Archive dans septembre 2019

 Fermer les frontières ne fera pas revenir les usines délocalisées

Le prix Nobel d’économie estime que seule la politique budgétaire peut, actuellement, aider la croissance dans la zone euro.

Loin de mieux protéger les perdants de la mondialisation, la politique économique américaine va accroître les inégalités. Dans son nouvel ouvrage à paraître le 26 septembre, Peuple, pouvoir & profits (Ed. Les Liens qui libèrent, 24 euros), Joseph Stiglitz, professeur d’économie à l’université Columbia (New York), se montre très critique à l’égard du président des Etats-Unis. S’il juge que les risques d’une crise financière majeure sont limités à court terme, le prix Nobel d’économie 2001 appelle à une refonte du capitalisme, privilégiant la régulation et le rôle de l’Etat.

Guerre commerciale, agitation sur les marchés, Brexit… Faut-il craindre une nouvelle récession, voire une crise financière ?

Les sujets d’incertitudes sont abondants, et les interventions de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale), qui a injecté d’urgence des milliards de dollars de liquidités sur les marchés dernièrement, ont rendu beaucoup de monde nerveux. La probabilité que nous traversions d’ici peu une crise financière de la même ampleur que celle de 2008 reste cependant faible. En revanche, il est certain que nos économies vont enregistrer un ralentissement marqué.

En Europe, les nouvelles mesures accommodantes prises en septembre par la Banque centrale européenne (BCE) suffiront-elles à contrer ce ralentissement ?

L’action de la BCE a sorti la zone euro de la crise des dettes souveraines de 2012, mais elle ne va pas réussi à restaurer une croissance dynamique. Baisser à nouveau les taux a cependant un effet négligeable, voire négatif, sur l’activité comme l’offre de crédit. Aujourd’hui, le seul outil susceptible de soutenir efficacement la croissance est la politique budgétaire – surtout dans les Etats disposant de marges de manœuvre en la matière, tels que l’Allemagne.

Les autres pays membres, comme la France, sont limités par les règles du pacte de stabilité. L’idéal serait d’assouplir celles-ci, et que la zone euro se dote aussi d’un véritable outil budgétaire commun. Mais cela exige des réformes complexes et longues à mettre en œuvre.

Sur le fond, le président américain n’a-t-il pas raison de s’en prendre à la Chine, qui ne respecte pas toujours les règles du commerce mondial ?

Lorsqu’ils taxent les importations d’aluminium et d’acier au nom de la prétendue « sécurité nationale », les Etats-Unis non plus ne tiennent pas les règles du jeu définies au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ! Pire, en bloquant la nomination de nouveaux juges dans l’organe de règlement des différends de cette institution, ils remettent en cause le multilatéralisme sur lequel s’est bâtie la prospérité d’après-guerre.

La difficile rentrée des étudiants africains en France

Face à l’augmentation des frais d’inscription et au manque de logements, un collectif de Paris-Nanterre proteste pour un meilleur accès aux universités françaises.

Modibo Massaké (au centre) est le porte-parole du Collectif des étudiants étrangers de l’université de Nanterre. A droite, Mamoudou Falassa Sidibé, président de l’Association des étudiants maliens d’Ile-de-France.

« Salle 34, bâtiment 2B ? OK j’arrive ! » Téléphone à l’oreille, Modibo Massaké demande à l’un de ses amis où se déroule la réunion du Collectif des étudiants étrangers de l’université de Nanterre, jeudi 19 septembre. Le Malien de 24 ans, matriculé en master 2 de sciences de l’éducation, est porte-parole de ce mouvement qui veut encourager l’entraide entre des jeunes, principalement originaires d’Afrique, souvent perdus à leur arrivée dans une université française. Au milieu de l’immense campus de Paris-X, loin des bavardages de sortie de cours, une trentaine d’étudiants venus du Maghreb et d’Afrique subsaharienne augmente le ton. La rentrée n’a pas encore eu lieu qu’ils sont déjà exaspérés.

