Archive dans 2019

Le président de Michelin confirme les inquiétudes des syndicats pour 650 salariés en Vendée

L’usine de La Roche-sur-Yon produit des pneus pour poids lourds, dont la demande est en baisse.

Le Monde avec AFP Publié hier à 10h21, mis à jour à 15h31

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Le président de Michelin, Florent Menegaux, a confirmé mercredi 25 septembre les craintes syndicales quant à l’avenir du site de La Roche-sur-Yon (Vendée), jugé « dans une situation très préoccupante ». En cause, des conditions « défavorables » sur le marché des pneus pour poids lourds, affirme M. Menegaux dans une lettre adressée au syndicat SUD, qui lui avait écrit à ce sujet le 16 septembre.

Plusieurs syndicats ont fait part depuis plusieurs jours de leurs inquiétudes concernant une éventuelle fermeture de l’usine, qui emploie environ 650 salariés. A la mi-septembre, Le Monde avait pu consulter un document dans lequel le groupe faisait part aux organisations syndicales d’une perte de compétitivité dans quatre usines en France.

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L’usine vendéenne, spécialisée dans les pneus pour les poids lourds, est « depuis plusieurs mois dans une situation très préoccupante et ce, malgré les efforts notables des salariés », ajoute M. Menegaux dans sa lettre à SUD, qu’a pu consulter l’Agence France-presse (AFP). Depuis quatre ans, Michelin « met tout en œuvre pour que ce site augmente ses volumes et redresse sa performance », souligne le dirigeant.

Un « pacte d’avenir » avait été lancé en 2016 : une nouvelle organisation du travail avait alors été mise en place en contrepartie des investissements de Michelin sur le site. Mais ce pacte soutenu par « près de 70 millions d’euros d’investissements » était « étroitement » lié « à l’évolution du segment poids lourd en Europe et au niveau de la demande, qui malheureusement sont défavorables depuis de nombreux mois maintenant », fait valoir M. Menegaux.

SUD compte demander une expertise

« Il est hors de question pour notre organisation syndicale de se résigner à l’éventualité d’une fermeture d’usine sans trouver des solutions afin de protéger l’ensemble des salariés du site », a réagi Jérôme Lorton, délégué syndical de SUD. Lors d’un comité social et économique central mercredi à Clermont-Ferrand, les organisations syndicales ont voté une délibération pour demander une expertise économique du site au cabinet Secafi.

Dans son courrier, M. Menegaux évoque une « période d’incertitude » et juge que le groupe fait face « à un défi de performance qui ne pourra être relevé que par la coopération de tous ».

Le groupe de pneumatiques a aussi annoncé mercredi qu’il allait fermer d’ici au début de 2021 son usine de Bamberg, dans le sud de l’Allemagne, qui emploie 858 personnes. « Michelin proposera un dispositif complet et personnalisé pour chacun des employés du site », notamment « des mesures de départ anticipé à la retraite, ainsi que des mesures d’aide à la mobilité interne et externe », a promis le groupe dans un communiqué.

Les entreprises sont invitées à « verdir » un peu plus les déplacements professionnels

Alors que les déplacements des travailleurs sont au cœur de la loi d’orientation des mobilités, que font les entreprises pour aider leurs salariés à privilégier des transports peu polluants ? Malgré un bilan affaibli des plans de déplacement mis en place en 2018, la prise de conscience semble amorcée.

« La loi prévoit la mise en place – facultative – par les employeurs d’un « forfait mobilité » de 400 euros au maximum pour inciter les salariés à opter pour le vélo, l’autopartage ou le covoiturage » (Photo: détail d’un vélo électrique).
« La loi prévoit la mise en place – facultative – par les employeurs d’un « forfait mobilité » de 400 euros au maximum pour inciter les salariés à opter pour le vélo, l’autopartage ou le covoiturage » (Photo: détail d’un vélo électrique). A. Tamboly/Westend61 / Photononstop

Alors que le projet de loi d’orientation des mobilités (LOM) vient d’être accepter en nouvelle lecture par les députés le 17 septembre, le texte définitif a de quoi encourager les employeurs à se pencher sur les modes de transport de leurs salariés. Plusieurs articles de la loi visent en effet à « verdir » les déplacements professionnels et les trajets domicile-travail. L’enjeu est décisif : selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, trois salariés sur quatre vont travailler en voiture.

