Archive dans 2018

Emploi et handicap : « Une réforme en profondeur est nécessaire »

Article réservé aux abonnés

« Malgré le « quota » de 6 % de travailleurs handicapés imposé aux entreprises depuis 2005, le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste à 19 % »
« Malgré le « quota » de 6 % de travailleurs handicapés imposé aux entreprises depuis 2005, le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste à 19 % » Image Source G / Photononstop

Le taux de chômage des handicapés en France est toujours le double de celui des valides. A la suite de la concertation lancée par le gouvernement avec les partenaires sociaux pour améliorer cette situation, les premières mesures ont été annoncées. Arnaud de Broca, qui a participé à la concertation en tant que secrétaire général de l’association des accidentés de la vie (Fnath), et Florian Guzdek, administrateur à l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph) et vice-président du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) et de la Fnath, font le point.

Malgré le « quota » de 6 % de travailleurs handicapés imposé aux entreprises depuis 2005, le taux de chômage des personnes en situation de handicap reste à 19 %. Ce système montre-t-il ses limites ?

Arnaud de Broca : N’oublions pas qu’il y a aussi de plus en plus de personnes en situation de handicap parmi la population active. L’obligation d’emploi de travailleurs handicapés (OETH) reste un objectif mobilisateur pour les employeurs. Les limites sont plutôt dans la représentation des personnes handicapées.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emploi et handicap : Au café Joyeux, des salariés (presque) comme les autres

On a pourtant l’impression que l’image des travailleurs handicapés a évolué positivement. Quels blocages subsistent chez les employeurs ?

Florian Guzdek : La société commence à avoir un nouveau regard sur les personnes handicapées, mais lorsqu’il s’agit de faire intervenir un acteur extérieur à l’entreprise pour évaluer les aménagements de postes nécessaires, l’employeur reste réticent. Il arrive aussi que des salariés qui basculent dans une situation de handicap se fassent licencier parce que l’employeur veut se débarrasser de quelqu’un qui arrive à la cinquantaine, qui a un salaire assez conséquent ou un fort caractère…

A de B : C’est aussi compliqué pour une entreprise de remettre en cause l’organisation globale du travail, alors que ça peut bénéficier à tous. Des freins en matière de formation subsistent également, même si des progrès sont faits. En formation initiale, de plus en plus de personnes handicapées vont loin dans leurs études. Mais ce ne sont pas elles qui ont le plus de difficultés d’emploi.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emploi et handicap : « Une réforme en profondeur est nécessaire »

La récente réforme de la formation professionnelle peut-elle changer la donne ?

A de B : Dans ses objectifs, la loi veut simplifier l’accès à la formation, c’est une bonne chose. La majoration du compte personnel de formation (CPF) pour les travailleurs handicapés, c’est aussi positif. Après, il faut voir comment va s’appliquer la loi.

Emploi et handicap : Embaucher ou payer ?

Article réservé aux abonnés

« Les entreprises peuvent éviter l’obligation d’emploi de salariés en situation de handicap en versant une contribution pour chacun des travailleurs handicapés qu’elles auraient dû employer. »
« Les entreprises peuvent éviter l’obligation d’emploi de salariés en situation de handicap en versant une contribution pour chacun des travailleurs handicapés qu’elles auraient dû employer. » Robert Schlesinger/DPA / Photononstop

Question de droit social. Toute entreprise du secteur privé occupant au moins vingt salariés est tenue, aux termes des articles L.5212-1 et L.5212-2 du code du travail, à une obligation d’emploi de 6 % de personnes handicapées entendues comme celles qui se sont vues délivrer une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), ou titulaires d’une pension d’invalidité, ou encore victimes d’accident du travail ou de maladie professionnelle ayant entraîné une incapacité d’au moins 10 %, titulaires de la carte d’invalidité, bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés, ou mutilés de guerre et assimilés.

Malgré cette obligation, il n’y a, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de l’Inspection générale des finances (IGF) de décembre 2017, qu’une faible progression du nombre de salariés en situation de handicap dans les entreprises. Ces dernières peuvent, en effet, éviter l’obligation d’emploi en versant une contribution pour chacun des travailleurs handicapés qu’elles auraient dû employer. C’est l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des handicapés (Agefiph) qui est chargée de collecter cette contribution pour financer ultérieurement des actions en faveur des personnes handicapées.

