Le gouvernement souhaite prolonger les règles actuelles d’indemnisation de l’assurance-chômage jusqu’au 30 septembre, selon un projet de décret transmis aux partenaires sociaux mercredi soir et dont l’Agence France-Presse (AFP) a obtenu une copie jeudi 11 juillet.
L’exécutif avait fini par renoncer à une réforme controversée de l’assurance chômage, durcissant notamment les règles d’accès aux indemnités, au soir du premier tour des élections législatives. Le nouveau projet de décret « a pour objet de proroger, jusqu’au 30 septembre 2024, les dispositions du décret » précédant, qui cesseront d’être en vigueur le 31 juillet 2024. Il permet ainsi de poursuivre le paiement de l’allocation aux chômeurs.
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Le Monde avec AFP
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« La cadence, la cadence, la cadence. Tout est millimétré. » En commençant sa journée de travail trois heures avant l’ouverture de l’un des 316 supermarchés Grand Frais de France, Antoine – son prénom a été changé par crainte de représailles –, employé du rayon des fruits et légumes, sait déjà à quoi s’attendre. Ce trentenaire aux cheveux courts commence toujours par « bien refaire le tri, tailler toutes les croûtes noircies des salades, enlever les premières feuilles des choux… », avant de disposer l’arrivage du matin dans les rayons « selon une technique bien précise qu’il faut respecter ».
Pas question de « retourner les cagettes pour les vider dans le rayon », ni de « monter les pommes goldens, trop fragiles, sur deux étages »,il doit « placer une par une les bottes de radis », bien aligner les concombres les uns après les autres « en quinconce »… Faute de quoi, il risque de faire baisser sa note mensuelle – résultante à la fois de son travail et de son comportement –, qui améliore ses fins de mois d’une prime pouvant aller jusqu’à 150 euros brut.
Avant que les premiers clients poussent les portes de son supermarché, tout doit être « bien rangé à plat pour avoir le maximum d’impact visuel », précise-t-il. Mais aussi après, quand les rayons se vident. Entre tous ses « va-et-vient avec la réserve », à porter parfois des « colis de bananes de 20 kilogrammes » pour réajuster les étals au fil des ventes, Antoine marche « entre 8 et 9 kilomètres par jour ». Ce rythme-là, d’ailleurs, lui a déclenché une dorsalgie il y a quelques mois, qu’il a soulagée avec des antibiotiques, quand certains de ses collègues en sont à porter discrètement des ceintures dorsales sous leurs vêtements.
Bienvenue chez Grand Frais, enseigne en pleine croissance (130 magasins il y a dix ans, 316 aujourd’hui), mais aussi système implacable, avec son aspect extérieur attirant et ses rouages complexes. Côté face, ce sont des magasins inspirés des halles alimentaires de Paris, avec des étals de fruits et de légumes brillants comme s’ils venaient d’être récoltés et rangés aussi esthétiquement que sur une photo publiée sur Instagram, qui donnent aux clients l’envie de tout acheter, et aux concurrents de les imiter. Côté pile, une galaxie composée de plusieurs centaines de sociétés et un savant découpage de microentreprises qui étouffe tout dialogue social.
Trois marques
Fondé en 1992 à Givors, dans la région lyonnaise, par Denis Dumont, grossiste et fils de grossiste – quatorzième personnalité française la plus riche de Suisse en 2022, selon le magazine Bilan –, le concept Grand Frais se décline avec trois marques : les supermarchés Grand Frais, dont le 316e a ouvert le 3 juillet à Marseille, et ses points de vente de près de 1 000 mètres carrés dans des zones commerciales ; l’enseigne Fresh, au logo vert et blanc, et ses 52 supermarchés de moins de 500 mètres carrés qui se développent depuis 2017 dans des petites villes de province ou leur périphérie ; et, enfin, Mon-marché.fr, un service de commande en ligne sur Paris et sa proche banlieue, lancé en mars 2020, dont le premier magasin a ouvert le 27 mars dans Paris.
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La feuille de route a été fixée in extremis, quelques jours avant le très probable changement d’équipe gouvernementale. Vendredi 5 juillet, le ministère du travail et celui des comptes publics ont signé la conventionqui définit, pour six ans, les objectifs et les moyens de la branche accidents du travail-maladies professionnelles (AT-MP) de la Sécurité sociale. C’est l’aboutissement d’une laborieuse gestation, qui était attendu depuis des mois par les acteurs d’un écosystème chargé – en particulier – de réduire les risques liés à l’exercice d’une activité dans le monde de l’entreprise.
