Archive dans septembre 2019

La ministre de la santé propose un « pacte de refondation » à 750 millions d’euros pour les urgences

Agnès Buzyn, a détaillé, lundi, une série de mesures sur trois ans. Mais sans lits ni effectifs supplémentaires.

Agnès Buzyn (à droite au centre), ministre de la santé, lors d’une réunion avec les professionnels de santé et des urgences, pour présenter le plan d’urgence, à Paris, lundi 9 septembre.
Agnès Buzyn (à droite au centre), ministre de la santé, lors d’une réunion avec les professionnels de santé et des urgences, pour présenter le plan d’urgence, à Paris, lundi 9 septembre. Luc Nobout / Luc Nobout/IP3

Qu’il paraît loin ce mois d’avril où la ministre de la santé, Agnès Buzyn, assurait sur le plateau de Public Sénat que la grève dans les urgences de plusieurs hôpitaux parisiens n’était pas due aux conditions de travail ! Cinq mois plus tard, et 249 sites en grève à travers tout le pays, les problèmes d’agressions et d’insécurité, d’abord mis en avant par la ministre, ont été relégués au second plan. Pour répondre à l’augmentation continue du nombre de patients, multiplié par deux en vingt ans, et supérieur à 21 millions en 2017, l’heure est à la « refondation » et au « repositionnement ».

Le plan présenté lundi 9 septembre par Mme Buzyn, élaboré en toute hâte sur la base d’une « mission-flash » menée pendant l’été par le député (LRM) de Charente Thomas Mesnier et le patron du SAMU de Paris Pierre Carli, ne contient aucune annonce choc de réouverture massive de lits ou de nouvelle revalorisation salariale, comme le réclament les infirmiers et les aides-soignants en grève. « Cette absence totale de revalorisation des soignants, c’est le gros point qui me choque », assurait lundi soir Hugo Huon, le président du collectif Inter-Urgences, la structure qui fédère les paramédicaux grévistes, à la veille de l’assemblée générale du mouvement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

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« Redéploiement budgétaire »

Les douze mesures du plan, doté de 754 millions d’euros sur la période 2019-2022, dont 150 millions d’euros pour l’année 2020, sont toutes destinées à « lever la pression » sur les services d’urgences. Elles viennent compléter les premières mesures prises avant l’été pour un montant de 70 millions d’euros (dont 50 millions sont destinés à financer une prime de risque mensuelle de 100 euros net pour les paramédicaux des urgences, et que toucheront désormais également les assistants de régulation médicale). Les moyens supplémentaires annoncés lundi devraient concerner à hauteur de 630 millions d’euros « des renforts, en ville comme à l’hôpital, de médecins et soignants », sans aucune traduction précise en termes d’effectifs.

Même si l’exécutif est resté particulièrement silencieux sur ce point, ces crédits supplémentaires pourraient être obtenus en économisant sur d’autres postes, de manière à ne pas toucher à l’objectif national de dépenses d’assurance-maladie (Ondam), l’enveloppe fermée qui contraint les dépenses de santé. « Si certaines mesures méritent discussions, il s’agit de redéploiement budgétaire, ce qui est contradictoire avec les annonces », déplore Christophe Prudhomme, membre de la CGT et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), en réclamant un Ondam à 5 %, soit 4 milliards d’euros supplémentaires dans le budget de la santé.

Répondre à toute heure à la demande

C’est la mesure qui frappera sans doute le plus les esprits : un service d’accès aux soins (SAS) devrait être mis en place d’ici à l’été. Objectif de ce « service distant universel », accessible par téléphone ou par Internet : « Répondre à toute heure à la demande de soins des Français. » Il devra notamment permettre d’obtenir vingt-quatre heures sur vingt-quatre un conseil médical et paramédical, de prendre rendez-vous pour une consultation avec un médecin généraliste dans les vingt-quatre heures, de procéder à une téléconsultation, d’être orienté vers un service d’urgences ou de recevoir une ambulance.

Si le coût du dispositif est déjà connu (340 millions d’euros sur trois ans), ses modalités ne seront précisées qu’en novembre. Il s’agira notamment de trancher si le SAS constitue le numéro unique de régulation du système de soins ou s’il cohabite avec le 15, le numéro des urgences. « Il ne faut pas se focaliser sur cette histoire de numéro », assure François Braun, le président de SAMU-urgences de France. Partisan d’un numéro unique, il se dit déjà à ce stade satisfait de l’officialisation d’une plate-forme de régulation. « Le numéro unique, ça s’adresse à des personnes CSP+ qui sont dans une démarche citoyenne d’appeler pour ne pas engorger les urgences », tempère Hugo Huon. Autre interrogation : combien faudra-t-il de médecins libéraux pour faire fonctionner un tel système ? Où les trouvera-t-on ?

