Burn-out : pourquoi les salariés sont-ils dans le déni ?
Près de 3,2 millions de Français seraient en risque élevé de burn-out, selon le cabinet Technologia, tandis que l’agence nationale Santé publique France ne compte que 30 000 cas avérés d’épuisement professionnel.
Le fossé entre ces deux bilans a de quoi donner le vertige. Peut-on parler de déni ? Sur la base du Job Burnout Inventory, un questionnaire mis au point en 2016 par trois chercheurs (Moïra Mikolajczak, Thomas Pirsoul, Isabelle Roskam) de l’université catholique de Louvain (Belgique) pour évaluer le risque de burn-out, la start-up Moodwork a lancé à la fin 2017 le dispositif testmyburnout.com, permettant à chaque salarié de s’autoévaluer. En juin, plus de 7 000 personnes s’étaient exprimées quant à leur conviction d’être (ou non) en burn-out et avaient répondu à une série de questions concernant leur charge de travail, leurs relations avec leurs collègues, leur mémoire, leur sommeil, etc.
Les données ainsi recueillies pour mesurer l’épuisement professionnel ont révélé que sur les 2 851 personnes déclarées « absolument pas » en burn-out, seules 1 733 ne présentaient aucun risque (60 %). 738 étaient même en « risque élevé de burn-out ». Le contraste important entre le niveau de burn-out et le ressenti des salariés a reposé la question d’un éventuel déni. Moodwork a demandé au responsable du pôle recherche du Lab RH, Jean Pralong, professeur de gestion des ressources humaines, d’approfondir le travail de recherche.
« Après avoir indiqué aux salariés quelques symptômes pour reconnaître le burn-out : épuisement, état dépressif, difficultés à mener ses tâches à bien, on les a interrogés sur les causes possibles du burn-out d’un salarié, ou de leur propre burn-out », explique Jean Pralong. La différence de résultat, selon que le burn-out les concerne directement ou pas, confirme le déni des salariés et donne un début d’explication.
Tendance à dédouaner l’entreprise
Quand il s’agit du burn-out…