{"id":10100,"date":"2022-03-22T03:15:10","date_gmt":"2022-03-22T02:15:10","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2022\/03\/22\/juan-sebastian-carbonell-les-ouvriers-n-ont-pas-disparu-mais-au-lieu-de-fabriquer-des-objets-ils-les-deplacent_6118545_3232.html"},"modified":"2022-03-22T03:15:10","modified_gmt":"2022-03-22T02:15:10","slug":"juan-sebastian-carbonell-les-ouvriers-nont-pas-disparu-mais-au-lieu-de-fabriquer-des-objets-ils-les-deplacent","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/juan-sebastian-carbonell-les-ouvriers-nont-pas-disparu-mais-au-lieu-de-fabriquer-des-objets-ils-les-deplacent\/","title":{"rendered":"Juan Sebastian Carbonell\u00a0: \u00ab\u00a0Les ouvriers n\u2019ont pas disparu\u00a0; mais au lieu de fabriquer des objets, ils les d\u00e9placent\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
Juan Sebastian Carbonell est chercheur en sociologie du travail \u00e0 l\u2019ENS Paris-Saclay, o\u00f9 il participe \u00e0 un projet du Groupe d\u2019\u00e9tudes et de recherche permanent sur l\u2019industrie et les salari\u00e9s de l\u2019automobile (Gerpisa), r\u00e9seau international interdisciplinaire de recherche sur l\u2019industrie automobile, constitu\u00e9 au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 \u00e0 l\u2019initiative de l\u2019\u00e9conomiste Robert Boyer, du sociologue Michel Freyssenet et de l\u2019historien Patrick Fridenson.<\/p>\n
Sa th\u00e8se, r\u00e9alis\u00e9e entre 2012 et 2018 sous la direction de St\u00e9phane Beaud et Henri Eckert, portait sur les \u00ab accords de comp\u00e9titivit\u00e9 \u00bb sign\u00e9s entre patrons et syndicats du secteur automobile \u00e0 la suite de la crise de 2008, portant sur l\u2019organisation du travail, les r\u00e9mun\u00e9rations et le maintien de l\u2019emploi. Il vient de publier un essai, Le Futur du travail<\/em> (Ed. Amsterdam, 192 pages, 12 euros).<\/p>\n Ce que j\u2019ai pu observer au cours de mes enqu\u00eates dans le monde du travail, ce que me disaient les ouvriers, les syndicalistes, les manageurs, les directeurs d\u2019usine, mais aussi ce que dit la recherche en sociologie ne correspondait pas \u00e0 ce que je pouvais lire par ailleurs dans les m\u00e9dias, dans le d\u00e9bat public, ou dans de nombreux essais qui ont eu un grand retentissement, comme La Fin du travail<\/em> de Jeremy Rifkin (La D\u00e9couverte, 1995), ou Le Deuxi\u00e8me Age de la machine<\/em> d\u2019Andrew McAfee et Erik Brynjolfsson (Odile Jacob, 2014). J\u2019ai donc voulu diffuser aupr\u00e8s du grand public les r\u00e9sultats de la recherche scientifique sur le sujet, qui sont loin de confirmer la fin du salariat ou le remplacement technologique.<\/p>\n Enfin, si la pand\u00e9mie de Covid-19 a en effet r\u00e9v\u00e9l\u00e9 les transformations du travail, ce n\u2019est pas, comme on le r\u00e9p\u00e8te \u00e0 sati\u00e9t\u00e9, dans le sens d\u2019une plus grande autonomie conquise gr\u00e2ce au travail \u00e0 distance. Je crains au contraire que le futur du travail, loin du \u00ab monde d\u2019apr\u00e8s \u00bb fantasm\u00e9 que l\u2019on nous promet, ne ressemble \u00e9trangement au travail du \u00ab monde d\u2019avant \u00bb\u2026<\/p>\n Bien s\u00fbr, mais cet effet est complexe et contradictoire. Je distingue dans mon livre quatre cons\u00e9quences de ce d\u00e9ploiement. La premi\u00e8re est effectivement le \u00ab remplacement \u00bb du travailleur par une machine ou un algorithme qui reproduit sa t\u00e2che et se substitue donc \u00e0 son poste de travail. Mais les trois autres cons\u00e9quences sont tout aussi importantes.<\/p>\n Il vous reste 76.67% de cet article \u00e0 lire. La suite est r\u00e9serv\u00e9e aux abonn\u00e9s.<\/strong><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Juan Sebastian Carbonell est chercheur en sociologie du travail \u00e0 l\u2019ENS Paris-Saclay, o\u00f9 il participe \u00e0 un projet du Groupe d\u2019\u00e9tudes et de recherche permanent sur l\u2019industrie et les salari\u00e9s de l\u2019automobile (Gerpisa), r\u00e9seau international interdisciplinaire de recherche sur l\u2019industrie automobile, constitu\u00e9 au d\u00e9but des ann\u00e9es 1990 \u00e0 l\u2019initiative de l\u2019\u00e9conomiste Robert Boyer, du sociologue<\/p><\/div>\nComment passe-t-on d\u2019une th\u00e8se de sociologie \u00e0 un essai aussi ambitieux, o\u00f9 vous d\u00e9crivez les \u00e9volutions contemporaines du travail, et proposez les moyens de rem\u00e9dier \u00e0 ses travers ?<\/h3>\n
Il est pourtant difficile de nier que le d\u00e9ploiement des technologies num\u00e9riques ait un effet sur le travail\u2026<\/h3>\n