La branche AT-MP remplit trois missions : indemniser les victimes d’un accident, ou d’une pathologie, imputable au travail, déterminer le taux de cotisation des employeurs qui financent le régime et engager des actions de prévention pour diminuer autant que possible les sources de « sinistralité » (chutes, troubles musculo-squelettiques, exposition aux produits chimiques, souffrances psychosociales…).
Le dispositif occupe une place à part au sein de la « Sécu » : coiffé d’une commission dans laquelle siègent des représentants du patronat et des syndicats, ses interventions sont cadrées par uneconvention pluriannuelle conclue avec l’Etat. Celle qui a été signée vendredi aurait dû être ficelée depuis longtemps car elle vaut pour la période 2023-2028. Mais les discussions entre les protagonistes se sont éternisées en raison de désaccords sur plusieurs points (amélioration de l’indemnisation, révision à la hausse des crédits qui tracassait Bercy…).
« Satisfaction »
Finalement, un compromis a été trouvé, dont l’un des buts principaux est d’accroître les ressources en faveur de la lutte contre les risques professionnels. Le « fonds national » spécifique à la prévention recevra près de 62 millions d’euros en plus d’ici à 2028, par rapport à son budget de 2022. Cet effort permettra d’étoffer le nombre d’agents affectés à de telles missions (près de deux cents postes supplémentaires, notamment de « préventeurs » et de « contrôleurs-santé »), tout en augmentant l’enveloppe allouée à l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), un opérateur-clé du système.
Parallèlement, les aides aux entreprises seront portées à 120 millions d’euros en 2028, contre 80 millions en 2023. En outre, quelque 150 millions d’euros par an sont prévus pour soutenir les entreprises qui s’attaquent à « l’usure professionnelle » de leurs salariés en améliorant « l’ergonomie » des postes (limiter le port de charges lourdes, la répétition des mêmes gestes, etc.).
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Avec seize mois rémunérés, à se partager entre les deux parents, la Suède était déjà connue pour avoir les congés parentaux parmi les plus généreux du monde. Depuis le 1er juillet, ils le sont encore plus : désormais, les pères, les mères ou les compagnons de ceux-ci ne sont plus les seuls à pouvoir bénéficier d’une allocation quand ils restent à la maison avec l’enfant. La loi les autorise à se faire remplacer par un grand-parent, un oncle, une tante, ou n’importe quelle personne de leur choix, pour 90 jours maximum.
Dans le système actuel, les parents ont le droit à 480 jours de congé indemnisés – qu’ils soient deux, ou seuls. Pendant 390 jours, l’allocation atteint environ 80 % du revenu. Pour les 90 jours restants, elle est plafonnée à 180 couronnes (16 euros) par jour. Les congés doivent être pris avant les 12 ans de l’enfant. Au cours des quinze premiers mois, les parents peuvent rester soixante jours ensemble à la maison ; 90 des 480 jours sont réservés à chacun d’entre eux.
Selon le dernier rapport de l’agence d’assurance sociale (Försäkringskassan), publié mi-juin, les pères ont pris 27 % des congés, soit 130 jours, pour les enfants nés en 2021 – une augmentation de sept points sur dix ans. Mais, depuis plusieurs années, plus que sur l’égalité hommes-femmes, les discussions portent sur l’opportunité d’un élargissement des indemnités à d’autres bénéficiaires. En partie pour alléger la charge des mères célibataires.
« Flexibilité »
En introduction de la réforme, entrée en vigueur le 1er juillet, le gouvernement libéral conservateur, soutenu par l’extrême droite, constate que « les familles suédoises sont différentes et ont des besoins différents », et que les restrictions « peuvent empêcher certaines personnes de s’occuper d’un enfant, et les parents de concilier vie familiale et vie professionnelle ». L’objectif est d’introduire de la « flexibilité ».
Selon le nouveau système, donc, chaque parent peut transférer 45 jours de congé à la personne de son choix, sans limite d’âge. Celle-ci percevra une allocation calculée selon sur son revenu, si elle travaille, ou le niveau de base, si elle est à la retraite. Sur Facebook, le premier ministre suédois, Ulf Kristersson, s’est félicité d’une réforme qui permettrait enfin « à un grand-père » de prendre un congé parental.
