Archive dans novembre 2019

Quand les employeurs s’intéressent au ressenti des salariés sur la diversité

Le Medef publie jeudi 7 novembre le « Baromètre de perception de l’égalité des chances ».

Par Publié aujourd’hui à 13h05, mis à jour à 13h08

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« Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’“égalité des chances” en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. »
« Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’“égalité des chances” en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. » Ingram / GraphicObsession

Les attentes sur l’égalité femmes-hommes sont de plus en plus fortes en entreprise. C’est le premier enseignement à retenir du « Baromètre de perception de l’égalité des chances » présenté jeudi 7 novembre par les coprésidents de la commission nouvelles responsabilités entrepreneuriales du Medef, Dominique Carlac’h et Aziz Senni. Créé en 2012 pour prendre le pouls des salariés sur ce qu’ils savent et ce qu’ils pensent des actions prises au sein de leur entreprise sur les questions de diversité, ce questionnaire sert de « miroir » aux employeurs.

« On peut se gargariser des actions engagées, mais tant que les résultats ne sont pas perçus, ce n’est pas la fin de l’histoire, explique Armelle Carminati, la présidente du comité entreprise inclusive du Medef. C’est en analysant la situation telle qu’elle est vécue par les salariés qu’on comprend pourquoi une parité parfaite (50/50) ne sera pas perçue comme telle si les femmes occupent tous les postes subalternes, illustre-t-elle.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’index égalité femmes-hommes : les entreprises de taille intermédiaire se heurtent aux mêmes freins que les grands groupes

Lorsque le baromètre a été lancé en 2012, la diversité n’était pas un sujet au Medef. Il est devenu depuis un instrument de sensibilisation des entreprises en présentant chaque année le ressenti des salariés au niveau national, comme élément de comparaison pour l’ensemble des établissements. La huitième édition, réalisée par TNS Kantar auprès de quelque 1 000 salariés de tous secteurs du 5 au 15 juillet, révèle un gap (fossé) important entre les attentes des salariés et ce qu’ils voient se réaliser. Quarante-neuf pour cent des salariés interrogés estiment que l’égalité des chances en entreprise est prioritaire, mais 30 % seulement considèrent que c’est une priorité pour leur entreprise.

Malgré l’index égalité femmes-hommes on est loin du compte

Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’égalité des chances en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. Malgré l’obligation depuis 2019 de publier un index égalité femmes-hommes, on est encore loin du compte. Les salariés interrogés sont « 11 % à penser qu’il n’est pas possible d’être promu à un poste à haute responsabilité dans leur entreprise quand on est une femme », montre le baromètre. La probabilité de refus de mobilité à une femme cadre pour motifs sexistes est en forte progression (50 % en 2019 contre 40 % en 2018).

La SNCF tente d’apaiser la colère des cheminots de la maintenance

Les syndicats du groupe ferroviaire sont sortis déçus d’une première réunion, mercredi 6 novembre, de concertation sur les rémunérations et les conditions de travail dans les technicentres.

Par Publié aujourd’hui à 10h30

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Des employés de la SNCF réparent des trains de la compagnie dans le technicentre de Bischheim (Bas-Rhin), le 29 avril.
Des employés de la SNCF réparent des trains de la compagnie dans le technicentre de Bischheim (Bas-Rhin), le 29 avril. FREDERICK FLORIN / AFP

Eteindre l’incendie. C’est manifestement, sous l’ère Farandou, la volonté de la direction de la SNCF, confrontée à une flambée sociale depuis la mi-octobre. La poussée de fièvre avait commencé par un arrêt de travail surprise, conséquence d’un accident de TER dans les Ardennes, le 16 octobre, avant d’être suivie par des débrayages dans des centres de maintenance TGV de la région parisienne. Des arrêts de travail affectent, en effet, depuis vendredi 1er novembre le technicentre des TGV Nord, Thalys et Eurostar, au Landy à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), succédant à une grève menée ces deux dernières semaines dans celui des TGV Atlantique à Châtillon (Hauts-de-Seine), rendant difficile la mise à disposition des trains pour les voyageurs.