La détermination de cette contribution se fait en plusieurs temps. L’entreprise est d’abord tenue de déclarer, chaque année, ses efforts en faveur de l’emploi de personnes handicapées, comptabilisés sous forme « d’unité bénéficiaire ». Cette notion permet d’exprimer en équivalent temps plein de travailleur handicapé, aux côtés des emplois directs et des postes de stagiaires, le montant de la sous-traitance auprès d’entreprises qui embauchent majoritairement des handicapés, conclue par accord collectif et agréée par l’administration du travail. Dans ce calcul, les périodes d’invalidité, les arrêts maladie, les congés maternité et congés formation ne sont pas pris en compte.

Peu de contentieux

Le montant de la contribution est ensuite calculé en appliquant à chaque « unité bénéficiaire » manquante (au regard de l’obligation de 6 %) un multiple du smic horaire, qui varie selon la taille de l’entreprise. Ainsi, en 2018, pour une entreprise de vingt à cent quatre-vingt-dix-neuf salariés le coût pour l’entreprise était de 400 × 9,88 soit 3 952 euros par « unité bénéficiaire » manquante.

Finance solidaire : un fonds pour favoriser l’emploi

Entre janvier 2015 et décembre 2017, quelque 63 entreprises ont été investies par le fonds. Parmi elles de grandes entreprises comme L’Oréal, Dassault Systèmes ou Cap Gemini.
Entre janvier 2015 et décembre 2017, quelque 63 entreprises ont été investies par le fonds. Parmi elles de grandes entreprises comme L’Oréal, Dassault Systèmes ou Cap Gemini. Philippe Turpin / Photononstop

Société de gestion spécialiste de l’investissement durable appartenant à Natixis Investment Managers, Mirova publie le 6 novembre un premier rapport évaluant l’impact de son fonds Insertion Emploi Dynamique (IED). C’est l’un des plus anciens produits solidaires commercialisés dans l’Hexagone (1994) visant à favoriser les créations d’emplois en France.

Quel bilan ? « Alors que les entreprises du CAC 40 n’ont pas créé d’emplois sur la période allant de fin 2014 à fin 2017, celles dans lesquelles investit le fonds IED ont augmenté leurs effectifs de 10,1 % », avance le gérant, Fabien Leonhardt. Cette politique n’a pas pénalisé la performance puisque le fonds affiche un gain de 26,2 % depuis fin 2014, certes dans un contexte boursier favorable.

La poche solidaire finance directement des structures à fort impact social, notamment des entreprises d’insertion qui tentent de remettre en selle des personnes exclues du marché du travail. De 1 500 à 2 000 emplois sont ainsi créés ou préservés chaque année.

Insertion Emploi Dynamique est un fonds 90/10 – qui peut consacrer jusqu’à 10 % de son portefeuille au financement de structures solidaires. La poche solidaire finance directement des structures à fort impact social, notamment des entreprises d’insertion qui tentent de remettre en selle des personnes exclues du marché du travail.

De 1 500 à 2 000 emplois sont ainsi créés ou préservés chaque année. Le reste, la poche cotée en Bourse, est investi dans des actions d’entreprises susceptibles de créer des emplois en France. Le fonds ne s’interdit pas d’investir dans des entreprises étrangères implantées sur le territoire français.

Lire aussi Les pistes pour donner du sens à ses placements financiers

Pour rendre sa gestion plus transparente, Mirova propose sur son site une carte interactive présentant, région par région, l’implantation des entreprises concernées ­ (Carte-emplois.mirova.com). On y trouve de grandes entreprises comme Essilor, L’Oréal, Dassault Systèmes ou Cap ­Gemini, mais aussi de beaucoup plus modestes comme Basic-Fit, une société néerlandaise qui compte sept salles de sport à Paris, ou Colruyt, une chaîne belge de supermarchés (Colruyt, Coccinelle, Coccimarket…).

Luxe, robotique, filière bio…

« Les acteurs ayant un impact positif sur l’emploi ne sont pas les plus gros. Près de 20 % des entreprises présentes dans le fonds ont une capitalisation inférieure à 7 milliards d’euros », précise Emmanuelle Ostiari, analyste en investissement socialement responsable chez Mirova. Par secteur, ce sont la consommation (et surtout le luxe), les technologies de l’information, la restauration, l’hôtellerie, l’aéronautique, les services à la personne, la robotique et la filière bio qui ont le plus contribué aux créations d’emplois. Au total, 63 entreprises ont été investies par le fonds entre janvier 2015 et décembre 2017.

