{"id":1403,"date":"2018-11-15T15:21:24","date_gmt":"2018-11-15T14:21:24","guid":{"rendered":"http:\/\/jeunediplome.net\/?p=1403"},"modified":"2018-12-27T17:10:15","modified_gmt":"2018-12-27T16:10:15","slug":"la-silicon-valley-a-la-francaise","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/la-silicon-valley-a-la-francaise\/","title":{"rendered":"LA SILICON VALLEY \u00c0 LA FRAN\u00c7AISE"},"content":{"rendered":"
Ce n\u2019est encore qu\u2019un vaste chantier, une zone particuli\u00e8rement agricole domin\u00e9e d\u2019une immense for\u00eat de grues. Aux confins de l\u2019Essonne et des Yvelines, \u00e0 une vingtaine de kilom\u00e8tres au sud-ouest de la capitale, tout un p\u00f4le de recherche et d\u2019innovation est en train de se construire \u00e0 un rythme effr\u00e9n\u00e9 : le cluster Paris-Saclay. L\u2019Ecole polytechnique, CentraleSup\u00e9lec, l\u2019Institut de math\u00e9matique d\u2019Orsay, l\u2019Institut d\u2019optique et l\u2019Ecole nationale de la statistique et de l\u2019administration \u00e9conomique (Ensae) y ont d\u00e9j\u00e0 install\u00e9 dans des locaux flambant neufs. Ils ont rapidement \u00e9t\u00e9 rejoints par Horiba (le g\u00e9ant japonais de l\u2019optique et de l’instrumentation), par l\u2019EDF Lab et ses 1.000 salari\u00e9s et \u00e9tudiants, par le centre de recherche de l\u2019avionneur Safran et par Nokia.<\/p>\n
Et ce n\u2019est qu\u2019un d\u00e9but. Normale sup Cachan, T\u00e9l\u00e9com ParisTech, AgroParisTech et les d\u00e9partements de biochimie de l\u2019universit\u00e9 Paris-Sud sont attendus d\u2019ici \u00e0 2021, ainsi que Total ou la R&D du groupe pharmaceutique Servier. C\u2019est simple : en incluant les agglom\u00e9rations de Versailles et de Saint-Quentin-en-Yvelines, qui font d\u00e9sormais partie du nouveau p\u00f4le, Paris-Saclay concentre d\u00e9j\u00e0 15% de la recherche fran\u00e7aise, publique et priv\u00e9e. A terme, on devrait atteindre 20%.<\/p>\n
\u201cL\u2019id\u00e9e d\u2019une Silicon Valley \u00e0 la fran\u00e7aise est n\u00e9 en 2010, sous la pr\u00e9sidence de Nicolas Sarkozy, en m\u00eame temps que le Grand Paris et le projet de superm\u00e9tro\u201d, raconte Philippe Van de Maele, le directeur de l\u2019Etablissement public d\u2019am\u00e9nagement Paris-Sacaly, qui pilote l\u2019op\u00e9ration. L\u2019objectif fix\u00e9 \u00e0 cet ing\u00e9nieur, ancien pr\u00e9sident de l\u2019Ademe et pass\u00e9 par chez Bouygues, est clair : assembler sur un seul territoire les fleurons de la recherche acad\u00e9mique et priv\u00e9e fran\u00e7aise, afin de favoriser les \u00e9changes entre chercheurs, \u00e9tudiants et entreprises, mais aussi de gagner en visibilit\u00e9 internationale. Le choix du plateau de Saclay s\u2019est impos\u00e9 naturellement : le CNRS s\u2019y est install\u00e9 apr\u00e8s la Seconde Guerre mondiale, suivi par le Commissariat \u00e0 l\u2019\u00e9nergie atomique (CEA) et l\u2019universit\u00e9 Paris-Sud. D\u00e8s la cr\u00e9ation du projet, il a \u00e9t\u00e9 pr\u00e9vu d\u2019inscrire le site, desservi seulement par la nationale 118, dans le plan de la future ligne 18 du m\u00e9tro Grand Paris Express, qui devra le relier notamment \u00e0 Orly et \u00e0 Versailles.<\/p>\n