Lire le portrait : SNCF : Jean-Pierre Farandou face à la tempête sociale

Mercredi 6 novembre, Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF (TGV et trains intercités), a tenu une première table ronde avec les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (CGT, UNSA, SUD et CFDT) sur les rémunérations et conditions de travail dans les centres de maintenance des TGV. La réunion a débouché sur une première salve de propositions qui ont laissé les syndicalistes sur leur faim.

« La copie est à revoir »

Concernant la rémunération, première des revendications des 3 500 agents des technicentres de Voyages SNCF, la direction a, lors de la concertation, proposé… une autre concertation. La nouvelle réunion serait élargie à l’ensemble des centres de maintenance de SNCF Mobilités (35 établissements et 22 000 agents) et se tiendrait sous les dix jours. Ce sursis a provoqué la colère de la CGT et de SUD qui ont quitté la réunion avant la fin. « La copie est à revoir », a estimé Florent Monteilhet, secrétaire général adjoint de l’UNSA-Ferroviaire.

Mme Picard a également mis sur la table des primes individuelles de performance et un doublement des embauches dans les technicentres TGV (300 contre 140 en 2018). Mais, là encore, les syndicats estiment qu’il y a entourloupe. « On a enregistré 100 démissions dans les centres de maintenance en 2019, rappelle M. Monteilhet. L’effort vanté par la direction n’est pas aussi spectaculaire qu’elle veut bien le dire. »

Sur le lieu de travail, les manifestations de religiosité se banalisent

Le baromètre de l’Institut Montaigne note que la religiosité dans l’entreprise continue d’être revendiquée, le plus souvent par des salariés musulmans.

Par Publié hier à 06h10, mis à jour à 14h09

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Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017.
Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Dans l’entreprise, le fait religieux se « banalise », les manageurs le gèrent « de mieux en mieux » et les salariés « s’adaptent » plus volontiers. C’est ce que révèle l’édition 2019 du baromètre du fait religieux en entreprise publié par l’Institut Montaigne depuis 2013. L’étude, intitulée « Religion au travail : croire au dialogue » et publiée jeudi 7 novembre, confirme une dynamique à l’œuvre depuis six ans : les manifestations de religiosité sur le lieu de travail continuent de s’affirmer.

Les demandes d’aménagement du temps de travail, le port visible d’un signe religieux (voile, croix, étoile de David…) et la volonté de pouvoir faire sa prière pendant les temps de pause restent les principaux signes observés. « 90 % d’entre eux émanent de salariés de confession musulmane », précise l’auteur, Lionel Honoré, professeur des universités à l’Institut d’administration des entreprises de Brest et directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise.

Pour réaliser cette étude, 1 100 personnes ont répondu à un questionnaire, une trentaine d’entretiens ont été conduits et 30 experts (directeurs des ressources humaines, responsables diversité…) ont été interrogés. 70 % d’entre eux disent rencontrer « régulièrement » (32 %) et « occasionnellement » (38 %) des faits religieux. Ils étaient 66 % en 2018. Dans 19 % des cas, cela génère des tensions, un conflit ou un blocage, un pourcentage en augmentation régulière.

Infographie Le Monde

« La grande majorité des salariés ne laisse rien transparaître de leur religiosité dans l’entreprise, tient à souligner l’auteur. La plupart des autres sont prêts à aménager leur pratique pour la rendre “acceptable” et se conforment aux exigences de l’organisation pour laquelle ils travaillent. »

Une petite minorité – 12 % des cas qui créent des dysfonctionnements – se place dans « une logique de refus ». « Ce qui est marginal mais pas anecdotique, commente Lionel Honoré. Ceux-là adoptent une posture de revendication et veulent imposer à l’entreprise un fonctionnement religieux. » Ils exigent par exemple des jours de repos à des dates précises, refusent certaines tâches ou encore constituent des équipes de travail uniquement composées de coreligionnaires ou réclament une salle de prière.