La loi prévoit la mise en place – facultative – par les employeurs d’un « forfait mobilité » de 400 euros au maximum pour encourager les travailler à opter pour le vélo, l’autopartage ou le covoiturage. Les flottes d’entreprise devront aussi comporter une part de véhicules dits « à faible émission » d’au moins 20 % d’ici à 2021. Surtout, la LOM obligera toutes les entreprises de plus de cinquante travailleurs à inclure des mesures concernant la mobilité dans leurs négociations annuelles obligatoires (NAO).

Un pas de plus par rapport à la loi pour la transition énergétique de 2015, qui obligeait les entreprises de plus de 100 travailleurs à mettre en place un plan de mobilité dès 2018 pour favoriser les usages alternatifs à la voiture individuelle. Par contre, uniquement 8 % des entreprises assujetties étaient en conformité avec la loi en janvier 2019, selon l’Ademe.

Vaisselle en plastique abandonnée

La plupart du temps, la mise en place d’un plan de mobilité est vécue comme une contrainte : « Les entreprises renvoient souvent la balle aux collectivités en pointant des problèmes d’accessibilité, comme l’absence de pistes cyclables sécurisées », déplore Jean-Christophe Giannesini, directeur associé de la société de conseil Ekodev. Le spécialiste observe toutefois un regain d’intérêt ces derniers mois : « Avec la crise des gilets jaunes et la LOM, on a beaucoup parlé des problèmes de transports. »

« Ces derniers temps, il y a eu une vraie prise de conscience chez nous, aussi bien de la direction que des collaborateurs », ajoute Cécile Kebbal, la DRH de 3c-evolution, une entreprise d’informatique, filiale de la Manufacture d’histoires Deux-Ponts. Sur la trentaine de salariés que compte la société basée près de Grenoble, l’usage de la voiture est passé de 70 % à 20 % en quelques années. L’action de l’agglomération pour lutter contre la pollution a clairement été l’élément déclencheur : « On a vu se multiplier les couloirs pour les vélos et les bus », déclare la DRH. Si l’entreprise n’est pas concernée par l’obligation du plan de déplacement, elle est soumise au plan de déplacement mis en place par la collectivité. « Par exemple, si on n’a pas la bonne vignette Crit’Air, on n’a pas le droit de circuler les jours de pic de pollution », mentionne Cécile Kebbal.

Les trois solutions de l’emploi des seniors : Anticipation, valorisation, personnalisation

« L’emploi senior, pour nombre d’entreprises, c’est d’abord la question de la transmission. »
« L’emploi senior, pour nombre d’entreprises, c’est d’abord la question de la transmission. » Zero Creatives/Cultura / Photononstop

Les Rencontres RH, le meeting mensuel sur l’actualité du management, se sont tenues le 17 septembre à la Maison de l’Amérique latine sur la gestion des seniors. Comment a-t-elle évolué ces dernières années ? Quelle est leur place en entreprise ?  Quel est l’impact de la réforme des retraites sur l’emploi des seniors ? Le débat entre les DRH sur leurs pratiques et leurs préoccupations a révélé trois axes favorables au maintien des seniors dans l’emploi : valorisation des seniors, anticipation de leur employabilité et personnalisation de leurs parcours.

« Il y a cinq ans, le groupe HSBC que je dirigeais avait décidé de faire une étude sur l’augmentation de la longévité, car, en France, on se privait d’une population avec des caractéristiques différentes. Mais un certain nombre de DRH ne voulaient pas participer, car ils ne voulaient pas associer le nom de leur entreprise aux seniors », déclare Jean-Pierre Wiedmer, l’écrivain de Tant qu’il y aura des seniors (éditions Nouveaux Débats publics, 2013), grand témoin des Rencontres RH.

Le regard porté sur les seniors a évolué depuis vingt ans, leur taux d’emploi aussi. Pour les 55-64 ans, il est passé de 30 % en 1997 à plus de 51,3 % actuellement(contre 57,1 % en Europe). « La place des seniors dans les entreprises a vraiment changé après les années 1990, car le contexte a changé, explique Annie Jolivet, économiste du travail au Centre d’études de l’emploi et du travail du Conservatoire national des arts et métiers. Les réformes des retraites de 2003 à 2010 ont provoqué des ajustements de comportement [des salariés], mais ce qui a le plus porté le taux d’emploi. » Depuis cette date, la mise à la retraite sans accord du salarié ne peut plus intervenir avant l’âge de 70 ans.

