Rire le plus sérieusement du monde pour mieux travailler
Plus qu’un manuel de motivation, « Laugh to lead », de Serge Grudzinski, est une apologie du rire dans l’entreprise.
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Livre. Le rire peut-il aider à manager, peut-il faciliter la mise en place d’un projet ou renouer des équipes après une fusion d’entreprises ? Serge Grudzinski, un polytechnicien qui a fait du rire son hobby des années durant avant de se décider à monter sur les planches, l’affirme et l’illustre dans l’essai Laugh to lead. Quand le rire débloque, soigne, rassemble et motive les entreprises (HCG).
Initialement consultant en stratégie d’entreprise, il a fait du rire une nouvelle technique de management et raconte les one-man-show qu’il a montés pour restituer les audits des entreprises. Le vaste champ observé est dicté par le carnet de commandes de la société qu’il a créée pour son projet, Humour Gonsulting Group : assurance, restauration, distribution, énergie, etc.
AXA, Mac Donald’s, Orange ou Capgemini
Serge Grudzinski relate son expérience le plus sérieusement du monde, avec tableaux comparatifs des attitudes des salariés avant et après spectacle. Sans forcément partager son humour, force est de constater que ses interventions ont permis à AXA, Mac Donald’s, Orange ou Capgemini, par exemple, de mesurer la force du rire pour sortir les salariés de leur organisation en silo, pour briser les tabous ou déclencher une prise de conscience sur les inégalités femmes-hommes.
La mécanique du rire provoque des réactions psychologiques et soulève un enthousiasme partagé, explique l’auteur. « Je leur présente le miroir des tensions qui les animent et de leurs souffrances et ils rient ! (…) C’est le mécanisme de la purge psychologique », écrit-il. « C’est merveilleux de tant rire de ce qui nous fait tant souffrir ! Quand on a ri, c’est derrière nous », se confie un spectateur. La mise en humour des problèmes quotidiens de la vie au travail réhabilite l’empathie, la bienveillance et la transparence que les salariés avaient souvent perdues de vue.
« Le non-dit est un phénomène qui se développe de façon quasi systématique dès que des êtres humains vivent ensemble », rappelle l’auteur. En entreprise, il crée des tensions, des intrigues, toutes sortes de malaises et de démotivation, dont le rire vient à bout. Métiers, questions stratégiques, relation client, problèmes opérationnels, il est possible de « faire rire sur tout », estime Serge Grudzinski. Plus qu’un manuel de motivation, Laugh to lead est une apologie du rire dans l’entreprise.
« Laugh to lead. Quand le rire débloque, soigne, rassemble et motive les entreprises », de Serge Grudzinski. Editions HCG, 184 pages, 19,50 euros.
C’est l’ultime victime en date de la « bataille de l’Atlantique » que s’offrent les compagnies aériennes low cost. La compagnie WOW Air a cessé, jeudi 28 mars, ses opérations et annulé tous ses vols. Le gouvernement islandais estime à 4 000 le nombre de voyageurs réunis – dont 1 300 en transit.
WOW Air, qui amène plus d’un tiers des voyageurs en Islande, n’avait plus aucun investisseur pour prévoir une punition depuis que sa compatriote Icelandair s’était retirée des négociations en vue d’une reprise. « WOW Air a cessé ses opérations », a avisé lapidairement le transporteur dans un communiqué.
Plan d’urgence lancé
La compétition continuellement forte des low cost sur les routes transatlantiques et le regain des cours du carburant ont miné les performances de WOW Air. La compagnie a convoqué les passagers lésés par la suppression des liaisons aériennes à « vérifier les vols disponibles avec d’autres compagnies aériennes ».
Des dizaines de passagers se sont brusquement retrouvés bloqués jeudi matin à l’aéroport de Reykjavik, où une trentaine de vols WOW Air ont été annulés, particulièrement en provenance ou à destination de Paris, New York et Montréal. Le ministre des transports islandais a annoncé à la presse le déclenchement d’un plan d’urgence à destination des voyageurs bloqués dans les aéroports, sans accorder davantage de détails.
3,5 millions de passagers en 2018
En 2018, WOW Air, qui emploie un millier de personnes, a transporté 3,5 millions de passagers vers vingt-sept destinations en Amérique du Nord, en Europe et en Israël. Mais le transporteur, déficitaire, a diminué la voilure ces derniers mois, en cédant des avions et en annulant des dizaines d’emplois. Sur les neuf premiers mois de 2018, la compagnie a proclamé une perte avant impôts de près de 42 millions de dollars (37 millions d’euros).
Après le premier repli d’Icelandair dans la course au rachat de la compagnie fin 2018, le fonds d’investissement spécialisé dans le transport aérien Indigo Partners avait touché un accord de principe pour entrer au capital de WOW Air à hauteur de 49 %. Le 21 mars, la société américaine d’investissement a toutefois abandonné à son offre de reprise tandis qu’Icelandair annonçait reprendre les contestations pour le rachat de sa compatriote… avant son retrait définitif annoncé dimanche.
La compagnie low cost avait depuis déclenché des discussions avec ses créanciers afin de trouver un accord de restructuration – dont la conversion de la dette actuelle en capital. Lundi, ses créanciers avaient concédé la conversion de leurs obligations en capital à hauteur de 49 % de la dette de la compagnie, mais celle-ci devait malgré cela encore trouver des acquéreurs pour les 51 % restants, afin d’esquiver la faillite.
« Je ne me pardonnerai jamais de ne pas avoir agi plus tôt car il est évident que WOW est une compagnie aérienne incroyable et que nous étions sur la bonne voie pour faire à nouveau de grandes choses », a regretté le directeur général et fondateur de la compagnie, Skuli Mogensen, dans une message adressée au personnel.
La ruine du transporteur, fondé en 2011, pourrait déchaîner une contraction du PIB islandais de 3 %, la chute de la couronne et un accroissement de l’inflation, selon les lancements du gouvernement. Mais certains analystes considèrent ces calculs alarmistes.