« Si la chasse à la fraude est légitime, son obsession aboutit à des ruptures brutales de droits »

« Si la chasse à la fraude est légitime, son obsession aboutit à des ruptures brutales de droits »

Tribune. « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas ! » Le président de la République a raison : les gens ne s’en sortent pas. Mais alors pourquoi ne s’en sortent-ils pas ? Et donne-t-on véritablement un pognon de dingue aux personnes pauvres ? Voici quelques éléments concrets de réponse à ces deux questions qui, sans prétention de représentativité, illustrent les failles du « filet » de la protection sociale qui se retourne parfois contre les personnes qu’il devrait servir et protéger.

M [le nom a été anonymisé] est une jolie femme rousse d’une cinquantaine d’années : sa chevelure frisée encadre un visage rond où rient des yeux vert clair. Comme beaucoup d’autres, elle est tombée en « pauvreté » après une série de ruptures familiales, professionnelles (elle a été vendeuse, réceptionniste dans un centre de vacances, ambulancière, gérante de restaurant, commerçante sur les marchés, auto entrepreneur créatrice de bijoux) mais aussi de santé, ayant connu une grave et longue maladie aujourd’hui guérie.

M se trouve presque chaque mois au bord d’un abîme creusé par les inventifs et inattendus soubresauts d’une bureaucratie inconsciente

Dans notre association qui accompagne les chômeurs, nous la soutenons depuis deux ans dans sa recherche « héroïque » d’emploi. Elle n’est pas sans compétences : outre son dynamisme, elle a un BEP sanitaire et social et de multiples talents. Elle vit avec un compagnon qui, comme elle, sait « tout faire » : mécanicien, serveur, plombier. Depuis trois ans, au RSA comme son ami, déclarée « employable » comme lui, elle se trouve presque chaque mois au bord d’un abîme creusé par les inventifs et inattendus soubresauts d’une bureaucratie inconsciente.

Pour M, le premier piège du système est celui de sa complexité. Outre le problème du « non-recours » des bénéficiaires potentiels qui ignorent ou peinent…

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LJD

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