Ibrahim est l’un d’entre eux. Il a parcouru des milliers de kilomètres pour faire ses études en France. Sa demande d’inscription à Nanterre, déposée en juin, n’a pas encore abouti et il est sans abri. Malgré ces difficultés, celui qui a déjà obtenu au Sénégal un diplôme de langue étrangère appliquée veut garder espoir. Au bout du tunnel, il entrevoit la lumière. « Lors de mon arrivée en France, j’ai affronté la solitude. C’était vraiment difficile », déclare-t-il. Isolé de sa famille et de ses amis restés au pays, le jeune homme a pu compter sur l’entraide du collectif. « Nous allons nous battre pour avoir le même avenir que les étudiants français », ajoute-t-il.

« Tout ce que nous voulons, c’est étudier et apprendre »

A ses côtés, Seny est comme abasourdi. Il ne comprend pas pourquoi les universités dans lesquelles il a postulé ont refusé son dossier. « J’ai candidaté à un diplôme à Paris-VIII pour compléter ma formation en informatique et à un cursus de philosophie à la Sorbonne. Mes demandes ont été rejetées. Pour quel motif ? Je ne comprends pas, car j’avais de très bonnes notes en philosophie au lycée ! », proteste l’étudiant sénégalais d’une vingtaine d’années. Son rêve est de travailler un jour au service de la France. Exaspéré de devoir se justifier, il déclare, portant la main à son cœur : « Ce n’est pas un hasard si j’ai choisi de venir ici. J’aime ce pays. »

Almany, 25 ans, lui sourit d’un air rassurant. Sans inscription universitaire, cet étudiant en management au Sénégal souhaiterait poursuivre son parcours à l’université de Nanterre et s’est engagé au sein du collectif, afin de « poursuivre la lutte ». Tel un grand frère, face à la détresse de Seny, il ajoute, ému : « Nous avons parfois l’impression d’être incompris. Tout ce que nous voulons, c’est juste étudier et apprendre. »

« Venir d’un pays africain en développement pour rejoindre les bancs d’une université française va devenir de plus en plus difficile », s’inquiète Modibo, en parlant le peu de moyens financiers dont disposent généralement ces étudiants : « Je voudrais insister sur l’augmentation des frais d’entrée à l’université pour les extra-Européens. » Cette mesure, bien que non répercutée cette année par l’université de Nanterre, est jugée inacceptable par le collectif, parce qu’elle frappe de plein fouet les étudiants africains, qui doivent malgré cela débourser 2 770 euros pour une inscription en licence et 3 770 euros pour un master, là où les Français versent 170 et 243 euros. « C’est quinze fois plus ! », dénonce le porte-parole.

Mise en place par la France pour la rentrée 2019, cette décision ne fait pas l’unanimité. Seule une poignée d’ universités publiques, sur les 75 que compte l’Hexagone, ont pour l’instant décidé d’appliquer.

« C’est tout le mythe de l’égalité des chances qui s’effondre »

Devant l’incertitude, Modibo dénonce « une injustice », « un moyen de favoriser certains élèves par rapport à d’autres ». « D’abord nous avons les étudiants français, pour qui les frais sont les moins élevés, puis ceux originaires du reste de l’Europe, et, tout en bas, les étudiants étrangers », explique-t-il. « Cette mesure bafoue les bonnes relations qui existent entre la France et les pays d’Afrique francophone », déclare Ibrahim, pour qui la hausse des frais est un « blocage » qui empêchera de nombreux étudiants africains, souvent désireux de retourner travailler dans leur pays d’origine avec un diplôme français, de venir en France avoir « ce bagage intellectuel ».

« C’est tout le mythe de l’égalité des chances à l’université qui s’effondre. Les injustices se creusent entre les étudiants », dénonce une jeune femme membre du collectif. Elle incite les plus réticents à parler de leurs difficultés et poursuit, révoltée : « Comment étudier correctement quand on n’a même pas d’endroit où dormir ? » Hamza, le rapporteur du groupe, renchérit : « Au Crous de Versailles, plus aucun logement n’est disponible pour les étudiants étrangers qui arrivent. » Des murmures d’approbation se font entendre. Les discussions s’intensifient. « Nous devons nous battre pour assurer un meilleur accès aux logements et aux bourses pour les étrangers ! », clame Modibo. Les participants approuvent d’un hochement de tête.

Il est 13 h 45, la fin de la réunion approche. « La prochaine étape : créer une page Facebook », propose un participant enthousiaste. « D’abord, il faut recenser tous les étudiants étrangers sans logement, informer le public de cette réalité, préparer des affiches et les accrocher dans toute l’université », lance un adhérent de l’UNEF. « Mais c’est un travail de malade ! », s’exclame un jeune au sweat-shirt gris. La phrase sonne comme une piqûre de rappel sur l’étendue du chemin à parcourir. Brusquement, la porte s’ouvre. Un professeur arrive pour son cours. Tous partent alors en quête d’une salle vacante.