Cinquante maisons médicales de garde accueillant des médecins libéraux seront par ailleurs financées d’ici à la fin de l’année « à proximité directe » de tous les services d’urgences totalisant plus de 50 000 passages par an. Le ministère a expliqué vouloir développer une offre de soins libérale présentant les mêmes attraits que les urgences. D’ici à la fin de l’année, tous les médecins de garde devraient ainsi disposer de terminaux permettant de pratiquer le tiers payant sur la part « sécu ». « Nous travaillons pour que ce tiers payant s’élargisse en 2020 à la part complémentaire santé », a expliqué Mme Buzyn lundi. Des « examens de biologie médicale simples et automatisés » seront possibles dans des cabinets libéraux, avec des résultats accessibles dans des délais courts.

« Lutter contre les dérives de l’intérim médical »

Le plan présenté lundi prévoit par ailleurs de « lutter plus efficacement contre les dérives de l’intérim médical », en obligeant notamment les médecins intérimaires à fournir lors du recrutement une attestation sur l’honneur certifiant qu’ils ne contreviennent pas aux règles sur le cumul d’emplois publics. « On aurait aimé des décisions un peu plus dures sur cet intérim qui entraîne l’asphyxie de nos services », fait valoir François Braun, à SAMU-urgences de France.

Autre volet du plan : une meilleure organisation des hôpitaux. Ceux-ci devront contractualiser avec les Ehpad afin de mettre en place des filières d’accès direct des personnes âgées, afin de ne pas faire des urgences la porte d’entrée – souvent éprouvante – de l’hôpital. Les établissements devront par ailleurs tous optimiser la gestion de leurs lits d’hospitalisation, par le biais de l’embauche de gestionnaires de lits et la mise en place de logiciels de prédiction des besoins. Sur la question des lits, cruciale pour les grévistes, Mme Buzyn a assuré lundi qu’il n’y avait « aucun dogmatisme à avoir » : « Je veux optimiser les lits vides existant et en recréer si besoin », a-t-elle déclaré.

Pour ne pas pénaliser les hôpitaux qui enregistreraient une baisse des passages aux urgences, notamment du fait d’une meilleure prise en charge par la médecine de ville, le financement des urgences sera revu, par l’intermédiaire du versement d’une « dotation populationnelle ». Autrement dit, les services d’urgences ne seront plus financés exclusivement à l’activité mais recevront une « enveloppe forfaitaire » dépendant de l’importance de la population couverte et de ses caractéristiques socio-économiques, ainsi que de la « densité médicale libérale dans leur territoire ».

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 On ne peut contredire que les aidants sont pris dans des options profonds 

« Evoquer sempiternellement le chiffre de 8,3 millions d’aidants en France ou prétendre que 90 % d’entre eux réalisent ce choix librement contribue plus à brouiller la réalité de l’aide qu’à sensibiliser l’opinion. »
« Evoquer sempiternellement le chiffre de 8,3 millions d’aidants en France ou prétendre que 90 % d’entre eux réalisent ce choix librement contribue plus à brouiller la réalité de l’aide qu’à sensibiliser l’opinion. » BENGT-GORAN CARLSSON / NordicPhotos / Photononstop

Comment entendre la parole et les besoins des appuis et aidants de personnes en situation de handicap ou de personnes âgées en perte d’autonomie ? La question se pose de nos jours alors qu’une changement des dispositifs publics de soutien à l’autonomie est proclamée. Dans notre laboratoire (LISE-CNRS, CNAM, Paris), nous avons achevé ce printemps une recherche sur les proches aidants et avons, entre autres, procédé à l’analyse de près de soixante entretiens approfondis auprès de personnes fortement investies dans l’aide à domicile d’un ou d’une proche.

Nombre d’entre eux trouvent une satisfaction à aider concrètement au bien-être d’un proche entravé dans son corps et sa participation au monde. Cette interprétation rejoint celle mise en avant par Nancy Fraser dans son texte « After the family wage » dans la revue Political Theory (vol. 22, no 4, novembre 1994). La philosophe américaine y défendait le développement d’arrangements politiques et sociaux admettant à tout le monde de faire favoriser le choix d’une activité pleine de sens auprès d’un proche vulnérable, plutôt que de primer pour tous et tout le temps la présence sur le marché du travail.

