Archive dans 2018

La Formation professionnelle : l’Oise fortement touchée

Durant la semaine dernière l’Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) a annoncé un plan de changement qui prévoit la fermeture en France de 13 centres sur 112 et 25 centres associés. La région ne va pas y échapper et devrait même payer un dur tribut.

«  La Picardie est gravement touchée  », dénonce Éric Carpentier, secrétaire du comité régional d’établissement (CRE) et représentant Sud. Selon lui, une cinquantaine de postes sont avisés. «  Le centre de Beauvais va fermer et celui de Compiègne va devenir un centre annexe à celui de Creil, affirme-t-il. Et un centre annexe, on sait tous ce que cela veut dire à l’Afpa, ça veut dire que dans le futur, il va disparaître.  »

Les élus de Beauvais, Compiègne et Creil réagissent

Selon Eric Carpentier, sur les 16 formations actuellement existantes, il n’en restera qu’une seule. «  Seule la chimie va continuer à exister à Compiègne. Cela veut dire que si l’an prochain l’appel d’offres de l’Afpa pour la chimie n’est pas retenu par la Région, le centre va fermer ses portes sans que personne ne soit forcément informé. Car quand l’Afpa ferme un centre annexe, elle n’est pas obligée de le faire publiquement.  »

A travers une note que les élus du Pôle métropolitain de l’Oise (PMO), composé des agglomérations de Beauvais, Creil et Compiègne, vont réagir. «  Le PMO ne peut se résoudre à accepter cette décision et dénonce cette politique qui consiste à retirer des services et pénaliser nos concitoyens, avancent-ils. Chaque territoire a sa propre identité et les élus ne peuvent se réjouir de cette décision de concentrer les formations sur un même lieu. Loin de les diviser, le fait que Creil soit le seul bénéficiaire dans cette décision les rend au contraire encore plus solidaires pour s’élever contre ce projet. Les territoires du Beauvaisis et de la Région de Compiègne seraient privés du premier service public de formation professionnelle et d’un établissement structurant en matière de formation  ».

« The Job », Pôle emploi à l’heure de la téléréalité

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Dans un article paru sur le site StreetPress, le 17 octobre, le journaliste Mathieu Molard révélait que plusieurs agences Pôle emploi, afin d’organiser des sessions de recrutement, s’étaient inspirées de « The Voice », le télécrochet de TF1. Face au tollé, la direction de Pôle emploi a décidé de suspendre l’opération.

Rappelons le concept : un jury, composé de quatre professionnels de l’industrie musicale installés dans des fauteuils aux allures de trône, procède à des auditions « à l’aveugle ». Tournant le dos aux candidats, les jurés doivent sélectionner les interprètes qui rejoindront leur équipe en se basant sur le seul critère vocal. Lorsqu’il pense être en présence d’un candidat valable, le juré appuie sur un buzzer et son fauteuil pivote, volte-face permettant de créer les conditions d’un dialogue à peu près décent.

Brochette de nuques mutiques

Derrière l’argument consistant à ne pas juger les gens sur leur physique, transparaît un mépris statutaire habilement mis en scène. Ce n’est qu’à partir du moment où il représente un capital exploitable que le candidat à l’emploi obtient un semblant de considération. On peut voir dans ce dispositif savoureusement asymétrique la mise en scè­ne d’un féodalisme managérial dont on retrouve malheureusement la trace en entreprise.

Qu’un chanteur professionnel vous fasse sentir toute la puissance de son arbitraire en ne vous accordant même pas un regard rappelle ces moments où le N + 1 vous parle en consul­tant ses textos, les pieds sur son bureau, attitude ayant pour but de vous ravaler au rang de sous-espèce. On peut donc se demander pourquoi faire vivre une telle humiliation à un public déjà fragilisé.

Baptisé « The Job », ce jeu de recrutement invite électroniciens, ou­vriers d’abattoirs, soudeurs, manutentionnaires, manœu­vres, maçons, électriciens, préparateurs de commandes, électroniciens, agents de fabrication, à tenter de s’attirer les bonnes grâces d’une brochette de nuques mutiques appartenant à des recruteurs d’agences d’intérim. « Démarquez-vous et décrochez une immersion en entreprise, un entretien d’embauche, voire un emploi ! », promet le slogan sur les affiches.

La baisse des contrats aidés, un problème dans le monde rural

Depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement, l’Association rurale d’éducation populaire (AREP) a des difficultés pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque de la vallée de la Corneilla. Ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic. A Festes-et-Saint-André (Aude), elle a failli coûter leur poste à quatre des sept salariés de l’AREP. Pour prolonger trois contrats, requalifiés en CDD, la petite structure a dû puiser dans son fonds de roulement. Un reportage photographique nous fait découvrir l’essentiel des services périscolaires de l’association.