Un index des seniors

Mais si les seniors demeurent plus longtemps actifs qu’il y a vingt ans, en moyenne, ils quittent tout le temps l’entreprise avant l’âge légal de départ à la retraite. Chez Groupe ADP (ex-Aéroport de Paris), « les cadres partent plutôt à 60 ans et les non-cadres à 62 », illustre le DRH Groupe, Hervé Wattecamps. La future réforme des retraites envisagé pour 2020 et l’allongement de la durée de la vie posent donc à nouveau la question du prolongement de leur parcours professionnel, tandis que l’accélération du rythme de travail et la révolution digitale interrogent leur employabilité.

Lors de sa rentrée de septembre, l’Association nationale des DRH (ANDRH) avait annoncé l’idée de créer un index des seniors, à l’instar de l’index égalité femmes-hommes. Mais les DRH réunis autour de la table en sont restés cois. Parler de manque d’enthousiasme serait un euphémisme. Ils ont aussitôt évoqué leurs craintes d’avoir à supporter de nouvelles contraintes.

Par contre, l’organisation du travail est apparue comme une piste avantageuse à l’emploi des seniors. Pour Hugues de Beaugrenier, directeur de la protection sociale de L’Oréal, « le mode projet est un très bon moyen de fédérer et de valoriser l’apport des seniors en dehors de leur hiérarchie. Le maintien dans l’emploi des seniors passe par leur valorisation », déclare-t-il.

Quand 40 % de l’effectif est « senior », comme chez ADP, le sujet est d’actualité. « L’important pour ADP est d’avoir des salariés qui connaissent par cœur le fonctionnement de l’entreprise. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’ils peuvent faire et ce qui les motive durant les années qu’il leur reste. La situation est différente, selon qu’ils ont un horizon de 1, de 2 ou de 5 ans. C’est pourquoi l’approche doit être personnalisée », estime Hervé Wattecamps. A partir de 50 ans, on ne sait pas quand un salarié partira, « l’incertitude est très grande pour l’entreprise », remarque Annie Jolivet.

Transmission

La mobilité, qu’elle soit géographique ou professionnelle, est une pratique courante dans les grands groupes. Pour connaître les compétences des salariés « l’anticipation est primordiale. Chez AXA, par exemple, on met en place la mobilité professionnelle très tôt dans la carrière », relate Didier Aujoux, directeur finances et performance RH d’AXA France.

Mais souvent les entreprises n’identifient les compétences de leurs salariés qu’au cas par cas, lorsqu’elles sont confrontées aux problèmes de dégradation de santé. Dans ce contexte « on a repéré toute une série de décloisonnements intéressants pour garder les compétences, témoigne Annie Jolivet, comme la création d’une commission de maintien en emploi réunissant RH et syndicalistes pour identifier ensemble les postes sur lesquels on peut mettre des personnes en perte de capacité ».

Mais, dans les petites structures ou dans les territoires où la mobilité des travailleurs est limitée, « il faut éviter l’écueil des vagues de départs de seniors. La vocation de l’employeur étant de conserver les seniors le plus longtemps possible, on a mis en place un check-up santé et un bilan bisannuel pour les plus de 45 ans », déclare Marc-Henri Bernard, DRH du groupe Rémy Cointreau, qui compte 40 % de plus de 50 ans dans son effectif. « Il y a une dichotomie entre les petites et les grandes structures », résume Sandrine Lannuzel, secrétaire générale de l’ANDRH.

Enfin l’emploi senior, pour nombre d’entreprises, c’est d’abord la question de la transmission, pour ne pas perdre les portefeuilles clients des commerciaux lors du départ des seniors, transmettre les modes opératoires et renouveler les compétences. « Dans dix ans, 40 % des collaborateurs actuels seront partis. Donc notre sujet c’est la transmission », ajoute M. Wattecamps. Une motivation des entreprises qui pourrait profiter (ou pas) à l’emploi des seniors.

La transidentité captive les DRH

« Les politiques d’inclusion qui luttent contre les biais inconscients construits par les représentations sociétales profitent à l’ensemble de l’organisation » (Homme marchant sur un arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBT).
« Les politiques d’inclusion qui luttent contre les biais inconscients construits par les représentations sociétales profitent à l’ensemble de l’organisation » (Homme marchant sur un arc-en-ciel, symbole du mouvement LGBT). Philippe Turpin / Photononstop

« Des personnes en situation de mal-être décident de changer d’apparence physique en fonction de leur identité, car c’est devenu un besoin impérieux et prioritaire, sauf à se foutre en l’air. J’ai accompagné ma première personne en transition il y a huit ans. Depuis, j’en ai accompagné quatre, rien que chez IBM France », déclare Jean-Louis Carvès, directeur diversité chez IBM France.