Mais la mesure ne fait pas l’unanimité. Les sociaux-démocrates, notamment, s’inquiètent d’une « marchandisation » des congés parentaux, qui pourrait alimenter un « système de nounous ». Le PDG de la société Nanny.nu a fait savoir, fin 2023, qu’il envisageait de développer un nouveau service pour aider les parents à trouver des baby-sitters, moyennant une commission.
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C’est la grande gueule du restaurant Les Philosophes qui accueille les clients de sa voix énergique d’ancien comédien de théâtre. En chemise blanche, veston et tablier, plateau rond sous le bras, Khaled, Algérien de 47 ans, virevolte entre les tables de cette brasserie parisienne du quartier du Marais, dans le 4e arrondissement. « Profitez bien de moi, car, avec ce qui se passe, bientôt je ne serai plus là ! Vous m’escorterez jusqu’à l’aéroport Charles-de-Gaulle ! », lance-t-il, gouailleur, à une cliente attablée en terrasse.En fond sonore, un musicien de rue joue Les Champs-Elysées à la clarinette.
Arrivé sans papiers en France en 2000, Khaled a d’abord travaillé « au black » sur les marchés parisiens, puis comme préparateur de palettes chez un producteur de fruits et légumes des Yvelines. Il a tenté d’obtenir, en vain, un titre de séjour, jusqu’à recevoir une obligation de quitter le territoire en 2005. Il est resté et doit sa régularisation à son mariage avec une Française, avec qui il a eu deux filles. Il travaille dans la restauration depuis sept ans. « Ici, on peut sortir 700 couverts par jour, c’est physique. On doit gérer des gens stressés, des gens qui font la queue. Faut être solide. Peu de Français veulent faire ces métiers ! », commente-t-il.
De fait, au restaurant Les Philosophes, des Français, comme le dit le patron Xavier Denamur, il n’y en a presque pas.Pour préparer les cuisses de canard confites ou servir le filet de bœuf d’Aubrac, toute la planète est de la partie : on croise des Sri-Lankais, un Erythréen, un Russo-Ukrainien, un Angolais, un Belge, un Cap-Verdien, un Sénégalais… « Quand je passe une annonce pour recruter, il n’y a que des immigrés qui postulent. Ce sont des boulots où il faut accepter de travailler les week-ends, les soirs jusqu’à tard. A Paris, sans les étrangers, les restaurants, ils ne tournent pas ! », lance Xavier Denamur.
« On a besoin de l’immigration ! »
En Ile-de-France, en particulier, ce secteur est très dépendant de la main-d’œuvre immigrée : 40 % des employés de l’hôtellerie et de la restauration sont étrangers et 50 % des cuisiniers, selon l’Insee. Sur l’ensemble de la France, ils représentent respectivement 19,3 % et 22 % de ces métiers, selon la Dares.
Que deviendrait ce secteur en cas de durcissement de la politique migratoire, élément-clé du programme du Rassemblement national (RN) ? La suppression du droit du sol, la restriction du regroupement familial, la suspension des régularisations des étrangers en situation irrégulière, comme évoqué par Jordan Bardella dans la présentation de son programme, auraient des conséquences majeures – comme sur tous les secteurs qui emploient de nombreux étrangers, tels le bâtiment ou le nettoyage. Selon la Dares et l’Insee, ils représentent ainsi 27 % des ouvriers non qualifiés du BTP en France – et même 60 % en Ile-de-France – et 38,8 % des employés de maison (61,4 % en Ile-de-France).
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Quelques heures à peine après le résultat du premier tour des élections législatives, le premier ministre Gabriel Attal a décidé « de suspendre la mise en œuvre de la réforme de l’assurance-chômage », a indiqué son entourage à l’AFP, dimanche 30 juin au soir. Un renoncement qui marque l’échec du gouvernement alors que la coalition présidentielle Ensemble est arrivée troisième du scrutin, loin derrière le Rassemblement national (RN) et le Nouveau Front populaire. « Première victoire des électeurs RN ! Quand le peuple vote, le peuple gagne ! », a aussitôt réagi Marine Le Pen, dimanche soir.
