{"id":9520,"date":"2021-10-01T12:29:21","date_gmt":"2021-10-01T10:29:21","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2021\/10\/01\/pour-faire-face-au-changement-climatique-nous-aurons-besoin-de-plus-de-travail-humain_6096735_3232.html"},"modified":"2021-10-01T12:29:21","modified_gmt":"2021-10-01T10:29:21","slug":"pour-faire-face-au-changement-climatique-nous-aurons-besoin-de-plus-de-travail-humain","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/pour-faire-face-au-changement-climatique-nous-aurons-besoin-de-plus-de-travail-humain\/","title":{"rendered":"\u00ab\u00a0Pour faire face au changement climatique, nous aurons besoin de plus de travail humain\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
Tribune.<\/strong> Le XIXe<\/sup> si\u00e8cle avait produit une condition ouvri\u00e8re mis\u00e9rable, mais aussi son antidote : une profusion d\u2019utopies sur le travail, dont t\u00e9moignent les innombrables projets de phalanst\u00e8res, d\u2019ateliers sociaux ou de communaut\u00e9s de \u00ab producteurs associ\u00e9s \u00bb. Depuis, les conditions de travail se sont consid\u00e9rablement am\u00e9lior\u00e9es \u2013 m\u00eame si, en France, la moiti\u00e9 des actifs associent travail et mal-\u00eatre. En revanche, toute trace d\u2019utopie a disparu. Au contraire, l\u2019espace public est satur\u00e9 de pr\u00e9dictions anxiog\u00e8nes et d\u2019annonces gla\u00e7antes : disparition de l\u2019emploi sous les coups de l\u2019automatisation, fin des professions, polarisation accrue\u2026 Tout se passe comme si nous n\u2019avions pas notre mot \u00e0 dire et comme si toutes les innovations technologiques susceptibles d\u2019augmenter le profit de quelques-uns et de d\u00e9truire l\u2019emploi de tous devaient \u00eatre adopt\u00e9es co\u00fbte que co\u00fbte.<\/p>\n Cette doxa occulte surtout l\u2019absolue priorit\u00e9 qui devrait d\u00e9sormais \u00eatre la n\u00f4tre : engager au plus vite nos soci\u00e9t\u00e9s dans la reconversion \u00e9cologique et reconstruire de fond en comble notre \u00e9conomie. Les guerres, r\u00e9torquera-t-on, ont \u00e9t\u00e9 les seuls moments o\u00f9 des restructurations massives ont pu \u00eatre engag\u00e9es. Certes, mais nous sommes bien en guerre contre le r\u00e9chauffement climatique et nous avons peu de temps pour reconvertir notre \u00e9conomie. Prendre cette menace au s\u00e9rieux et s\u2019engager dans cette voie dessine paradoxalement un tout autre paysage pour l\u2019avenir du travail.<\/p>\n La mise en \u0153uvre d\u2019un tel sc\u00e9nario exige un certain nombre de conditions : rompre avec l\u2019obsession de la croissance (mais pas avec les activit\u00e9s utiles mises au service de la satisfaction des besoins essentiels de tous) ; encadrer notre production dans des limites sociales et environnementales strictes traduites dans quelques indicateurs (empreinte carbone, indice de bio-diversit\u00e9, indice de sant\u00e9 sociale) ; investir massivement pendant au moins vingt ans dans la r\u00e9novation thermique des b\u00e2timents, les infrastructures ferroviaires, cyclables et fluviales, mais aussi la sant\u00e9, l\u2019\u00e9ducation et la recherche ; faire de l\u2019Etat le chef d\u2019orchestre intelligent d\u2019une planification souple int\u00e9grant les territoires ; d\u00e9velopper la dimension emploi des sc\u00e9narios issus de la Strat\u00e9gie nationale bas carbone.<\/p>\n A toutes les \u00e9tapes et dans toutes les variantes de ce sc\u00e9nario, nous aurons besoin de plus de travail humain : d\u2019une part parce que les secteurs dont la production doit \u00eatre r\u00e9duite emploient moins de main-d\u2019\u0153uvre que ceux qui doivent \u00eatre d\u00e9velopp\u00e9s, mais aussi parce que nous devrons r\u00e9duire le recours \u00e0 des adjuvants chimiques et m\u00e9caniques g\u00e9n\u00e9rateurs de pollution et consommateurs d\u2019\u00e9nergie. Certes, il y aura des suppressions d\u2019emplois \u2013 dont l\u2019ampleur et les cons\u00e9quences d\u00e9pendront des choix collectifs que nous ferons. Mais dans tous les cas, nous assisterons de fa\u00e7on quasi certaine \u00e0 une forme d\u2019\u00ab d\u2019antid\u00e9versement \u00bb \u2013 Alfred Sauvy parlait de \u00ab d\u00e9versement \u00bb<\/em> des emplois du secteur primaire dans le secondaire puis le tertiaire \u00e0 mesure de l\u2019augmentation des gains de productivit\u00e9 \u2013 et \u00e0 de nombreuses cr\u00e9ations d\u2019emplois dans l\u2019agriculture, le b\u00e2timent, les travaux publics et l\u2019\u00e9nergie.<\/p>\n Il vous reste 38.39% de cet article \u00e0 lire. La suite est r\u00e9serv\u00e9e aux abonn\u00e9s.<\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Tribune. Le XIXe si\u00e8cle avait produit une condition ouvri\u00e8re mis\u00e9rable, mais aussi son antidote : une profusion d\u2019utopies sur le travail, dont t\u00e9moignent les innombrables projets de phalanst\u00e8res, d\u2019ateliers sociaux ou de communaut\u00e9s de \u00ab producteurs associ\u00e9s \u00bb. Depuis, les conditions de travail se sont consid\u00e9rablement am\u00e9lior\u00e9es \u2013 m\u00eame si, en France, la moiti\u00e9 des actifs associent travail et<\/p><\/div>\nEmplois utiles<\/h2>\n