{"id":10272,"date":"2022-05-03T09:47:52","date_gmt":"2022-05-03T07:47:52","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2022\/05\/03\/metiers-du-care-derriere-chaque-personne-se-cache-une-autre-personne-sans-l-aide-de-qui-la-premiere-ne-serait-pas-autonome_6124548_3232.html"},"modified":"2022-05-03T09:47:52","modified_gmt":"2022-05-03T07:47:52","slug":"metiers-du-care-derriere-chaque-personne-se-cache-une-autre-personne-sans-laide-de-qui-la-premiere-ne-serait-pas-autonome","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/metiers-du-care-derriere-chaque-personne-se-cache-une-autre-personne-sans-laide-de-qui-la-premiere-ne-serait-pas-autonome\/","title":{"rendered":"M\u00e9tiers du \u00ab\u00a0care\u00a0\u00bb\u00a0: \u00ab\u00a0Derri\u00e8re chaque personne se cache une autre personne sans l\u2019aide de qui la premi\u00e8re ne serait pas autonome\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
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D<\/span>ans le secteur priv\u00e9 comme dans le secteur public, 4,6 millions de personnes \u0153uvrent au quotidien pour fabriquer nos quotidiens, les rendre fluides et confortables. Souvent au d\u00e9triment des leurs (\u00ab \u201cLes Invisibles\u201d, une plong\u00e9e dans la France du back-office<\/a> \u00bb, Fondation Travailler autrement, mars 2022).<\/p>\n

Ces invisibles, ce sont tout \u00e0 la fois les m\u00e9tiers du lien<\/a> (lien social, mais aussi du relationnel avec les centres de contact et de service \u00e0 distance), du soin \u2013 \u00e0 l\u2019h\u00f4pital, en \u00e9tablissement d\u2019h\u00e9bergement pour personnes \u00e2g\u00e9es<\/a> d\u00e9pendantes (Ehpad), dans les cr\u00e8ches, notamment \u2013, de la \u00ab continuit\u00e9 \u00e9conomique et sociale \u00bb et de la vie quotidienne (logistique et commerce, enl\u00e8vement des ordures m\u00e9nag\u00e8res, propret\u00e9 urbaine\u2026).<\/p>\n

Lire aussi <\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> Le souci de l\u2019autre, un retour de l\u2019\u00e9thique du \u00ab care \u00bb<\/a> <\/span> <\/section>\n

Une forme d\u2019\u00e9thique venue des Etats-Unis, l\u2019\u00e9thique du \u00ab care \u00bb [le prendre soin de l\u2019autre]<\/em>, tente depuis quarante ans d\u2019attirer notre attention sur ces m\u00e9tiers. Si elle s\u2019est focalis\u00e9e historiquement sur l\u2019univers des soins au sens large, une \u00e9conomie du \u00ab care \u00bb englobe plus largement ces m\u00e9tiers de \u00ab premi\u00e8re n\u00e9cessit\u00e9 \u00bb, dont nous avons pu mesurer l\u2019importance durant la crise sanitaire et ses confinements successifs.<\/p>\n

Manque de reconnaissance<\/h2>\n

Si l\u2019on consulte les r\u00e9sultats de l\u2019enqu\u00eate au travers du prisme de cette \u00e9thique, ses enseignements prennent une lumi\u00e8re h\u00e9las bien tamis\u00e9e. Issue d\u2019une r\u00e9flexion f\u00e9ministe, l\u2019\u00e9thique du \u00ab care \u00bb a toujours point\u00e9, y compris pour les femmes elles-m\u00eames, les in\u00e9galit\u00e9s de genre et de revenu : certaines femmes ont en effet la jouissance d\u2019un temps que d\u2019autres femmes rendent possible, des femmes moins privil\u00e9gi\u00e9es.<\/p>\n

De fait, 54 % des \u00ab invisibles <\/a>\u00bb sont des femmes<\/a>. Elles viennent accueillir ma fille le matin, t\u00f4t, \u00e0 l\u2019\u00e9cole, elles viennent la chercher \u00e0 16 h 30 et s\u2019en occupent jusqu\u2019\u00e0 l\u2019heure du bain, bref elles s\u2019engagent aupr\u00e8s d\u2019elle toute la journ\u00e9e pour lui apprendre \u00e0 devenir une petite personne au sein d\u2019une communaut\u00e9. C\u2019est tr\u00e8s banal, cela se passe dans ma vie comme dans la v\u00f4tre. Cette forme d\u2019\u00e9thique nous a ainsi appris que derri\u00e8re chaque personne se cachait une autre personne sans l\u2019aide de qui la premi\u00e8re ne serait pas autonome. Or ces personnes sont, le plus souvent, des femmes.<\/p>\n

Lire aussi :<\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> \u00ab Il est temps d\u2019investir dans le secteur du soin et du lien et de revaloriser les emplois f\u00e9minis\u00e9s ! \u00bb<\/a> <\/span> <\/section>\n

Cette \u00e9thique nous a sensibilis\u00e9s \u00e9galement au fait que les \u00ab invisibles <\/a>\u00bb manquaient cruellement de reconnaissance au sens premier du terme : 50 % des m\u00e9nages dits invisibles per\u00e7oivent ainsi moins de 2 000 euros bruts par mois. A cela s\u2019ajoute, sinon un m\u00e9pris, au sens o\u00f9 l\u2019entend le philosophe et sociologue allemand Axel Honneth<\/a>, du moins ind\u00e9niablement une pi\u00e8tre estime de soi, lorsque le regard de l\u2019autre n\u2019est pas valorisant pour les t\u00e2ches que je r\u00e9alise chaque jour (La Lutte pour la reconnaissance<\/em>, Folio, 2013 et 1992 pour l\u2019\u00e9dition originale).<\/p>\n

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Dans le secteur priv\u00e9 comme dans le secteur public, 4,6 millions de personnes \u0153uvrent au quotidien pour fabriquer nos quotidiens, les rendre fluides et confortables. Souvent au d\u00e9triment des leurs (\u00ab \u201cLes Invisibles\u201d, une plong\u00e9e dans la France du back-office \u00bb, Fondation Travailler autrement, mars 2022). Ces invisibles, ce sont tout \u00e0 la fois les m\u00e9tiers du lien (lien<\/p><\/div>\n