Une soixantaine de suicides recensés dans l’éducation nationale en 2018-2019

Par ailleurs, 11 agents se sont donné la mort depuis la rentrée de septembre, selon les chiffres du ministère.

Le Monde avec AFP Publié hier à 18h40, mis à jour à 13h14

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Durant l’année scolaire 2018-2019, 58 agents de l’éducation nationale se sont suicidés, et 11 depuis la rentrée de septembre, selon des chiffres du ministère dévoilés pour la première fois à l’occasion d’une réunion sur les conditions de travail des enseignants, mercredi 6 novembre.

Ces données ont été annoncées lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire. Cette réunion, organisée à la demande des syndicats, était consacrée à la souffrance au travail à l’école primaire, au collège et au lycée, un mois et demi après le suicide de Christine Renon, une directrice d’école de Pantin (Seine-Saint-Denis).

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Taux de suicide de 5,85 pour 100 000

Ainsi, au cours de l’année scolaire 2018-2019, 37 hommes et 21 femmes se sont donné la mort, dont 12 agents non titulaires, et, depuis la rentrée de septembre, cinq hommes et six femmes, ont détaillé à l’Agence France-Presse les syndicats SNES-FSU et UNSA.

Ces chiffres concernent l’ensemble du personnel enseignant et du personnel administratif, soit 992 000 agents. Le ministère précise que le taux de suicide est de 5,85 pour 100 000 personnes – par comparaison, le taux de suicide moyen en France, en 2012, était de 16 pour 100 000, selon des données de l’Observatoire national du suicide.

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Quand les entreprises choisissent de verdir les salaires pour afficher leur exemplarité

Dans le but de montrer qu’elles prennent au sérieux les besoins de l’économie durable, plusieurs multinationales intègrent des objectifs chiffrés écologiques dans le calcul des rémunérations.

Par Publié aujourd’hui à 07h00

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« Mieux vaut mettre la barre haut si l’on veut que l’intéressé s’attelle sérieusement à la tâche. »
« Mieux vaut mettre la barre haut si l’on veut que l’intéressé s’attelle sérieusement à la tâche. » Mike Kemp/Tetra Images / Photononstop

Quand Sunny George Verghese se rase, il ne laisse plus couler l’eau du robinet. Le dirigeant d’Olam, entreprise de négoce de denrées alimentaires, basée à Singapour, désire être un exemple aux yeux de ses 39 000 employés. Le patron économise son eau. Tout un symbole pour cette multinationale qui se veut à l’avant-garde de l’économie durable, même si elle est mise en cause par certaines ONG dans la déforestation du Gabon. « Nous devons réimaginer l’agriculture, afin de nourrir une population croissante sans détruire la planète », déclare-t-il, de passage à New York, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies ouverte le 17 septembre. M. Verghese affiche des objectifs écologiques et sociaux très ambitieux, applicables à chaque salaire, à chaque usine et à l’ensemble des 4,7 millions d’agriculteurs qui travaillent avec Olam.

Afin de transmettre le message, le PDG lie la rémunération de 1 500 cadres supérieurs aux progrès réalisés en matière d’émissions de carbone, de réduction des déchets ou encore d’utilisation des énergies renouvelables : 10 % à 20 % de leurs revenus dépendent de la réalisation de cet objectif.

C’est ainsi que l’irrigation des vergers d’amandiers en Australie est en train de se convertir à l’énergie éolienne. De même, le groupe encourage, depuis plus de dix ans, ses partenaires paysans à produire des denrées de meilleure qualité, grâce à des formations et à des microcrédits. Et Olam est dorénavant capable d’offrir à ses clients une information détaillée sur l’impact environnemental de ses produits, de la ferme aux rayons des magasins.