IBM a créé un réseau LGBT en 2000 partout dans le monde et mis en place un processus RH d’accompagnement des personnes en transition depuis 2002. En Hexagone, la communauté LGBT est représentée au sein du Comité de direction d’IBM et l’entreprise a formé les manageurs à la transidentité.

En 2016, selon Williams Institute aux Etats-Unis, les transgenres représentaient 1,4 million de personnes, soit 0,6 % de la population américaine. On peut donc supposer que le nombre de salariés qui changent de sexe est rare. En France, « il n’y a pas de statistiques représentatives sur le sujet. La transidentité est une problématique très récente que les DRH des grands groupes commencent juste à s’approprier. L’Association nationale des DRH a édité un guide pour les manageurs », déclare Marie-Anne Valfort, économiste de l’Ecole d’économie de Paris. Les degrés de maturité sont très différents selon les entreprises.

Quinze grands groupes – AXA, BNP, Accenture, BCG, L’Oréal, Coty, Microsoft, ING, IBM, Google, Facebook, Publicis, Vivendi, Heineken et PwC – se sont ainsi rassemblés en réseau d’entreprises pour partager les bonnes pratiques de sensibilisation et d’inclusion des LGBT au travail. Le club dénommé « Têtu connect » a été créé en avril à l’initiative du directeur de Têtu, Albin Serviant, pour « créer également de la data en partenariat avec le Boston Consulting Group ». C’était une recommandation de l’OCDE pour habiliter la lutte contre la discrimination.

Gain en « image »

« L’attente des jeunes est très forte sur les politiques d’inclusion », déclare Laurence Lafont, directrice des opérations de Microsoft France. « A la suite d’une enquête auprès des collaborateurs sur les marges de progrès à réaliser sur l’inclusion, les salariés ont demandé en 2018 à travailler sur le sujet LGBT », ajoute-t-elle. A l’été 2018, Microsoft a créé la première « Gleam France », qui en neuf mois a réuni 10 % de l’effectif. Comme IBM, Microsoft prolonge en France une dynamique initiée aux Etats-Unis, où les communautés LGBT de l’entreprise baptisées « Gleam [Global LGBTQ+ Employees and Allies at Microsoft] » existent depuis 1993.

La Russie est « un marché et milieu favorable de talents technologiques »

« Le fondateur de Baring Vostok, l’Américain Michael Calvey, et son adjoint, le Français Philippe Delpal, des défricheurs du business en Russie, sont actuellement assignés à résidence après avoir été emprisonnés pour des raisons qui restent encore obscures. » (Photo : Philippe Delpal, à Moscou, Russie, le 9 avril.)
« Le fondateur de Baring Vostok, l’Américain Michael Calvey, et son adjoint, le Français Philippe Delpal, des défricheurs du business en Russie, sont actuellement assignés à résidence après avoir été emprisonnés pour des raisons qui restent encore obscures. » (Photo : Philippe Delpal, à Moscou, Russie, le 9 avril.) PAVEL GOLOVKIN / AP

« Pousser la Russie loin de l’Europe est une profonde erreur stratégique », déclarait le 27 août le président de la République. Le propos, qui s’adressait au corps diplomatique, ne fait pas absolument consensus et la relation d’Etat à Etat pose des questions stratégiques et éthiques complexes. Mais la dimension étatique n’est pas tout. La Russie, c’est aussi 140 millions d’habitants éduqués aux portes de l’Union européenne (UE), un marché et un vivier de talents qui peuvent jouer un rôle important en matière de développement technologique.

L’Europe, on le sait, a des pénuries à faire émerger des champions internationaux qui soient comparables aux Gafam (Facebook, Google, Amazon, Apple et Microsoft). L’Angleterre des Etats-Unis leur a permis d’attirer parmi les meilleurs talents venant du monde entier, du moins jusqu’à ce que l’administration Trump clôture les frontières même aux immigrants les plus qualifiés. L’incroyable pouvoir d’attraction de la Silicon Valley sur les ingénieurs de la planète se conjugue à une infrastructure financière très bien faite et à l’excellence des institutions universitaires pour constituer une combinaison qui reste unique au monde.