La réforme de l’assurance-chômage, critiquée par les syndicats et de nombreuses forces politiques – de la gauche au RN en passant par le centre droit –, devait initialement faire l’objet d’un décret publié au Journal officiel avant le dimanche 30 juin, date à laquelle les règles d’indemnisation actuelles arrivent à échéance. Vendredi 28 juin, le ministère du travail avait annoncé que ce ne serait finalement pas le cas avant le 1er juillet.
Pour éviter un vide juridique, les dispositions actuelles de l’assurance-chômage n’étant en vigueur que jusqu’à ce dimanche, un « décret de jointure », prolongeant ces règles, va être publié lundi 1er juillet au Journal officiel, précisent Matignon et le ministère du travail.
Machine arrière
Cette décision met fin à un mois d’atermoiements de la part de l’exécutif. Pressé de retirer sa réforme depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, le gouvernement s’était refusé à faire machine arrière. Le 13 juin, le locataire de Matignon avait ainsi affirmé qu’« un décret sera[it] pris d’ici au 1er juillet » pour mettre en œuvre ce projet. La veille, Emmanuel Macron avait été plus flou, lors d’une conférence de presse, laissant entrevoir une réflexion sur le sujet, pour prendre en compte le « temps électoral » : « Ça doit se reprendre après. Est-ce que ça doit passer par l’Assemblée ? Est-ce que ça doit passer par un décret ? On le verra le lendemain [du scrutin]. »
La réforme en question devait fortement durcir, à partir du 1er décembre, les conditions dans lesquelles les demandeurs d’emploi peuvent bénéficier de l’assurance-chômage. Le texte faisait passer la durée de travail nécessaire pour toucher une allocation à huit mois sur les vingt derniers (contre six sur vingt-quatre, aujourd’hui, pour ceux qui ne sont pas considérés comme des seniors). La période d’indemnisation était, elle, raccourcie de dix-huit mois à quinze mois (les personnes d’au moins 57 ans étant soumises à un système plus favorable). La mesure devait permettre au gouvernement de réaliser 3,6 milliards d’euros d’économies par an.
Après une première audience très animée au début de juin, le directeur général de Casino (Monoprix, Franprix, Cdiscount), Philippe Palazzi, a annoncé, jeudi 27 juin, un « accord de principe avec les partenaires sociaux » à la sortie de la cour d’appel de Paris. Il concerne les modalités du plan social en cours et ouvre la voie à davantage d’apaisement entre la direction et le personnel.
Cet « accord » porte notamment sur l’indemnisation dite supralégale et sur les congés de reclassement dans le cadre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncé à la fin d’avril et qui pourrait concerner de 1 300 à 3 200 postes. « Les discussions ont été âpres, mais cela s’est fait dans l’intérêt de l’entreprise et des salariés », a souligné M. Palazzi, à la sortie de l’audience.
Le dirigeant, la directrice générale des enseignes Casino, les représentants du personnel, les administrateurs et mandataires judiciaires avaient été convoqués par la cour d’appel de Paris en raison de leur rôle pendant de longs mois dans le sort du distributeur en grande difficulté. Une première audience, très animée, s’était déjà tenue le 5 juin.
L’audience en appel a été renvoyée en septembre
Le comité social et économique central (CSEC) de Distribution Casino France (DCF), l’une des principales entités du groupe Casino, avait fait appel, en mars, du jugement du tribunal de commerce de Paris validant le plan de sauvegarde accéléré de la société. Ce sauvetage, provoqué par l’endettement devenu insoutenable du distributeur et au terme duquel le groupe est tombé dans l’escarcelle du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, ne respectait pas « le droit des procédures collectives » ni « les intérêts des salariés », estimait le CSEC.
La cour d’appel avait considéré, le 5 juin, que les engagements sociaux de Casino et des repreneurs n’étaient « pas assez précis ». Elle suggérait la mise en place d’une médiation, rejetée en bloc par DCF et les repreneurs – Daniel Kretinsky et ses alliés, Marc Ladreit de Lacharrière et le fonds Attestor.
Cependant, il pourrait y avoir une « volonté d’apaisement avec une renonciation réciproque à toute action » judiciaire au vu de l’accord trouvé, jeudi 27 juin, a expliqué Matthieu Boissavy, l’un des avocats des salariés. Il s’est réjoui de cet « accord concernant les mesures sociales en faveur des salariés, notamment sur l’indemnisation supralégale et les congés de reclassement ». L’audience en appel a été renvoyée, à la demande des salariés, et se tiendra le 25 septembre, afin de laisser le temps de « formaliser » l’accord ainsi trouvé.