3,90 ou 5,84 euros de l’heure

Mais une telle inversion des valeurs ne se décrète pas, et donner à penser que les conditions d’un vrai choix sont associés est fallacieux. Plus encore, évoquer sempiternellement le chiffre de 8,3 millions d’aidants en France ou prétendre que 90 % d’entre eux réalisent ce choix librement aider plus à brouiller la réalité de l’aide qu’à sensibiliser l’opinion. Surtout quand ils cohabitent avec la personne aidée, sont en âge de travailler, de santé fragile, ou que leurs liens sociaux ont été emportés par le huis clos de l’aide en continu, les aidants sont pris dans des dilemmes profonds.

Urgences à Mulhouse

Début octobre, les urgences de l’hôpital de Mulhouse n’admet plus que sept médecins, contre vingt-six il y a encore quelques mois. Une difficulté qui met à mal l’ensemble de l’hôpital.

Les urgences de l’hôpital Emile-Muller de Mulhouse (Haut-Rhin) fait face à une crise d’embauche sans précédent. En grève depuis le 25 avril, il a souffert d’une cascade de démissions chez ses médecins urgentistes. Et leur trouver des remplaçants est une gageure. Résultat : ils ne sont Dès lors plus qu’une dizaine, dans un secteur où vivent 450 000 habitants.

« Il y a encore trois à quatre mois, le service était composé de 26 médecins urgentistes. Le 1er octobre, nous ne serons plus que sept », déclare Sami Kacem, doyen de l’équipe. Si les urgences vitales sont tout le temps assurées, un seul des deux véhicules de service mobile est opérationnel et les temps « texturants » des urgentistes, accordé à l’organisation du service, à la formation ou à l’analyse des protocoles, sont relégués aux oubliettes. Un mode de fonctionnement dégradé qui met en péril l’ensemble du groupe hospitalier Mulhouse Sud-Alsace, composé au total de neuf établissements, dont quatre hébergent des services d’urgences. Le 7 et le 8 septembre, les urgences d’Altkirch, situées à 20 kilomètres de Mulhouse, ont ainsi dû être temporairement clôturées, faute de médecins urgentistes, et le public invité à composer le 15.

Les conditions de travail expliquent pour beaucoup cette hémorragie. Depuis des mois, les médecins associent des semaines de cinquante-six, voire soixante-douze heures. « Selon les préconisations de la Société française de médecine d’urgence, nous devrions être 34 médecins urgentistes. Dans les conditions actuelles, la pression des horaires est trop forte. A la fin de chaque garde, on ne sait plus comment on s’appelle », déclare Sami Kacem. Alors les médecins démissionnent, pour avoir plus de temps libre, voir grandir leurs enfants, ou tout simplement voir ailleurs.

Poste usant

Ailleurs, ça peut être notamment la Suisse toute proche, où les rétributions sont bien plus intéressantes, ou encore le travail intérimaire. « Comment voulez-vous intéresser des jeunes aux fonctions hospitalières quand une garde de vingt-quatre heures est payée 2 400 euros à un intérimaire, contre moins de 300 euros pour un cadre hospitalier ? », se demande le médecin. Après trente-cinq ans de carrière, ce dernier gagne 7 500 euros brut, auxquels s’ajoutent une indemnité multisite ainsi qu’une prime d’ancienneté. « Dans le privé, ce serait quatre à cinq fois plus », mentionne-t-il.

Les banques française enfoncées dans leurs réseaux d’agences

la banque française BNP Paribas veut ouvrir ses agences plus tard le soir, jusqu’à 19 heures, alors que les enseignes baissent actuellement le rideau avant la sortie des bureaux. Depuis 2011, le nombre de succursales en France ne cesse de baisser.

Infographie Le Monde

« La banque est le dernier commerce de proximité aussi peu adapté à la vie des urbains. » C’est avec cette phrase qu’une agence de communication choisie par LCL avait annoncé, en octobre 2018, l’ouverture jusqu’à 20 heures de plusieurs agences de l’ex-Crédit lyonnais, à Paris et en région. Le test a duré trois mois. « Une expérience unique », dans la mesure où « dans les villes, la majorité des commerces de proximité ferment de plus en plus tardivement, alors que les banques ont en moyenne une amplitude horaire de 9 heures à 17 heures, avec une interruption en milieu de journée », avait alors indiqué l’établissement, dans un communiqué.