L’existence d’un tel mécanisme de protection, qui ne serait pas spécifique à la Russie, permettrait de débloquer la confiance envers les projets, investisseurs,  fournisseurs ou individus qui n’auraient pas été identifiés comme à risque

En Europe, on l’oublie parfois, c’est la Russie qui peut revendiquer actuellement les plus beaux succès en matière de moteur de recherche (Yandex), de serveur d’e-mail (Mail.ru), de réseaux sociaux (VKontakte) ou de messagerie (Telegram) – les deux premiers sont valorisés au même temps 11 milliards et 5 milliards d’euros au Nasdaq et au London Stock Exchange. Des succès qui s’expliquent par la taille significative du marché russe mais, notament, par des générations d’ingénieurs et de programmeurs surdoués – de ce point de vue, il y a des résonances entre les cultures françaises et russes.

Des passerelles existent déjà. Blablacar, l’une des rares plates-formes françaises à portée internationale, a compris l’intérêt de se tourner vers l’est, autant d’un point de vue financier que de taille de marché. La société a levé 21 millions d’euros dès 2016 auprès du fonds d’investissement Baring Vostok. Rappelons, devant cette situation, que les investisseurs russes sont nombreux à être en prise directe avec l’écosystème international. On pense notamment à Iouri Milner, le milliardaire russe, ex-PDG de Mail.ru, qui a investi par l’intermédiaire de son fonds DST Global dans Facebook, Airbnb, [la start-up britannique] Revolut et [l’américain] Chime. Ou à Len Blavatnik, le fondateur d’Access Industries, né en Ukraine à l’époque soviétique, qui est l’actionnaire majoritaire de Deezer.

 Fermer les frontières ne fera pas revenir les usines délocalisées

Le prix Nobel d’économie estime que seule la politique budgétaire peut, actuellement, aider la croissance dans la zone euro.

Loin de mieux protéger les perdants de la mondialisation, la politique économique américaine va accroître les inégalités. Dans son nouvel ouvrage à paraître le 26 septembre, Peuple, pouvoir & profits (Ed. Les Liens qui libèrent, 24 euros), Joseph Stiglitz, professeur d’économie à l’université Columbia (New York), se montre très critique à l’égard du président des Etats-Unis. S’il juge que les risques d’une crise financière majeure sont limités à court terme, le prix Nobel d’économie 2001 appelle à une refonte du capitalisme, privilégiant la régulation et le rôle de l’Etat.

Guerre commerciale, agitation sur les marchés, Brexit… Faut-il craindre une nouvelle récession, voire une crise financière ?

Les sujets d’incertitudes sont abondants, et les interventions de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), qui a injecté d’urgence des milliards de dollars de liquidités sur les marchés dernièrement, ont rendu beaucoup de monde nerveux. La probabilité que nous traversions d’ici peu une crise financière de la même ampleur que celle de 2008 reste cependant faible. En revanche, il est certain que nos économies vont enregistrer un ralentissement marqué.

En Europe, les nouvelles mesures accommodantes prises en septembre par la Banque centrale européenne (BCE) suffiront-elles à contrer ce ralentissement ?

L’action de la BCE a sorti la zone euro de la crise des dettes souveraines de 2012, mais elle ne va pas réussi à restaurer une croissance dynamique. Baisser à nouveau les taux a cependant un effet négligeable, voire négatif, sur l’activité comme l’offre de crédit. Aujourd’hui, le seul outil susceptible de soutenir efficacement la croissance est la politique budgétaire – surtout dans les Etats disposant de marges de manœuvre en la matière, tels que l’Allemagne.

Les autres pays membres, comme la France, sont limités par les règles du pacte de stabilité. L’idéal serait d’assouplir celles-ci, et que la zone euro se dote aussi d’un véritable outil budgétaire commun. Mais cela exige des réformes complexes et longues à mettre en œuvre.

Sur le fond, le président américain n’a-t-il pas raison de s’en prendre à la Chine, qui ne respecte pas toujours les règles du commerce mondial ?

Lorsqu’ils taxent les importations d’aluminium et d’acier au nom de la prétendue « sécurité nationale », les Etats-Unis non plus ne tiennent pas les règles du jeu définies au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ! Pire, en bloquant la nomination de nouveaux juges dans l’organe de règlement des différends de cette institution, ils remettent en cause le multilatéralisme sur lequel s’est bâtie la prospérité d’après-guerre.

