{"id":12209,"date":"2023-10-13T09:53:17","date_gmt":"2023-10-13T07:53:17","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/idees\/article\/2023\/10\/13\/sophie-binet-le-travail-et-son-organisation-sont-au-centre-d-une-question-democratique-majeure_6194130_3232.html"},"modified":"2023-10-13T09:53:17","modified_gmt":"2023-10-13T07:53:17","slug":"sophie-binet-le-travail-et-son-organisation-sont-au-centre-dune-question-democratique-majeure","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/sophie-binet-le-travail-et-son-organisation-sont-au-centre-dune-question-democratique-majeure\/","title":{"rendered":"Sophie Binet\u00a0: \u00ab\u00a0Le travail et son organisation sont au centre d\u2019une question d\u00e9mocratique majeure\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
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L<\/span>a mobilisation contre la r\u00e9forme des retraites a mis sur le devant de la sc\u00e8ne la d\u00e9gradation des conditions de travail et le fait qu\u2019une large majorit\u00e9 de salari\u00e9s ne se voient pas \u00ab tenir \u00bb \u00e0 leur poste jusqu\u2019\u00e0 64 ans, voire 67. Pourtant, \u00e0 l\u2019image des \u00ab premi\u00e8res de corv\u00e9es \u00bb d\u00e9couvertes avec le Covid-19 et aussit\u00f4t oubli\u00e9es, la question du travail est de nouveau sortie des radars. Le politique a abandonn\u00e9 le sujet de longue date quand, c\u00f4t\u00e9 syndical, nous peinons \u00e0 trouver des leviers d\u2019action, tant les moyens et pr\u00e9rogatives des repr\u00e9sentants du personnel ont recul\u00e9 ces derni\u00e8res ann\u00e9es.<\/p>\n

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Lire aussi :<\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> Les syndicats testent leur capacit\u00e9 de mobilisation avec une journ\u00e9e d\u2019action pour les salaires et contre les politiques d\u2019\u00ab aust\u00e9rit\u00e9 \u00bb<\/a> <\/span> <\/div>\n<\/section>\n

R\u00e9sultat : alors que le travail occupe une place centrale dans nos vies, son organisation et sa finalit\u00e9 sont abandonn\u00e9es au patronat, comme si le lien de subordination donnait les pleins pouvoirs \u00e0 l\u2019employeur. Le travail et son organisation sont au centre d\u2019une question d\u00e9mocratique majeure. Permettre aux salari\u00e9s de retrouver la ma\u00eetrise du sens et du contenu de leur travail, c\u2019est reprendre la main sur le progr\u00e8s technologique et donner les moyens \u00e0 notre force de travail de r\u00e9pondre aux besoins sociaux et environnementaux plut\u00f4t qu\u2019\u00e0 d\u00e9gager toujours plus de valeur pour les actionnaires. Pour cela, il faut ouvrir cinq chantiers.<\/p>\n

D\u2019abord, celui du sens du travail. La v\u00e9rit\u00e9 sort de la bouche des jeunes g\u00e9n\u00e9rations tristement oblig\u00e9es de bifurquer pour trouver un travail qui aie du sens, notamment d\u2019un point de vue environnemental ! L\u2019intelligence artificielle (IA) rend d\u00e9sormais possible le remplacement de nombreuses t\u00e2ches intellectuelles : si les sc\u00e9naristes d\u2019Hollywood peuvent d\u00e9sormais \u00eatre remplac\u00e9s par des machines<\/a>, peut-\u00eatre faut-il remettre en cause la pauvret\u00e9 de leurs sc\u00e9narios ? Que certains puissent imaginer remplacer les aides \u00e0 domiciles par des robots confirme \u00e0 quel point leur v\u00e9ritable travail est occult\u00e9.<\/p>\n

Le tabou de la \u00ab p\u00e9nibilit\u00e9 \u00bb<\/h2>\n

L\u2019IA pourrait \u00eatre l\u2019occasion de mettre fin \u00e0 la taylorisation du travail intellectuel et relationnel en le centrant sur les aspects r\u00e9ellement humains, de rendre visible la richesse du travail r\u00e9el par rapport au travail prescrit. D\u00e9finir ce qui doit \u00eatre automatis\u00e9 ou non n\u00e9cessite un vrai d\u00e9bat d\u00e9mocratique, de l\u2019entreprise \u00e0 l\u2019Assembl\u00e9e nationale ! La mise en place d\u2019une information-consultation annuelle des repr\u00e9sentants du personnel sur les m\u00e9thodes de management permettrait \u00e9galement de combattre le management par les nombres qui, malgr\u00e9 les suicides de France T\u00e9l\u00e9com, continue \u00e0 faire des ravages.<\/p>\n

Deuxi\u00e8me chantier, celui des conditions de travail. Chaque jour, plus de deux ouvriers meurent au travail et 2 500 salari\u00e9s sont victimes d\u2019un accident de travail. En silence. La France d\u00e9tient le triste record europ\u00e9en, et le ministre du travail pr\u00e9tend r\u00e9pondre \u00e0 cette h\u00e9catombe par une \u00e9ni\u00e8me campagne de communication\u2026 Il n\u2019est pourtant pas besoin de voyager bien loin pour trouver ce qui permet de changer la donne. A Paris, sur les chantiers des Jeux olympiques, les accidents ont \u00e9t\u00e9 divis\u00e9s par quatre.<\/p>\n

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La mobilisation contre la r\u00e9forme des retraites a mis sur le devant de la sc\u00e8ne la d\u00e9gradation des conditions de travail et le fait qu\u2019une large majorit\u00e9 de salari\u00e9s ne se voient pas \u00ab tenir \u00bb \u00e0 leur poste jusqu\u2019\u00e0 64 ans, voire 67. Pourtant, \u00e0 l\u2019image des \u00ab premi\u00e8res de corv\u00e9es \u00bb d\u00e9couvertes avec le Covid-19 et aussit\u00f4t oubli\u00e9es,<\/p><\/div>\n