\u201cLe projet se d\u00e9cline en trois volets, d\u00e9taille Philippe Van de Maele. Le volet acad\u00e9mique, le volet \u00e9conomique et le volet urbain, lequel inclut la construction de logements, d\u2019\u00e9coles et de commerces au coeur m\u00eame du nouveau campus.\u201d<\/em> Premier \u00e0 \u00eatre lanc\u00e9, le projet acad\u00e9mique est ambitieux : il a comme objectif d\u2019ouvrir une universit\u00e9 de rang mondial, destin\u00e9e \u00e0 figurer dans le top 20 du c\u00e9l\u00e8bre classement des universit\u00e9s de Shanghai, donc bien mieux cot\u00e9e que Sorbonne Universit\u00e9, l\u2019entit\u00e9 n\u00e9e en janvier de la fusion de Pierre-et-Marie-Curie et de Paris IV\u2026 qui pointe aujourd\u2019hui \u00e0 la 36e place.<\/p>\n L\u2019universit\u00e9 Paris-Saclay, qui s\u2019ouvrira officiellement le 1er janvier 2020, va r\u00e9unir une vingtaine d\u2019\u00e9tablissements (les universit\u00e9s de Paris-Sud, Evry et Versailles-Saint-Quentin, des grandes \u00e9coles, le CNRS, le CEA, l\u2019Inra, l\u2019Inria\u2026) et va publier sous sa banni\u00e8re toutes les th\u00e8ses produites. Tr\u00e8s imposant, son p\u00e9rim\u00e8tre sera pourtant moins \u00e9tendu que pr\u00e9vu : Polytechnique, rechignant au mariage et craignant les \u201clourdeurs\u201d de ses partenaires universitaires, a en effet d\u00e9cid\u00e9 de faire cavalier seul au sein d\u2019un institut technique de type MIT, constitu\u00e9 avec l\u2019Ensta (Ecole sup\u00e9rieure des techniques avanc\u00e9es), l\u2019Ensae et T\u00e9l\u00e9com SudParis.<\/p>\n La cr\u00e9ation d\u2019un p\u00f4le acad\u00e9mique est un argument de taille pour encourager les entreprises \u00e0 installer leurs \u00e9quipes de R&D sur le plateau. Comme l\u2019a fait EDF avec son EDF Lab. \u201cLa plupart de nos partenaires acad\u00e9miques \u2013 le CEA, Sup\u00e9lec, Polytechnique, Normale sup \u2013 se existent sur place, explique Jean-Paul Chabard, directeur scientifique de la R&D. Cela nous a sembl\u00e9 \u00e9vident d\u2019y d\u00e9m\u00e9nager les 1.200 salari\u00e9s de notre ancien centre de recherche de Clamart.\u201d <\/em>Adepte de l\u2019innovation ouverte, l\u2019\u00e9lectricien anime en effet depuis plusieurs ann\u00e9es des laboratoires de recherche communs avec ces \u00e9tablissements, sur des th\u00e8mes aussi vari\u00e9s que les r\u00e9seaux \u00e9lectriques intelligents ou les s\u00e9ismes. Il a aussi profit\u00e9 de son arriv\u00e9e sur le plateau pour y ouvrir, avec Total et Air liquide, l\u2019Institut photovolta\u00efque d\u2019Ile-de-France, consacr\u00e9 \u00e0 la recherche sur les \u00e9nergies nouvelles. Afin de b\u00e9n\u00e9ficier de l\u2019effet campus, EDF Lab joue la carte de l\u2019interaction et pr\u00eate volontiers son amphith\u00e9\u00e2tre de 550 places \u00e0 ses partenaires ou \u00e0 ses nouveaux voisins. Si l\u2019\u00e9nergie s\u2019annonce comme une sp\u00e9cialit\u00e9 forte du futur p\u00f4le d\u2019innovation, elle est loin d\u2019\u00eatre la seule.<\/p>\n L’intelligence artificielle devrait \u00e9galement s\u2019y \u00e9panouir, avec la cr\u00e9ation d\u2019un center for data science, consacr\u00e9 \u00e0 d\u00e9velopper les outils n\u00e9cessaires \u00e0 l\u2019analyse du big data. Il se murmure aussi qu\u2019IBM pourrait installer ici un centre de recherche europ\u00e9en sur le sujet. Le p\u00f4le s\u2019installe en outre dans le secteur de la sant\u00e9, capitalisant sur la pr\u00e9sence dans le voisinage du centre de R&D de Danone, mais aussi sur l\u2019arriv\u00e9e en 2021 des \u00e9quipes de recherche des laboratoires Servier. Attir\u00e9 par l\u2019installation imminente \u00e0 Saclay de la facult\u00e9 de pharmacie de Ch\u00e2tenay-Malabry, Servier veut y regrouper ses trois centres de recherche fran\u00e7ais et annonce l\u2019ouverture d\u2019un incubateur qui mettra \u00e0 la disposition des start-up une panoplie d\u2019\u00e9quipements destin\u00e9s \u00e0 la pharmacie.