Tandis que LCL fait actuellement savoir qu’elle est encore en train de tirer le bilan de cette expérimentation, d’autres banques veulent, elles aussi, accommoder leurs horaires d’ouverture. BNP Paribas a ainsi lancé une négociation avec les représentants syndicaux de son réseau à Paris, afin de pouvoir ouvrir ses succursales jusqu’à 19 heures. L’objectif est « d’augmenter le business et de développer le parc de clients », affirme la CFDT des agences parisiennes dans un communiqué publié sur le site du syndicat. « Les agences qui proposeraient une nocturne ne seraient plus ouvertes le samedi après-midi, un créneau où l’affluence reste faible, avec peu d’activité à la clé », déclare un syndicaliste.

« Le contexte économique est compliqué aujourd’hui pour les banques, avec les taux très bas. Il faut donc chercher à s’adapter aux clients et à se différencier des autres établissements, ajoute un élu parisien du SNB-CFE-CGC, première organisation syndicale chez BNP Paribas. Mais pas à n’importe quel prix. Nous défendons aussi la qualité de vie au travail, car beaucoup de conseillers clientèle n’habitent pas à Paris. »

« Réflexion stratégique »

Les accomplir devraient aboutir à l’automne, mais si la direction de la banque n’obtenait pas l’aval des organisations syndicales, elle pourrait dénoncer le protocole d’accord sur les horaires variables. « Une réflexion stratégique est ouverte sur les horaires d’ouverture », mais « aucune décision n’a été prise », a réagi un porte-parole de BNP Paribas. Le Crédit mutuel conduit également « des expérimentations », admet un porte-parole du groupe. Quelques agences testent surtout depuis peu l’ouverture de leurs guichets jusqu’à 19 heures, deux fois par semaine.

Un diplomate et sa femme, présumés d’avoir abusé un Burundais durant dix ans, sont jugés à Nanterre

Les deux prévenus comparaissent pour traite d’être humain, travail caché, emploi d’un étranger sans titre et aide au séjour irrégulier.

Un ancien ministre burundais et diplomate à l’Unesco est jugé le 9 septembre aux côtés de sa femme à Nanterre. Le couple est présumé d’avoir exploité durant dix ans un Burundais qui travaillait dans leur maison des Hauts-de-Seine.

Ce sont des ouvriers intervenant dans la maison de Gabriel Mpozagara à Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine) qui ont signalé, en juillet 2018, la situation de cet homme. Actuellement âgé de 39 ans, ce dernier est arrivé de Bujumbura en 2008, originellement pour une période de trois mois. Selon les parties civiles, il a alors dû travailler dix-neuf heures par jour, sept jours sur sept, s’occupant du ménage, du jardin, de la cuisine, de la lessive, ainsi que des soins d’un des enfants du couple, un adulte souffrant de handicap.

L’homme était « rabaissé » et « insulté », dormait dans la cave sans conditions d’hygiène basiques, son passeport lui ayant été enlevé, décrivent les parties civiles, qui ajoutent qu’il devait recevoir environ 50 euros de rétribution par mois – une somme qui n’a, de plus, pas été versée en intégralité. Les deux prévenus, qui contestent toute infraction, comparaissent pour « traite d’être humain », « travail dissimulé », « emploi d’un étranger sans titre » et « aide au séjour irrégulier ».

Déjà condamnés dans un dossier similaire

Le diplomate « a été meurtri et très peiné » de « cette dénonciation qu’il considère comme calomnieuse et nous ferons en sorte de faire éclater la vérité », a ajouté Me Dominique Naveau-Duschesne, son avocate. « Les pièces du dossier montrent les contradictions qu’il y a entre (les) déclarations (du plaignant) et la réalité », a-t-elle assuré, ajoutant qu’il s’agissait d’un « ami de la famille, qui était traité comme un membre de la famille ».

Le couple avait été condamné en 2007 à Nanterre dans un dossier similaire, puis ils avaient été relaxés en appel. A l’époque, ils avaient été accusés « d’avoir maintenu dans des conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité humaine » deux jeunes parentes, déclare dans un communiqué le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), partie civile au procès de lundi. Les deux sœurs, qui étaient orphelines, ont poursuivi la procédure jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), qui a condamné la France en octobre 2012 pour avoir failli dans sa lutte contre le travail forcé.

