Le but du gouvernement d\u2019avoir plus d\u2019\u00e9tudiants \u00e9trangers en augmentant les frais d\u2019inscription rel\u00e8ve d\u2019une approche \u00ab\u00a0marketing\u00a0\u00bb qui pourrait entra\u00eener \u00ab\u00a0un d\u00e9sastre scientifique, culturel et diplomatique\u00a0\u00bb, analyse Matthieu Gallou, pr\u00e9sident de l\u2019universit\u00e9 de Bretagne occidentale.<\/p>\n
Il faut reconna\u00eetre au gouvernement actuel le souci digne de se pencher sur des questions qui pr\u00e9occupent depuis des ann\u00e9es le monde de l\u2019enseignement sup\u00e9rieur. Ainsi la loi relative \u00e0 l\u2019orientation et \u00e0 la r\u00e9ussite des \u00e9tudiants a-t-elle opportun\u00e9ment mis fin, en\u00a02017, au dramatique et peu glorieux casse-t\u00eate du tirage au sort \u00e0 l\u2019entr\u00e9e des licences. De m\u00eame, le d\u00e9bat sur les droits d\u2019inscription des \u00e9tudiants extracommunautaires occupait depuis des ann\u00e9es les cercles universitaires. Le gouvernement pr\u00e9tend aujourd\u2019hui le trancher d\u2019autorit\u00e9, sans avoir apparemment consult\u00e9 qui que ce soit.<\/p>\n
Le programme Bienvenue en France comporte diverses dispositions, dont certaines, r\u00e9clam\u00e9es depuis longtemps, faciliteront sans doute en pratique l\u2019accueil des \u00e9tudiants \u00e9trangers. C\u2019est cependant la spectaculaire augmentation du montant r\u00e9glementaire des droits d\u2019inscription qui en constitue l\u2019aspect le plus significatif et aussi le plus probl\u00e9matique.
\nLe but affich\u00e9e par le gouvernement \u2013 passer de 343\u00a0000\u00a0\u00e0 500\u00a0000 \u00e9tudiants internationaux en huit ans \u2013 est tout \u00e0 fait estimable\u00a0: elle correspond \u00e0 l\u2019objectif de rayonnement de la science et de la culture fran\u00e7aises \u00e0 travers le monde. Cette ambition consiste cependant sur une approche \u00ab\u00a0marketing\u00a0\u00bb tr\u00e8s particuli\u00e8re, qui, pour avoir \u00e9t\u00e9 essay\u00e9e dans d\u2019autres pays avec des fortunes diverses, ne pr\u00e9sente ni toutes les garanties d\u2019efficacit\u00e9 ni tous les gages de conformit\u00e9 avec les valeurs de l\u2019enseignement sup\u00e9rieur fran\u00e7ais.<\/p>\n
Nouvelle politique<\/strong><\/p>\n La France risque en effet de perdre, au b\u00e9n\u00e9fice de l\u2019Allemagne ou de la Russie, son actuelle quatri\u00e8me place mondiale parmi les pays \u00ab\u00a0importateurs d\u2019\u00e9tudiants\u00a0\u00bb, et ce en raison de son d\u00e9ficit d\u2019attractivit\u00e9 par rapport aux pays d\u2019Asie, dont on conna\u00eet le dynamisme aussi bien d\u00e9mographique qu\u2019\u00e9conomique. C\u2019est donc en vertu de cette seule cible que semble construite la nouvelle politique, qui trouve l\u00e0 argument \u00e0 la hausse tr\u00e8s remarquable du montant des droits. En effet, habitu\u00e9s \u00e0 mesurer la valeur d\u2019une formation \u00e0 l\u2019aune du tarif\u00a0<\/strong>qu\u2019elle pratique, les \u00e9tudiants asiatiques jugeraient fort mal aujourd\u2019hui les dipl\u00f4mes fran\u00e7ais, trop bon march\u00e9 pour para\u00eetre de bonne qualit\u00e9. Il suffirait ainsi de multiplier les droits par quinze ou vingt pour redorer d\u2019un coup l\u2019image des formations fran\u00e7aises\u00a0: c\u2019est facile, et en plus \u00e7a peut rapporter gros.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Le but du gouvernement d\u2019avoir plus d\u2019\u00e9tudiants \u00e9trangers en augmentant les frais d\u2019inscription rel\u00e8ve d\u2019une approche \u00ab\u00a0marketing\u00a0\u00bb qui pourrait entra\u00eener \u00ab\u00a0un d\u00e9sastre scientifique, culturel et diplomatique\u00a0\u00bb, analyse Matthieu Gallou, pr\u00e9sident de l\u2019universit\u00e9 de Bretagne occidentale. Il faut reconna\u00eetre au gouvernement actuel le souci digne de se pencher sur des questions qui pr\u00e9occupent depuis des ann\u00e9es<\/p><\/div>\n