XL Airways est placée en redressement judiciaire

L’année dernière, XL Airways a transporté 730 000 passagers. Elle dessert surtout l’Amérique du Nord, surtout les Etats-Unis, les Antilles et la Réunion mais aussi la Chine.

XL Airways a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi.
XL Airways a demandé son placement en redressement judiciaire vendredi. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS

Les éventuels repreneurs ont jusqu’à samedi midi pour remettre leurs offres. Le tribunal de commerce de Bobigny a placé, le 23 septembre, XL Airways en redressement judiciaire, a annoncé le PDG de la compagnie aérienne, Laurent Magnin, à la sortie de l’audience :

« On va se battre dans les jours qui viennent. On a jusqu’à samedi midi pour déposer des offres au tribunal de commerce de Bobigny. On a cinq jours pour faire un miracle. »

Les « actionnaires  ont fait une proposition au groupe Air France », a-t-il déclaré, et « le gouvernement, les équipes de Ben Smith (le DG d’Air France-KLM) doivent évaluer dans les quarante-huit heures s’il y a une capacité de sauvetage d’XL Airways ».

« Je lance un appel général : on a 600 personnes [salariés], on a des compagnies qui ont dévissé les unes derrière les autres. Chaque compagnie qui tombe, qui fait faillite, n’est pas capable de rembourser ses clients (…), nous avons un véritable tsunami », a-t-il ajouté, en référence à la compagnie Aigle Azur, en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité jusqu’à vendredi et pour laquelle le tribunal de commerce d’Evry a initié à examiner lundi les offres de reprise.

« La liquidation pure est l’hypothèse la plus dévastatrice »

Selon Laurent Magnin, les défaillances de XL Airways et Aigle Azur ne sont « que le début » :

« On a été laminés par des gens qui sont hors Europe comme Norwegian [une compagnie low cost long-courrier], qui elle-même, après nous avoir laminés, se refait capitaliser quatre fois par le gouvernement norvégien. »

Pour MAlice Chanu, avocate du comité d’entreprise de la compagnie, « il y a un soutien de l’ensemble des salariés et des syndicats pour tenter le tout pour le tout. La liquidation pure et simple est l’hypothèse la plus dévastatrice ».

En 2018, XL Airways a transporté 730 000 voyageurs avec quatre Airbus A330, tous en leasing, et dessert essentiellement l’Amérique du Nord, surtout les Etats-Unis, la Réunion et les Antilles, mais aussi la Chine.

« Fatiguées » et en « colère », des salariées attendent encore le procès du voyeur qui les espionnait aux toilettes

Un cadre d’une filiale d’Engie à Toulouse est suspecté d’avoir observé ses collègues femmes entre 2015 et 2018. Le procès a été renvoyé à avril 2020.

Par Publié le 23 septembre 2019 à 17h15, mis à jour à 08h38

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Depuis plusieurs semaines, Marine (certains prénoms ont été modifiés) refait ce cauchemar tenace : « deux grands yeux noirs » qui l’observent sous la douche. Ce mauvais rêve la hante depuis qu’elle a découvert, il y a quatre ans, qu’un cadre de son entreprise, une filiale d’Engie établie à Toulouse, l’espionnait aux toilettes et sous la douche sur son lieu de travail. A l’instar de treize autres femmes – une quarantaine au total ont potentiellement été victimes de ces agissements –, elle a porté plainte contre ce cadre, qui travaillait dans un autre service que le sien.

Avec une impatience teintée d’anxiété, elle attendait le procès de cet homme, poursuivi pour « voyeurisme » et « violences n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail avec circonstances aggravantes ». Deux chefs d’accusation différents pour des faits établis à des périodes distinctes, en 2015 puis en 2018, l’infraction de « voyeurisme » étant entre-temps apparue dans la loi Schiappa d’août 2018, renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. L’entreprise s’est également constituée partie civile.

