{"id":8913,"date":"2021-03-31T05:10:23","date_gmt":"2021-03-31T03:10:23","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/actualite-medias\/article\/2021\/03\/31\/plantu-comment-voulez-vous-que-je-decroche-ce-truc-que-je-fais-c-est-pas-un-metier-c-est-une-vie_6075046_3236.html"},"modified":"2021-03-31T05:10:23","modified_gmt":"2021-03-31T03:10:23","slug":"plantu-comment-voulez-vous-que-je-decroche-ce-truc-que-je-fais-cest-pas-un-metier-cest-une-vie","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/plantu-comment-voulez-vous-que-je-decroche-ce-truc-que-je-fais-cest-pas-un-metier-cest-une-vie\/","title":{"rendered":"Plantu\u00a0: \u00ab\u00a0Comment voulez-vous que je d\u00e9croche\u00a0? Ce truc que je fais, c\u2019est pas un m\u00e9tier. C\u2019est une vie\u00a0!\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
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Par Annick Cojean<\/a> <\/span> <\/p>\n

Publi\u00e9 le 31 mars 2021 \u00e0 05h10, mis \u00e0 jour \u00e0 09h19<\/p>\n

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<\/span>R\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/p>\n<\/section>\n

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Entretien<\/span>Je ne serais pas arriv\u00e9 l\u00e0 si\u2026 Cette semaine, le dessinateur historique du journal se raconte \u00e0 travers son travail. Depuis son premier dessin en page 2 du \u00ab Monde \u00bb, en 1972, jusqu\u2019\u00e0 son dernier mercredi 31 mars, son trait aura accompagn\u00e9 les lignes du journal durant cinquante ans.<\/p>\n<\/section>\n<\/section>\n<\/div>\n

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En mai 2020, juste en sortie du premier confinement, Plantu est arriv\u00e9 au 67-69 rue Mend\u00e8s-France, \u00e0 Paris. Nouvelle r\u00e8gle pour un nouveau lieu, le dessinateur est pass\u00e9 comme toute la r\u00e9daction \u00e0 l\u2019open space.<\/p>\n

Mais l\u2019adaptation, il conna\u00eet, apr\u00e8s un demi-si\u00e8cle au Monde<\/em>. Alors, tr\u00e8s vite, dos \u00e0 la Seine, casque rempli de musique sur les oreilles, il a repris ses feuilles, ses crayons, ses stylos. Comme au premier jour. Et moins d\u2019un an plus tard, il accepte de revisiter sa carri\u00e8re, alors qu\u2019il publie son dernier dessin dans Le Monde<\/em>, mercredi 31 mars, avant de prendre sa retraite.<\/p>\n

Je ne serais pas arriv\u00e9 l\u00e0 si\u2026<\/h3>\n

\u2026 Si, un beau matin de 1972, le gardien de l\u2019immeuble du Monde,<\/em> rue des Italiens, enferm\u00e9 dans sa petite gu\u00e9rite, n\u2019avait pas laiss\u00e9 entrer le grand gar\u00e7on timide de 21 ans qui avait demand\u00e9 s\u2019il pouvait rencontrer un journaliste. Lequel ? Il ne savait pas. Il <\/strong>ne connaissait personne. Il voulait juste montrer ses dessins\u2026<\/p>\n

Le type m\u2019a dit de monter au premier \u00e9tage. Aussi simplement. Et sur le palier, un gar\u00e7on de bureau en uniforme gris, un \u0153il sur mon grand carton vert, a dit : \u00ab Vous \u00eates dessinateur, c\u2019est \u00e7a ? \u00bb Ben oui. Je gagnais ma vie comme vendeur d\u2019escabeaux au Galeries Lafayette, mais je comptais bien que ce job soit provisoire. J\u2019ai attendu dix minutes. Et on m\u2019a fait entrer dans le bureau d\u2019un homme tr\u00e8s impressionnant : de Gaulle.<\/p>\n

Pardon ?<\/h3>\n

Bernard Lauzanne, le r\u00e9dacteur en chef, il ressemblait beaucoup \u00e0 de Gaulle, en bienveillant. Il prend le temps de regarder chacun de mes dessins et me dit : \u00ab Oui, c\u2019est bien dans l\u2019esprit de ce qu\u2019on veut faire\u2026 \u00bb Et il conclut : \u00ab Continuez ! Envoyez-nous ce que vous faites, et revenez nous voir. \u00bb Je ne touche plus terre. Quand je m\u2019\u00e9tais point\u00e9 \u00e0 Pilote<\/em>, j\u2019avais \u00e9t\u00e9 re\u00e7u comme un chien.<\/p>\n

Et vous suivez son conseil ?<\/h3>\n

Et comment ! Le jour, je suis aux Galeries ; le soir, devant le journal t\u00e9l\u00e9vis\u00e9 ; la nuit, sur mes feuilles de papier. Au petit matin, je d\u00e9pose mon dessin au Monde<\/em>. La guerre du Vietnam, la Rhod\u00e9sie, Pompidou\u2026 Il faudra attendre trois mois avant qu\u2019un samedi matin, Lauzanne m\u2019annonce : \u00ab C\u2019est dans le journal de cet apr\u00e8s-midi. \u00bb<\/p>\n

Je d\u00e9vale les escaliers, je fonce au kiosque sous une pluie battante, mes Clarks trou\u00e9es pleines de flotte. Ma colombe est bien l\u00e0, page 2 de l\u2019\u00e9dition des 1er<\/sup>-2 octobre 1972. Ma colombe avec un point d\u2019interrogation dans le bec, pour exprimer l\u2019incertitude sur la fin de la guerre du Vietnam. C\u2019est incroyable ! Quelque temps apr\u00e8s, sort un deuxi\u00e8me dessin : Willy Brandt \u00e0 cheval sur le mur de Berlin. Puis un troisi\u00e8me : Pompidou, cigarette au bec, dans l\u2019Europe des Six.<\/p>\n

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Par Annick Cojean Publi\u00e9 le 31 mars 2021 \u00e0 05h10, mis \u00e0 jour \u00e0 09h19 R\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s EntretienJe ne serais pas arriv\u00e9 l\u00e0 si\u2026 Cette semaine, le dessinateur historique du journal se raconte \u00e0 travers son travail. Depuis son premier dessin en page 2 du \u00ab Monde \u00bb, en 1972, jusqu\u2019\u00e0 son dernier mercredi 31 mars, son trait<\/p><\/div>\n