Les pilotes de la compagnie British Airways en grève pour la première fois de leur histoire

Le grève, prévu lundi et mardi, a pour cause un désaccord sur les salaires des pilotes.

Flotte d’avions de la compagnie British Airways à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, le 3 mai.
Flotte d’avions de la compagnie British Airways à l’aéroport d’Heathrow, à Londres, le 3 mai. BEN STANSALL / AFP

C’est une première dans l’histoire de la compagnie aérienne anglaise British Airways (BA). Le9 septembre, les pilotes se mettent en grève ; une action qui va affecter des dizaines de milliers de voyageurs. Les membres du syndicat de pilotes Balpa (British Airline Pilots Association – « Association des pilotes de ligne britanniques ») débrayeront aussi mardi. Ils prévoient une autre journée d’action le 27 septembre si aucun accord n’est trouvé.

« Si vous avez un vol prévu avec nous à ces dates, il est probable que vous ne pourrez pas voyager comme prévu en raison de la grève », a prévenu la compagnie aérienne dans un communiqué publié sur son site Internet dimanche matin. Elle a sollicité aux voyageurs dont le vol est effacé de ne pas se rendre à l’aéroport. Lundi matin, la compagnie a fait savoir qu’elle annulait presque 100 % de ses vols.

British Airways, propriété du groupe hispano-britannique IAG (International Airlines Group) qui comprend également l’espagnole Iberia et l’irlandaise Aer Lingus, a proposé à ses clients des remboursements ou des réservations sur des vols à d’autres dates.

« Nous continuons à être prêts à des discussions constructives avec le syndicat Balpa (…) sans conditions préalables », explique la compagnie dans son communiqué. Elle affirme avoir proposé une augmentation de salaires de 11,5 % sur trois ans ; une offre qu’elle qualifie de « juste », mais qui a été rejetée. Selon Balpa, les pilotes ont fait des « sacrifices » ces dernières années et devraient tirer davantage profit des bons résultats de l’entreprise.

44 millions d’euros perdus par jour de grève

« Un jour de grève coûtera à BA, selon leurs propres chiffres, 40 millions de livres (44 millions d’euros) », a déclaré le syndicat sur Twitter, montrant que la différence entre ce que propose la direction et ce que les pilotes demandent est de 5 millions de livres. « Pourquoi ne collabore-t-elle pas avec nous pour mettre fin à ce conflit ? », sollicite rroge Balpa.

Le syndicat dit avoir « fait une proposition à la direction de BA mercredi dernier qui aurait pu permettre d’annuler les grèves de lundi et mardi », mais « BA n’a pas répondu ». La grève a été votée par 93 % des pilotes de British Airways membres du syndicat, informe celui-ci.

British Airways n’est pas la seule compagnie aérienne à affronter une grève de ses pilotes. Une partie de ceux de Ryanair au Royaume-Uni ont annoncé la poursuite de leur mouvement en septembre, même si les perturbations ont été jusque-là très limitées.

En France, Air France s’était trouvée enlisée dans des mois de conflit avec ses pilotes concernant les salaires en 2018, avec de nombreux jours de grève, avant qu’un accord soit effectué, le mois prochain.

Médecins urgentistes, la tentation du départ vers le secteur privé

La ministre de la santé présente lundi des mesures qui doivent permettre de « régler le problème des urgences sur le long terme ».

Manifestation du personnel d’urgence du CHU de Lille le 27 août.
Manifestation du personnel d’urgence du CHU de Lille le 27 août. PHILIPPE HUGUEN / AFP

C’est l’une des multiples facettes de la crise qui secoue les services d’urgences des hôpitaux publics. Epuisés et dépités par la dégradation de leurs conditions de travail, liée à la hausse continue du nombre de malades, plusieurs médecins urgentistes quittent – partiellement ou totalement – leur service pour se reconvertir, exercer dans le privé ou faire de l’intérim, ce qui leur permet de choisir leur rythme et leur charge de travail. Une désaffection à laquelle le plan de « refondation » des urgences présenté le 9 septembre par la ministre de la santé après cinq mois de grève des personnels paramédicaux devra tenter de mettre fin.