Vendredi 20 septembre, le tribunal correctionnel de Toulouse a reporté à avril 2020 le procès qui devait se tenir le jour même, repoussant ce « moment de vérité » qu’elles attendent depuis des mois, déplore Marine. Derrière le procès du suspect, les plaignantes espèrent mettre au jour l’apathie de leurs directions, GBS Services et Ineo, filiales du groupe Engie, qui n’ont pris aucune mesure contre le cadre, permettant ainsi que la situation perdure durant près de trois ans.

« Je te vois en entier ! »

Les premiers soupçons remontent à novembre 2015. Depuis plusieurs semaines, un homme travaillant au rez-de-chaussée est aperçu par les employées rodant dans les couloirs du deuxième étage, plus précisément autour des toilettes, qui sont régulièrement hors service.

Suspicieuse, Isabelle, employée du deuxième étage, décide un matin d’inspecter les toilettes des hommes, reliées par un sas à celles des femmes. Accompagnée d’une collègue, elle découvre un « stratagème » permettant d’observer les femmes sous la douche et aux toilettes. Depuis le sas où se trouve la tuyauterie, le salarié avait perforé des trous, avant de les recouvrir d’une feutrine, qu’il n’avait qu’à soulever pour espionner ses collègues.

L’esclavage contemporain

Selon l’Organisation internationale du travail, et la Rapporteuse spéciale sur les nouvelles formes d’esclavage – un mandat créé par l’ONU en 2007 –, l’esclavage actuel touche de nos jours plus de 40 millions de personnes à travers le monde.

Pratiqué depuis des milliers d’années, l’esclavage a connu son sommet avec la mise en place de la traite des Noirs et du commerce triangulaire entre l’Europe, l’Afrique et l’Amérique aux XVIIe et XVIIIsiècles, avant d’être petit à petit aboli, comme par exemple par la France, en 1848. Mais les formes d’exploitation proches de l’esclavage n’ont pas disparu.

Actuellement, plus de 70 % des victimes sont des femmes – surreprésentées dans les formes d’exploitation sexuelle et de mariage forcé. Une victime sur quatre est un mineur.

Note : Les formes d’esclavage moderne ne sont pas toutes prises en compte dans les appréciations transmis par la Fondation australienne Walk Free et l’OIT. Manquent ainsi les victimes de trafic d’organes ou encore les enfants soldats.

L’ESCLAVAGE MODERNE, UN PHÉNOMÈNE MULTIFORME

La « Convention relative à l’esclavage » de 1926, premier texte international, repris en 1953 par les NU, définit l’esclavage comme «  l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ».

Actuellement, cette forme d’esclavage dite « de possession » est devenue très rare, même s’il existe encore. De nouveaux textes juridiques internationaux ont étendu la définition d’esclavage à d’autres formes d’exploitation et d’asservissement.

Auxquelles s’ajoute la traite d’êtres humains, définie par la « Convention de l’ONU contre la criminalité transnationale organisée » de 2000 comme « le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes », par la menace, le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, à des fins d’abus.

L’AFRIQUE, LÀ OÙ LA PROPORTION DE VICTIMES EST LA PLUS ÉLEVÉE

Sources : Organisation internationale du travail, 2017 Global Estimates of Modern Slavery ; Walk Free Foundation

En Espagne, le retour de la pointeuse au travail

Les entreprises dénoncent les effets de la mesure sur la flexibilité de l’emploi.

Dans plusieurs petites entreprises, c’est une simple feuille de papier sur laquelle les salariés  marquent leurs heures de travail. Dans les plus grandes, le système est informatisé, avec badge, code-barres, l’utilisation d’une application de téléphonie mobile ou simple déblocage de l’ordinateur ou de la caisse enregistreuse. Chaque entreprise doit adopter la procédure en accord avec les syndicats, s’il y en a. Aucune ne peut s’y soustraire depuis le 12 mai et l’entrée en vigueur d’une nouvelle loi en Espagne, qui a marqué le retour de la pointeuse sur les lieux de travail. Et ses premiers conséquences semblent se faire sentir.

Depuis 2013, les heures supplémentaires ont augmenter d’une façon spectaculaire en Espagne. En 2018, les Espagnols en ont fait 166 millions rétribuées , selon l’Institut national de statistiques . Un record depuis 2009, qui s’élève même à 330 millions, si l’on y ajoute les heures supplémentaires illégales, non payées. Mais, au deuxième trimestre, la courbe s’est inversée brutalement. d’après l’INE, les heures supplémentaires rémunérées ont baissé de 12 % par rapport au deuxième trimestre 2018, soit 800 000 en moins et celles qui ne sont pas payées ont reculé de 2,5 %, soit 80 000 en moins.