Mettre la barre haut

Selon M. Verghese, l’écologie n’est pas une préoccupation « après coup », c’est toute une culture dont il veut imprégner le groupe. D’où la mise en place d’une incitation financière particulièrement efficace avec les salariés d’un certain âge. « Les jeunes comprennent, ils savent bien qu’ils vont hériter de cette planète, avoue le PDG. Mais les employés matures n’ont pas cette sensibilité. Ma génération a besoin d’un coup de pouce financier pour s’aligner. Il faut que les cadres sentent que la réussite écologique a un impact sur leur carrière. »

Cette approche n’est pas encore très répandue dans les entreprises. « Moins de 5 % des groupes incluent le critère environnement dans l’évaluation des performances », assure Jenny Davis-Peccoud, l’experte en économie durable du groupe consultant Bain & Co. « La première fois que j’en ai parlé aux conseils d’administration, tout le monde s’en fichait, renchérit Blair Jones, de la société de conseil Semler Brossy. Il y a cinq ans, dans le secteur de l’énergie et des mines, les administrateurs étaient beaucoup plus sensibles aux risques encourus par les personnels. Ils voulaient éviter les poursuites en justice. »

Entreprises libérées sous étroite surveillance

Tout n’est pas rose au pays de l’entrepreneuriat libéré, où le contrôle peut être plus redoutable que dans une entreprise classique, explique la journaliste du « Monde » Anne Rodier, dans sa chronique hebdomadaire.

Publié aujourd’hui à 06h45 Temps de Lecture 3 min.

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« Le pouvoir d’influence est substitué au pouvoir de contrainte mais sans contre-pouvoirs, car la présence de délégués syndicaux n’a pas de raison d’être dans une organisation autorégulée. »
« Le pouvoir d’influence est substitué au pouvoir de contrainte mais sans contre-pouvoirs, car la présence de délégués syndicaux n’a pas de raison d’être dans une organisation autorégulée. » Nick Shepherd/Ikon Images / Photononstop

Chronique « Carnet de bureau ». « Fais confiance et vérifie (doveriai no proveriai) », ce proverbe russe très prisé en son temps par Ronald Reagan (« Trust but verify ») n’a certainement pas échappé à Google.

Les salariés du géant numérique accusent leur employeur d’avoir installé un « mouchard » sur le logiciel de réservation de salle pour repérer tout regroupement de plus de cent personnes, révélait Bloomberg le 24 octobre. Le droit du travail a beau tenter d’adapter la protection des salariés à l’évolution technologique, les outils numériques permettent une surveillance toujours plus précise et plus discrète des salariés. De quoi tenter les employeurs qui pensent que la croissance de leur entreprise passe par un contrôle toujours plus accru des collaborateurs.

Les entreprises dites « libérées » ont fait le pari inverse pour un succès circonscrit à quelques pionniers, mais durable. Quand, en 2009, Alexandre Gérard, le PDG de Chronoflex, se retrouve au bord du gouffre, menacé de faillite, il décide de « lâcher les rênes », et de relancer son projet en misant tout sur la confiance accordée aux collaborateurs, dans une vision partagée. Pour changer la donne : il supprime les symboles du pouvoir et bannit le contrôle. L’organisation est restructurée pour « coconstruire ».

Tout se décide par équipe. « L’entreprise libérée est une entreprise dans laquelle les productifs ont pris le pas sur les non-productifs, explique le PDG de Chronoflex. On a demandé à chacun : où est-ce que vous vous sentez contrôlés ? Et imaginez des processus d’auto-contrôle. Les manageurs sont passés de je prends toutes les décisions à je n’en prends plus aucune. Le vrai sujet est de concilier confiance et liberté. »

La confiance prônée par les entreprises libérées repose sur l’autonomie du salarié au service de l’intérêt général de l’entreprise. Alexandre Gérard en a fait le quotidien du site de Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. Et ça marche.