Si ce phénomène de fuite n’est pas nouveau, il semble devenir plus grave. En Ile-de-France, au moins 119 urgentistes ont démissionné l’année dernière, contre 73 en 2017 et 43 en 2015, selon une enquête flash publiée par l’Agence régionale de santé en juin. Des hôpitaux comme Mulhouse ou Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont dernièrement dû faire face à des départs massifs d’urgentistes, contraignant à des délestages vers les hôpitaux voisins. Aux urgences de Lens, le nombre de médecins est brutalement passé en un été de 18 à 7 équivalents temps plein. La raison de ces départs ? « L’épuisement professionnel pour la plupart d’entre eux », a déclaré en juin Alain-Eric Dubart, le chef du pôle du groupement hospitalier de territoire (GHT) Artois.

Ces départs viennent d’une façon générale fragiliser des services déjà en pénurie de recruter des nouveaux médecins.  Selon les calculs du Point publiés cet été, il manquerait plus de 800 médecins urgentistes dans les hôpitaux français, même si une partie des postes vacants sont tenus par des contractuels. déclarant que « de nombreux praticiens quittent actuellement l’hôpital public par désespoir », les présidents de commission médicale d’établissement, c’est-à-dire les représentants des médecins hospitaliers, appellent à un « choc d’attractivité » et de « fidélisation ».

« Désespoir »

Pour « stopper la fuite des urgentistes de l’hôpital public », l’association des médecins urgentistes de France (AMUF) a sollicité dans un communiqué publié au cœur de l’été que l’indemnité de garde de nuit (14 heures) des praticiens hospitaliers soit alignée sur celles des universitaires « d’environ 265 euros à environ 480 euros », de manière à limiter l’intérêt financier pour un médecin hospitalier de faire de l’intérim.

« Les aidants sont imperceptible pour tout le monde »

Hélène Rossinot, consacre un oeuvre aux « Aidants, ces invisibles ». Méconnus, voire brutalisés par les professionnels de santé, ils seraient 11 millions en France.

Hélène Rossinot, médecin, spécialiste de santé publique.
Hélène Rossinot, médecin, spécialiste de santé publique. HANNAH ASSOULINE / EDITIONS DE L’OBSERVATOIRE

Qui sont ces personnes qui prennent soin, quotidiennement, d’un proche malade ou handicapé ? Que font-elles réellement pour leur parent, enfant ou conjoint ? Et à quel prix, pour leur propre santé et leur parcours professionnel ? Spécialiste en santé publique et médecine sociale, la docteure Hélène Rossinot a piloté l’enquête sur les aidants. Dans un livre engagé, Aidants, ces invisibles, paru le 4 septembre, cette jeune médecin passionnée de 29 ans dresse un état des lieux sans concession, et fait des propositions concrètes pour mettre en place des « parcours de l’aidant ».

La France a 11 millions d’aidants, qui sont « la colonne vertébrale invisible des systèmes de santé », écrivez-vous. Que sait-on d’eux ?

Ces dernières années, dans le cadre de ma thèse de médecine puis pour cet oeuvre , j’ai rencontré de nombreux aidants, de tous âges, de tous milieux, dans des situations très différentes. En écoutant leurs histoires, j’ai réalisé que leur point commun est d’être invisibles, pour tout le monde, et parfois pour eux-mêmes. Ils aident leur proche par amour car cela leur paraît normal, sans se rendre compte de l’ampleur de leur tâche jusqu’à ce qu’ils craquent, ce qui arrive assez fréquemment.

« Adolescents et enfants sont nombreux à assurer des tâches très lourdes, alors même qu’ils n’ont pas fini leurs études, voire leur scolarité »

Le chiffre de 11 millions n’est que l’extrapolation des données de la seule étude sérieuse dont on dispose dans notre pays : une enquête de la Drees [direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé] de 2008, qui évaluait alors leur nombre à 8,3 millions.

Comment peut-on envisager un plan national pour les aidants, voire une réforme de la Sécurité sociale, sur la base d’une étude qui date de plus de dix ans ? Tous les pays sur lesquels j’ai fait des recherches réalisent des enquêtes ou des recensements réguliers des aidants. Menons nous aussi une vraie étude de santé publique. Parmi les mesures à prendre, ce n’est vraiment pas la plus difficile. Et je pense qu’on aura des surprises notamment surtout les aidants de moins de 25 ans, pour lesquels les aperçus varient entre 500 000 et 1 500 000.

