{"id":11553,"date":"2023-04-06T06:00:23","date_gmt":"2023-04-06T04:00:23","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/emploi\/article\/2023\/04\/06\/pouvoir-faire-un-beau-travail-quand-le-travail-bien-fait-est-assimile-a-un-acte-de-resistance_6168472_1698637.html"},"modified":"2023-04-06T06:00:23","modified_gmt":"2023-04-06T04:00:23","slug":"pouvoir-faire-un-beau-travail-quand-le-travail-bien-fait-est-assimile-a-un-acte-de-resistance","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/pouvoir-faire-un-beau-travail-quand-le-travail-bien-fait-est-assimile-a-un-acte-de-resistance\/","title":{"rendered":"\u00ab\u00a0Pouvoir faire un beau travail\u00a0\u00bb\u00a0: quand le travail bien fait est assimil\u00e9 \u00e0 un acte de r\u00e9sistance"},"content":{"rendered":"
Le livre.<\/strong> Dans les ann\u00e9es 1930, la philosophe Simone Weil (1909-1943) d\u00e9cide de travailler en usine. Au fil de ses exp\u00e9riences dans diff\u00e9rentes soci\u00e9t\u00e9s industrielles (Alsthom, Renault), elle m\u00e8ne une observation attentive du monde ouvrier. Face \u00e0 la condition des salari\u00e9s, elle explique : \u00ab Une seule chose rend supportable la monotonie, c\u2019est une lumi\u00e8re d\u2019\u00e9ternit\u00e9, c\u2019est la beaut\u00e9. \u00bb<\/em> \u00ab Pour elle, le beau est \u00e9mancipateur, c\u2019est un besoin social \u00bb<\/em>, analyse le sociologue Jean-Philippe Bouilloud.<\/p>\n Quelle place occupe la beaut\u00e9 dans le travail, dans l\u2019entreprise ? Quelle est sa fonction ? Pourquoi repr\u00e9sente-t-elle une attente des collaborateurs ? Les organisations s\u2019en saisissent-elles ? A travers son essai Pouvoir faire un beau travail<\/em> (Er\u00e8s), il part \u00e0 la recherche de la beaut\u00e9, de ses expressions, de ses finalit\u00e9s, dans les ateliers d\u2019artisans, les open spaces<\/a> des soci\u00e9t\u00e9s de services, les cha\u00eenes des industries.<\/p>\n Le menuisier qui r\u00e9alise une belle pi\u00e8ce, le m\u00e9canicien qui r\u00e8gle \u00e0 la perfection un moteur, le scientifique qui r\u00e9sout un probl\u00e8me\u2026 Le beau peut appara\u00eetre partout, explique l\u2019auteur, que ce soit dans l\u2019esth\u00e9tisme d\u2019une production, la pr\u00e9cision du geste, la satisfaction d\u2019un travail bien fait ou m\u00eame dans la bienveillance qui, parfois, transpara\u00eet dans les relations professionnelles.<\/p>\n Si ce concept de beaut\u00e9 est peu \u00e9voqu\u00e9, M. Bouilloud y voit pourtant l\u2019une des motivations des travailleurs, aux c\u00f4t\u00e9s de \u00ab la recherche de revenu, de statut social ou de liens avec autrui. <\/em>[Notre activit\u00e9] est travers\u00e9e de part en part par une autre dimension, celle de nos sensations et de l\u2019esth\u00e9tique \u00bb<\/em>, assure-t-il. Une dimension qu\u2019il assimile \u00e0 un acte de r\u00e9sistance qui se veut lib\u00e9rateur pour le travailleur. C\u2019est en effet, aux yeux de l\u2019auteur, une mani\u00e8re de s\u2019opposer : \u00ab Le travail bien fait contre la course \u00e0 la rentabilit\u00e9 ; la \u201cbelle ouvrage\u201d contre la standardisation \u00e0 bas prix, le beau geste comme acte critique de la part d\u2019un manageur ou d\u2019un dirigeant. \u00bb<\/em><\/p>\n Face \u00e0 des conditions de travail que l\u2019on d\u00e9plore, le travail bien fait peut permettre de \u00ab s\u2019affranchir de l\u2019int\u00e9r\u00eat \u00bb<\/em>, parfois au m\u00e9pris des r\u00e8gles. Ce peut \u00eatre le cas du \u00ab soignant qui passe plus de temps que pr\u00e9vu avec un malade pour lui tenir bri\u00e8vement compagnie \u00bb<\/em>, ou de \u00ab l\u2019op\u00e9ratrice de plate-forme t\u00e9l\u00e9phonique qui r\u00e9siste aux injonctions de sa hi\u00e9rarchie pour vraiment r\u00e9soudre le probl\u00e8me du client qu\u2019elle a en ligne, ou pour lui vendre un service qui correspond vraiment \u00e0 son int\u00e9r\u00eat \u00bb<\/em>.<\/p>\n Il vous reste 30.11% de cet article \u00e0 lire. La suite est r\u00e9serv\u00e9e aux abonn\u00e9s.<\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Le livre. Dans les ann\u00e9es 1930, la philosophe Simone Weil (1909-1943) d\u00e9cide de travailler en usine. Au fil de ses exp\u00e9riences dans diff\u00e9rentes soci\u00e9t\u00e9s industrielles (Alsthom, Renault), elle m\u00e8ne une observation attentive du monde ouvrier. Face \u00e0 la condition des salari\u00e9s, elle explique : \u00ab Une seule chose rend supportable la monotonie, c\u2019est une lumi\u00e8re d\u2019\u00e9ternit\u00e9, c\u2019est la<\/p><\/div>\nSens et valeur<\/h2>\n