La difficile rentrée des étudiants africains en France

Face à l’augmentation des frais d’inscription et au manque de logements, un collectif de Paris-Nanterre proteste pour un meilleur accès aux universités françaises.

Modibo Massaké (au centre) est le porte-parole du Collectif des étudiants étrangers de l’université de Nanterre. A droite, Mamoudou Falassa Sidibé, président de l’Association des étudiants maliens d’Ile-de-France.

« Salle 34, bâtiment 2B ? OK j’arrive ! » Téléphone à l’oreille, Modibo Massaké demande à l’un de ses amis où se déroule la réunion du Collectif des étudiants étrangers de l’université de Nanterre, jeudi 19 septembre. Le Malien de 24 ans, matriculé en master 2 de sciences de l’éducation, est porte-parole de ce mouvement qui veut encourager l’entraide entre des jeunes, principalement originaires d’Afrique, souvent perdus à leur arrivée dans une université française. Au milieu de l’immense campus de Paris-X, loin des bavardages de sortie de cours, une trentaine d’étudiants venus du Maghreb et d’Afrique subsaharienne augmente le ton. La rentrée n’a pas encore eu lieu qu’ils sont déjà exaspérés.

Ibrahim est l’un d’entre eux. Il a parcouru des milliers de kilomètres pour faire ses études en France. Sa demande d’inscription à Nanterre, déposée en juin, n’a pas encore abouti et il est sans abri. Malgré ces difficultés, celui qui a déjà obtenu au Sénégal un diplôme de langue étrangère appliquée veut garder espoir. Au bout du tunnel, il entrevoit la lumière. « Lors de mon arrivée en France, j’ai affronté la solitude. C’était vraiment difficile », déclare-t-il. Isolé de sa famille et de ses amis restés au pays, le jeune homme a pu compter sur l’entraide du collectif. « Nous allons nous battre pour avoir le même avenir que les étudiants français », ajoute-t-il.

« Tout ce que nous voulons, c’est étudier et apprendre »

A ses côtés, Seny est comme abasourdi. Il ne comprend pas pourquoi les universités dans lesquelles il a postulé ont refusé son dossier. « J’ai candidaté à un diplôme à Paris-VIII pour compléter ma formation en informatique et à un cursus de philosophie à la Sorbonne. Mes demandes ont été rejetées. Pour quel motif ? Je ne comprends pas, car j’avais de très bonnes notes en philosophie au lycée ! », proteste l’étudiant sénégalais d’une vingtaine d’années. Son rêve est de travailler un jour au service de la France. Exaspéré de devoir se justifier, il déclare, portant la main à son cœur : « Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi de venir ici. J’aime ce pays. »

Almany, 25 ans, lui sourit d’un air rassurant. Sans inscription universitaire, cet étudiant en management au Sénégal souhaiterait poursuivre son parcours à l’université de Nanterre et s’est engagé au sein du collectif, afin de « poursuivre la lutte ». Tel un grand frère, face à la détresse de Seny, il ajoute, ému : « Nous avons parfois l’impression d’être incompris. Tout ce que nous voulons, c’est juste étudier et apprendre. »

« Venir d’un pays africain en développement pour rejoindre les bancs d’une université française va devenir de plus en plus difficile », s’inquiète Modibo, en parlant le peu de moyens financiers dont disposent généralement ces étudiants : « Je voudrais insister sur l’augmentation des frais d’entrée à l’université pour les extra-Européens. » Cette mesure, bien que non répercutée cette année par l’université de Nanterre, est jugée inacceptable par le collectif, parce qu’elle frappe de plein fouet les étudiants africains, qui doivent malgré cela débourser 2 770 euros pour une inscription en licence et 3 770 euros pour un master, là où les Français versent 170 et 243 euros. « C’est quinze fois plus ! », dénonce le porte-parole.

Mise en place par la France pour la rentrée 2019, cette décision ne fait pas l’unanimité. Seule une poignée d’ universités publiques, sur les 75 que compte l’Hexagone, ont pour l’instant décidé d’appliquer.