Vous évoquez justement les responsabilités parfois écrasantes de jeunes, qui sont même parfois des adolescents ou des enfants…

C’est un sujet encore plus méconnu que celui des aidants adultes. Pourtant, plusieurs à assurer des tâches très lourdes, alors qu’ils n’ont pas fini leurs études, voire leur scolarité. En rencontrant des adolescents, dans le cadre d’un atelier, j’ai lu sur leurs visages la tristesse et la colère. Ils m’ont raconté combien ils avaient été ignorés, voire méprisés par les professionnels de santé.

les femmes et le travail

Le premier Congrès international d’histoire des entreprises à Paris

Le premier Congrès international d’histoire des entreprises aura lieu à Paris, du 11 au 13 septembre 2019. Quarante sessions sont organisées autour de trois grands axes : le rôle des entreprises dans l’émergence d’un capitalisme « à la française » ; les défis de la mondialisation et de la modernité ; écrire actuellement l’histoire des entreprises.

La conférence inaugurale « A quoi sert l’histoire des entreprises ? » sera présentée à la Sorbonne par les professeurs Liliane Hilaire-Perez (EHESS) et Matthias Kipping (université York de Toronto). Trois tables rondes auront lieu à l’ESCP Europe : « Les entreprises racontent-elles des histoires » (avec Corinne Lepage, ancienne ministre) ; « La fabrique de l’histoire des entreprises » ; « La place des femmes dans l’entreprise » (avec Nicole Notat et Danièle Fraboulet).

Retrouvez le programme détaillé sur le site du congrès, organisé par l’ENS, le CNRS, les universités Paris-Dauphine, Paris-Nanterre et Evry, l’Ecole Polytechnique, la BNF, le CNAM, etc., avec le soutien d’entreprises (Saint Gobain, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Renault, etc).

Tribune. Les femmes ont toujours travaillé. Mais cela n’a pas toujours été visible, ni admis. Gourmandes en main-d’œuvre, les entreprises de la seconde révolution industrielle ont recouru au travail des femmes, le salariat le rendant visible. On se souvient des conditions de travail imposées aux femmes dans les mines, symbolisées par Catherine Maheu dans le Germinal, d’Emile Zola. La loi du 19 mai 1874 prohibe le travail au fond. Pourtant, l’apport du travail des femmes dans certaines professions, à certaines périodes ou encore comme complément salarial, est indispensable. Les femmes travaillent donc aussi dans les entreprises… Mais, comme se demande Danièle Fraboulet, professeure émérite d’histoire actuelle à Paris-XIII, dans ses travaux sur les organisations patronales, y ont-elles vraiment leur place ?

Si les femmes ont toujours exercé des activités débordant la sphère domestique – agriculture, industrie rurale à domicile, ateliers urbains –, l’essor de l’industrialisation et de l’urbanisation impose le travail des femmes dans les usines, minoritaires jusqu’en 1914. L’hostilité du mouvement ouvrier au travail des femmes reflète alors les représentations sociales du travail féminin, où sont exaltées les vertus féminines (modestie, habileté…), jugées souvent peu compatibles avec un travail salarié. Mobilisées pour l’effort de la première guerre mondiale dans les emplois les moins qualifiés, remplaçant les hommes partis au front, elles ont été priées de regagner leur foyer dès la fin du conflit, afin de repeupler le pays, de s’occuper des enfants, de reprendre leurs activités non payer. Il fallait limiter toute concurrence avec les hommes pour l’accès à l’emploi ou le niveau des rétributions.

Longue attente

Durant l’entre-deux-guerres, en liaison avec l’essor du secteur tertiaire qui suit celui de l’appareil productif, elles investissent certains emplois dans l’administration – les demoiselles des Postes – et dans les services généraux des entreprises, où elles occupent parfois des postes à responsabilité pour les plus diplômées, même si la majorité reste cantonnée aux emplois peu qualifiés. La crise des années 1930 stoppe ce mouvement.

Leur présence dans l’entreprise s’accentue avec la reconstruction. Le contexte social et politique évolue avec l’octroi du droit de vote en avril 1944 et la suppression en 1946 de la notion de « salaire féminin », inférieur à celui des hommes. Si au cours des « trente glorieuses » le travail des femmes croît fortement, les qualifications, les rémunérations, les perspectives de carrière sont toujours moindres que celles des hommes et leurs trajectoires professionnelles demeurent discontinues. Les politiques publiques oscillent entre mesures de soutien aux travailleuses et incitations à rester chez soi pour élever les enfants.