Contrats aidés, ces emplois dont on ne peut pas se passer

Garderie, réfectoire, étude, bibliothèque : la petite structure prend en charge l’essentiel des services périscolaires de la vallée de la Corneilla (Aude).

Les torrents d’eau qui se sont déversés sur l’Aude ont, pour une fois, épargné la vallée de la Corneilla. Aucun dégât sérieux à déplorer dans ce bout de campagne heureuse, nichée dans les premiers contreforts des Pyrénées. Comme chaque jour, les cinquante-quatre enfants du regroupement pédagogique de Festes-et-Saint-André, Bourigeole, Bouriège et Roquetaillade, ont rejoint leurs écoles. Et comme chaque jour, ils ont déjeuné dans les locaux qui jouxtent la mairie, face à une antique remise, toujours à vendre.

Pourtant, si les murs ont tenu, un pan entier de la vie locale menace, lui, de s’effondrer. L’Association rurale d’éducation populaire (AREP), en sursis depuis plus d’un an, a besoin de 25 000 euros pour boucler son budget et continuer de prendre en charge la garderie, le réfectoire, l’étude, la bibliothèque, bref, l’essentiel des services périscolaires de la vallée. « Des missions qu’on remplit à la place de l’Etat », précise la directrice, Claire Poussou. Des missions en péril aussi depuis la baisse drastique du nombre de contrats aidés, décidée par le gouvernement en 2017.

Cassure

Destinés en priorité aux chômeurs de longue durée, aux jeunes sans qualification et aux allocataires de minima sociaux, ces emplois étaient subventionnés parfois jusqu’à 95 % du taux brut du smic.

Au deuxième trimestre 2017, 474 000 personnes en bénéficiaient dans le secteur non marchand grâce, notamment, aux contrats d’accompagnement dans l’emploi (CAE). Elles n’étaient plus que 280 000, un an plus tard, après les coupes de l’Etat. Une taille justifiée par le faible taux d’insertion sur le marché du travail des intéressés. D’après la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), seuls 26 % jouissaient d’un emploi durable six mois après la fin de leur contrat.

« Ces contrats sont des pansements qui ne font que cacher les plaies, on n’a pas le choix », se désespère Thomas Fonder, le président…

Le chômage, la Macronie y pense toujours, et n’en parle (presque) jamais

Surtout ne pas se lier à des chiffres, ne pas se contraindre par une tendance. Contrairement à son prédécesseur François Hollande, Emmanuel Macron a très vite décidé de décorréler son destin politique de la courbe du chômage. Interrogé sur la question par des journalistes de TF1 lors d’une interview en octobre, il avait déclaré : « La baisse du chômage ne se décrète pas. » Fermez le banc.

Dans un entretien accordé vendredi 26 octobre à plusieurs journaux régionaux, le premier ministre Edouard Philippe explique qu’« en 2017 et en 2018, on a créé beaucoup plus d’emplois en France qu’il n’y en a eu de détruits. Et on a créé de vrais emplois, pas des emplois aidés. La dynamique est là et je suis confiant ».

Très tôt, le président de la République a donné le ton de ce qui allait être une particularité de son mandat sur le front de l’emploi : en Macronie, finalement, on parle beaucoup de travail mais peu de chômage. C’est ainsi que la publication des chiffres de Pôle emploi est passée de mensuelle à trimestrielle. Des statistiques qui ne sont quasiment jamais accompagnées de commentaires politiques de la part du gouvernement. Il y a certes des conférences organisées tous les trois mois au ministère du travail, lesquelles font débattre des chercheurs sur la question.

Retour à la normale

Le chef de l’Etat a néanmoins donné un objectif chiffré d’un chômage à 7 %, mais pour la fin de son quinquennat. A part ça, rien. Les réformes structurelles sur le marché de l’emploi sont soigneusement présentées sous le prisme positif du travail, dont le but premier est de doper l’activité des entreprises qui embaucheront et réduiront alors le chômage.

Pour les uns, il s’agit d’un habile coup de communication. « C’est normal qu’ils ne parlent pas trop du chômage car, comme ça, ils pensent ne pas être comptables des résultats de leur politique qui d’ailleurs n’en produisent pas de bons », estime Boris Vallaud, député PS des Landes, pour qui les bons chiffres en termes de création d’emploi des deux dernières années sont imputables au quinquennat précédent. « La ministre de l’emploi ne fait jamais de visites sur ce sujet-là, elle est en tournée constante sur l’apprentissage, peut être est-ce parce que ça ne marche pas ? On a l’impression qu’il y a une politique du marché du travail et pas une politique de l’emploi… », ajoute un ancien du gouvernement Hollande. Celui-ci pointe, entre autres, la fin de la prime à l’embauche, mais surtout la baisse significative des contrats aidés.

