{"id":10821,"date":"2022-10-14T05:30:14","date_gmt":"2022-10-14T03:30:14","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2022\/10\/14\/plurielle-affranchie-de-l-entreprise-la-valeur-travail-se-metamorphose_6145738_3232.html"},"modified":"2022-10-14T05:30:14","modified_gmt":"2022-10-14T03:30:14","slug":"plurielle-affranchie-de-lentreprise-la-valeur-travail-se-metamorphose","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/plurielle-affranchie-de-lentreprise-la-valeur-travail-se-metamorphose\/","title":{"rendered":"Plurielle, affranchie de l\u2019entreprise, la \u00ab\u00a0valeur travail\u00a0\u00bb se m\u00e9tamorphose"},"content":{"rendered":"
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Analyse.<\/strong> Pour celui qui ne trouve plus de carburant \u00e0 la pompe pour rejoindre son entreprise, le travail est d\u2019abord une source de revenu, comme pour le gr\u00e9viste qui r\u00e9clame une meilleure redistribution des b\u00e9n\u00e9fices. Pour Delphine Letort qui, \u00e0 45 ans, a abandonn\u00e9 son \u00ab confort \u00bb<\/em> dans la fonction publique pour cr\u00e9er son entreprise, le travail c\u2019est \u00ab apprendre tout le temps \u00bb<\/em> et \u00ab vivre dans son \u00e9l\u00e9ment \u00bb<\/em>. \u00ab Pendant vingt ans, j\u2019ai \u00e9t\u00e9 salari\u00e9e dans un contexte de travail tr\u00e8s favorable, mais je n\u2019\u00e9tais pas \u00e0 ma place dans un bureau \u00bb<\/em>, dit-elle. Apr\u00e8s des ann\u00e9es de r\u00e9flexion, c\u2019est en 2020 qu\u2019elle a d\u00e9cid\u00e9 de se lancer, en plein Covid-19. Son entreprise est aujourd\u2019hui florissante.<\/p>\n

Quant \u00e0 Mounia Moudjari, 43 ans, apr\u00e8s quinze ans pass\u00e9s dans la restauration, elle a jet\u00e9 l\u2019\u00e9ponge pour trouver un emploi plus respectueux de ses cong\u00e9s, plus proche de son domicile et de sa famille.<\/p>\n

Enfin pour Gr\u00e9goire Athanasopoulos, commercial chez The English Coach, le travail doit \u00eatre et est \u00ab une partie de plaisir \u00bb<\/em>. A 21 ans, planche de surf sous le bras, il est un jeune \u00ab holiworker \u00bb, autrement dit un salari\u00e9 en d\u00e9placement permanent \u00e0 l\u2019\u00e9tranger. Envoy\u00e9 \u00e0 Bali par son employeur pour trois mois, il en passera autant en Tha\u00eflande, puis quatre au Costa Rica.<\/em> L\u2019important pour lui est d\u2019\u00ab allier projets personnel et professionnel \u00bb. <\/em>Le travail est \u00ab une partie de <\/em>[s]a vie \u00bb,<\/em> r\u00e9sume-t-il.<\/p>\n

Une \u00ab tectonique des plaques \u00bb<\/h2>\n

A chaque actif, sa d\u00e9finition du travail ? C\u2019est probable. \u00ab La cat\u00e9gorie de pens\u00e9e \u201ctravail\u201d, bien que centrale dans notre soci\u00e9t\u00e9, ne fait pas l\u2019objet d\u2019un accord social \u00e9vident \u00bb<\/em>, \u00e9crivait en 2018 Marie-Anne Dujarier dans l\u2019ouvrage collectif Qu\u2019est-ce qu\u2019un r\u00e9gime de travail r\u00e9ellement humain ? (s<\/em>ous la direction de Pierre Musso et Alain Supiot, \u00e9d. Hermann, 2018). Le constat de la sociologue est toujours valable. \u00ab Du fait des transformations sociales, la notion m\u00eame de travail est en train de bouger \u00bb<\/em>, souligne-t-elle aujourd\u2019hui. Dans son dernier essai, Troubles dans le travail, sociologie d\u2019une cat\u00e9gorie de pens\u00e9e <\/em>(PUF, 2021) elle d\u00e9veloppe son propos : \u00ab Les trois significations historiques<\/em> [du travail] : le continent de l\u2019activit\u00e9, celui de la production pour la subsistance et celui de l\u2019emploi r\u00e9mun\u00e9r\u00e9 semblent d\u00e9river chacun de leur c\u00f4t\u00e9 \u00bb<\/em> : une v\u00e9ritable \u00ab tectonique des plaques \u00bb.<\/em><\/p>\n

Lire aussi <\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> Avis de d\u00e9c\u00e8s de la valeur travail<\/a> <\/span> <\/section>\n

L\u2019arriv\u00e9e du Covid dans ce contexte troubl\u00e9 a plong\u00e9 tout le monde dans une introspection forc\u00e9e. Le sujet \u00ab travail \u00bb a \u00e9t\u00e9 d\u00e9battu, retourn\u00e9, d\u00e9cortiqu\u00e9, tritur\u00e9. Quelle est l\u2019utilit\u00e9 sociale de mon travail ? \u00ab On croit qu\u2019on ne sert \u00e0 rien \u00bb<\/em>, se souvient Mounia Moudjari \u00e0 propos de son \u00e9tat d\u2019esprit quand elle travaillait dans la restauration. Jusqu\u2019\u00e0 s\u2019interroger sur son rapport au travail. Pourquoi travailler ? Pourquoi accepter les exigences de l\u2019employeur ? Pourquoi transiger avec ses propres valeurs ?<\/p>\n

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Analyse. Pour celui qui ne trouve plus de carburant \u00e0 la pompe pour rejoindre son entreprise, le travail est d\u2019abord une source de revenu, comme pour le gr\u00e9viste qui r\u00e9clame une meilleure redistribution des b\u00e9n\u00e9fices. Pour Delphine Letort qui, \u00e0 45 ans, a abandonn\u00e9 son \u00ab confort \u00bb dans la fonction publique pour cr\u00e9er son entreprise, le travail<\/p><\/div>\n