Durant cette période, la corrélation entre les créations d’emplois et la performance financière (hors dividendes) a été significative : les entreprises ayant légèrement détruit de l’emploi ont eu une performance financière moyenne de seulement 5 %, alors que celles qui ont vu leurs effectifs bondir d’au moins 30 % ont enregistré une performance moyenne de 39 %.

Lire aussi Devenons-nous des épargnants responsables ?

Jérôme Porier

« Cessons de voir le service national universel comme une punition »

Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, devra mettre en oeuvre le service national universel.
Gabriel Attal, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, devra mettre en oeuvre le service national universel. GONZALO FUENTES / REUTERS

Tribune. Le service national universel (SNU) va-t-il susciter les passions ? Certaines prises de position donnent déjà à penser que ce nouveau dispositif serait une façon de stigmatiser la jeunesse, de lui assigner plus de contraintes que de droits. Il porterait atteinte au principe quasi philosophique d’engagement volontaire.

La Fédération Léo-Lagrange, qui agit depuis près de soixante-dix ans pour l’émancipation des jeunes sur tous les territoires soutient le SNU : il peut être une formidable opportunité d’atteindre, enfin, les objectifs que ses détracteurs appellent pourtant de leurs vœux : l’égalité, la mixité, la valorisation de l’engagement. Pour peu que chacun s’engage dans sa réussite.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Service national universel : « Qu’a fait la jeunesse pour mériter une telle punition ? »

Reconnaissons tout d’abord que les appréhensions entourant le SNU sont légitimes, tant la jeunesse pâtit d’une image dégradée. Trop individualistes, les jeunes ? Pas assez engagés ? Nous qui les accompagnons au quotidien savons qu’il n’en est rien, et qu’ils ne manquent pas d’initiatives à réaliser. Pour peu qu’on leur en donne les moyens.

Bien sûr, la jeunesse n’a pas à combler seule les failles de la société. Ces fractures, qu’elles soient sociales ou territoriales, appellent à un combat global et partagé. Parmi les mesures à prendre, il est urgent de transmettre, dès le plus jeune âge, le goût de l’altérité et de l’engagement. Encore faut-il rendre possible cette rencontre.

Un tremplin vers l’engagement

Cessons de voir le SNU comme une punition, mais plutôt comme une chance de répondre ensemble à ces enjeux ! Un temps vécu en commun par tous les jeunes d’une classe d’âge, pour mettre à la portée de tous les mêmes opportunités. Le SNU n’est pas un dispositif d’engagement obligatoire. Il n’y a d’engagement que librement choisi.

Mais qui, aujourd’hui, a la chance de s’engager ? Majoritairement les jeunes les mieux éduqués. Les autres ignorent trop souvent la richesse des parcours associatifs qui s’offrent à eux, ou bien ils se censurent. Le SNU offre à tous un temps de « découverte des opportunités d’engagement », indispensable pour susciter des vocations, et d’autant plus efficace qu’il passe par une expérience concrète de réalisation d’un projet d’intérêt général. Libre à chacun ensuite de poursuivre cette expérience sous diverses formes, après 18 ans. Le SNU peut être un véritable tremplin vers l’engagement.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Imposer le service national universel est un non-sens »

Favoriser l’engagement des jeunes, ce n’est pas les charger du poids des problématiques sociétales, c’est leur donner la possibilité de développer des compétences qui faciliteront ensuite leur insertion professionnelle, c’est leur permettre de s’épanouir, de se sentir utile, de faire des rencontres.

Arrêts de travail : l’arbitrage polémique des médecins-conseils

Article réservé aux abonnés

« Les médecins-conseils sont soumis à un objectif inavoué, mais réel, de maîtrise des coûts » affirme Arnaud de Broca, l’ex-secrétaire général de l’Association des accidentés de la vie (Fnath).
« Les médecins-conseils sont soumis à un objectif inavoué, mais réel, de maîtrise des coûts » affirme Arnaud de Broca, l’ex-secrétaire général de l’Association des accidentés de la vie (Fnath). CHRISTIAN VORHOFER / ImageBroker / Photononstop

L’affaire a été révélée en octobre par le quotidien régional L’Indépendant. Refusant de se soumettre aux injonctions de son employeur qu’il estimait contraires à sa déontologie, un médecin-conseil de la Sécurité sociale à Narbonne a fait résilier son contrat de travail aux torts de la Caisse nationale de l’assurance-maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et fait reconnaître le harcèlement moral qu’il avait subi. Le premier volet de cette affaire remonte à 2014.