Autocontrôle

Pour les salariés « tout va bien » et le chiffre d’affaires augmente de 10 % en moyenne annuelle (33 millions d’euros, contre 22 millions il y a cinq ans). La logique de contrôle a laissé sa place à celle de l’autocontrôle. Evaluation et règlements de conflits n’ont pas disparu, mais sont gérés par le collectif. Ce qui n’est pas sans risque. « Il y a de plus en plus d’entreprises qui s’engagent sur le sujet, mais 90 % vont à l’échec par manque de préparation du dirigeant et de la culture d’organisation. Ils ne travaillent pas assez sur le rapport au pouvoir et sur le lâcher-prise », tranche M. Gérard.

Le mal nommé « mi-temps thérapeutique »

Après une maladie, un salarié peut reprendre son activité et demander à bénéficier d’un temps partiel dont la durée peut varier. Ne peuvent prétendre à ce dispositif aux modalités très encadrées que les salariés ayant fait l’objet d’un arrêt de travail indemnisé, explique le juriste Francis Kessler dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 2 min.

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Chronique « Droit social ». Après une maladie, un salarié peut reprendre son activité dans les conditions antérieures. Mais il peut aussi demander à bénéficier d’un temps partiel pour motif thérapeutique, souvent et faussement appelé « mi-temps thérapeutique », car la durée de travail réduite peut varier. Il s’agit de permettre le retour dans l’entreprise, lorsque « la reprise à temps plein est impossible et que le temps partiel paraît être de nature à favoriser l’amélioration de l’état de santé du salarié », ou au cas où « le salarié doit faire l’objet d’une rééducation ou d’une réadaptation professionnelle pour recouvrer un emploi compatible avec son état de santé » (article L. 323-3 du code de la Sécurité sociale).

Ne peuvent prétendre à ce dispositif que les salariés ayant fait l’objet d’un arrêt de travail indemnisé. Pour inciter les entreprises à y recourir, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 a supprimé l’obligation d’arrêt de travail « à temps plein ».

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Les modalités du mal nommé « mi-temps thérapeutique » sont encadrées. Il doit être prescrit par le médecin traitant, qui précise le pourcentage d’activité possible. L’employeur doit établir une attestation, dans laquelle il donne son accord de principe à une reprise, la nature de l’emploi et la rémunération correspondante. La mise en place du temps partiel thérapeutique doit aussi être formalisée par un avenant au contrat de travail, réduisant – temporairement – la durée d’activité. Le salaire est versé au prorata du temps effectué, sauf convention collective prévoyant le maintien plein de la rémunération pendant un certain temps.

L’attestation de l’employeur est adressée au médecin-conseil de la caisse primaire d’assurance-maladie, qui autorisera (ou pas) la prise en charge partielle du salaire manquant, au moyen des indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS). Depuis un décret du 20 août 2019, le calcul des IJSS suit les mêmes modalités que les IJSS versées en cas d’arrêt de travail pour maladie. Elles sont plafonnées à la perte journalière due à la réduction de l’activité.

Situation kafkaïenne

Dans certaines situations, le retour effectif du salarié dans l’entreprise est soumis à l’avis du médecin du travail. Même si cette étape n’est pas expressément prévue par le code de la Sécurité sociale, elle est imposée par le code du travail. C’est le cas après une absence de trente jours résultant d’une maladie non professionnelle, ou après un congé maternité. Le médecin peut, soit délivrer un avis d’aptitude à la reprise d’activité, soit établir une attestation de suivi, accompagnée d’un document annexe préconisant des aménagements de poste ou des réserves. L’employeur est tenu de reprendre le salarié à son poste en suivant les préconisations médicales.