« Soulager les salariés »
Pour Philippe Palazzi, l’accord va « soulager les salariés » encore dans l’attente. Il n’a pas souhaité en divulguer les détails, précisant simplement qu’il ne concernerait pas les quelque 15 800 salariés qui ont changé d’enseigne et d’employeur à la suite de la cession par Casino de l’essentiel de ses magasins « grand format » à ses concurrents Mousquetaires-Intermarché, Auchan et Carrefour.
« Il y a la portabilité en France des acquis sociaux ou des contrats prévue dans la loi pour quinze mois, ensuite ils intégreront les accords sociaux de chaque enseigne », a-t-il rappelé, en affirmant avoir « de très bons retours des salariés concernant Auchan et la façon dont les salariés ont été accueillis, avec beaucoup de formations, d’accueil et de bienveillance ».
Casino employait encore à la fin de 2022 quelque 200 000 personnes dans le monde, dont 50 000 en France, avant de multiplier les cessions. Ses effectifs sont passés sous les 30 000 salariés avant même le PSE en cours de négociation. L’ampleur de ce plan devrait être connue en détail au plus tard en septembre.
Une volte-face au pied du mur. A la veille de ce qui devait être la date de l’offre de rachat par le milliardaire catholique conservateur Pierre-Edouard Stérin et à trois jours de la date butoir des négociations exclusives avec le groupe CMI du tchèque Daniel Kretinsky, la rédaction de Marianne s’est finalement cabrée, s’opposant à la vente du magazine à M. Stérin.
Parmi les journalistes de l’hebdomadaire votant jeudi 27 juin au soir, 80 % ont validé l’idée d’une grève reconductible qui commencera vendredi 28 juin à partir de 6 heures du matin, deux jours avant le premier tour des législatives anticipées. Son but ? L’arrêt définitif des négociations avec M. Stérin ou le refus de l’offre de rachat par le fondateur de Smartbox.
« La directrice de la rédaction, Natacha Polony, nous a assuré ce soir, peu après 20 heures, que la vente était suspendue après discussions avec Alban du Rostu et Denis Olivennes [les émissaires de MM. Stérin et Kretinsky]. Mais cela ne nous convainc pas, on veut l’arrêt total de la vente », expliquait une journaliste sous couvert d’anonymat, quelques minutes après le vote de la grève. Contactés à propos de cette suspension, Mme Polony, M. Olivennes, ainsi que M. Stérin n’ont pas répondu à nos questions.
Moins d’une semaine avant pourtant, vendredi 21 juin, la même rédaction pensait avoir tranché la question. Les journalistes de l’hebdomadaire – créé en 1997 par Jean-François Kahn et Maurice Szafran – avaient répondu non à la question « la rédaction doit-elle s’opposer au rachat par Pierre-Edouard Stérin, quelles que soient les garanties d’indépendance obtenues ? », à 60,3 % des voix. La majorité des journalistes estimait ainsi que les garanties d’indépendance qu’ils avaient arrachées – l’approbation par la rédaction de son directeur et sa représentation au sein du futur conseil d’administration – allaient protéger le journal des possibles immixtions de son futur actionnaire. Une partie, minoritaire, jugeait que l’antagonisme entre les valeurs fondatrices du magazine et M. Stérin restait trop profond.
Des liens avec Marine Le Pen
Ce sont les révélations du Monde, mercredi 26 juin, qui ont changé la donne avec la publication d’un article démontrant les liens Pierre-Edouard Stérin avec Marine Le Pen et le Rassemblement national (RN), par le biais du financier François Durvye, et son intention de soutenir des candidats aux législatives sous la bannière RN-LR. « Il nous dit depuis deux mois qu’il ne fait pas de politique alors qu’il est justement au cœur d’un projet politique. On se retrouve comme des lapins dans les phares d’une voiture », s’agace un journaliste.
