Recherche d’emploi et difficultés
Le groupe Divalto, éditeur de logiciels à destination des PME-PMI, se porte bien. En 2017, son chiffre d’affaires a presque atteint les 25 millions d’euros, en hausse de 18 %. Un résultat qui pourrait être supérieur, selon le président de Divalto, Thierry Meynle, si cette belle PME n’avait un problème de taille : le recrutement. Alors que l’entreprise cherche à embaucher une centaine de personnes au cours des deux à trois ans prochains afin d’accompagner son développement, il lui faut en moyenne six mois pour recruter un informaticien ou un intégrateur ! Une situation préjudiciable à l’entreprise – et, à grande échelle, un véritable handicap pour l’économie française.
« Nous sommes considérablement freinés dans notre développement par ce problème de ressources. Cela entraîne des retards pour nos clients, et il y a des affaires sur lesquelles nous n’allons pas… Nous estimons entre 10 % et 20 % la progression de chiffre d’affaires qu’on ne capte pas à cause de cela », affirme Thierry Meynle. Le groupe Divalto est loin d’être un cas isolé. « Aujourd’hui, c’est LE sujet dans notre secteur », souligne M. Meynle. « Selon les chiffres donnés par Syntec [fédération professionnelle qui rassemble 1 250 entreprises du secteur de l’ingénierie, du numérique, des études et du conseil], il ne manque pas loin de 100 000 informaticiens en France. »
L’informatique n’est pas l’unique métier concerné. Aussi étonnant que cela puisse paraître dans un pays qui comptait 3,4 millions de chômeurs fin septembre (chiffres de Pôle emploi), plusieurs secteurs ont du mal à recruter : l’industrie, la construction, le commerce, les services aux entreprises et aux particuliers – sans oublier l’agriculture, qui est toujours en recherche régulière des bras pour les vendanges et autres récoltes, selon les données de Pôle emploi. Une situation qui pourrait laisser penser un peu rapidement qu’il suffirait aux chômeurs « de traverser la rue » pour trouver du travail, comme l’a affirmé Emmanuel Macron le 16 septembre à un demandeur d’emploi interloqué. Mais, sur le marché du travail, l’adéquation entre l’offre et la demande n’est pas une question de rue à traverser, mais plutôt de compétences.
« Nous n’avons plus de filières de formation dans notre métier »
Au total, d’après les estimations de Pôle emploi, ce serait entre 200 000 et 333 000 emplois (dont 110 000 à 181 000 emplois durables) qui n’auraient pas trouvé preneur en France en 2017. Dans neuf cas sur dix, ces recrutements n’ont pas abouti faute de candidats formés en nombre suffisant ou parce que les candidats ne disposaient pas d’une « technicité assez pointue ».