« C’est tout le mythe de l’égalité des chances qui s’effondre »

Devant l’incertitude, Modibo dénonce « une injustice », « un moyen de favoriser certains élèves par rapport à d’autres ». « D’abord nous avons les étudiants français, pour qui les frais sont les moins élevés, puis ceux originaires du reste de l’Europe, et, tout en bas, les étudiants étrangers », explique-t-il. « Cette mesure bafoue les bonnes relations qui existent entre la France et les pays d’Afrique francophone », déclare Ibrahim, pour qui la hausse des frais est un « blocage » qui empêchera de nombreux étudiants africains, souvent désireux de retourner travailler dans leur pays d’origine avec un diplôme français, de venir en France avoir « ce bagage intellectuel ».

« C’est tout le mythe de l’égalité des chances à l’université qui s’effondre. Les injustices se creusent entre les étudiants », dénonce une jeune femme membre du collectif. Elle incite les plus réticents à parler de leurs difficultés et poursuit, révoltée : « Comment étudier correctement quand on n’a même pas d’endroit où dormir ? » Hamza, le rapporteur du groupe, renchérit : « Au Crous de Versailles, plus aucun logement n’est disponible pour les étudiants étrangers qui arrivent. » Des murmures d’approbation se font entendre. Les discussions s’intensifient. « Nous devons nous battre pour assurer un meilleur accès aux logements et aux bourses pour les étrangers ! », clame Modibo. Les participants approuvent d’un hochement de tête.

Il est 13 h 45, la fin de la réunion approche. « La prochaine étape : créer une page Facebook », propose un participant enthousiaste. « D’abord, il faut recenser tous les étudiants étrangers sans logement, informer le public de cette réalité, préparer des affiches et les accrocher dans toute l’université », lance un adhérent de l’UNEF. « Mais c’est un travail de malade ! », s’exclame un jeune au sweat-shirt gris. La phrase sonne comme une piqûre de rappel sur l’étendue du chemin à parcourir. Brusquement, la porte s’ouvre. Un professeur arrive pour son cours. Tous partent alors en quête d’une salle vacante.

XL Airways est placée en redressement judiciaire

L’année dernière, XL Airways a transporté 730 000 passagers. Elle dessert surtout l’Amérique du Nord, surtout les Etats-Unis, les Antilles et la Réunion mais aussi la Chine.

XL Airways a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi.
XL Airways a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Les éventuels repreneurs ont jusqu’à samedi midi pour remettre leurs offres. Le tribunal de commerce de Bobigny a placé, le 23 septembre, XL Airways en redressement judiciaire, a annoncé le PDG de la compagnie aérienne, Laurent Magnin, à la sortie de l’audience :

« On va se battre dans les jours qui viennent. On a jusqu’à samedi midi pour déposer des offres au tribunal de commerce de Bobigny. On a cinq jours pour faire un miracle. »

Les « actionnaires  ont fait une proposition au groupe Air France », a-t-il déclaré, et « le gouvernement, les équipes de Ben Smith (le DG d’Air France-KLM) doivent évaluer dans les quarante-huit heures s’il y a une capacité de sauvetage d’XL Airways ».

« Je lance un appel général : on a 600 personnes [salariés], on a des compagnies qui ont dévissé les unes derrière les autres. Chaque compagnie qui tombe, qui fait faillite, n’est pas capable de rembourser ses clients (…), nous avons un véritable tsunami », a-t-il ajouté, en référence à la compagnie Aigle Azur, en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’à vendredi et pour laquelle le tribunal de commerce d’Evry a initié à examiner lundi les offres de reprise.

« La liquidation pure est l’hypothèse la plus dévastatrice »

Selon Laurent Magnin, les défaillances de XL Airways et Aigle Azur ne sont « que le début » :

« On a été laminés par des gens qui sont hors Europe comme Norwegian [une compagnie low cost long-courrier], qui elle-même, après nous avoir laminés, se refait capitaliser quatre fois par le gouvernement norvégien. »

Pour MAlice Chanu, avocate du comité d’entreprise de la compagnie, « il y a un soutien de l’ensemble des salariés et des syndicats pour tenter le tout pour le tout. La liquidation pure et simple est l’hypothèse la plus dévastatrice ».

En 2018, XL Airways a transporté 730 000 voyageurs avec quatre Airbus A330, tous en leasing, et dessert essentiellement l’Amérique du Nord, surtout les Etats-Unis, la Réunion et les Antilles, mais aussi la Chine.

« Fatiguées » et en « colère », des salariées attendent encore le procès du voyeur qui les espionnait aux toilettes

Un cadre d’une filiale d’Engie à Toulouse est suspecté d’avoir observé ses collègues femmes entre 2015 et 2018. Le procès a été renvoyé à avril 2020.

