Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, au « Monde » : « Il y a besoin de responsabiliser les entreprises sur chaque euro d’aide publique »
La secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, estime que la situation politique actuelle permet aux partenaires sociaux de jouer un plus grand rôle et de faire avancer leurs revendications. Elle s’inquiète des plans sociaux en cours, mais aussi des restructurations et pertes d’emploi moins visibles, qui se produisent notamment dans les petites entreprises.
Le projet d’accord sur l’assurance-chômage, sur lequel la CFDT rendra sa décision définitive jeudi 21 novembre après un premier avis favorable, engendre d’énormes économies. Est-ce vraiment une avancée pour les salariés et les demandeurs d’emploi ?
Oui, ça l’est. Pour la CFDT, il y avait un enjeu d’être en responsabilité, à la fois sur la gestion du régime et sur la trajectoire financière. Et puis nous avions ciblé des publics particuliers, notamment les saisonniers et les premiers entrants dans l’assurance-chômage – des jeunes, autrement dit –, pour lesquels nous voulions améliorer les règles.
Je suis tout à fait lucide sur le fait que l’accord dégage des économies, que des efforts sont demandés. La boussole de notre organisation, c’était qu’ils soient justes et le mieux répartis en fonction des demandeurs d’emploi, et que les employeurs prennent leur responsabilité. Nous savions aussi qu’en cas d’échec, la réforme violente de [l’ancien premier ministre] Gabriel Attal, qui a été suspendue, était toujours dans le paysage. L’enjeu de réussir était donc d’autant plus important.
L’accord sur l’emploi des seniors contient peu de mesures normatives. Incitera-t-il les entreprises à garder ou à embaucher des salariés proches de la soixantaine ?
L’accord permet de clarifier ce sur quoi on s’entend avec le patronat. Je ne pense pas que sur les seniors, il y ait une recette miracle, avec une mesure qui va tout régler. Mais il faut que nous puissions avancer progressivement. Nous verrons ce que le compromis trouvé produira, notamment sur la retraite progressive désormais ouverte à partir de 60 ans grâce à cet accord et nous reprendrons rendez-vous car le débat n’est pas clos.
Le gouvernement, qui vous avait invité à négocier, a salué les discussions achevées jeudi. Est-ce le retour en grâce des partenaires sociaux après sept années lors desquelles ils ont été malmenés ?
Je ne suis pas là pour refaire le film. Ce qui m’importe, c’est que la CFDT a tenu son rôle pour les travailleurs et les demandeurs d’emploi. Je savais qu’il fallait être au rendez-vous et nous l’avons été. J’attends maintenant que le gouvernement le soit, à son tour, en concrétisant cette confiance, avec une transposition rapide dans la loi des dispositions qui le nécessitent.
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