« La fonderie, les groupes bancaires ou l’automobile ont su très tôt construire un récit historique »

Jacques Chirac, maire de Paris, salut le Bibendum de Michelin au 69e Salon de l'automobile, le 3 octobre 1982.
Jacques Chirac, maire de Paris, salut le Bibendum de Michelin au 69e Salon de l’automobile, le 3 octobre 1982. PHILIPPE BOUCHON / AFP
Le premier Congrès international d’histoire des entreprises à Paris

Le premier Congrès international d’histoire des entreprises aura lieu à Paris, du 11 au 13 septembre 2019. Quarante sessions sont organisées autour de trois grands axes : le rôle des entreprises dans l’émergence d’un capitalisme « à la française » ; les défis de la mondialisation et de la modernité ; écrire actuellement l’histoire des entreprises.

La conférence inaugurale « A quoi sert l’histoire des entreprises ? » sera présentée à la Sorbonne par les professeurs Liliane Hilaire-Perez (EHESS) et Matthias Kipping (université York de Toronto). Trois tables rondes se dérouleront à l’ESCP Europe : « Les entreprises racontent-elles des histoires » (avec Corinne Lepage, ancienne ministre) ; « La fabrique de l’histoire des entreprises » ; « La place des femmes dans l’entreprise » (avec Nicole Notat et Danièle Fraboulet).

Retrouvez le programme détaillé sur le site du congrès, effectué par l’ENS, le CNRS, Paris-Nanterre et Evry, les universités Paris-Dauphine, Paris-Nanterre et Evry, l’Ecole Polytechnique, la BNF, le CNAM, etc., avec le soutien d’entreprises (Crédit Agricole, Saint Gobain, BNP Paribas, Société Générale, Renault, etc).

Comment est née la bouteille de Perrier ? La galerie des Glaces de Versailles est-elle à l’origine des choix stratégiques de Saint-Gobain ? Le groupe Total s’est-il toujours intéressé au gaz naturel ? Comment le développement durable et la responsabilité éthique ou sociale ont-ils émergé dans l’agenda stratégique de certaines entreprises ? Les entreprises, pour l’essentiel les plus grandes, ont, depuis le début du XXe siècle, pris conscience de l’importance de maîtriser la construction et la communication de leur histoire. La sidérurgie, l’automobile ou les groupes bancaires ont très tôt su construire un récit historique. En France, Saint-Gobain a fait office de pionnier dans cette volonté systématique de construire une politique de conservation de la mémoire et de l’histoire de l’entreprise.

En revanche, les entreprises sont des objets historiques qui ont longtemps été ignorés par les historiens eux-mêmes. Ils n’ont commencé à les étudier que dans les années 1950 aux Etats-Unis, puis peu après en France, et ce n’est que dans les années 1970 et 1980 que la « business history » s’est diffusée.

Entre « history » et « story », l’entreprise ne cesse de se mettre en scène et en mots

Parfois convergentes, les méthodes des entreprises et celles des historiens peuvent aussi diverger. Il est clair, de nos jours, que l’entreprise passe son temps à « raconter des histoires » : de ses origines plus ou moins idéalisées au storytelling qu’imposent médias et marketing, entre « history » et « story », l’entreprise ne cesse de se mettre en scène et en mots.

En tant qu’organisation, les entreprises font et entretiennent des relations économiques, sociales ou politiques avec d’autres acteurs de leur environnement. A ce titre, elles construisent l’histoire, mais, pour paraphraser Karl Marx, si elles font l’histoire, elles ne savent pas – toujours – l’histoire qu’elles font.

Outil de diagnostic et de stratégie

L’histoire est, d’une certaine façon, présente partout dans l’entreprise, ne serait-ce que parce que toute comptabilité est histoire : elle retrace, sur une période plus ou moins courte, les flux économiques et les événements de l’organisation ; les commentaires qui accompagnent les résultats financiers essaient de présenter cette « histoire » aux parties prenantes. Les auditeurs valident ce récit, qui doit être fidèle à la réalité qu’ils perçoivent, mais est-il « vrai » ? Ici plus qu’ailleurs, cette histoire essaie d’être un « roman vrai », selon la formule célèbre de l’historien Paul Veyne. La difficulté même d’apprécier des risques réels, des prévisions d’activité ou la situation économique à venir, souligne que l’exercice n’est jamais facile – ceci sans parler de nombreux scandales, tel celui d’Enron, qui relèvent d’un désir délibéré de cacher ou de mentir.