Saluée par les syndicats, l’acte du gouvernement socialiste a pour objectif de lutter contre les heures supplémentaires illégales, non payées ou rémunérées au noir, surtout fréquentes dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme, et d’augmenter les recettes de la Sécurité sociale. Son objectif est aussi de pousser les entreprises en sous-effectif à embaucher plutôt que d’abuser des heures supplémentaires rémunérées, lesquelles sont en théorie limitée à 80 par an. Il s’agit, enfin, d’éviter une trop forte pression sur les travailleurs, avec les risques de santé que cela entraîne, et de favoriser la conciliation entre vie de famille et travail.

« Un instrument rigide »

« Nous rencontrons beaucoup de réticences de la part des entreprises, mais les premiers chiffres montrent que nous allons dans la bonne direction », déclare le secrétaire de politique syndicale de l’Union générale du travail (UGT), Gonzalo Pino, tout en exigeant des amendes plus dissuasives que celles fixées par la loi, qui s’échelonnent de 626 à 6 250 euros en fonction de la taille de l’entreprise.

Du côté du patronat, au contraire, les critiques ne manquent pas. Alors que le coût du travail a connu une augmentation de 2,4 % au deuxième trimestre, la plus forte hausse en dix ans, selon les statistiques publiés mardi 17 septembre, en grande partie du fait de la hausse de 22 % du salaire minimum en vigueur depuis le 1er janvier, la Confédération espagnole des organisations d’entreprises (CEOE) critique les effets du retour de la pointeuse sur la flexibilité de l’emploi. « C’est un instrument rigide qui ne s’adapte pas aux nouvelles formes de travail, plus itinérantes, aux commerciaux, aux sous-traitants, au télétravail… », désire-t-on au département d’emploi de la CEOE, tout en soulignant qu’il est encore tôt pour savoir « si la réduction des heures supplémentaires est due à l’implantation du contrôle horaire ou si elle est la conséquence du ralentissement économique ou de l’augmentation du salaire minimum ».

XL Airways demande son placement en redressement judiciaire

Face à la difficulté financière, la compagnie française est obligée d’arrêter ses ventes à partir du 19 septembre 2019.

Moins de trois semaines après qu’Aigle Azur a vécu à la même procédure, la compagnie française XL Airways, en cessation de paiement, demande son classement en redressement judiciaire.

Dans un communiqué, la compagnie écrit qu’étant « en grande difficulté financière, [elle] est malheureusement dans l’obligation d’arrêter ses ventes à compter du 19 septembre 2019. Les vols du week-end sont maintenus. Certains vols étant susceptibles d’être annulés à partir du 23 septembre, les passagers sont invités à vérifier le statut de leurs vols, notamment les passagers effectuant un vol retour après cette date. » « Depuis plus d’un an, la direction a négocié avec plusieurs repreneurs. Ces négociations n’ont pas abouti et la compagnie doit actuellement se placer sous la protection du Tribunal de commerce de Bobigny », a déclaré la société.

Le comité d’entreprise a été informé jeudi, avant l’initiation de la procédure. « L’objectif est d’assurer le versement des salaires et d’enclencher rapidement la recherche d’un repreneur sous la direction du tribunal de commerce de Bobigny », a déclaré l’entreprise. Basée à Paris – Charles-de-Gaulle, la compagnie emploie 570 collaborateurs et transporte chaque année près de 700 000 passagers sur quatre continents.

C

Une grande mobilisation à EDF contre le projet de disjonction de l’entreprise

Les syndicats font face au plan Hercule, un projet de la direction et du gouvernement qui envisage de séparer les activités de la société publique.

Selon les syndicats, près de 50 %? Selon la direction, 33 % de grévistes . Quels que soient les chiffres réels de la mobilisation  du 19 septembre, le « tour de chauffe » syndical contre le projet Hercule de découpage de l’entreprise en deux entités a été réussi : à l’appel d’une intersyndicale CGT, CFDT, FO et CFE-CGC, les agents EDF ont engendré des diminutions de production d’un peu plus de cinq gigawatts, soit 9 % de la capacité totale, jeudi matin.

