{"id":12414,"date":"2023-12-07T04:00:12","date_gmt":"2023-12-07T03:00:12","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/economie\/article\/2023\/12\/07\/au-bangladesh-les-ouvriers-travaillent-pour-les-marques-occidentales-contre-un-salaire-de-pauvrete_6204286_3234.html"},"modified":"2023-12-07T04:00:12","modified_gmt":"2023-12-07T03:00:12","slug":"au-bangladesh-les-ouvriers-travaillent-pour-les-marques-occidentales-contre-un-salaire-de-pauvrete","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/au-bangladesh-les-ouvriers-travaillent-pour-les-marques-occidentales-contre-un-salaire-de-pauvrete\/","title":{"rendered":"Au Bangladesh, les ouvriers travaillent pour les marques occidentales contre un \u00ab\u00a0salaire de pauvret\u00e9\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"<figure class=\"article__media\"><picture class=\"article__media\"><source srcset=\" https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/556\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg 556w, https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/600\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg 600w, https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/664\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg 664w, https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/700\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg 700w, https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/800\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg 800w\" sizes=\"(min-width: 1024px) 556px, 100vw\" alt=\"Un rassemblement d\u2019ouvriers du textile manifestant \u00e0 Dacca, la capitale du Bangladesh, le 12 novembre 2023.\" width=\"664\" height=\"443\"><img loading=\"lazy\" src=\"https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/664\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg\" alt=\"Un rassemblement d\u2019ouvriers du textile manifestant \u00e0 Dacca, la capitale du Bangladesh, le 12 novembre 2023.\" sizes=\"(min-width: 1024px) 556px, 100vw\" width=\"664\" height=\"443\"><\/picture><noscript> <img src=\"https:\/\/img.lemde.fr\/2023\/12\/06\/0\/0\/3074\/2049\/664\/0\/75\/0\/2a8cd16_1701872804746-000-343b29e.jpg\" alt=\"Un rassemblement d\u2019ouvriers du textile manifestant \u00e0 Dacca, la capitale du Bangladesh, le 12 novembre 2023.\"><\/noscript><figcaption class=\"article__legend\" aria-hidden=\"true\">Un rassemblement d\u2019ouvriers du textile manifestant \u00e0 Dacca, la capitale du Bangladesh, le 12 novembre 2023. <span class=\"article__credit\" aria-hidden=\"true\">ABDUL GONI \/ AFP<\/span> <\/figcaption><\/figure>\n<p class=\"article__paragraph \">Debout, pieds nus, sur une table de travail tout en longueur, un ouvrier s\u2019\u00e9lance et d\u00e9roule une grosse bobine de tissu bleu pour la d\u00e9ployer. L\u2019\u00e9toffe flotte un instant dans les airs avant de retomber. L\u00e0, des carr\u00e9s de taille identique seront d\u00e9coup\u00e9s dans la fibre estampill\u00e9e \u00ab&nbsp;made in China&nbsp;\u00bb. A l\u2019\u00e9tage sup\u00e9rieur de cette usine textile de Dacca, au Bangladesh, des v\u00eatements de pr\u00eat-\u00e0-porter prennent forme aux sons m\u00e9caniques des machines \u00e0 coudre. Des pantalons camouflage, des chemises en lin rouge et blanc, mais aussi de petits shorts en jean pour enfant s\u2019entassent par dizaines. Les \u00e9tiquettes des prix sont affich\u00e9es en euros&nbsp;: 14,99&nbsp;euros pour une chemise, 16,90&nbsp;euros pour un chemisier. Ces v\u00eatements fabriqu\u00e9s au&nbsp;Bangladesh pour environ un tiers du prix de vente garniront&nbsp;bient\u00f4t les rayons d\u2019enseignes allemandes, espagnoles, italiennes ou encore n\u00e9erlandaises.<\/p>\n<p class=\"article__paragraph \">Dans cette usine de l\u2019entreprise APlus Group, situ\u00e9e dans le quartier industriel de Mirpur, \u00e0&nbsp;Dacca, les ouvriers, dont 95&nbsp;% sont des femmes, s\u2019appliquent \u00e0 la t\u00e2che. A la fin du mois d\u2019octobre, pourtant, cette unit\u00e9 du groupe qui emploie 1&nbsp;800 personnes est rest\u00e9e portes closes durant plusieurs jours. Des vitres ont \u00e9t\u00e9 bris\u00e9es et des v\u00e9hicules endommag\u00e9s, d\u00e9g\u00e2ts intervenus \u00e0 la suite des violentes manifestations qui ont r\u00e9cemment secou\u00e9 le secteur du textile. Des milliers de travailleurs \u00e9taient alors descendus dans les rues de Dacca et des banlieues industrielles, \u00e0 Gazipur ou \u00e0 Ashulia, pour r\u00e9clamer la hausse du salaire minimum mensuel, \u00e9tabli jusque-l\u00e0 \u00e0 8&nbsp;300 takas, soit environ 70&nbsp;euros.<\/p>\n<p class=\"article__paragraph \">Les troubles, au cours desquels des dizaines d\u2019usines ont \u00e9t\u00e9 saccag\u00e9es et quatre ouvriers ont \u00e9t\u00e9 tu\u00e9s, ont bri\u00e8vement paralys\u00e9 ce secteur cl\u00e9 de l\u2019\u00e9conomie bangladaise, qui fournit les grandes marques comme Zara, H&amp;M, Primark ou Uniqlo.<\/p>\n<p class=\"article__paragraph \">Le pays n\u2019avait pas connu un tel conflit social au cours de la derni\u00e8re d\u00e9cennie. Les conditions d\u00e9sastreuses de travail des quatre millions de travailleurs bangladais du textile se sont encore d\u00e9grad\u00e9es depuis la pand\u00e9mie de Covid-19. Frapp\u00e9s de plein fouet par une inflation galopante qui avoisine les 10&nbsp;%, ils subissent \u00e9galement une d\u00e9pr\u00e9ciation d\u2019environ 30&nbsp;% du taka par rapport au dollar, et il leur est devenu impossible de joindre les deux bouts.<\/p>\n<p class=\"article__paragraph \"><em>\u00ab&nbsp;Auparavant, je mangeais de la viande, mais maintenant je me contente d\u2019\u0153ufs et, quand je dois acheter des v\u00eatements, je saute des repas pour pouvoir me les payer&nbsp;\u00bb<\/em>, confie Munir Hussain, une vingtaine d\u2019ann\u00e9es, charg\u00e9 d\u2019emballer des habits pour un salaire de 70&nbsp;euros par mois dans une usine qui fournit notamment le fran\u00e7ais Kiabi. <em>\u00ab&nbsp;Toutes mes d\u00e9penses sont fixes, le seul budget dans lequel je peux tailler lorsque j\u2019ai des frais suppl\u00e9mentaires, c\u2019est celui qui est consacr\u00e9 \u00e0 la nourriture&nbsp;\u00bb<\/em>, explique le jeune homme, qui a particip\u00e9 aux manifestations pour l\u2019augmentation des salaires.<\/p>\n<p><strong>Il vous reste 75% de cet article \u00e0 lire. 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