Chargé de contrôler les arrêts maladie et les indemnités que touchent les patients, ce médecin-conseil estimait ne pas pouvoir faire son travail correctement au vu des objectifs de rendement qui lui étaient assignés. Consulté par Le Monde, le jugement des prud’hommes fait état de « pressions subies par le docteur […] par des exigences contraires à la déontologie médicale » et « de nombreux courriers à partir de 2012 [lui] demandant une rentabilité accrue ».

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arrêts-maladie : « Je dois régulièrement me battre avec des patients pour les arrêter »

Alors que la hausse du coût des arrêts maladie est dans le collimateur du gouvernement, cette affaire met en lumière le malaise que peuvent connaître les médecins-conseils, tenaillés entre les objectifs de maîtrise des dépenses qui leur sont fixés par la caisse d’assurance-maladie et la prise en compte du patient.

« Il y a des pourcentages de refus et d’acceptation des dossiers », révèle MCambon, l’avocat qui s’est chargé de la défense du médecin-conseil de Narbonne. Ce médecin devait traiter les dossiers à la chaîne, sans avoir le temps de recevoir les patients. Son avocat dénonce la pratique de la « signature par lots » : des dossiers validés ou rejetés de manière groupée, sans même que les salariés en arrêt soient examinés. « Un technicien – pas même un médecin ! – est chargé de traiter l’ensemble des dossiers de lombalgies de moins de trois mois, par exemple », alerte Me Cambon. Sollicitée, la CNAM dit qu’elle n’a « pas de commentaire à apporter » sur cette affaire.

Maîtrise des coûts

Dans ces conditions, ces « contrôleurs de la Sécu » peuvent-ils réellement traiter équitablement les dossiers ? « Les médecins-conseils sont soumis à un objectif inavoué, mais réel, de maîtrise des coûts », affirme Arnaud de Broca, l’ex-secrétaire général de l’Association des accidentés de la vie (Fnath). En tout état de cause, ce sont les salariés en arrêt qui paient le prix de la pression à laquelle peuvent être soumis ces médecins.

3 ème trimestre 2018 ; l’Auvergne-Rhone-Alpes devient la région la plus dynaique pour l’emploi IT

Durant le 3 ème trimestre 2018, le site Regionsjob a constaté une hausse de 19% dans les annonces dans le secteur du numérique en France. Avec une  augmentation de 43%, l’Auvergne-Rhône-Alpes détrône l’Ile-de-France et s’impose désormais comme la région la plus pourvoyeuse d »emploi. La Normandie occupe la deuxième place du classement.

Hellowork, l’un des grands acteurs français du secteur de l’emploi et de la formation a cherché à identifier quelles étaient les régions qui avait le plus de recrutements dans le secteur du numérique en France. Dans cette recherche, 565 000 offres d’emploi ont été passées au crible par la plate-forme depuis janvier 2018. Les résultats montrent que le volume des annonces pour les informaticiens a augmenté de 19% au cours du 3ème trimestre 2018  par rapport à la même période en 2017. Selon les données analysées, toutes les régions ont eu une augmentation en termes d’offres d’emplois à l’exception du Centre-Val de Loire et du Grand-Est qui restent stables.

La palme revient à l’Auvergne-Rhône Alpes qui a pu détrôner de très loin l’le-de-France (+7%) en affichant un bond de 43% des offres d’emploi. Sur les trois places du podium des départements et métropoles dynamiques, on trouve également la Normandie (+25%), la Nouvelle Aquitaine (+18%), et la Bourgogne- Franche Comté (+16%). Suivent l’Occitanie (+14%de propositions), et la région Provence-Alpes Côte d’Azur (+12%). Les pays de Loire (+7%), les Hauts-de-France (+4%) et la région Bretagne (+3%) ferment la marche et profitent d’un contexte favorable à l’emploi toutefois plus mesuré.

Une forte mesure d’emplois pérennes

Il s’agissant des types de contrats, l’étude de HelloWork relève une hausse de 22% des CDI au cours du 3ème trimestre 2018 par rapport  à la même période en 2017. Ils représentent 88% des emplois proposés sur les sites de RegionsJob. A l’inverse, les emplois en CDD (+5%) comme  le travail temporaire (+2%) ont progressé beaucoup moins vite au troisième trimestre.

