{"id":11535,"date":"2023-04-03T18:30:10","date_gmt":"2023-04-03T16:30:10","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/podcasts\/article\/2023\/04\/03\/emploi-comment-trouver-sa-place-entre-conviction-et-realite_6168107_5463015.html"},"modified":"2023-04-03T18:30:10","modified_gmt":"2023-04-03T16:30:10","slug":"emploi-comment-trouver-sa-place-entre-conviction-et-realite","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/emploi-comment-trouver-sa-place-entre-conviction-et-realite\/","title":{"rendered":"Emploi\u00a0: comment trouver sa place, entre conviction et r\u00e9alit\u00e9\u00a0?"},"content":{"rendered":"
Faire du v\u00e9lo pour aller au travail, manger bio, limiter les trajets en avion, boycotter les v\u00eatements fabriqu\u00e9s de l\u2019autre c\u00f4t\u00e9 de la plan\u00e8te\u2026 Autant de gestes en ad\u00e9quation avec un mode de vie plus respectueux de l\u2019environnement qui contribue aux enjeux de la transition \u00e9cologique. Mais lorsqu\u2019on entre sur le march\u00e9 du travail, comment trouver un emploi qui r\u00e9ponde \u00e0 ses convictions ? Comment \u00e9viter les d\u00e9sillusions ? Tous les jeunes sont-ils concern\u00e9s par cette qu\u00eate de sens ? Comment les \u00e9coles et les entreprises s\u2019adaptent-elles aux attentes de ces jeunes engag\u00e9s ?<\/p>\n
Plusieurs personnalit\u00e9s ont confront\u00e9 leurs points de vue sur ces questions \u00e0 l\u2019occasion du festival Nos futurs, organis\u00e9 du 22 au 26 mars \u00e0 Rennes par Les Champs libres<\/a>, Sciences Po Rennes<\/a>, Rennes m\u00e9tropole<\/a> et \u00ab Le Monde Campus<\/a> \u00bb. Retrouvez l\u2019int\u00e9gralit\u00e9 des \u00e9changes dans le podcast \u00ab Nos Futurs, la parole \u00e0 la rel\u00e8ve \u00bb.<\/p>\n Avec la participation de :<\/em><\/p>\n Climat, justice sociale, intimit\u00e9, m\u00e9dias\u2026 Retrouvez tous les \u00e9pisodes de la saison 2 du podcast \u00ab Nos futurs, la parole \u00e0 la rel\u00e8ve \u00bb ici<\/a>.<\/strong><\/p>\n Dominique M\u00e9da<\/strong> On dit toujours que les jeunes sont paresseux, qu\u2019ils sont mat\u00e9rialistes, pas engag\u00e9s, etc. Tout \u00e7a est totalement faux. Ce que montrent les enqu\u00eates, c\u2019est au contraire que les jeunes ont des attentes immenses. Leurs attentes \u00e0 l\u2019endroit du travail sont \u00e0 peu pr\u00e8s les m\u00eames que celles des autres g\u00e9n\u00e9rations, mais beaucoup plus intenses. Ils veulent bien gagner leur vie, avoir un travail int\u00e9ressant et ils accordent aussi beaucoup d\u2019importance aux relations sociales et \u00e0 l\u2019ambiance de travail. Durant les vingt derni\u00e8res ann\u00e9es, j\u2019ai vu monter l\u2019importance de l\u2019\u00e9quilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Or, ces attentes viennent se fracasser sur la r\u00e9alit\u00e9 du travail. Il y a une \u00e9norme d\u00e9ception au moment de l\u2019entr\u00e9e dans le monde du travail. On les fait attendre tr\u00e8s longtemps avec des contrats \u00e0 dur\u00e9e d\u00e9termin\u00e9e, avec de l\u2019int\u00e9rim. Je crois finalement qu\u2019ils sont assez maltrait\u00e9s, et cela explique le d\u00e9senchantement. On a une avant-garde qui met ces questions en priorit\u00e9, mais on a l\u2019impression que ce sont des pr\u00e9occupations qui sont partag\u00e9es par l\u2019ensemble des classes.