{"id":7242,"date":"2020-04-12T10:00:11","date_gmt":"2020-04-12T08:00:11","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2020\/04\/12\/ludovic-tezier-si-l-on-n-y-prend-garde-le-virus-aura-la-peau-du-spectacle-vivant-et-particulierement-de-l-art-lyrique_6036374_3232.html"},"modified":"2020-04-12T10:00:11","modified_gmt":"2020-04-12T08:00:11","slug":"ludovic-tezier-si-lon-ny-prend-garde-le-virus-aura-la-peau-du-spectacle-vivant-et-particulierement-de-lart-lyrique","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/ludovic-tezier-si-lon-ny-prend-garde-le-virus-aura-la-peau-du-spectacle-vivant-et-particulierement-de-lart-lyrique\/","title":{"rendered":"Ludovic T\u00e9zier\u00a0: \u00ab\u00a0Si l\u2019on n\u2019y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particuli\u00e8rement de l\u2019art lyrique\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
Tribune. <\/strong>La mis\u00e8re rode autour des lendemains de tous ceux qui, de tr\u00e9teaux en tr\u00e9teaux, r\u00e9confortent le c\u0153ur de notre peuple.<\/p>\n Si l\u2019on n\u2019y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particuli\u00e8rement de l\u2019art lyrique. Souvent chahut\u00e9 et sempiternel victime expiatoire des mauvaises consciences budg\u00e9taires de notre R\u00e9publique, il attire pourtant un nombre consid\u00e9rable de nos concitoyens, parmi lesquels nombre de nos magnifiques m\u00e9decins, qui trouvent dans nos salles l\u2019\u00e9vasion que leur vie de labeur leur alloue parcimonieusement.<\/p>\n Je parle au nom des troubadours et saltimbanques qui vont par les routes, souvent loin des leurs, et dont l\u2019unique possibilit\u00e9 de construire leur vie repose sur l\u2019intangibilit\u00e9 du prochain contrat. Il y a bien peu de nantis dans ce petit monde laborieux, bien peu dont le calendrier aille outre les dix prochains mois. La vie des artistes est un combat quotidien sans aucune certitude qu\u2019une signature au bas d\u2019un papier.<\/p>\n Aujourd\u2019hui ces papiers sont d\u00e9chir\u00e9s, sans nulle autre pr\u00e9occupation que celle, louable \u00e0 certains \u00e9gards, qu\u2019ont nos th\u00e9\u00e2tres de pr\u00e9server leur propre survie. On les comprend, leur budget annuel est calcul\u00e9 avec un pr\u00e9visionnel quant aux revenus de la billetterie !\u2026<\/p>\n Donnez aux th\u00e9\u00e2tres les moyens qu\u2019ils m\u00e9ritent, donnez \u00e0 tous nos employeurs la capacit\u00e9 vitale d\u2019honorer nos contrats<\/p>\n<\/blockquote>\n Si l\u2019Etat ne comble pas incessamment la perte totale de ces revenus \u00e9vapor\u00e9s, indispensables \u00e0 nos th\u00e9\u00e2tres, c\u2019est bien nous, les artistes ind\u00e9pendants, qui feront par ricochet les frais de ce choix.<\/p>\n Nous le savons, la mesure de confinement durera ; personne ici ne peut envisager les choses autrement. Et plus cela durera, plus l\u2019impact sera ravageur dans tous les domaines de l\u2019\u00e9conomie. Nous sommes une partie non n\u00e9gligeable de cette \u00e9conomie, entre l\u2019activit\u00e9 g\u00e9n\u00e9r\u00e9e durant nos saisons et celle des festivals d\u2019\u00e9t\u00e9. Qui plus est, cette fatalit\u00e9, pour nous, est encore assombrie par la menace d\u2019un \u00e9ventuel retard \u00ab sanitaire \u00bb \u00e0 la r\u00e9ouverture des salles de plus de 1 000 places. Six mois.<\/p>\n Six mois, cela nous m\u00e8ne \u00e0 septembre 2020. Six mois, car le reste de la saison en cours est, \u00e0 l\u2019\u00e9vidence, totalement oblit\u00e9r\u00e9 et qu\u2019il est, chaque jour, plus \u00e0 craindre que l\u2019\u00e9t\u00e9 des festivals soit blanc.<\/p>\n Qui de nous, la constellation des professions artistiques, peut tenir sans une puissante aide les six prochains mois ? On parle beaucoup de la survie des entreprises et elle est indispensable ! Artistes, nous sommes notre propre entreprise, et notre survie, avec celles de nos proches, est directement menac\u00e9e.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Tribune. La mis\u00e8re rode autour des lendemains de tous ceux qui, de tr\u00e9teaux en tr\u00e9teaux, r\u00e9confortent le c\u0153ur de notre peuple. Si l\u2019on n\u2019y prend garde, le virus aura la peau du spectacle vivant, et particuli\u00e8rement de l\u2019art lyrique. Souvent chahut\u00e9 et sempiternel victime expiatoire des mauvaises consciences budg\u00e9taires de notre R\u00e9publique, il attire pourtant<\/p><\/div>\nFatalit\u00e9 assombrie<\/h2>\n
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Vous savez la valeur de l\u2019art dans une vie<\/h2>\n