« La loi Pacte, une nouvelle opportunité manquée pour l’investissement socialement responsable »

Article réservé aux abonnés

Ministère des Finances, Bercy (Paris). La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) semble constituer le fleuron de l’arsenal gouvernemental en ce qui concerne les politiques économiques.
Ministère des Finances, Bercy (Paris). La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) semble constituer le fleuron de l’arsenal gouvernemental en ce qui concerne les politiques économiques. AGE / Photononstop / AGE / Photononstop

Tribune. La loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises) semble constituer le fleuron de l’arsenal gouvernemental en ce qui concerne les politiques économiques. Les commentateurs se sont beaucoup attardés sur la disposition visant à élargir l’objet social des entreprises en ajoutant à l’article 1833 du code civil que celles-ci doivent prendre en compte les « enjeux sociaux et environnementaux ». La portée de cette disposition semble toutefois limitée car sans aucune force contraignante.

Deux autres aspects du texte sont bien plus susceptibles de produire des modifications dans la gestion des entreprises : l’augmentation de la part d’investissement socialement responsable (ISR) dans les supports dédiés à l’épargne salariale, et l’intégration de l’ISR dans les contrats d’assurance-vie.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Avec l’article 61 de la loi Pacte, l’entreprise n’est plus réductible à un pur agent économique »

Ces dispositions visent à orienter l’argent des investisseurs individuels vers des fonds « socialement responsables » qui investissent dans les entreprises selon des critères à la fois financiers et extra-financiers. Reste à savoir si ces dispositions suffiront à convaincre les particuliers d’aller vers des fonds qui sont actuellement essentiellement souscrits par des investisseurs institutionnels.

Le processus de sélection reste une boîte noire, avec des fonds qualifiés hâtivement de « responsable » par des sociétés de gestion désireuses de surfer sur la vague d’une finance verte et alternative

Deux facteurs incitent à un optimisme modéré. D’une part on ne sait pas bien ce que sont les fonds ISR. Le législateur n’a jamais donné de définition de l’ISR ni établi ce qui détermine le caractère « responsable » de ces placements. Ceci laisse place à une grande latitude à la créativité des gérants de fonds.

D’une part, on ne sait pas bien ce que sont les fonds ISR. Le législateur n’a jamais donné de définition de l’ISR ni établi ce qui détermine le caractère « responsable » de ces placements. Ceci laisse place à une grande latitude à la créativité des gérants de fonds. Bien souvent le processus de sélection reste une boîte noire, avec des fonds qualifiés hâtivement de « responsable » par des sociétés de gestion désireuses de surfer sur la vague d’une finance verte et alternative, alors que la composition de ces fonds n’est fondamentalement pas différente de celle de fonds traditionnels.

La SNCF vend Ouibus à Blablacar

Un car Ouibus, à Paris, le 4 septembre 2015.
Un car Ouibus, à Paris, le 4 septembre 2015. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Le leader européen du covoiturage Blablacar est entré en négociation exclusive avec la SNCF pour l’acquisition de 100 % de Ouibus et l’entrée de la SNCF à son capital ont annoncé les trois entreprises lundi 12 novembre. « La SNCF s’allie à Blablacar pour développer la multimodalité », explique le communiqué publié pour l’occasion.

L’opération s’accompagne d’une levée de fonds de 100 millions d’euros par Blablacar. La part de capital acquise par la SNCF, non précisée officiellement, « restera très minoritaire » a indiqué au Monde Nicolas Brusson, cofondateur et directeur général de Blablacar. La SNCF disposera d’un siège d’observateur au conseil d’administration du roi du covoiturage mais non d’administrateur.

Reclassement des conducteurs

La prise de contrôle de Ouibus par Blablacar en revanche est totale. BlablaCar récupère pour un montant non dévoilé l’intégralité des actifs et du management (dont son directeur général Roland de Barbentane) du service de cars longue distance de la SNCF, très déficitaire depuis sa création. Ouibus a perdu 35 millions d’euros en 2017 et devrait accuser une nouvelle lourde perte cette année.

Lire aussi Les « cars Macron » vont continuer à perdre des dizaines de millions d’euros en 2017

Ce même jour, Ouibus a annoncé à son personnel lors d’un comité d’entreprise, l’ouverture d’un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) portant sur cent personnes, soit la moitié des effectifs de la filiale de la SNCF. Les personnels, essentiellement des conducteurs, devraient être reclassés à l’intérieur du groupe public ferroviaire et de ses filiales assure M. de Barbentane.