<\/p>\n L\u00e9a Falco <\/strong>Le collectif Pour un r\u00e9veil \u00e9cologique<\/a> dont je fais partie est constitu\u00e9 de jeunes de grandes \u00e9coles, donc des CSP +, pas forc\u00e9ment repr\u00e9sentatifs de tous les \u00ab jeunes \u00bb. Mais sur 2 000 jeunes de 18 ans \u00e0 30 ans qu\u2019on a interrog\u00e9s \u2013 plus repr\u00e9sentatifs de la population fran\u00e7aise \u2013, deux tiers d\u00e9claraient qu\u2019ils seraient pr\u00eats \u00e0 ne pas prendre un boulot parce qu\u2019il ne correspondait pas environnementalement ou socialement aux standards qu\u2019ils attendaient d\u2019un employeur.<\/p>\n Yannick Servant <\/strong>Il faut se poser la question : \u00e0 qui parle-t-on ? Est-ce que je peux demander \u00e0 des jeunes de Saint-Denis de s\u2019investir pour le climat par le biais de leur entreprise ? Est-ce que je peux leur en vouloir s\u2019ils se disent \u00ab Bah non, moi, je n\u2019en ai rien \u00e0 faire, je veux juste un job \u00bb <\/em>? <\/em>Absolument pas. S\u2019il y a une cat\u00e9gorie de personnes par laquelle commencer, ce sont les \u00e9tudiants de HEC, par exemple. Parmi eux, il y en a peut-\u00eatre 20 % qui sont hyperengag\u00e9s, 10 % qui n\u2019en ont rien \u00e0 faire et qui, au contraire, veulent continuer d\u2019aller travailler chez Goldman Sachs ou chez Glencore, et il y a un ventre mou. Et donc l\u00e0, sur la question de \u00ab comment on choisit son job \u00bb, on parle aux premiers 20 %, les plus engag\u00e9s. Ceux-l\u00e0 ont un pouvoir. Ils doivent sonder, oser, mettre en concurrence les employeurs pendant les entretiens de recrutement. Quand on a ce genre de dipl\u00f4me, on peut se le permettre.<\/p>\n L\u00e9a Falco<\/strong> Tout le monde ne peut pas se faire entendre. Seuls les CSP +, ceux qui vont occuper des postes de cadres, des postes d\u2019ing\u00e9nieurs, des postes de managers, peuvent influer r\u00e9ellement sur la structure de l\u2019entreprise et sur l\u2019orientation globale de l\u2019entreprise. Si vous \u00eates caissi\u00e8re ou pompiste, malheureusement, vous n\u2019avez pas les m\u00eames possibilit\u00e9s d\u2019action.<\/p>\n Mais les privil\u00e8ges s\u2019accompagnent d\u2019une responsabilit\u00e9 de prendre en compte ces r\u00e9alit\u00e9s sociales, puis de se demander : comment utiliser ce pouvoir ? Comment monter un collectif de salari\u00e9s ? Comment formuler clairement des revendications apr\u00e8s de la direction ? On s\u2019est rendu compte que les entreprises adorent les comit\u00e9s engag\u00e9s de salari\u00e9s parce que cela montre qu\u2019il y a un lieu de socialisation \u00e0 l\u2019int\u00e9rieur des entreprises.