Féminiser l’industrie, malgré elle

Nathalie Lapeyre s’intéresse au parcours de plusieurs générations de femmes entrées sur le marché du travail des cadres et dans des fonctions de manageures. Elle constate, à travers l’exemple d’Airbus, que les femmes salariées sont toujours tenues de s’adapter aux normes masculines des carrières, du fait de la robustesse du système organisationnel en vigueur.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« Le Nouvel âge des femmes au travail », de Nathalie Lapeyre. Presses de Sciences Po, 224 pages, 19 euros.
« Le Nouvel âge des femmes au travail », de Nathalie Lapeyre. Presses de Sciences Po, 224 pages, 19 euros.

Le livre. Dans les années 1930, l’aviatrice américaine Amelia Earhart (1897-1937) traversa en solitaire les océans Atlantique et Pacifique. Hélène Boucher (1908-1934) battit, elle, de multiples records de vitesse. Caroline Aigle (1974-2007) fut la première femme pilote de Mirage 2000-5, et Danielle Décuré la première commandante de bord à Air France. Autant d’exemples illustres du rôle des femmes dans l’histoire de l’aviation, célébrées dans la vaste littérature consacrée au monde de l’aéronautique. « Il n’en reste pas moins qu’en 2019 comme au début du XXe siècle, que ce soit dans l’aviation civile, militaire ou même de loisirs, la culture misogyne de ce milieu reste vivace », regrette Nathalie Lapeyre dans Le Nouvel âge des femmes au travail (Presses de Sciences Po).

Au-delà des pionnières du ciel, l’ouvrage s’intéresse au parcours de plusieurs générations de femmes entrées sur le marché du travail des cadres et dans des fonctions de manageures. « Leurs expériences professionnelles et sociales au sein d’une industrie de pointe éclairent les changements à l’œuvre en matière d’inégalités de genre et de rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes. »

Professeure de sociologie à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, Nathalie Lapeyre a mené une enquête de plusieurs années au sein du groupe Airbus, qui souhaite atteindre un taux de 20 % de femmes à tous les échelons de la hiérarchie professionnelle d’ici à 2020. Développement de plans d’action, ouverture de fenêtres d’opportunités, existence de réseaux de femmes, transformation du rapport au travail pour les plus jeunes générations… la quatrième génération d’ingénieures, de diplômées et de femmes entrées sur le marché du travail depuis les années 2000 est confrontée à des enjeux nouveaux, qui « ont des effets non seulement sur leurs aspirations en termes de carrière et sur leurs trajectoires, mais également sur leur destin professionnel ».

Solidarité fondée sur l’humour

Le premier chapitre du livre est consacré aux dynamiques de féminisation de l’industrie aéronautique. L’auteure analyse le processus de féminisation qui s’opère par le haut comme par le bas de la hiérarchie socioprofessionnelle.

Le deuxième chapitre se penche sur les acteurs de la diversité, « un “quatuor de velours” plus ou moins “désorchestré”, mêlant équipes de direction, réseau interne de femmes cadres, syndicats et partenaires externes, aux visions et aux méthodes parfois divergentes et peu coordonnées mais partageant un objectif commun. »

Comment sont calculées la date et l’heure de la Journée de l’égalité salariale

DERRIÈRE LE CHIFFRE – Les Françaises « pourraient s’arrêter de travailler le 5 novembre à 16 h 47 » pour protester contre l’écart des salaires entre les femmes et les hommes.

Par Publié aujourd’hui à 17h12

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Selon le collectif féministe Les Glorieuses, les Françaises travaillent bénévolement à partir de ce mardi et jusqu’à la fin de l’année. Pour rattraper la différence de salaires entre hommes et femmes, ces dernières « pourraient s’arrêter de travailler le 5 novembre à 16 h 47 », avance le collectif, qui s’inspire d’une initiative islandaise.

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  • Pourquoi cette date et cette heure ?

Le collectif explique s’être appuyé sur un chiffre fourni par Eurostat, l’organisme de statistiques de l’Union européenne, qui établit que « les Françaises gagnent 15,4 % de moins que les hommes ».

