encadrer les jeunes en grande difficulté, en leur dispensant une formation professionnelle qui réponde aux besoins économiques locaux (transport, bâtiment, tourisme, aide à la personne…). Depuis, des régiments similaires ont essaimé sur l’ensemble des départements et territoires d’outre-mer ainsi qu’en métropole, à Périgueux. Aujourd’hui, ce sont environ 6 000 jeunes, garçons et filles, qui, chaque année, tentent de se construire un avenir au sein du service militaire adapté, dont 800 en Guadeloupe.

En grève pour trois jours, des hôtesses et stewards de Transavia France dénoncent « l’incompétence » de la direction

Le mouvement de grève à l’appel de la CGT, prévu pour durer jusqu’à dimanche soir, n’avait vendredi qu’un impact limité sur le trafic de la compagnie, 95 % des vols étant maintenus.

Le Monde avec AFP Publié le 16 août 2019 à 11h24, mis à jour à 10h08

Temps de Lecture 1 min.

Un Boeing 737-800 de la compagnie Transavia à l’aéroport d’Orly.
Un Boeing 737-800 de la compagnie Transavia à l’aéroport d’Orly. GABRIEL BOUYS / AFP

En grève, les hôtesses et stewards dénoncent « une gestion humaine et matérielle catastrophique » au sein de Transavia France. Le mouvement de grève à l’appel de la Confédération générale (CGT), prévu pour durer jusqu’à dimanche soir, n’avait cependant, vendredi 16 août, qu’un impact limité sur le trafic de la compagnie à bas coûts du groupe Air France-KLM.

« C’est conforme aux prévisions, avec 95 % des vols maintenus », a affirmé un porte-parole de Transavia France. Sur 66 vols prévus dans la journée au départ de Paris-Orly, deux étaient annulés, l’un à destination de Marrakech l’autre de Lisbonne, selon le site Internet du groupe ADP. Sur les autres bases françaises de la compagnie, les 14 vols au départ de Nantes étaient programmés, tandis que 4 des 9 vols au départ de Lyon-Saint-Exupéry étaient annulés, selon les sites des aéroports. Pour la journée de samedi, la direction « prévoit d’assurer 97 % de son programme de vols », mais « des perturbations de dernière minute ne sont néanmoins pas à exclure ».

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« Incidents à répétition » sur un appareil

« Il n’y a rien de soudain dans cet appel à la grève, a rappelé Elodie Gomes, élue CGT, premier syndicat chez Transavia France. Cela fait des mois qu’on lance des appels à la direction pour retrouver un dialogue social. » Parmi ses revendications, le syndicat dénonce un recours trop important à l’affrètement d’avions, source de coûts accrus et qui est dû, selon lui, à « l’incompétence » de la direction.

La CGT dénonce également, dans une lettre ouverte à Ben Smith, directeur général du groupe Air France-KLM, des « incidents à répétition et la sécurité des vols mise à mal » sur un appareil qui a connu de multiples problèmes en juillet, notamment de pressurisation, malgré plusieurs immobilisations pour réparation. « Nous n’avons jamais été conviés à une quelconque réunion concernant le futur développement de Transavia et cela doit changer immédiatement », réclame enfin le syndicat.

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La compagnie devrait bientôt pouvoir se développer davantage en France après un référendum au sein du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), premier syndicat de pilotes au sein d’Air France, qui s’est déclaré favorable à la remise en cause du plafonnement de la flotte de Transavia France à 40 avions. Exploitant actuellement 38 Boeing 737, Transavia France a transporté 811 000 passagers en juillet ; un chiffre en hausse de 11 % par rapport à juillet 2018.

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Début de concentration dans le BTP italien, en grande difficulté

Salini Impregilo, le numéro un local, entend reprendre le numéro deux, Astaldi, et d’autres acteurs du secteur pour créer un géant du BTP dans la péninsule.

Par Publié le 16 août 2019 à 10h35, mis à jour à 10h10

Temps de Lecture 3 min.

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Le premier pylône de la nouvelle structure remplaçant le pont Morandi, qui s’est écroulé le 14 août 2018 à Gênes (nord-ouest de l’Italie), faisant 43 morts.
Le premier pylône de la nouvelle structure remplaçant le pont Morandi, qui s’est écroulé le 14 août 2018 à Gênes (nord-ouest de l’Italie), faisant 43 morts. ALBERTO PIZZOLI / AFP

C’est un anniversaire tragique. Mercredi 14 août s’est tenu à Gênes un hommage à la mémoire des quarante-trois victimes de l’écroulement du pont autoroutier Morandi de la capitale ligure. Outre l’émotion des familles et de toute une ville, cette catastrophe a surtout démontré le piètre état de certaines infrastructures transalpines – mais aussi françaises –, faute d’une maintenance suffisante.

Cependant, en Italie, « cette catastrophe a été un véritable signal d’alarme, non seulement sur l’état des infrastructures, mais également sur l’état de notre secteur », assure-t-on au sein de Salini Impregilo, le numéro un du BTP local. C’est ce dernier qui a été désigné, avec Fincantieri, spécialiste de la construction métallique, pour édifier le nouveau pont.

Selon l’ANCE, principale association des entreprises de construction italiennes, 600 chantiers publics sont aujourd’hui à l’arrêt dans le pays

En dehors du groupe familial, qui réalise près de 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an, dont plus de 90 % à l’étranger, les groupes transalpins sont aujourd’hui en grande difficulté. Le numéro deux local, Astaldi, est en cessation de paiement, tandis que les suivants (Condotte, Trevi, etc.) se trouvent tous en mauvaise posture. Depuis la crise financière de 2007-2008, pas moins de 120 000 PME ont mis la clé sous la porte du fait d’une réduction de moitié des investissements dans les infrastructures.

Selon l’ANCE, principale association des entreprises de construction italiennes, 600 chantiers publics sont aujourd’hui à l’arrêt dans la péninsule, ce qui représente 36 milliards d’euros de chiffres d’affaires de manque à gagner pour toute l’industrie.

Celle-ci a été fortement touchée par de nouvelles règles anticorruption mises en place après 2015 et les scandales liés à l’Exposition universelle de Milan. La multiplication des contrôles par l’administration ralentit les travaux. D’après l’ANCE, le temps d’achèvement moyen d’un chantier de plus de 100 millions d’euros en Italie est aujourd’hui de quinze ans…

Sauver de 300 000 à 400 000 emplois

Afin de relancer le secteur, le gouvernement a publié en juin un décret « Déblocage des chantiers », qui assouplit les conditions des appels d’offres pour les projets publics. Mais cela n’a pour l’instant pas encore été suivi d’effets. Et pour cause : les deux alliés gouvernementaux – la Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini et le Mouvement 5 étoiles (M5S, « antisystème ») de Luigi Di Maio – ont des vues divergentes sur la question des infrastructures.