<\/p>\n Lucie Pinson <\/strong>Le probl\u00e8me avec ces collectifs, c\u2019est qu\u2019ils ne remettent pas fondamentalement en question le mod\u00e8le \u00e9conomique des entreprises. Sinon, ils ne seraient pas les bienvenus. De mon c\u00f4t\u00e9, j\u2019ai l\u2019impression qu\u2019il y a vraiment un enjeu pour les entreprises d\u2019attirer les meilleurs talents. Elles savent [si elles ne font pas d\u2019effort de transition] qu\u2019elles sont en train de r\u00e9duire la part du g\u00e2teau dans lequel elles peuvent piocher leur recrutement. Moi qui travaille dans la finance, je le vois bien : pourquoi choisir entre les renouvelables et les \u00e9nergies fossiles si on peut faire les deux ? Il y a un enjeu pour les acteurs \u00e9conomiques d\u2019\u00eatre si ce n\u2019est pas totalement \u00ab verts \u00bb, en tout cas moins sales que le camarade d\u2019\u00e0 c\u00f4t\u00e9, pour pouvoir s\u00e9duire.<\/p>\n Dominique M\u00e9da <\/strong>J\u2019ai un l\u00e9ger doute sur la capacit\u00e9 d\u2019un groupe de jeunes, y compris des jeunes dipl\u00f4m\u00e9s, \u00e0 changer la strat\u00e9gie de l\u2019entreprise. Mais on pourrait imaginer une autre organisation de l\u2019entreprise o\u00f9 les repr\u00e9sentants des salari\u00e9s auraient plus de place. C\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019on laisserait s\u2019exprimer les voix qui souhaitent produire selon d\u2019autres modalit\u00e9s, et peut-\u00eatre produire d\u2019autres choses aussi. Ce qui oblige \u00e0 une r\u00e9vision compl\u00e8te de la strat\u00e9gie de l\u2019entreprise. Cela vaut pour les jeunes mais pas seulement.<\/p>\n L\u00e9a Falco <\/strong>La r\u00e9flexion sur l\u2019engagement \u00e9cologique et social et la question du temps sont fondamentalement li\u00e9es. Aujourd\u2019hui, en entreprise, comme dans la fonction publique, cette question \u00e9merge : quel rapport au temps veut-on ? Elle fait partie des axes strat\u00e9giques dont \u00ab l\u2019\u00e9cosyst\u00e8me \u00e9colo \u00bb doit s\u2019emparer. Mais si \u00e7a a l\u2019air \u00e9vident de notre point de vue, il faut le faire entendre, le faire accepter, et enfin l\u2019imposer par la l\u00e9gislation, la r\u00e9gulation, \u00e0 des gens qui ne pensent pas du tout comme nous.<\/p>\n Lucie Pinson <\/strong>Je suis assez convaincue que la semaine de quatre jours<\/a> est n\u00e9cessaire pour donner plus de temps \u00e0 tout un chacun de participer \u00e0 la vie politique, pour penser, innover et trouver des solutions et inventer d\u2019autres mani\u00e8res de faire. Le temps de s\u2019organiser et de mettre en place un rapport de force qui poussera les d\u00e9cideurs \u00e9conomiques et politiques \u00e0 op\u00e9rer de vrais changements. C\u2019est ma conviction et en m\u00eame temps, je vois que c\u2019est extr\u00eamement difficile de l\u2019appliquer \u00e0 moi-m\u00eame d\u2019abord et \u00e0 Reclaim Finance<\/a>, l\u2019organisation que j\u2019ai fond\u00e9e et que je dirige. Quant \u00e0 la sant\u00e9 mentale au travail, elle est extr\u00eamement compliqu\u00e9e \u00e0 g\u00e9rer au quotidien. On a souvent un sentiment d\u2019urgence face au travail et on est extr\u00eamement angoiss\u00e9 devant la t\u00e2che \u00e0 accomplir. On peut vivre tr\u00e8s mal le moment o\u00f9 l\u2019on dit : \u00ab C\u2019est bon, l\u00e0, j\u2019ai fini ma journ\u00e9e. \u00bb<\/em> Il faut savoir dire non, prioriser, mais aussi accepter que tout ne peut pas \u00eatre fait tout de suite.<\/p>\n\n
Ce qu\u2019attendent les jeunes de leur travail<\/strong><\/h3>\n
Etre jeune actif et se faire entendre<\/strong><\/h3>\n
Adopter un autre rythme<\/h3>\n