Cette baisse n’a, cependant, causé aucune perturbation sur le réseau français d’électricité – elle devrait, en revanche, avoir un léger conséquence sur les finances d’EDF qui n’a pas pu exporter autant que d’habitude dans les autres pays européens.

Selon EDF, à 12 heures, 33 % de l’effectif total d’EDF SA étaient en grève, soit 20 000 grévistes. Un chiffre remarqué par les syndicats, qui estime qu’il est basé sur le total de l’effectif et non pas sur les agents présents. Ils considérent que la mobilisation a plutôt rassemblé près de la moitié des salariés. L’intersyndicale doit se réunir jeudi soir pour décider d’éventuelles suites à donner au mouvement.

Deux entités prévues : EDF Bleu et EDF Vert

Surnommé « Hercule », ce chantier titanesque consiste à séparer les activités d’EDF en deux concepts. D’un côté, EDF Bleu deviendrait une structure 100 % publique, qui comprendrait toutes les activités nucléaires, les barrages hydroélectriques, peut-être les centrales à gaz et le gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE). De l’autre, EDF Vert regrouperait la branche commerce, qui offre l’électricité aux clients, les énergies renouvelables, les services et Enedis (ex-ERDF), le réseau de distribution d’électricité.

A Paris, 1 500 travailleurs d’EDF, mais aussi gaziers, salariés d’Engie, d’Enedis (distribution) et de RTE (réseau), selon les syndicats, se sont rassemblés en début d’après-midi devant le ministère de la transition écologique et solidaire, où une délégation devait être reçue (mais pas par la ministre Elisabeth Borne).

Pour Cyril Bédinade et François Faissant, ingénieurs pour EDF : « On défend surtout l’idée d’un service public. Actuellement, le prix de l’électricité est le même pour tous, mais lorsque la distribution sera laissée à des repreneurs privés, le prix de l’énergie risque de ne pas être le même partout sur le territoire. » Un avis partagé par Michel Redouté, 70 ans, ingénieur d’EDF à la retraite : « J’ai commencé à travailler chez EDF en 1973 et la culture du service publique était ancrée. Si le projet passe, on perdra un monument français ! »

« La mobilisation dépasse la défense de nos propres statuts »

La défense du service public est au cœur du sujet, selon Vincent Hernandez, secrétaire général de Force ouvrière énergie et mines. « Sept millions de personnes sont en précarité énergétique, la privatisation d’une partie d’EDF peut avoir un impact sur le prix et aggraver leur situation. La mobilisation dépasse la défense de nos propres statuts », déclare le syndicaliste.

Pour Greg, gazier chez GRDF (le distributeur de gaz naturel, une filiale d’Engie), la question de son statut est au cœur de ses inquiétudes : « Je peux être appelé à toute heure pour intervenir sur des chantiers ou chez des particuliers en cas de fuite de gaz. Notre travail est dur, je sors d’une semaine de soixante-dix-neuf heures avec des astreintes. Si on perd nos avantages liés à notre statut, on ne pourra plus s’accrocher à rien », déplore-t-il.

Des actions ont de même eu lieu dans plusieurs villes. Dans le Bas-Rhin, des agents EDF ont bloqué la circulation fluviale au niveau de l’écluse de Marckolsheim, dans la matinée. A Gérardmer dans les Vosges, les travailleurs ont bloqué l’accès à un site Enedis. A Lyon, une centaines de manifestants ont défilé dans le quartier de La Part-Dieu.

Chanel agrandit son usine dans l’Oise

La maison de luxe a lancé le chantier d’extension de ce site afin d’augmenter sa production de sacs à main et de pouvoir répondre à la demande asiatique.

 La maison de luxe Chanel a posé la première pierre, mercredi 18 septembre, du chantier d’extension de son usine de maroquinerie de Verneuil-en-Halatte (Oise), fondée depuis 1990. Coupeurs, modélistes et maroquiniers y fabriquent ses sacs à main. L’ouverture est prévue en 2020, à l’issue de travaux de grande grandeur, dont le montant n’a pas été dévoilé. Chanel emploie 410 travailleurs dans cette usine.

Cet extansion, qui portera la superficie globale de l’usine de Verneuil-en-Halatte à 25 000 mètres carrés, n’est pas le seul chantier en cours au sein de la marque conservé par les frères Alain et Gérard Wertheimer. Toujours en 2020, Chanel doit inaugurer un nouvel immeuble de 25 500 mètres carrés à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis).