Éric Béziat

Quelques astuces pour réussir son entretien d’embauche

Dress-code, langage, communication non-verbale… Au-delà de votre parcours professionnel et votre habilité à bien le présenter, les recruteurs prennent en considération de même à votre attitude durant l’entretien.

1. Pensez bien avant de parler

Nous avons tous des tics de langage. Mais il y a une grande différence entre une discussion informelle entre amis et un entretien d’embauche. Les « hein », « heu », « quoi » qui ponctuent les phrases sont à bannir. De même que les fautes de français : plus jamais de « si j’avais su, j’aurais pas venu » !

2. La forme, c’est le fond qui remonte à la surface

Votre CV est parfait, votre parcours professionnel colle parfaitement à l’annonce à laquelle vous postulez. Mais le jour de l’entretien, vous n’arrivez pas à convaincre le recruteur ? Pour qu’un discours soit entendu, qu’importe le fond, il faut y mettre les formes. En clair, il est nécessaire de maîtriser l’intonation de sa voix pour mieux vendre votre présentation. En effet, il est difficile de croire qu’un candidat est dynamique s’il le dit d’une voix trop « molle »… Pensez aussi à la manière dont vous vous tenez face à votre interlocuteur, à votre jeu de mains ainsi qu’à votre regard. Même si cela peut paraître secondaire, le recruteur sera forcément sensible à la manière dont vous vous comportez.

3. Victime d’un mauvais dress code ?

Durant l’entretien vous êtes jugé à « 55% sur votre apparence, à 38% sur votre gestuelle et à seulement 7% sur vos propos », explique Virginie le Cozic, directrice d’une agence de conseil en image. Si on peut regretter ce « diktat de l’apparence », une tenue adaptée en entretien est cependant un prérequis attendu du recruteur. A moins de travailler dans le milieu de la mode, le protocole veut que vous vous présentiez sous votre meilleur jour en entretien d’embauche.

4. Soyez inflexible avec la ponctualité

Jamais, ô grand jamais, vous ne devez pas être en retard à un entretien d’embauche, même si votre interlocuteur vous laisse ensuite poireauter. En cas d’imprévu, prévenez l’entreprise et faites votre mea culpa. Cela est considéré comme la moindre des politesses…

5. De l’art de discourir spontanément

Pour réussir son entretien d’embauche, il est nécessaire de l’avoir bien préparé. Sur la forme comme nous l’avons évoqué précédemment mais aussi sur le fond. Cela vous permettra d’être cohérent lors de votre présentation et de répondre du tac au tac aux questions du recruteur. Vous ne serez pas déstabilisé et vous pourrez alors lâcher vos fiches pour afficher un discours plus spontané. La confiance en soi est toujours payante : elle rassurera votre interlocuteur. Un bon point pour l’étape d’après !

6. Parlez-moi de vous…

Cette question piège demeure un classique de l’entretien d’embauche. Rien ne sert de se paniquer : le recruteur n’attend pas de vous un grand monologue depuis votre naissance à aujourd’hui. Au contraire, le but est de tester votre capacité à synthétiser un discours clair en lien avec le poste et votre présence en entretien. Alors n’en faites pas un long discours, soyez concis mais clair et vendeur…

7. Mon ancienne entreprise :

S’il est une chose à ne jamais faire, c’est bien de dire du mal de votre ancienne entreprise, ou de vos anciens collègues, hiérarchiques ou non. Même si c’est une des raisons pour lesquelles vous cherchez à changer d’entreprise, vous devrez légitimer votre actuel choix de carrière par un argument professionnel. Personne n’aime être critiqué et encore moins savoir qu’il pourra l’être…

8. Au revoir, et merci

Dernier point important lors d’un entretien d’embauche, la manière dont vous y mettez un terme. Si un recruteur vous demande à la toute fin si vous avez des questions, il est vital d’avoir noté – par écrit – dans un coin de votre tête les points que vous souhaitez approfondir. Cela signifie que vous vous projetez déjà dans le poste et que vous prenez les choses au sérieux. Enfin, pour conclure l’entretien, il est important de remercier votre interlocuteur, de lui dire au revoir et, encore mieux, de saluer les autres personnes qui vous ont accueilli. Sinon, le ou la personne à l’accueil aura vite fait de vous tailler un costard…

 

De l’école jusqu’au lycée, les profs en grève contre les suppressions de postes

C’est une première depuis 2011 : tous les syndicats des personnels de l’éducation appellent à la grève lundi 12 novembre pour dénoncer les suppressions de postes. Ce mouvement risque de perturber la journée de classe dans les écoles, collèges et lycées. A Paris, un cortège s’élancera à 14 heures de Luxembourg pour rallier le ministère et des manifestations sont prévues dans les grandes villes.