Lire aussi :   L’étrange paradoxe des chiffres de l’emploi en France

Pour d’autres, en revanche, il ne s’agit ni plus ni moins que d’un retour à la normale. « Les deux gouvernements précédents ont fait face à une crise importante, le sujet était brûlant, commente un spécialiste de la question. Mais à force de déclarations permanentes, on était tombé dans une situation mortifère. » L’exécutif souhaite donc clairement éviter les écueils de son prédécesseur, afin de ne pas focaliser les Français sur la question. Au risque de donner l’impression de ne pas accorder au sujet du chômage l’importance qu’il mérite ? « Muriel Pénicaud parle tout le temps de lutter contre le chômage de masse. Aujourd’hui, la vérité, c’est que nous l’avons baissé et que nous attaquons la partie structurelle dans beaucoup d’endroits. C’est peut-être insuffisamment dit, mais c’est notre priorité », défend Sacha Houlié, député LRM de la Vienne.

Des salariés d’Ascoval bloquent un site du groupe Vallourec pour « mettre la pression »

Les ouvriers de l’aciérie d’Ascoval, dans leur usine de Saint-Saulve (Nord), le 24 octobre.

Des salariés de l’aciérie d’Ascoval de Saint-Saulve (Nord), dont les emplois sont menacés, bloquaient, dans la matinée du vendredi 26 octobre, toutes les entrées d’un site de Vallourec, actionnaire de l’usine, à Aulnoye-Aymeries, près de Maubeuge.

Cette action intervient après la décision de la chambre commerciale tribunal de grande instace de Strasbourg de renvoyer sa décision sur l’avenir de l’acierie au 7 décembre et ainsi laisser deux semaines de sursis supplémentaires pour trouver un repreneur. L’usine de Saint-Saulve a été placée en redressement judiciaire en janvier.

Délégué CGT du site de Saint-Saulve Nicolas Lethellier a expliqué vendredi à l’AFP que les manifestants ont opéré « un blocage complet du site, personne ne rentre. L’idée, c’est de mettre la pression sur Vallourec alors qu’il y a une réunion aujourd’hui à Bercy » sur l’avenir de l’aciérie. Des feux de pneus ont notamment été allumés devant les entrées. Vallourec, dont l’Etat est actionnaire, détient 40 % de l’usine.

Le récit :   Dans le Nord, l’impossible accord de reprise de l’aciérie Ascoval

Evaluation

« Ecoeurés par l’Etat », et par le groupe Vallourec, les salariés avaient décidé mercredi de cesser le travail et bloquer le site de Saint-Saulve. Ils comptaient protester contre le refus de Vallourec d’apporter le soutien financier demandé par Altifort, seul candidat à la reprise.

Le groupe franco-belge a fait « une offre ferme » en s’engageant à investir 140 millions d’euros, à maintenir tous les emplois d’Ascoval et à en créer 133 nouveaux. Mais, en contrepartie, l’entreprise a demandé à l’actionnaire Vallourec le maintien du volume de commandes et des prix pendant les 18 mois suivant la reprise.

Mais ces conditions ont été rejetés par Vallourec qui affirme que le soutien demandé par Altifort, chiffré à 51 millions d’euros, serait « contraire à la préservation des intérêts du groupe ». Le délai décidé par le tribunal de Strasbourg doit permettre de valider le dossier de reprise d’Altifort et de trouver un accord avec Vallourec

Le gouvernement se fait prudent sur ce dossier. Avant toute décision sur un éventuel soutien public, il veut un avis indépendant sur la situation économique du site. « On a (…) besoin déjà de mettre un petit peu de rationalité et d’aller au fond du dossier », a déclaré, jeudi, dans la soirée, sur Franceinfo la secrétaire d’Etat à l’économie, Agnès Pannier-Runacher.

« Demain [vendredi], je recevrai l’ensemble des acteurs. On va prendre point par point ce dossier de reprise, (…) voir si Altifort peut aller jusqu’au bout. »

Les propriétaires de l'usine Ascoval à Sainte-Saulve.

L’étrange paradoxe des chiffres de l’emploi en France

Selon Pôle emploi, 16 300 personnes supplémentaires sont venues grossir les rangs des chômeurs au troisième trimestre.