Sur la base de journées de sept heures et avec cinq semaines de congés, le collectif a ensuite appliqué ce rapport au nombre de jours ouvrés en 2019 (251 jours, en excluant les week-ends et les jours fériés). On arrive alors à un total de 38,65 jours ouvrés « non payés » pour les femmes. En retranchant ce total aux jours ouvrés à partir du 31 décembre, le collectif a abouti à la date du 5 novembre à 16 h 47.

  • Plusieurs mesures des inégalités salariales

Sauf que la donnée de départ – 15,4 % d’écart salarial – est elle-même sujette à débat. Pour l’Institut national de la statistique et des études économique (Insee), dont les chiffres les plus récents ne prennent en compte que le secteur privé, cet écart est de 18,5 %. Pour l’OCDE, il est de 9,9 %. Il est difficile d’avoir une réponse unique, puisque, en fonction des organismes ou des institutions, les méthodes pour calculer les écarts de salaires entre les femmes et les hommes diffèrent sensiblement (salaire brut ou non, équivalent temps plein ou contrats, moyenne ou médiane, etc.).

Ce qui semble sûr, c’est qu’en comparant les salaires à postes et âges équivalents, « il demeure 9 % d’écarts de salaire injustifiés entre les femmes et les hommes », souligne le ministère du travail. L’Observatoire des inégalités qualifie cet écart de « discrimination pure ». Il souligne en outre le choix politique qui a été opéré en décidant de présenter les inégalités du point de vue masculin ; combien les femmes touchent de moins que les hommes et non combien les hommes touchent de plus que les femmes.

Reprenant le chiffre de l’Insee, l’Observatoire calcule : « Lorsque les hommes touchent 100, les femmes reçoivent 81,5. Elles perçoivent ainsi 100 – 81,5 = 18,5 de moins. (…) Si l’on rapporte l’écart de 18,5 aux 81,5 des femmes, cela fait 18,5 divisés par 81,5 = 23 %. Les hommes touchent donc 23 % de plus que les femmes. Si on arrive à un résultat différent, c’est parce que les pourcentages ne sont pas réversibles, car ils ne s’appliquent pas à la même base de départ. (…) Aucune des deux méthodes n’est plus “juste” ou meilleure. Mais il est frappant de constater que celle qui aboutit au chiffre le plus faible s’est imposée dans le débat public. »

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  • Un écart qui ne se résorbe pas

La date choisie, quelle qu’elle soit, est avant tout symbolique pour montrer les inégalités significatives dans les salaires entre les femmes et les hommes. Or « depuis cinq ans, les pouvoirs publics font bouger les lignes de l’égalité salariale, mais ces efforts ne suffisent pas. Nous avons certes observé une évolution à hauteur de 0,5 point, sauf qu’à ce rythme-là, ce ne sera qu’en 2168 que les femmes seront aussi bien rémunérées que les hommes », soulignent Les Glorieuses.

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Plusieurs facteurs expliquent que cet écart demeure : les secteurs dans lesquels les femmes constituent la majorité des travailleurs continuent d’afficher des niveaux de salaires inférieurs à ceux constatés dans les secteurs à dominante masculine ; les femmes restent sous-représentées aux postes à responsabilité et de direction, et elles travaillent toujours moins longtemps et plus souvent à temps partiel afin de pouvoir concilier responsabilités familiales et activité rémunérée. Ce constat n’est pas vrai qu’en France : plus diplômées que les hommes, les Européennes sont moins bien payées.

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  • A-t-on le droit de quitter le travail mardi à 16 h 47 ?

Le collectif Les Glorieuses n’appelle ni à faire grève ni à quitter le travail. « Ni un syndicat, ni une organisation politique, nous n’appelons pas les femmes à arrêter de travailler, nous demandons en revanche des actions concrètes et rapides pour endiguer les inégalités salariales en une génération… » Il appelle par exemple les pouvoirs publics à mettre en place davantage d’actions concrètes, notamment un congé paternité équivalent au congé maternité post-accouchement « afin de cesser de discriminer les femmes en obligeant les pères à s’absenter à leur tour ».