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En raison d’une trésorerie en difficulté, la chambre commerciale du tribunal de Saverne (Bas-Rhin) a décidé, jeudi 27 juin, de placer le producteur de chariots de supermarché alsacien en liquidation avec poursuite d’activité. Par ce jugement, la juridiction a décidé de convertir le redressement judiciaire, qu’elle avait prononcé le 28 mai, en cette nouvelle procédure plus dure pour cette entreprise. Deux offres de reprise ont été déposées et seront analysées par le tribunal lors d’une audience le 16 juillet.
La première provient de l’actuel propriétaire, le groupe Cochez, basé à Valenciennes (Nord), spécialisé dans le transport et les services industriels. Celle-ci prévoit de garder quinze des 110 salariés, « abandonnant l’activité industrielle, se focalisant sur une activité de négoce et le reconditionnement de chariots », a affirmé Christophe Gillmé, l’administrateur judiciaire, à l’Agence France-Presse (AFP).
La seconde a été déposée par la société Skade Management de Stéphane Dedieu, ancien propriétaire de Caddie. Celle-ci reprendrait quarante-deux salariés, « conservant l’activité industrielle et développant une activité de négoce », a précisé l’administrateur judiciaire.
Au bord de la liquidation déjà en 2022
A l’issue de ce nouveau jugement, Pierre Dulmet, avocat du comité social et économique de l’entreprise, a fait part de ses attentes concernant les offres des repreneurs auprès de l’AFP. « Caddie reste en vie. Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Mais les candidats représentés devront considérablement améliorer leurs offres et présenter les gages suffisants pour convaincre les salariés et le tribunal », a-t-il réagi.
Déjà au bord de la liquidation, Caddie avait été repris en 2022 avec l’aide de fonds publics par Cochez. En mai 2023, l’entreprise avait annoncé arrêter sa production de chariots de supermarché en plastique, mettant en avant un souci environnemental. L’entreprise, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928, a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, indissociable du chariot métallique pour les grandes surfaces, avant de rencontrer des difficultés.
L’Etat, les hôpitaux et les collectivités locales ont versé près de 150 millions d’euros de « contributions » en 2023 au Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), a annoncé, jeudi 27 juin, ce dernier. Ces pénalités financières sont dues par les employeurs publics qui n’atteignent pas le seuil légal de 6 % de personnes en situation de handicap dans leurs effectifs.
La fonction publique d’Etat (ministères, agences, opérateurs…) a versé à elle seule près de 79 millions d’euros, soit plus de la moitié des 147,9 millions acquittés auprès du FIPHFP en 2023, selon le dernier rapport annuel de ce fonds, présenté jeudi à Paris. Les employeurs hospitaliers ont contribué à hauteur de 37,5 millions d’euros et ceux de la fonction publique territoriale ont payé 31,5 millions d’euros.
Les sommes versées au FIPHFP sont en recul de plus de 19 millions d’euros par rapport à l’année 2022, où elles avaient dépassé 167 millions. L’allégement de la facture s’explique par l’amélioration généralisée du taux d’emploi des personnes handicapées dans la fonction publique, qui s’est établi à 5,66 % en 2023, contre 5,45 % un an plus tôt (contre 4 % dans le secteur privé en 2022). Au total, parmi les 5,7 millions d’agents de la fonction publique, près de 270 000 sont bénéficiaires de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés.
« Le FIPHFP a encore fait cette année la démonstration de son efficacité au service de l’accélération, de l’insertion professionnelle et du maintien dans l’emploi des personnes en situation de handicap dans la fonction publique », a jugé la présidente de son comité national, Françoise Descamps-Crosnier, citée dans le rapport annuel.
Avec l’argent récolté, le fonds a financé 21,4 millions d’aides directes (une forme de soutien ponctuel) aux employeurs. Parmi les prestations les plus demandées par ces derniers figurent l’« aide à l’adaptation du poste de travail » (40 % des demandes d’aide), les « prothèses auditives » (21 %) et les « indemnités d’apprentissage » (8 %).
Le FIPHFP a également déboursé 41,2 millions d’euros dans le cadre de « conventions » passées avec les employeurs publics – des partenariats plus durables que les aides directes. Au début de mars, la Cour des comptes avait appelé le fonds à simplifier l’accès à ses aides et la procédure de conventionnement avec les employeurs.
« On est tout à fait en phase avec ces recommandations », avait assuré à la mi-mai à l’Agence France-Presse la directrice du FIPHFP, Marine Neuville. « On peut sûrement faciliter, simplifier encore », avait-elle ajouté.
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