Dans cet édifice conçu par l’architecte Rudy Ricciotti, la maison  va rassembler les 600 travailleurs de ses filiales qui, auparavant, occupaient un autre site à Aubervilliers et un immeuble à Pantin. Parmi les entreprises concernées figurent le bottier Massaro, le brodeur Lesage, le plumassier Lemarié,  le fabricant de bijoux Goossens et le confectionneur Paloma, spécialiste du flou. Toutes ces entreprises fournissent non uniquement Chanel, mais aussi des concurrents.

En même temps, la marque connue pour ses sacs à main en cuir d’agneau matelassé multiplie les opérations afin de sécuriser ses fournitures auprès des tanneries et mégisseries. Les Tanneries Haas, que Chanel a rachetées en 2013, préparent leur déménagement dans une nouvelle usine, toujours à Mittelbergheim (Bas-Rhin). Cet investissement s’apparente à celui mené en 2016 dans le secteur de la soie. Chanel est connue pour avoir alors repris des PME de la Loire et la Haute-Loire spécialisées dans la filature  le tissage, la teinture, l’ennoblissement et l’impression de cette fibre.

Recrutement à tout-va

En agrandissant son usine de Verneuil-en-Halatte, Chanel cherche à élever ses capacités de production pour faire face à la demande asiatique. En effet, les clients chinois raffolent des sacs à main Made in France. Louis Vuitton décuple sa production et recrute à tout-va. La marque phare du groupe LVMH a baptiser une nouvelle maroquinerie à Beaulieu-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire, et rénove La Régence, un bâtiment du XVIIIe siècle, à Vendôme (Loir-et-Cher) pour y installer des maroquiniers.

Hermès, dont les ventes de maroquinerie ont crû de 12,4% au premier semestre 2019, commence aussi des chantiers partout dans l’Hexagone. En 2020, la marque ouvrira sa maroquinerie de Guyenne (Gironde). Longchamp, autre marque française dont les Chinois sont friands, a aussi augmenté ses capacités de production à Pouzauges, en Vendée.

Chanel espère mieux approvisionner le marché chinois. La marque, dont les ventes ont progressé de 10,5 % à taux de change constant en 2018, a généré 9,91 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année dernière, après une augmentation de 17% en 2017. Elle a connu un succès fou en Asie. Cette région représente dès lors 42,4 % de son activité, a indiqué en juin son directeur financier, Philippe Blondiaux, à l’agence Reuters. Ses ventes y ont bondi de près de 20 % en 2018.

La grève crintif des sous-traitants du nucléaire

Le syndicat SUD-énergie a appelé à une grève nationale, le 18 septembre, pour appeler contre la détérioration des conditions de travail.

La centrale nucléaire du Tricastin, située à cheval entre la Drôme et le Vaucluse, en octobre 2017.
La centrale nucléaire du Tricastin, située à cheval entre la Drôme et le Vaucluse, en octobre 2017. PHILIPPE DESMAZES / AFP

A l’entrée du site nucléaire du Tricastin, (il regroupe des installations du cycle du combustible et quatre réacteurs nucléaires), le barrage filtrant d’une dizaine de grévistes invite les automobilistes à quitter leurs voitures. « Nous ne voulons empêcher personne de travailler. On comprend qu’il est difficile de prendre sa journée, sous la pression des employeurs », déclare Cyril Lataillade, salarié chez Orano Démantèlement et Services, une filiale du groupe Orano qui réalise des travaux d’assainissement nucléaire et de conditionnement de déchets.

Les sous-traitants des grands groupes du nucléaire étaient appelés, mercredi 18 septembre, à une mobilisation nationale. La fin de cette initiative lancée par le syndicat SUD-énergie, non représentatif au sein de la filière ? Inculper la détérioration des conditions de travail. La filière nucléaire, dans son ensemble, englobe 2 500 entreprises qui emploient près de 220 000 salariés, dont 160 000 sous-traitants, note le rapport sur le sûreté du nucléaire paru en juin 2018.

Les travailleurs de la sous-traitance du nucléaire manipulent, nettoient ou recyclent des combustibles nucléaires abîmés comme l’uranium et le plutonium, des énergies nécessaires aux réacteurs des centrales. Dans le cadre de leur fonction, ils peuvent absorber de plusieurs doses de radioactivité, mais leur métier est essentiel au fonctionnement desdites centrales.