Mais que se passe-t-il si, à titre individuel, des femmes souhaitaient protester contre les inégalités salariales en cessant le travail mardi 5 novembre à 16 h 47 ? Des précautions sont à prendre, car quitter son poste sans prévenir pourrait être considéré comme une « absence injustifiée », voire un « abandon de poste ». Il s’agit donc de prévenir l’employeur en amont et de lui signifier la raison de cette absence. Ce geste s’apparente alors au droit de grève, qui est garanti par la Constitution. Attention, dans la fonction publique, pour faire grève, il faut avoir déposé un préavis au moins cinq jours avant le début du mouvement.

Il faut « sauver le service civique » !

Dans une tribune au « Monde », un collectif emmené par des élus en charge de politiques de la vie associative et de la jeunesse estime que le service civique est aujourd’hui directement menacé par le service national universel.

Publié aujourd’hui à 16h11 Temps de Lecture 5 min.

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« Ils seront ainsi presque 145 000 jeunes à s’y être engagés en 2019 » (Photo : maison de retraite. Jeune femme effectuant un service civique).
« Ils seront ainsi presque 145 000 jeunes à s’y être engagés en 2019 » (Photo : maison de retraite. Jeune femme effectuant un service civique). Philippe Turpin / Photononstop

Tribune. « Petit miracle républicain » voté à l’unanimité en 2010, le service civique était alors plein de promesses : sécuriser l’engagement des jeunes, le développer, le valoriser.

« Le service civique, c’est un engagement volontaire au service de l’intérêt général ouvert aux 16-25 ans. Accessible sans condition de diplôme, le service civique est indemnisé », écrit sur son site l’Agence du service civique.

« Le service civique a pour objet de renforcer la cohésion nationale et la mixité sociale et offre à toute personne volontaire l’opportunité de servir les valeurs de la République et de s’engager en faveur d’un projet collectif en effectuant une mission d’intérêt général », selon le code du service national.

Un marqueur générationnel

Aujourd’hui, le service civique est devenu un marqueur générationnel phare pour les jeunes Français, résultat d’une politique du chiffre assumée. Ils seront ainsi presque 145 000 jeunes à s’y être engagés en 2019. Un remarquable succès quantitatif, gagné à la force d’un branle-bas de combat ministériel et associatif, qui mobilise aujourd’hui une très large frange d’acteurs autour de l’engagement de la jeunesse.

Le service civique est fondé sur le volontariat, sur la progression personnelle dans le cadre d’un projet au moins en partie défini par le jeune lui-même, sur la montée en compétences dans le cadre d’une citoyenneté exercée librement. S’il est vrai que beaucoup de jeunes ne s’y engagent pas par fibre militante a priori, tous découvrent au cours de leur mission les notions d’intérêt général et de citoyenneté. Le service civique est une belle école de l’engagement, tout comme une formidable opportunité de renouvellement pour les associations et institutions publiques qui accueillent les volontaires.

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Le service civique comprend bien sûr des marges de progression, et des points de vigilance. L’annualité désormais routinière de l’accueil des volontaires, le nombre des cohortes, le manque de formation des tuteurs, tendent à réduire la part d’engagement personnel pourtant prépondérante dans ce que doit être la mission d’un volontaire.

Mais est surtout dénoncé le risque croissant d’une collusion du service civique avec l’emploi, surtout dans un contexte de fort chômage des jeunes et de fragilisation généralisée du monde associatif et de l’administration publique.

Dégradation

Pourtant le service civique a réussi le pari d’un équilibre fragile : atteindre l’universalité – offrir une mission à chaque jeune volontaire – et un effet générationnel massif, sans le caractère obligatoire de l’engagement, et en préservant une forte identité citoyenne. Plébiscité par les jeunes comme par les associations et institutions, il mérite désormais qu’on y investisse massivement pour améliorer sa qualité.