{"id":6947,"date":"2020-02-07T12:04:30","date_gmt":"2020-02-07T11:04:30","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/economie\/article\/2020\/02\/07\/de-credits-revolving-en-decouverts-bancaires-la-spirale-du-surendettement_6028780_3234.html"},"modified":"2020-02-07T12:04:30","modified_gmt":"2020-02-07T11:04:30","slug":"de-credits-revolving-en-decouverts-bancaires-la-spirale-du-surendettement","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/de-credits-revolving-en-decouverts-bancaires-la-spirale-du-surendettement\/","title":{"rendered":"De cr\u00e9dits revolving en d\u00e9couverts bancaires, la spirale du surendettement"},"content":{"rendered":"
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La r\u00e9ponse positive de la commission de surendettement a \u00e9t\u00e9 comme une renaissance pour Martine et Laurent (tous les pr\u00e9noms ont \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9s), un couple de quadrag\u00e9naires du nord de la France, et pour Brigitte, une arri\u00e8re-grand-m\u00e8re retrait\u00e9e de 65 ans, dans le Midi. Leurs dossiers ont \u00e9t\u00e9 accept\u00e9s mi-janvier et les actions judiciaires \u00e0 leur encontre, stopp\u00e9es. Le remboursement des 22 000 euros de dettes du couple sera r\u00e9am\u00e9nag\u00e9, tandis que la dette de Brigitte, de 8 000 euros, sera effac\u00e9e. Une nouvelle vie s\u2019ouvre \u00e0 eux.<\/p>\n

Lire aussi <\/span> En fort recul, le surendettement se concentre d\u00e9sormais sur les m\u00e9nages les plus pauvres<\/a> <\/span> <\/section>\n

Leur histoire est celle d\u2019\u00ab un engrenage \u00bb<\/em> de cr\u00e9dits et de d\u00e9couverts bancaires qui les a amen\u00e9s \u00e0 une impasse. Jusqu\u2019\u00e0 avoir \u00ab envie de me foutre en l\u2019air \u00bb<\/em>, dit Brigitte. usqu\u2019en 2018, Martine et Laurent, parents de Laury, 10 ans, et de Ma\u00eblle, 17 mois, \u00e9taient \u00ab dans une bonne situation \u00bb, <\/em>disent-ils.<\/em> Le <\/em>p\u00e8re, fonctionnaire, per\u00e7oit un salaire mensuel de 1 300 euros net, \u00e9gal \u00e0 celui de son \u00e9pouse, t\u00e9l\u00e9conseill\u00e8re en contrat \u00e0 dur\u00e9e ind\u00e9termin\u00e9e. Des allocations familiales de 300 euros s\u2019ajoutent au budget. Leur loyer est de 660 euros par mois.<\/p>\n

Mais la m\u00e9canique s\u2019enraye. En mai 2018, le couple, qui vit dans un quartier r\u00e9sidentiel mal desservi par les transports en commun, ach\u00e8te une voiture d\u2019occasion gr\u00e2ce \u00e0 un pr\u00eat de 11 000 euros de leur banque, rembours\u00e9 \u00e0 hauteur de 242 euros par mois. Apr\u00e8s la naissance de Ma\u00eblle, Martine prend un cong\u00e9 parental de deux ans, fin 2018, ce qui divise par deux son revenu. \u00ab On l\u2019a d\u00e9cid\u00e9 ensemble,<\/em> pr\u00e9cise Laurent. On n\u2019avait pas pu voir grandir Laury jusqu\u2019\u00e0 ses 3 ans. \u00bb \u00ab On s\u2019est autoris\u00e9s \u00e0 profiter de nos filles \u00bb,<\/em> rench\u00e9rit Martine. Ils font leurs comptes, sans oublier les primes de Laurent, qui tombent deux fois par an, ni l\u2019allocation logement de 177 euros \u2013 qu\u2019ils n\u2019ont pas encore demand\u00e9e \u2013 et concluent que \u00ab \u00e7a devrait passer \u00bb<\/em>.<\/p>\n

C\u2019est alors l\u2019impasse<\/h2>\n

Mais \u00ab de fil en aiguille,<\/em> raconte Laurent, on n\u2019arrivait plus \u00e0 honorer les mensualit\u00e9s du pr\u00eat, on avait parfois des difficult\u00e9s pour payer la cantine de Laury. Nos d\u00e9couverts ont \u00e9t\u00e9 tr\u00e8s importants \u00bb<\/em>. \u00ab Devant l\u2019urgence \u00bb<\/em>, ils contractent un cr\u00e9dit revolving. Nouveau grain de sable : leur bailleur exige le paiement imm\u00e9diat des deux mois d\u2019arri\u00e9r\u00e9s de loyer alors qu\u2019un \u00e9talement avait \u00e9t\u00e9 sign\u00e9 entre eux. C\u2019est le point de rupture.<\/p>\n

Brigitte, dont la pension n\u2019est que 950 euros par mois et le loyer de 240 euros, vivait gr\u00e2ce \u00e0 des cr\u00e9dits revolving depuis dix ans. Toute sa retraite passait dans son loyer, l\u2019assurance, la facture EDF, etc. \u00ab Pour faire face aux al\u00e9as, comme les pannes de ma voiture vieille de 17 ans \u00bb<\/em>, explique-t-elle, elle avait contract\u00e9 ces cr\u00e9dits aupr\u00e8s de trois organismes financiers. Puis s\u2019est ajout\u00e9 un d\u00e9couvert, qui est mont\u00e9 \u00ab jusqu\u2019\u00e0 1 200 euros. Ma banque me prenait des frais \u00e9normes \u00bb. <\/em>Avec culot, un de ces organismes, bien au fait de sa situation, lui propose, d\u00e9but 2019, un nouveau cr\u00e9dit revolving de 2 500 euros. \u00ab \u00c7a a fait tilt dans ma t\u00eate. J\u2019ai dit stop ! \u00bb <\/em>Pour elle aussi, c\u2019est alors l\u2019impasse. Lors de la visite de sa belle-fille, elle s\u2019effondre en larmes et se confie enfin sur sa situation, qu\u2019elle cachait \u00e0 ses enfants \u00ab par honte, par peur de les inqui\u00e9ter, de me faire gronder \u00bb<\/em>. L\u2019inverse se produit. Pendant trois mois, \u00ab je me suis aliment\u00e9e gr\u00e2ce \u00e0 eux \u00bb. <\/em>Puis elle constitue un dossier de surendettement, accompagn\u00e9e par l\u2019association Cresus. <\/em><\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

La r\u00e9ponse positive de la commission de surendettement a \u00e9t\u00e9 comme une renaissance pour Martine et Laurent (tous les pr\u00e9noms ont \u00e9t\u00e9 modifi\u00e9s), un couple de quadrag\u00e9naires du nord de la France, et pour Brigitte, une arri\u00e8re-grand-m\u00e8re retrait\u00e9e de 65 ans, dans le Midi. Leurs dossiers ont \u00e9t\u00e9 accept\u00e9s mi-janvier et les actions judiciaires \u00e0 leur<\/p><\/div>\n