Par Publié le 23 septembre 2019 à 17h15, mis à jour à 08h38

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Depuis plusieurs semaines, Marine (certains prénoms ont été modifiés) refait ce cauchemar tenace : « deux grands yeux noirs » qui l’observent sous la douche. Ce mauvais rêve la hante depuis qu’elle a découvert, il y a quatre ans, qu’un cadre de son entreprise, une filiale d’Engie établie à Toulouse, l’espionnait aux toilettes et sous la douche sur son lieu de travail. A l’instar de treize autres femmes – une quarantaine au total ont potentiellement été victimes de ces agissements –, elle a porté plainte contre ce cadre, qui travaillait dans un autre service que le sien.

Avec une impatience teintée d’anxiété, elle attendait le procès de cet homme, poursuivi pour « voyeurisme » et « violences n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail avec circonstances aggravantes ». Deux chefs d’accusation différents pour des faits établis à des périodes distinctes, en 2015 puis en 2018, l’infraction de « voyeurisme » étant entre-temps apparue dans la loi Schiappa d’août 2018, renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. L’entreprise s’est également constituée partie civile.

Vendredi 20 septembre, le tribunal correctionnel de Toulouse a reporté à avril 2020 le procès qui devait se tenir le jour même, repoussant ce « moment de vérité » qu’elles attendent depuis des mois, déplore Marine. Derrière le procès du suspect, les plaignantes espèrent mettre au jour l’apathie de leurs directions, GBS Services et Ineo, filiales du groupe Engie, qui n’ont pris aucune mesure contre le cadre, permettant ainsi que la situation perdure durant près de trois ans.

« Je te vois en entier ! »

Les premiers soupçons remontent à novembre 2015. Depuis plusieurs semaines, un homme travaillant au rez-de-chaussée est aperçu par les employées rodant dans les couloirs du deuxième étage, plus précisément autour des toilettes, qui sont régulièrement hors service.

Suspicieuse, Isabelle, employée du deuxième étage, décide un matin d’inspecter les toilettes des hommes, reliées par un sas à celles des femmes. Accompagnée d’une collègue, elle découvre un « stratagème » permettant d’observer les femmes sous la douche et aux toilettes. Depuis le sas où se trouve la tuyauterie, le salarié avait perforé des trous, avant de les recouvrir d’une feutrine, qu’il n’avait qu’à soulever pour espionner ses collègues.

L’esclavage contemporain

Selon l’Organisation internationale du travail, et la Rapporteuse spéciale sur les nouvelles formes d’esclavage – un mandat créé par l’ONU en 2007 –, l’esclavage actuel touche de nos jours plus de 40 millions de personnes à travers le monde.

Pratiqué depuis des milliers d’années, l’esclavage a connu son sommet avec la mise en place de la traite des Noirs et du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique aux XVIIe et XVIIIsiècles, avant d’être petit à petit aboli, comme par exemple par la France, en 1848. Mais les formes d’exploitation proches de l’esclavage n’ont pas disparu.

Actuellement, plus de 70 % des victimes sont des femmes – surreprésentées dans les formes d’exploitation sexuelle et de mariage forcé. Une victime sur quatre est un mineur.

Note : Les formes d’esclavage moderne ne sont pas toutes prises en compte dans les appréciations transmis par la Fondation australienne Walk Free et l’OIT. Manquent ainsi les victimes de trafic d’organes ou encore les enfants soldats.

L’ESCLAVAGE MODERNE, UN PHÉNOMÈNE MULTIFORME

La « Convention relative à l’esclavage » de 1926, premier texte international, repris en 1953 par les NU, définit l’esclavage comme «  l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ».

Actuellement, cette forme d’esclavage dite « de possession » est devenue très rare, même s’il existe encore. De nouveaux textes juridiques internationaux ont étendu la définition d’esclavage à d’autres formes d’exploitation et d’asservissement.

Auxquelles s’ajoute la traite d’êtres humains, définie par la « Convention de l’ONU contre la criminalité transnationale organisée » de 2000 comme « le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes », par la menace, le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, à des fins d’abus.

L’AFRIQUE, LÀ OÙ LA PROPORTION DE VICTIMES EST LA PLUS ÉLEVÉE

Sources : Organisation internationale du travail, 2017 Global Estimates of Modern Slavery ; Walk Free Foundation