{"id":11732,"date":"2023-05-25T07:30:06","date_gmt":"2023-05-25T05:30:06","guid":{"rendered":"https:\/\/www.lemonde.fr\/emploi\/article\/2023\/05\/25\/idees-recues-sur-le-travail-des-stereotypes-a-l-epreuve-des-faits_6174750_1698637.html"},"modified":"2023-05-25T07:30:06","modified_gmt":"2023-05-25T05:30:06","slug":"idees-recues-sur-le-travail-des-stereotypes-a-lepreuve-des-faits","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/jeunediplome.net\/idees-recues-sur-le-travail-des-stereotypes-a-lepreuve-des-faits\/","title":{"rendered":"\u00ab\u00a0Id\u00e9es re\u00e7ues sur le travail\u00a0\u00bb\u00a0: des st\u00e9r\u00e9otypes \u00e0 l\u2019\u00e9preuve des faits"},"content":{"rendered":"
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Le livre.<\/strong> Une souffrance, le travail ? C\u2019est ce que sugg\u00e8re l\u2019\u00e9tymologie qui lui est r\u00e9guli\u00e8rement accol\u00e9e. Le mot \u00ab travail \u00bb proviendrait du latin tripalium<\/em>, qui fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 un instrument de torture \u00e0 trois pieds. De quoi appuyer de mani\u00e8re percutante tous les discours critiques \u00e0 son endroit. Sauf que\u2026 \u00ab cette hypoth\u00e8se apparue au XXe<\/sup> si\u00e8cle est tr\u00e8s probablement fantaisiste \u00bb<\/em>, <\/em>affirme le linguiste Franck Lebas. Il aurait plus s\u00fbrement pour origine le mot latin trabs<\/em>, qui signifie \u00ab poutre \u00bb<\/em> et qui a donn\u00e9 \u00ab trav\u00e9e \u00bb<\/em> et \u00ab entraver \u00bb<\/em>. \u00ab L\u2019id\u00e9e d\u2019une contrainte est bien l\u00e0, mais nous sommes loin de l\u2019id\u00e9e de torture \u00bb<\/em>, note M. Lebas.<\/p>\n

Le linguiste s\u2019est lanc\u00e9, avec de nombreux chercheurs (\u00e9conomistes, historiens, psychologues\u2026), dans une traque minutieuse des lieux communs qui touchent le monde du travail. Ceux qui assurent que \u00ab le salariat, c\u2019est du pass\u00e9 \u00bb<\/em>, que \u00ab les \u00e9trangers prennent le travail des Fran\u00e7ais \u00bb<\/em> ou que \u00ab le management est devenu horizontal \u00bb<\/em> et \u00ab qu\u2019il n\u2019y a plus de chef \u00bb<\/em>.<\/p>\n

En est ressorti un ouvrage, Id\u00e9es re\u00e7ues sur le travail. Emploi, activit\u00e9, organisation<\/em>, r\u00e9alis\u00e9 sous la direction de Marie-Anne Dujarier, professeure de sociologie \u00e0 l\u2019universit\u00e9 Paris Cit\u00e9, au fil duquel les auteurs d\u00e9construisent les st\u00e9r\u00e9otypes un \u00e0 un.<\/p>\n

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Lire aussi :<\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> Le monde du travail \u00e0 l\u2019heure des grandes solitudes<\/a> <\/span> <\/div>\n<\/section>\n

L\u2019essai se veut d\u2019abord un exercice m\u00e9thodique de confrontation des id\u00e9es re\u00e7ues aux chiffres et aux faits. \u00ab On ne trouve plus \u00e0 recruter \u00bb<\/em> parce que les ch\u00f4meurs seraient de mauvaise volont\u00e9 ? \u00ab Cette perspective culpabilisatrice ne tient <\/em>(\u2026) pas face aux donn\u00e9es dont on dispose sur le march\u00e9 de l\u2019emploi fran\u00e7ais \u00bb<\/em>, \u00e9crit le sociologue Hadrien Clouet, soulignant qu\u2019\u00ab on recrute <\/em>(\u2026) plus et plus vite que jamais \u00bb<\/em>.<\/p>\n

Hauteur face aux st\u00e9r\u00e9otypes<\/h2>\n

M\u00eame volont\u00e9 de mise \u00e0 l\u2019\u00e9preuve des faits pour l\u2019\u00e9conomiste Micha\u00ebl Zemmour. En France, le travail co\u00fbterait trop cher. Face \u00e0 cette affirmation, le chercheur met en \u00e9vidence la \u00ab part socialis\u00e9e \u00bb<\/em> du salaire net dans l\u2019Hexagone (la CSG et les cotisations sociales). Puis il montre que dans d\u2019autres pays, comme la Suisse ou les Etats-Unis, o\u00f9 la situation diff\u00e8re, \u00ab les employeurs et les salari\u00e9s souscrivent conjointement des contrats d\u2019assurance priv\u00e9e <\/em>(\u2026) qui sont nettement plus co\u00fbteux que la S\u00e9curit\u00e9 sociale fran\u00e7aise \u00bb<\/em>. Il souligne, dans le m\u00eame temps, qu\u2019en France \u00ab les salaires nets sont relativement mod\u00e9r\u00e9s \u00bb<\/em>.<\/p>\n

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Lire aussi :<\/span> Article r\u00e9serv\u00e9 \u00e0 nos abonn\u00e9s<\/span><\/span> \u00ab Manuel contre le harc\u00e8lement au travail \u00bb : \u00e9pauler les salari\u00e9s en souffrance<\/a> <\/span> <\/div>\n<\/section>\n

Tout en revenant \u00e0 la r\u00e9alit\u00e9 des faits, les auteurs mettent \u00e0 mal des lectures souvent lib\u00e9rales, parfois port\u00e9es par le patronat, du march\u00e9 du travail et du monde de l\u2019entreprise. Des lectures qui assurent qu\u2019il y aurait trop de fonctionnaires<\/a> en France. Que la concurrence au travail serait naturelle et b\u00e9n\u00e9ficierait \u00e0 tous. Qu\u2019\u00eatre son propre patron permettrait d\u2019\u00eatre libre. Une assertion dont s\u2019empare la sociologue Sarah Abdelnour pour souligner combien la situation des ind\u00e9pendants appara\u00eet ambivalente et peut, au contraire, conduire \u00e0 une \u00ab auto-exploitation \u00bb<\/em>.<\/p>\n

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Le livre. Une souffrance, le travail ? C\u2019est ce que sugg\u00e8re l\u2019\u00e9tymologie qui lui est r\u00e9guli\u00e8rement accol\u00e9e. Le mot \u00ab travail \u00bb proviendrait du latin tripalium, qui fait r\u00e9f\u00e9rence \u00e0 un instrument de torture \u00e0 trois pieds. De quoi appuyer de mani\u00e8re percutante tous les discours critiques \u00e0 son endroit. Sauf que\u2026 \u00ab cette hypoth\u00e8se apparue au XXe si\u00e8cle est<\/p><\/div>\n