<\/p>\n Si les jeunes pousses ne sont pas encore l\u00e9gion sur le plateau, Philippe Van de Maele se dit bien d\u00e9cid\u00e9 \u00e0 les y attirer, avec l\u2019ouverture, dans deux ans, d\u2019un IPHE (incubateur, p\u00e9pini\u00e8re, h\u00f4tel d’entreprises). Il a mit en place, avec VivaTech, la premi\u00e8re \u00e9dition du Paris-Saclay Spring, qui a rassembl\u00e9 320 start-up et nombre de directeurs R&D en mai 2018.\u201dIl faut que Paris-Saclay soit dans le logiciel des investisseurs et des business angels\u201d,<\/em> proclame-t-il. Les locataires de l\u2019IPHE pourront en tout cas tester leur ing\u00e9niosit\u00e9 en s\u2019effor\u00e7ant d\u2019am\u00e9liorer la vie quotidienne sur le plateau, car elle rel\u00e8ve plus aujourd\u2019hui de la gal\u00e8re et de la d\u00e9brouille que de la fluidit\u00e9 propre aux grands campus technologiques.<\/p>\n Alors que l\u2019ouverture de la ligne 18 du m\u00e9tro \u00e9tait programm\u00e9e en 2024, le gouvernement l\u2019a retard\u00e9 \u00e0 2027 pour le tron\u00e7on vers Orly et \u00e0 2030 vers Versailles ! Un mauvais coup port\u00e9 \u00e0 Paris-Saclay. \u201cC\u2019est \u00e0 croire que l\u2019Etat ne comprend pas son propre projet\u00a0\u00bb,<\/em> glisse un observateur, amer, qui rappelle que 50.000 personnes gagneront le plateau tous les jours en 2020 et 70.000, \u00e0 terme. Certaines entreprises ont d\u00e9j\u00e0 mis en place des navettes, comme celle que se partagent les salari\u00e9s d\u2019EDF, de l\u2019Onera et du CEA, \u00e0 partir de la porte d\u2019Orl\u00e9ans, \u00e0 Paris. L\u2019autopartage a de beaux jours devant lui\u2026 ainsi que les embouteillages, d\u00e9j\u00e0 l\u00e9gendaires. Sans compter que ce gros rat\u00e9 pourrait aussi refroidir les ardeurs de certaines entreprises\u2026 et des habitants appel\u00e9s \u00e0 s\u2019installer bient\u00f4t dans les 10.000 logements familiaux planifi\u00e9s sur le site.<\/p>\n \u201cTrop tard pour reculer, se rassure Philippe Van de Maele. Avec tous les projets en cours, la taille critique est d\u00e9pass\u00e9e.\u201d<\/em> Des entreprises et \u00e9coles commencent m\u00eame \u00e0 communiquer sous la marque Paris-Saclay. Plus anecdotique, mais indispensable \u00e0 la vie d\u2019un lieu qui veut favoriser l\u2019\u00e9change et les interactions, l\u2019ouverture de caf\u00e9s et autres lieux de convivialit\u00e9 devrait bient\u00f4t r\u00e9conforter les salari\u00e9s d\u00e9j\u00e0 pr\u00e9sents sur le site : \u00e0 d\u00e9faut d\u2019un transport express, ils pourront siroter un expresso en se f\u00e9licitant de figurer parmi les pionniers d\u2019un p\u00f4le d\u2019innovation destin\u00e9 \u00e0 faire partie des huit premiers du monde, selon le MIT. \u201cLe prochain Google sera fran\u00e7ais et na\u00eetra sur le plateau\u201d,<\/em> pr\u00e9dit Philippe Van de Maele. On ne demande qu\u2019\u00e0 le croire.<\/p>\n <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" Au sud-ouest de Paris est en train d\u2019appara\u00eetre un p\u00f4le d\u2019innovation de rang mondial. Des universit\u00e9s, des grandes \u00e9coles et des centres de R&D affluent sur le site Paris-Saclay, qui r\u00e9unit d\u00e9j\u00e0 15% de la recherche priv\u00e9e et publique fran\u00e7aise. Ce n\u2019est encore qu\u2019un vaste chantier, une zone particuli\u00e8rement agricole domin\u00e9e d\u2019une immense for\u00eat de<\/p><\/div>\nEsprit lab<\/h4>\n
En attendant les \u00e9tudiants<\/h4>\n
L\u2019excellence sur un plateau<\/h4>\n