Il en va des statistiques de l’emploi comme de la météo sous les tropiques : les deux sont changeants et très difficiles à interpréter. De même qu’un soleil éclatant peut vite laisser place à la pluie la plus drue, de bons chiffres communiqués la veille ne mettent pas à l’abri d’une dégradation le lendemain. Rendant difficile une analyse correcte de la situation du marché de l’emploi.

C’est ainsi qu’après la bonne nouvelle donnée sur le front des embauches (+ 2,7 % au troisième trimestre) par l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss), la publication, jeudi 25 octobre, des chiffres du chômage a fait l’effet d’une douche froide.

Envolée du chômage de longue durée

Selon la note publiée par Pôle emploi, le nombre de chômeurs en catégorie A (sans travail et tenus d’en chercher un) a augmenté de 0,5 % au troisième trimestre en France métropolitaine. Sur cette période, 16 300 personnes supplémentaires sont venues grossir les rangs des demandeurs inscrits à l’organisme public. En tout, ce sont donc 2,45 millions de personnes qui sont en quête d’un emploi aujourd’hui dans l’Hexagone, hors outre-mer. Paradoxalement, une fois ces territoires, pourtant en plus mauvaise posture que le reste du pays, inclus dans le compte, la hausse est moins importante : 0,4 %.

Ceux qui payent le plus lourd tribut demeurent, sans surprise, les chômeurs de longue durée. En quête d’un travail depuis au moins un an ou plus, leur employabilité diminue avec le temps, rendant leur embauche de moins en moins facile. Au troisième trimestre, leur nombre a ainsi augmenté de 1,1 %. Pire en un an, il a bondi de 6,4 %.

Considérée sur cette même période, la situation globale des demandeurs d’emploi est, en revanche, meilleure que sur trois mois : leur nombre en catégorie A a, par exemple, reculé de 1,2 %. Une évolution qui s’est largement faite au profit des hommes, dans les rangs desquels la baisse a été significative. Une bonne nouvelle dans un flot de mauvais…

Le Challenge de la formation

La rivalité entre l’homme et la machine est au moins aussi ancienne que le métier à tisser. Toute révolution industrielle a porté son lot de prophéties millénaristes sur l’absence des travailleurs, que les bienfaits du progrès n’ont cessé de démentir. Il est donc naturel que la quatrième du nom – ou la troisième, le débat reste abordable chez les économistes – éveille les mêmes peurs, et appelle de la part des apôtres de la robotique des réponses tout aussi réconfortantes.

A la différence des antérieurs, la modification en cours frappe cependant par sa capacité à brouiller, en un intervalle de temps très réduit, les frontières du numérique et de l’humain. Aucune géographie, aucun domaine d’activité ne lui échappent ; son développement est simultanée ; son rythme, exponentiel ; même les décisionnaires les plus connectés ont peine à l’appréhender dans toutes ses dimensions. Intelligence artificielle, blockchain ou internet des objets ouvrent des éventualités illimitées, mais laissent craindre des changements sociétaux que ni la machine à vapeur, ni l’électricité, ni les premiers temps de l’informatisation n’avaient entraînés. S’il était admis jusqu’à présent que chaque innovation détruisait des tâches peu qualifiées et créait, en net, de l’emploi, la relation est plus que jamais sujette à caution. Sous le vocable peu rassurant de robocalypse, les grandes banques centrales étudient des scénarios noirs qui verraient également disparaître une bonne part des postes aujourd’hui dévolus aux cadres. Les risques d’atrophie des classes moyennes, de déclassement social et de creusement des inégalités, ferments de révolutions qui n’auraient cette fois rien d’industriel, sont à prendre au sérieux.

Les banques françaises, à qui l’on déclare depuis quarante ans le destin des hauts fourneaux, s’efforcent à leur niveau de traiter la question. Celle-ci se pose d’une manière particulièrement aiguë aux réseaux d’agences. Leurs responsables admettent qu’une majorité des emplois y auront disparu ou changé de nature à un horizon de cinq ans. Leur réponse tient en trois mots : formation, formation et encore formation, un domaine où la profession n’a jamais respecter sa peine et ses moyens. 

Miser sur l’homme pour mieux entrer dans l’âge des machines – l’intention est louable, et les efforts utilisés impressionnent. Ils répondent à une logique très classique : identifier les métiers et les besoins à trois ou cinq ans et y faire correspondre les investissements nécessaires. Toute la difficulté de l’exercice vient du fait que les formateurs eux-mêmes sont menacés d’obsolescence et ignorent tout des fiches des postes que les salariés de banque seront supposés tenir à moyenne échéance. En l’état de l’art, cette approche permet d’accompagner l’affectation du secteur. Si celle-ci devait s’accélérer, il en irait tout autrement.