Le budget 2019, dont le volet éducation nationale sera discuté en plénière mardi à l’Assemblée nationale, prévoit de supprimer 2 650 postes dans les collèges et lycées publics, 550 dans le privé, 400 dans l’administration. Quelque 1 800 postes seront créés au primaire, en vertu de « la priorité au primaire » voulue par le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer.

Pour réclamer l’annulation de ces suppressions de postes, les syndicats des fédérations FSU, CFDT et UNSA, dans le primaire (écoles maternelles et élémentaires) et le secondaire (collèges et lycées), ont appelé à la grève, dans le public et le privé.

Les syndicats de l’éducation nationale d’autres fédérations (CGT, SUD, FO) ont eux aussi appelé au mouvement, contre les suppressions de postes mais aussi contre la réforme de l’enseignement professionnel, la réforme du lycée et plus largement contre « la casse du statut général de la fonction publique ». Enfin, le syndicat Snalc s’est associé aux deux plates-formes.

Lire l’entretien avec Laurent Frajerman :   « M. Blanquer est en train d’associer l’image d’une réforme à l’austérité budgétaire »

Poussée démographique

Selon Stéphane Crochet, à la tête du SE-UNSA, c’est la première fois depuis 2011 qu’un appel à la grève sur une thématique éducation rassemble toutes les organisations syndicales, de la maternelle au lycée, dans le public et dans le privé.

En 2011, les enseignants s’étaient mobilisés contre une réforme des carrières et de l’évaluation des professeurs, mesure qui avait ensuite été supprimée après la victoire de François Hollande à la présidentielle. Les personnels « ne comprennent pas » les réductions d’effectifs dans le secondaire, au regard de la poussée démographique attendue en collèges et lycées, souligne Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du SGEN-CFDT. Laurent Berger, secrétaire national de la CFDT, a évoqué lundi sur Franceinfo l’exaspération « extrêmement profonde » des enseignants, qui « n’en peuvent plus ».

L’agence des statistiques du ministère de l’éducation, la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, prévoit une hausse de 40 000 élèves à chaque rentrée entre 2019 et 2021.


Mais ce choix est assumé par le gouvernement. « Ça fait trente ans qu’on explique (…) que nous avons trop de monde au lycée et qu’on sous-investit chroniquement dans le primaire. Nous, on a décidé de mettre le paquet au départ sur l’éducation dans le primaire », a justifié lundi sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

Mais ces suppressions annoncées passent d’autant moins après le mouvement #PasDeVague suscité par le braquage, avec une arme factice, d’une enseignante par un lycéen, au sein d’un établissement de Créteil en octobre, ajoute Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU, premier syndicat dans le secondaire.

Le fact-checking :    Non, il n’y a pas de « réductions d’effectifs d’élèves » justifiant 1 800 suppressions de poste

« Une école de la défiance »

Le nombre des suppressions de postes peut paraître faible par rapport à la totalité des agents de l’éducation nationale (environ un million), mais les syndicats s’attendent à ce qu’elles soient suivies d’autres réductions d’effectifs.

Emmanuel Macron a expliqué vouloir supprimer 50 000 postes dans la fonction publique d’Etat d’ici à 2022. L’éducation nationale, qui représente la moitié des effectifs de cette branche de la fonction publique, risque d’être largement mise à contribution, estime Frédérique Rolet.

Le SNUipp-FSU, premier syndicat dans le primaire, s’agace d’« une pseudopriorité » donnée au primaire, affirmant que les postes créés sont loin de couvrir les besoins nés du dédoublement des classes de CP et CE1 en zone d’éducation prioritaire. Plus généralement, le syndicat critique la politique de Jean-Michel Blanquer, qui donne « le tournis » et créé « une école de la défiance », à l’encontre de « l’école de la confiance » voulue par le ministre.

L’entretien avec Jean-Michel Blanquer :   « L’ensemble des mesures prises sont des mesures sociales »