Rassemblé pour bloquer l’accès au site, Jean-Marie Boyer et Dominique Combe sont décontamineurs depuis quarante ans au Tricastin. « On a vu nos conditions de travail se dégrader. Je plains les jeunes qui commencent maintenant. Pour une tâche qui nécessite deux personnes, on est désormais seul. On doit exécuter notre travail de plus en plus vite et c’est dur à gérer. Avec notre expérience, on a déjà du mal à le faire, mais les nouveaux sont désemparés », déclarent-ils. Malgré leur ancienneté, ces salariés touchent chacun 1 600 euros par mois. « Notre salaire a stagné avec les changements successifs de propriétaires à la tête de l’entreprise. On ne sait pas comment ça s’est décidé ».

Cette précarité est dénoncée par tous les grévistes présents. « J’ai subi trois licenciements économiques. A chaque fois, c’est un coup dur. Aujourd’hui, avec mon revenu, il est difficile de joindre les deux bouts », déclare Gilbert Domain, décontamineur.

« On a l’impression de ne pas être écoutés »

Ce qui inquiète surtout les travailleurs en contact direct avec les zones contaminées est la baisse des visites médicales. « Nous en avions une par an, mais, actuellement, c’est un rendez-vous expédié chez un médecin tous les deux ans. Sans ça, la contamination est invisible, donc c’est angoissant », ajoute Jean-Marie Boyer.

Selon leur activité, ces travailleurs sont exposés à des risques importants liés à la radioactivité, sans que cela soit considéré comme de la pénibilité

Un constat partagé par Patrice Brock. « On voit régulièrement nos encadrants. On leur fait remonter les problèmes que rencontrent les travailleurs sur le terrain, mais on a l’impression de ne pas être écoutés. Les risques que nous prenons pour notre métier ne sont pas reconnus à leur juste valeur », déclare ce chef d’équipe de 58 ans, qui travaille pour un sous-traitant.

Selon leur activité, ces travailleurs sont face à des risques dangereux liés à la radioactivité, sans que cela soit considéré comme de la difficulté. « Une convention collective propre aux salariés du nucléaire changerait la vie des travailleurs sous-traitants. Avoir un statut équivalent à celui d’EDF garantirait des possibilités d’évolution dans notre branche et une reconnaissance de notre expertise », assène Gilles Reynaud, représentant du syndicat SUD-Énergie et président de « Ma Zone contrôlée », un collectif de sous-traitants de l’industrie nucléaire française.

« Nombreuses contraintes »

Des revendications appuyées par Mathilde Panot, députée LFI du Val-de-Marne et partisane de la sortie du nucléaire, présente au Tricastin. En juin 2018, déjà, une commission d’enquête parlementaire sur la sûreté nucléaire, portée par la députée LRM Barbara Pompili, avait mis en lumière ces conditions de travail difficiles.

Son rapport préconisait la création d’un statut spécifique à ces salariés fortement exposés à divers risques et « pas assez protégés socialement ». Mais aucune réponse n’a été donnée par les pouvoirs publics. « Le rapport est resté lettre morte, et c’est inadmissible. Je fais un vrai reproche à EDF et aux pouvoirs publics qui n’ont pas pris en considération nos conclusions établies après six mois d’enquête parlementaire », relate Mme Pompili.

Une situation que conteste Lionel Boudrit, directeur d’agence chez Ineo nucléaire – une entité du groupe Engie sous-traitant dans le nucléaire – rencontré sur le site du Tricastin. « Les conditions de travail ne sont pas plus difficiles qu’avant. Le secteur du nucléaire est soumis à de nombreuses contraintes, donc nous sommes attentifs au bien-être de nos salariés, essentiel pour garantir la sûreté des installations nucléaires. »

Mathilde Panot a proposé, mercredi, à ses collègues de proposer une proposition de loi pour mieux protéger les travailleurs sous-traitants. Le texte propose surtout la création d’une convention collective commune à tous les salariés du nucléaire. Elle permettrait aux sous-sous-traitants de bénéficier de conditions de travail équivalentes à celle des salariés d’EDF. Une des revendications principales des grévistes rassemblés mercredi.